FRANCE ET ETATS-UNIS : LES ECHANGES RECULENT EN 2023 MAIS RESTENT A UN NIVEAU HISTORIQUEMENT ELEVE

La France et les États-Unis entretiennent des liens économiques très forts et mutuellement bénéfiques. Après le rebond exceptionnel des échanges commerciaux franco-américain à la sortie de la pandémie de Covid, qui a permis d’atteindre des niveaux records, on observe un recul assez marqué en 2023 notamment avec le reflux des prix de l’énergie et la baisse des exportations françaises de boissons et de paquebots de croisière. Les échanges bilatéraux se maintiennent toutefois à un niveau supérieur à celui observé avant la crise sanitaire.

Une relation économique dense
  • Les échanges de biens entre la France et les États-Unis s’élevaient à 97 Md€ en 2023, en baisse 11,3 % par rapport à 2022 (soit -12,4 Md€). D’après les chiffres des douanes françaises, ce sont à la fois les importations (-15,5 % à 51,8 Md€) et les exportations (-6,0 % à 45,2 Md€) qui reculent, pour toutes les principales catégories de biens. Les échanges de services s’élevaient en 2023 à 70,4 Md€, en hausse de près de 2 %, excédentaire de 15,9 Md€ pour la France. Les exportations françaises de services ont progressé de 1,7 % pour atteindre 43,2 Md€, tandis que les importations ont cru au même rythme à 27,3 Md€.
  • En 2023, les Etats-Unis sont le 4me client de la France (derrière l’Allemagne, l’Italie et la Belgique), en recul d’une place, avec 45,2 Md€ d’exportations et son 5ème fournisseur avec 61,8 Md€ d’importations, également en recul d’une place. Le solde commercial bilatéral, redevenu déficitaire en 2022 après 4 ans d’excédents, se résorbe en partie pour s’établir à            -6,6 Md€ en 2023, contre -13,3 Md€ l’année précédente.  
  • Les exportations françaises vers les Etats-Unis ont été portées en 2023 par l’aéronautique (7,9 Md€, soit 17,6 % du total), les produits pharmaceutiques (4,1 Md€, 9,0 %) et les boissons (3,9 Md€, 8,7 %). Ces trois catégories de marchandises sont en recul par rapport à 2022, en particulier les boissons dont les exportations reculent de 20,6 %, soit 1 Md€. Avec les boissons, les navires, dont les paquebots de croisière (-1,3 Md€) et les produits pharmaceutiques (-650 M€) sont les catégories dont les exportations reculent le plus fortement. Les machines et équipements d’usage général, portés par la progression des exportations d’éoliennes, s’établissent à la 4e place (2,7 Md€, 6,0 %), devant les parfums et cosmétiques (2,5 Md€, 5,5%).  
  • A l’importation, la France a principalement importé depuis les Etats-Unis des hydrocarbures (12,2 Md€, 23,6 % du total), des produits de la construction aéronautique (9,4Md€, 18,2 %) et des produits pharmaceutiques (4,8 Md€, 9,2 %). Après avoir fortement augmenté en 2022 suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les importations d’hydrocarbures diminuent nettement en 2023, passant de 21,8 Md€ à 12,2 Md€. Le gaz naturel liquéfié, qui représentait les trois quarts des hydrocarbures importés en 2022, n’en représente plus que la moitié en 2023.
  • Tous les États américains contribuent à la relation économique bilatérale, avec des disparités reflétant le poids économique et la spécialisation sectorielle de chaque territoire. Ainsi, selon les données du BEA, le Texas demeure le premier exportateur de biens vers la France, en dépit d’exportations en baisse (8 Md$ en 2023, soit 37% moins qu’en 2022), principalement grâce à ses exportations de produits énergétiques, suivi pour les mêmes raisons par la Louisiane (4,2 Md$, -23% par rapport à 2022), puis l’Etat du Kentucky (3,7 Md$). A l’inverse, l’État de New York (8,9 Md$), le New Jersey (5,4 Md$) et le Texas (4,7 Md$) sont les trois principaux clients de la France aux Etats-Unis. On peut noter que la Floride et la Californie ne font plus partie de nos principaux partenaires du fait de ces évolutions. Réciproquement, plus de la moitié des investissements américains sont localisés dans trois régions : Île-de-France (38 % des projets), Auvergne-Rhône-Alpes (10 %) et Hauts-de-France (8%).

