Le commerce extérieur du Venezuela en 2018

Les échanges commerciaux du Venezuela connaissent un rebond en 2018 (+3,4 % sur un an) pour atteindre 39,7 Mds USD, après un repli continu depuis 2012 (pic à 146 Mds USD). Ce dynamisme s’explique essentiellement par l’augmentation des importations pétrolières et reflète les contraintes de production qui pèsent sur les raffineries de l’entreprise nationale pétrolière.

1. Les échanges commerciaux du Venezuela reprennent en 2018 …

En absence de données officielles, les échanges commerciaux du Venezuela, estimés à partir des statistiques publiées par ses principaux partenaires (hors Cuba), s’élèvent à 39,7 Mds USD en 2018, contre 38,4 Mds USD en 2017 et 146,3 Mds USD en 2012. Après avoir connu une chute continue depuis 2012, la reprise du commerce en 2018 (+3,4 % sur un an) s’explique par le dynamisme des importations (+13,8 % sur un an) alors que les exportations sont restées atones (+0,3 % sur un an).

1.1.Les exportations restent stables en 2018 malgré la chute de la production pétrolière

Les exportations vénézuéliennes s’élèvent à 29,5 Mds USD en 2018, marquant une certaine stabilité par rapport à l’année précédente (+0,3 % sur un an). La forte progression des ventes d’or en Turquie (1 Md en 2018, contre 116 MUSD en 2017) et du volume de pétrole livré aux États-Unis et à l’Inde ont permis de compenser la baisse combinée de la production pétrolière (perte de 557.000 b/j en 2018) et du prix du Merey (56,04 USD/baril en décembre 2017 à 49,89 USD/baril en décembre 2018). Les hydrocarbures constituent l’essentiel des exportations du Venezuela et abondent pour 9/10ème au budget de l’État.

Les États-Unis sont le premier client du Venezuela (13,1 Mds USD). Les raffineurs américains ont importé 585.000 b/j en moyenne en 2018, soit environ 2/3 des exportations pétrolières vénézuéliennes non gagées. Depuis l’imposition en janvier 2019 de sanctions américaines sur l’entreprise nationale pétrolière (PDVSA), les exportations vers les États-Unis connaissent un rapide déclin (aucune exportation depuis février 2019). Les autres principaux clients du Venezuela sont la Chine (320.000 b/j en partie prépayés, pour un montant estimé à 6,4 Mds USD), l’Inde (5,8 Mds USD), l’Union européenne (1 Md USD) et la Turquie (1 Md USD). Les ventes à la Turquie sont essentiellement constituées d’or et servent à financer les achats de produits destinés au panier alimentaire distribué sur critère politique (CLAP). Les mesures restrictives sur le secteur minier, publiées le 1er novembre 2018, ont entrainé une nette diminution des exportations d’or vers la Turquie, passant de 834,2 MUSD exportés au 1er semestre 2018 à seulement 184,9 MUSD au 2ème semestre 2018. Ce repli se poursuit durant les deux premiers mois de 2019, passant à 1,4 MUSD contre 164 MUSD sur la même période en 2018.

1.2.Les importations sont portées par les achats de produits pétroliers

Les importations vénézuéliennes s’établissent à 10,2 Mds USD en 2018, soit une progression de 13,6 % sur un an. Ce dynamisme s’explique par l’augmentation des importations de produits pétroliers (carburant et naphta utilisé dans l’extraction de pétrole lourd) en provenance des États-Unis (135.000 b/j en moyenne en 2018, contre 64.000 b/j en 2017) en raison des contraintes de production pesant sur les raffineries, conséquence du manque de maintenance. Les livraisons américaines (5,8 Mds USD en 2018, soit +42 % sur un an) représentent la moitié des importations vénézuéliennes. Le gouvernement vénézuélien tente de diversifier les fournisseurs du pays et promeut de nouveaux partenaires, comme la Turquie (produits alimentaires) et l’Afrique du Sud (maïs).

Les données officielles sous-estiment les échanges avec les pays du voisinage (576,9 MUSD pour le Brésil et 354,3 MUSD pour la Colombie) car elles ne prennent pas en compte le commerce informel lié aux mouvements migratoires pendulaires. Malgré l’existence de flux commerciaux non captés, les importations restent très en deçà de leur niveau historique (pic à 51,3 Mds USD en 2013) en raison de la récession économique (recul du PIB de 60 % depuis 2012), du contrôle de change et du manque de devises.

Au total, la balance commerciale reste largement excédentaire (19,3 Mds USD, soit 21 % du PIB), au prix d’une forte contraction des importations qui freine la consommation interne et génère des pénuries

2. …. Mais ne profite pas aux pays de l’Union européenne

Les échanges commerciaux entre les 28 États membres de l’Union européenne (UE) et le Venezuela s’élèvent à 2,3 Mds EUR en 2018, soit une baisse de 4,7 % sur un an. Ils reculent de 79 % par rapport aux 11 Mds USD échangés en 2012. Les principaux partenaires européens du Venezuela sont l’Espagne (19 % du commerce avec l’UE en 2018), les Pays-Bas (17,7 %), l’Allemagne (17,1 %), la Suède (13,7 %) et l’Italie (10,6 %). Ces pays représentent 78 % des échanges entre l’UE et le Venezuela.

Les exportations européennes baissent de 20,2 % sur un an, à seulement 635 MEUR en 2018. L’Espagne est le 1er exportateur européen au Venezuela (177,5 MEUR, soit 27,1 % des exportations européennes). Les ventes espagnoles, en légère progression sur un an (111 MEUR en 2017), sont pour moitié composées de produits pétroliers (78 MEUR d’huiles légères, dont 70,3 MEUR de carburant et 7,7 MEUR de lubrifiants). Les autres principaux exportateurs européens sont l’Allemagne (20,2 %), l’Italie (17,6 %) et les Pays-Bas (10,9 %). Ces quatre pays représentent 75,8 % des exportations européennes. De manière plus conjoncturelle, les livraisons de billet de banque par Malte (25,9 MEUR) entrainent une forte progression de ses exportations (+413,7 % sur un an).

Les importations européennes progressent de 2,8 % sur un an, pour s’établir à 1,6 Md EUR en 2018. Les Pays-Bas sont le principal point d’entrée en Europe des livraisons vénézuéliennes (20,2 % en 2018). Les achats en provenance du Venezuela sont essentiellement constitués d’hydrocarbures (202 MEUR d’huiles lourdes destinés à l’Espagne), de produits ferreux (24 MEUR pour l’Espagne) et de produits issus de l’agriculture (cacao) et de la pêche.

Au total, l’excédent de la balance commerciale s’amplifie en faveur du Venezuela (1 Md EUR en 2018, après 0,845 MEUR en 2017).

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