Situation économique du Venezuela

Le Venezuela détient les 1ères  réserves mondiales prouvées de pétrole brut (302,25 Mds de barils, soit 1/5ème des réserves mondiales) et les 4èmes de gaz naturel. Le pays dispose également de vastes ressources minières (or, bauxite, fer, nickel, charbon, diamants, coltan) et hydrauliques, ainsi que d’un potentiel agricole important.

Le modèle économique vénézuélien, basé sur une redistribution de la rente pétrolière, repose sur deux piliers : la consommation interne et une forte dépense publique. La croissance, nourrie par les cours élevés du pétrole, a été, jusqu’en 2012, l’une des meilleures d’Amérique latine (un taux de croissance annuel moyen de 5,6% entre 2005 et 2012), mais a pâti, depuis cette date, de l’aggravation des déséquilibres macroéconomiques, du blocage politique, de la chute des cours du pétrole (les exportations pétrolières représentent plus de 95% des ressources en devises du pays), d’un exode massif de sa population (5,5 millions de migrants et réfugiés selon le HCR des Nations Unies à la fin 2021), d’une stratégie de de-risking des banques étrangères à la suite des sanctions internationales (individuelles et financières) et d’un isolement croissant du pays sur la scène internationale, sur fonds de la crise de COVID 19 depuis le mois de mars 2020. Conséquence, le pays traverse une profonde crise économique : selon le FMI, le PIB a baissé de 30 % en 2020 après une récession de 35 % en 2019. Au total, le pays a perdu (en dollars) 81,2 % de sa richesse entre 2013 et 2020.

Depuis le début de l’année, le gouvernement s’efforce d’ouvrir l’économie pour stimuler le rapatriement des capitaux et promouvoir les IDE, notamment dans les secteurs habituellement protégés (tels que le pétrole, le gaz, la pétrochimie et les mines) et multiplie les tentatives d’impulsion à l’égard du secteur privé (loi anti blocus, législation flexibilisée aux partenaires internationaux, préférence donnée à la production nationale). Toutefois, en l’absence d’investissement et en raison des effets des sanctions américaines, les capacités de production de la compagnie pétrolière publique PdVSA continuent de se maintenir à un niveau très faible (500.000 barils par jour en moyenne en 2021, contre 3 M en 2013 et un objectif fixé par le gouvernement à 1,0M barils/jour cette année). Les revenus pétroliers, estimés à 8,2 Mds USD en 2022, représentent plus de 60 % des recettes du budget 2022 voté le 6 décembre dernier (contre 29 % en 2020 soit 1,3 Md USD).

Par ailleurs, les tensions inflationnistes restent fortes (2.700 % selon le FMI en 2021 et 700% en moyenne selon les économistes locaux) même si elles ont décéléré en 2020 (2355 %, contre 19.906 % en 2019 et 130.000 % en 2018) Cette décélération de l’inflation s'explique par la politique monétaire devenue restrictive (maintien des niveaux de réserves obligatoires des banques élevés, décélération des émissions monétaires en valeur réelle, intervention hebdomadaire de la BCV pour maintenir surévalué la monnaie, maintien d’un taux élevé de la réserve obligatoire ), la baisse de la consommation des ménages et la dollarisation de l’économie estimée à plus de la moitié des transactions (60 % en 2021 selon le cabinet d’analyse Econalitica).

Pour la première fois depuis le début de la crise en 2013, les analystes prévoient que l’année 2021 se terminera avec un PIB supérieur (ou au moins égal) à celui de 2020 (entre 0 et 3% de croissance selon les analystes), grâce à un effet-base favorable (le choc de 2020, avec une récession de 30%, a particulièrement aggravé l’effondrement de l’économie vénézuélienne). De son côté, le FMI estime la récession à -5 % dans ses estimations du mois d’octobre 2021 (contre -10 % en avril). Les Vénézuéliens devraient notamment profiter d’un léger rebond des remesas qui avaient baissé de près de moitié en 2020 à 2,1 Mds USD. Le faible taux de vaccination actuel  (36 % en décembre 2021 selon l’OPS) pourrait maintenir le processus intermittent d’ouverture partielle de l’économie, ce qui menace les possibilités d’une reprise en 2022.

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