 

Les investissements croises soutiennent la croissance et l’emploi
  • Les investissements directs réciproques forment un élément majeur de la relation économique bilatérale. Selon le BEA, en 2022 (dernières donnée publiées) le stock d’investissements directs à l’étranger (IDE) français aux Etats-Unis représentait 360 Md$ (soit 6,9 % du total des IDE entrant aux Etats-Unis). Le stock d’IDE français a augmenté de 6,6 % en un an. La France a maintenu sa place en tant qu’investisseur de premier plan aux Etats-Unis, et occupe désormais le 5ème rang. La forte présence française est confirmée par l’analyse des données de flux d’IDE, les nouveaux investissements français vers les États-Unis s’élevant en 2022 à 6,6 Md$ (soit 1,8 % des nouveaux investissements mondiaux en direction des Etats-Unis). Réciproquement, les Etats-Unis sont le premier pays étranger investisseur en France en 2022, avec un stock d’IDE s’élevant à plus de 139 Md$ de stock (données Banque de France, par pays d’origine ultime). En 2022, les Etats-Unis représentaient 16 % des nouveaux projets d’investissements et près de 17 000 emplois directs créés ou maintenus (Business France).

Tableau : Classement des pays en termes de stocks d’IDE entrants aux Etats-Unis, en Md$

 

Stocks

… dont industrie
manufacturière

Japon

775

370

Canada

684

75

Royaume-Uni

661

354

Allemagne

619

313

France

360

180

Irlande

344

201

Données : U.S. BEA, 2022, par pays de l’investisseur ultime (données sur l’industrie manufacturière sur la base des coûts historiques)

  • Les IDE croisés soutiennent un nombre important d’emplois. Les filiales des entreprises françaises employaient 741 200 personnes aux Etats-Unis (BEA, 2021, dernières données disponibles), ce qui place la France au rang de 5ème source étrangère d’emplois directs créés aux Etats-Unis. En 2022, les nouveaux IDE en provenance de France ont créé ou maintenu 11 000 emplois aux États-Unis. Réciproquement, plus de 4 600 entreprises américaines employaient plus de 480 000 salariés en France en 2021 (BEA), soit la première source étrangère d’emplois en France. Les entreprises américaines investissent en premier lieu dans des activités de production, de centres de décision et de services aux entreprises.
  • Le secteur manufacturier est le principal bénéficiaire des IDE français aux États-Unis. Tous les secteurs bénéficient des investissements croisés. En 2022, le secteur industriel représente à lui seul plus de la moitié des IDE français aux États-Unis, qui étaient à l’origine de 213 600 emplois directs en 2021 (dernières données disponibles). Réciproquement, les entreprises états-uniennes employaient 173 200 personnes dans le secteur manufacturier en France (BEA, 2021, dernières données disponibles).

Tableau : Les emplois associés aux IDE aux Etats-Unis en 2021, en milliers

 

Emplois aux
Etats-Unis

… dont industrie
manufacturière

Royaume-Uni

1328,

236,5

Japon

963,4

533,1

Allemagne

923,6

318

Canada

866,3

154,5

France

741,2

213,6

Source : U.S. BEA, 2021, par pays de l’investisseur ultime

 

Les implantations locales d’entreprises françaises et américaines jouent un rôle clé dans les exportations des deux pays. Les filiales françaises aux États-Unis exportent chaque année près de 27,3 Md$ de biens depuis le sol américain vers des pays tiers, soit près de 7 % du total des exportations des filiales étrangères sur le sol américain (BEA 2021). Réciproquement, les entreprises américaines présentes en France bénéficient d’un accès privilégié aux marchés européen et africain.

 

Une relation tournée vers l’innovation
  • La R&D est au cœur de nos relations économiques. Les entreprises américaines sont la première source de dépenses de R&D étrangère en France avec 2,2 Md$ (MESRI-SIES, 2021). En 2022, 24 % des projets d’investissement et plus d’un quart des emplois créés en R&D et ingénierie sont d’origine américaine (Business France). Réciproquement, les entreprises françaises ont financé la R&D américaine à hauteur de 5,1 Md$ en 2021, soit 6,5 % de la R&D étrangère aux États-Unis (BEA).

 

  • Des échanges économiques très intenses dans les domaines de pointe. Les entreprises françaises sont historiquement très présentes aux États-Unis dans les domaines de haute technologie, liés notamment à la défense, à la sécurité, à la santé et à la biométrie. En outre, les Etats-Unis comptent 11 communautés French Tech, soit 16% du total des communautés internationales. Selon la Chambre de Commerce américaine en France, en 2022, 81% des investisseurs américains considèrent favorablement ou très favorablement l’écosystème d’innovation français.
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