ÉTATS-UNIS
Situation économique aux États-Unis - septembre 2024
La croissance de l'économie américaine a été dynamique en 2023 (+2,5 % après +1,9 % en 2022), tirée par la consommation privée, les dépenses publiques et le solde extérieur. Au 1er semestre 2024, la croissance du PIB demeure robuste avec +0,4 % au 1er trimestre et +0,7 % au 2e trimestre, tirée par la consommation privée et les investissements, partiellement compensés par le solde extérieur et les variations des stocks. Les grandes institutions financières internationales prévoient une poursuite du dynamisme de l'économie américaine : d’après le World Economic Outlook (WEO) publié en juillet, le FMI prévoit une croissance de +2,6 % en 2024, et +1,9 % en 2025.
Le marché du travail ralentit. Les créations d’emplois ont diminué (+142 000 en août contre +202 000 par mois en moyenne depuis un an) et le taux de chômage est sur une tendance haussière depuis avril 2023 (de 3,4 % à 4,2 % en août). Ainsi, les tensions se réduisent comme le montrent (i) la hausse du taux d’activité des 25-54 ans (prime age), désormais supérieur au niveau prépandémique (84 % en août 2024 contre 83 % en février 2020) ; (ii) le ralentissement des salaires nominaux (la progression des salaires horaires moyens est passée de +5,9 % en g.a. à son pic en mars 2022 à +3,8 % en août 2024) ; et (iii) la baisse des taux de démission et d’emplois vacants.
Après avoir surpris à la hausse début 2024, l’inflation a repris sa trajectoire de baisse. L’indice des prix à la consommation (IPC) a nettement ralenti depuis l’été 2022 : sur un an, l’inflation totale s’est établie à +2,5 % en août contre un pic à +9,1 % en juin 2022,. Bien que le processus de désinflation semble bien engagé, sa composante sous-jacente (hors alimentation et énergie) a marqué le pas, à +3,2 % en août. Les facteurs qui ont contribué à la désinflation semblent s’estomper : (i) l’inflation des biens est désormais très faible, tandis que (ii) l’inflation des services de logement baisse plus lentement que prévu et (iii) l’inflation sous-jacente hors services de logement, qui dépend principalement du marché du travail, se normalise quant à elle lentement.
Dans ce contexte, la Fed a entamé un assouplissement de sa politique monétaire. Après avoir maintenu la fourchette-cible des taux fed funds à [5,25 % - 5,5 %] depuis juillet 2023, la Fed a décidé une baisse des taux directeurs de 50 points de base en septembre 2024, à [4,75 %-5,0 %]. Les responsables de la Fed estiment que le marché du travail s’est détendu et que le processus de désinflation est bien entamé. Par ailleurs, le rythme de réduction du bilan de la Fed a été également revu à la baisse : de juin 2022 à juin 2024, la Fed a réduit son bilan de 95 Md$ par mois – 60 Md$ de Treasuries et 35 Md$ de Mortgage-Backed Securities (MBS) – par non-réinvestissement des titres arrivés à échéance. Depuis juin 2024, la réduction s’établit au rythme de 60 Md$ par mois dont 25 Md$ de Treasuries et 35 Md$ de MBS. Dans ce contexte, les conditions financières se sont nettement assouplies : les taux des obligations souveraines américaines à 2 ans (resp. à 10 ans) sont passés de 4,9 % (resp. 4,6 %) en avril 2024 à 3,7 % (resp. 3,6 %) en septembre 2024.
L’administration Biden mène une politique budgétaire expansionniste axée sur les investissements d’avenir, notamment dans les infrastructures, les semi-conducteurs et la transition énergétique. Le Congrès a voté de façon bipartisane deux paquets législatifs : (i) un plan d’investissement dans les infrastructures de 1 200 Md$ sur 10 ans (Infrastructure Investment and Jobs Act, promulgué en novembre 2021) et (ii) un plan de soutien à l’industrie des semi-conducteurs (CHIPS and Science Act, promulgué le 9 août 2022). Par ailleurs, l’Inflation Reduction Act (IRA), promulgué en août 2022, vise à protéger le pouvoir d’achat des ménages (santé et énergie), augmenter la fiscalité des grandes entreprises, renforcer la sécurité énergétique (investissement et production de l’énergie propre) et financer la transition énergétique (via des subventions et des crédits d’impôt). L’entrée en vigueur de ces lois a soutenu l’investissement des entreprises en 2023.
À l’automne 2024, l’incertitude budgétaire demeure élevée, dans le contexte électoral. L’exercice budgétaire se terminant le 30 septembre, le Congrès doit voter un budget annuel ou provisoire afin d’éviter un shutdown et de maintenir le fonctionnement des administrations fédérales.