Relations bilatérales France-Vietnam

Commerce bilatéral : un déséquilibre au bénéfice du Vietnam qui s'accentue 

En 2024, selon les douanes françaises, la France a échangé pour 8,5 Md EUR de biens avec le Vietnam (+11,5%), enregistrant un déficit de 5,5 Md EUR (+4,3%). Ce résultat intervient alors que le commerce extérieur de marchandises du Vietnam a augmenté de 15,4% en 2024 pour atteindre 786,3 Mds USD, un nouveau record, cependant que les échanges internationaux de la France ont, eux, enregistré un léger recul (-1,6% pour les exportations ; -4% pour les importations). Les douanes vietnamiennes font de la France le 24ème partenaire commercial du pays (0,7% du total des échanges de biens), et son quatrième partenaire européen derrière les Pays-Bas (10ème), l’Allemagne (13ème) et l’Italie (21ème). 7ème déficit bilatéral français en 2023, le déficit de la France avec le Vietnam devient ainsi notre cinquième déficit bilatéral, et le deuxième hors Union Européenne, (loin) derrière la Chine. Il demeure néanmoins limité en valeur (2,6% du déficit commercial français). Concernant le commerce de services, les dernières données disponibles datent de 2021. Elles faisaient apparaître un solde positif (225 M EUR) pour la troisième année consécutive, pour des échanges en forte augmentation (1,1 Md EUR, en croissance de 50%).

Avec des exportations estimées à 1,5 Md EUR en 2024, en hausse de 26%, la France est le 21ème fournisseur du Vietnam avec une part de marché stable et estimée à un peu plus de 0,5%. S’il s’est agi de la meilleure performance française à l’export vers le Vietnam depuis 2019, la part de marché de la France tend à baisser depuis une dizaine d’années (0,8% en 2014) et est inférieure à celles de l’Allemagne (0,99%) et de l’Irlande (0,96%). Alors qu’en 2023, près des trois quarts des exportations françaises étaient concentrées autour de quatre postes, les exportations françaises se sont diversifiées en 2024. Poursuivant leur forte croissance (+37,7%), les produits pharmaceutiques représentent 24% des exportations françaises vers le Vietnam (364,4 M EUR), devant les produits de la construction aéronautique et spatiale, qui ont été multipliés par près de 18 pour atteindre 227 M EUR (15% des exportations françaises) grâce à la livraison de trois Airbus A320 Neo à Vietjet. Ensemble, les principaux produits agroalimentaires (boissons, produits laitiers et glaces, produits alimentaires divers, produits sylvicoles) ont, eux, représenté 9,9% des exportations françaises vers le pays. Les exportations de parfums et cosmétiques, qui représentaient en 2023, 6,9% du total, poursuivent en revanche leur repli (-9,7% en valeur en 2024, après -20% en 2023) pour ne plus représenter que 5% des exportations françaises vers le Vietnam.

Avec des importations estimées à 7 Mds USD en 2024, en hausse de 8,4%, la France est un marché très secondaire pour le Vietnam (24ème client, 0,8% des exportations vietnamiennes). Comme en 2023, les douanes vietnamiennes font de la France le 6ème client européen du Vietnam derrière les Pays-Bas (port d’entrée pour des produits destinés à d’autres Etats membres, les Pays-Bas ont absorbé 25% des exportations vietnamiennes vers l’Union Européenne), l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Belgique, pays vers lesquels les exportations vietnamiennes ont cru de manière encore plus dynamique en 2024. Vu depuis la France, le Vietnam est le 19ème fournisseur de l’hexagone. Les exportations vietnamiennes vers la France restent dominées par les produits finis à forte intensité en main d’œuvre : produits en cuir, bagages et chaussures (26% du total, en hausse de 10%) et articles d’habillement (17,6%, en hausse de 12,6%). Grâce, notamment, au dynamisme des exportations de produits informatiques (+47%), les produits informatiques et de téléphonie, ainsi que les produits électroniques grand public, constituent désormais, ensemble, le deuxième principal poste à l’export (20,5%).

 

 

Investissements : une présence encore modeste mais dynamique et en forte croissance

Le stock d’investissement français au Vietnam est compris entre environ 1 et 3 Mds USD. Les données sur le volume des IDE français au Vietnam varient fortement selon les sources : alors que la Banque de France estime à 926 M EUR le stock net d’IDE français au Vietnam en 2023 (dernières statistiques disponibles), les statistiques vietnamiennes l’évaluent à 3,9 Mds USD fin 2024 (pour 700 projets, soit 22 de plus qu’en 2023). Ne comptabilisant que les investissements réalisés depuis la France et ne prenant donc pas en compte (1) ceux transitant par les Pays-Bas, Singapour, Hong Kong, etc. (2) et encore moins les investissements réalisés au Vietnam par une filiale française basée dans la région, les données de la Banque de France semblent sous-estimer le stock d’IDE français dans le pays. A l’inverse, les données vietnamiennes incluent des investissements qui ont été cédés, des projets d’entrepreneurs français individuels, ainsi que quelques erreurs.

