Conjoncture économique aux États-Unis - avril 2024

La croissance de l'économie américaine a été dynamique en 2023 (+2,5 % après +1,9 % en 2022), tirée par la consommation privée, les dépenses publiques et le solde extérieur. Au 1er trimestre 2024, le PIB a progressé de +0,4 %, tiré par la consommation privée et les investissements, partiellement compensés par le solde extérieur et les variations des stocks. Les grandes institutions financières internationales prévoient une poursuite du dynamisme de l'économie américaine : d’après le World Economic Outlook (WEO) publié en avril, le FMI prévoit une croissance de +2,7 % en 2024, et +1,9 % en 2025. L’OCDE prévoit quant à elle une croissance de +2,1 % en 2024 et +1,7 % en 2025.

Le marché du travail demeure robuste. Le taux de chômage se maintient à un niveau faible (3,8 % en mars 2024), demeurant inférieur à 4 % depuis juillet 2021. Les créations d’emplois restent dynamiques (+303 000 en mars et +231 000 par mois en moyenne depuis un an). En outre, les tensions se réduisent comme le montrent (i) la hausse du taux d’activité des 25-54 ans (prime age), désormais supérieur au niveau prépandémique ; (ii) le ralentissement des salaires nominaux (la progression des salaires horaires moyens est passée de +5,9 % en g.a. à son pic en mars 2022 à +4,1 % en mars 2024) ; et (iii) la baisse des taux de démission et d’emplois vacants.

L’inflation a surpris à la hausse début 2024 après une baisse continue depuis mi-2022. L’indice des prix à la consommation (IPC) a nettement ralenti depuis l’été 2022 : sur un an, l’inflation totale s’est établie à +3,5 % en mars contre un pic à +9,1 % en juin 2022, et sa composante sous-jacente (hors alimentation et énergie) à +3,8 %, en baisse continue depuis septembre 2022 (+6,6 %). Toutefois, l’inflation reste supérieure à la cible de la Fed et la désinflation a marqué le pas en ce début d’année 2024. Les facteurs qui ont contribué à la désinflation semblent s’estomper : (i) la baisse des prix de l’énergie et des biens s'est interrompue ; (ii) l’inflation des services de logement baisse plus lentement que prévu et (iii) l’inflation sous-jacente hors services de logement, qui dépend principalement du marché du travail, se normalise quant à elle lentement.

Dans ce contexte, la Fed poursuit sa politique monétaire restrictive. La Fed a entamé le resserrement de sa politique monétaire via la hausse des taux directeurs et la réduction de son bilan en mars 2022. Depuis juillet 2023, la fourchette-cible des taux fed funds s'établit à [5,25 % - 5,5 %]. Par ailleurs, la Fed réduit son bilan de 95 Md$ par mois depuis juin 2022 – 60 Md$ de Treasuries et 35 Md$ de Mortgage-Backed Securities (MBS) – par non-réinvestissement des titres arrivés à échéance. Selon les responsables de la Fed, l’économie américaine est globalement bien orientée avec un risque équilibré entre l’inflation et l’emploi. Ils mettent toutefois en garde contre toute précipitation dans la baisse des taux et appellent à la patience. Depuis le début du resserrement, les conditions financières se sont nettement durcies : les taux des obligations souveraines américaines à 2 ans (resp. à 10 ans) sont passés de 1,5 % (resp. 2,0 %) en mars 2022 à 4,9 % (resp. 4,6 %) en avril 2024.

L’administration Biden mène une politique budgétaire expansionniste axée sur les investissements d’avenir, notamment dans les infrastructures, les semi-conducteurs et la transition énergétique. Le Congrès a voté de façon bipartisane deux paquets législatifs : (i) un plan d’investissement dans les infrastructures de 1 200 Md$ sur 10 ans (Infrastructure Investment and Jobs Act, promulgué en novembre 2021) et (ii) un plan de soutien à l’industrie des semi-conducteurs (CHIPS and Science Act, promulgué le 9 août 2022). Par ailleurs, l’Inflation Reduction Act (IRA), promulgué en août 2022, vise à protéger le pouvoir d’achat des ménages (santé et énergie), augmenter la fiscalité des grandes entreprises, renforcer la sécurité énergétique (investissement et production de l’énergie propre) et financer la transition énergétique (via des subventions et des crédits d’impôt). L’entrée en vigueur de ces lois a soutenu l’investissement des entreprises en 2023.

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