Les données vietnamiennes placent ainsi la France au 16ème rang des principaux investisseurs étrangers dans le pays (0,8% du stock) et au deuxième rang européen derrière les Pays-Bas. Les chiffres néerlandais intègrent de nombreux flux issus d’autres Etats-membres et ne reflètent pas l’influence économique néerlandaise dans le pays, tandis que celui d’autres investisseurs européens - l’Allemagne, en particulier – dont les investissements transitent via les Pays-Bas, apparaît sous-estimé. Entre 2019 et 2024, la part des IDE d’origine européenne dans le stock d’IDE vietnamien est demeurée stable (6%), mais la contribution de la France à ces IDE a substantiellement décru, passant de 17% en 2019 à 13% en 2024. En flux, en 2024, la France n’était d’ailleurs que le cinquième investisseur européen au Vietnam (52,5 M USD selon les données vietnamiennes) derrière les Pays-Bas (546 M USD), le Luxembourg (140 M USD), l’Allemagne (120 M USD) et le Danemark (63 M USD). Depuis 2010, la Banque de France enregistre en outre des flux annuels toujours inférieurs à 200 M EUR et parfois négatifs (ce fut le cas des années 2010, 2012, 2013, 2016, 2023). Aussi la place de la France comme deuxième investisseur européen pourrait-elle bientôt être menacée.

Le caractère limité de la présence française au Vietnam doit être tempérée à plusieurs titres. D’abord parce que plusieurs entreprises investissent au Vietnam depuis une base régionale (Singapour, comme IDEC, Hong Kong comme Air Liquide) ; certains flux transitant par ces « hubs » ne sont donc pas comptabilisés dans les statistiques officielles. Ensuite, certains modèles d’affaires, comme par exemple celui de Décathlon, qui n’investit que marginalement en propre, mais contribue à stimuler un réseau très dense de sous-traitants, ne sont pas pris en compte. Enfin, parce que certaines entreprises françaises ont participé à des projets importants pour le Vietnam et que le montant de l’investissement ne traduit donc qu’imparfaitement : EDF est ainsi à l’origine du premier BoT vietnamien (Phu My 2.2) ; Airbus a fourni au Vietnam son satellite d’observation VNREDSAT1 ; Alstom, Colas Rail, RATP, etc. ont contribué à la construction de la ligne 3 du métro de Hanoi, deuxième ligne en opération du pays (août 2024) ; etc.

 

 

 

Pour plus d'information, les publications du Service Economique de Hanoi sur les relations bilatérales France-Vietnam sont disponibles ici.

 

Un commerce bilatéral très déséquilibré en faveur du Vietnam, et concentré sur quelques produits-clés

 

Au 1er semestre 2018, selon les douanes vietnamiennes, la France est le 16ème client et le 22ème fournisseur du Vietnam. Le Vietnam reste un partenaire commercial secondaire pour la France, en étant son 47ème client et son 21ème fournisseur selon les douanes françaises. Sur les six premiers mois de l’année, les exportations françaises vers le Vietnam s’élèvent à 738,7 M EUR M € (+ 12,1 %) et les importations en provenance du Vietnam, à 2 548,9 M EUR (+ 5 %) portant le déficit commercial à 1,8 milliard d’euros.

 

  1. Si les échanges commerciaux entre la France et le Vietnam connaissent une croissance régulière, le déficit bilatéral continue de s’aggraver.

     

Sur les six premiers mois de l’année, les échanges bilatéraux s’élèvent à 3 287,6 M EUR, en hausse de 7% par rapport au 1er semestre 2017. Sur l’ensemble de l’année passée, le commerce bilatéral entre la France et le Vietnam connaît également une forte croissance, de 13%, et atteint 6 765,5 M EUR. En dix ans, la valeur des échanges entre la France et le Vietnam a quadruplé.

 

 Malgré ce dynamisme, notre déficit commercial ne s’atténue pas : depuis plus de dix ans, nous achetons au Vietnam trois fois plus que nous ne lui vendons. Au 1er semestre 2018, notre balance commerciale est déficitaire de 1,8 milliard d’euros et notre déficit atteint 3,5 milliards d’euros en 2017.

 

  1. L’aéronautique et la pharmacie représentent 60% de nos exportations

     

Sur les six premier mois de l’année, les exportations françaises vers le Vietnam s’élèvent à 738,7 M EUR, soit une hausse de 12,1% par rapport au 1er semestre 2017. La structure de l’export est inchangée avec la prédominance des secteurs aéronautique et pharmaceutique qui représentent 60% de nos exportations.

 

Avec 338,7 MEUR au 1er semestre 2018 (+37% par rapport à 2017), l’industrie aéronautique représente à elle-seule près de la moitié de nos ventes. Notre part de marché au Vietnam est donc très dépendante des performances d’Airbus. En second lieu, les exportations de produits pharmaceutiques contribuent à 14,1% du total de l’export au 1er semestre 2018 (à 104,3 MEUR).

 

  1. Nos importations sont plus concentrées encore que nos exportations, à 80% sur deux postes seulement

     

Les importations vietnamiennes vers la France ont augmenté de 5% au 1er semestre 2018, à 2 548,9 M EUR. Elles se concentrent essentiellement sur deux secteurs : l’électronique (téléphones pour l’essentiel - on rappellera qu’un téléphone Samsung sur 2 vendus dans le monde est fabriqué au Vietnam-) et le textile-habillement.

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