Les relations économiques entre la France et l'Ukraine (2023)

La France, désormais 10ème fournisseur commercial et très vraisemblablement toujours premier employeur étranger avec 25 000 collaborateurs, demeure un partenaire majeur de l’économie ukrainienne. Les conséquences de l’invasion russe sur les activités des entreprises françaises présentes sur le territoire ukrainien varient selon leur taille et les secteurs de l’économie. D’une manière générale, la quasi majorité de nos entreprises ont maintenu leur présence et font preuve d’une capacité de résilience exceptionnelle pour s’adapter à ce contexte particulièrement difficile pour la poursuite de leur activité.

1. La France est le 10ème fournisseur commercial de l’Ukraine

La reprise de nos exportations, couplée à la baisse continue de nos importations, contribue à accroitre notre excédent commercial. Entre 2022 et 2023, le total des échanges commerciaux entre la France et l’Ukraine a sensiblement augmenté de 1,3 Md à 1,8 Md € mais demeure en deçà de son niveau d’avant-guerre (2,1 Mds € en 2021). Après une contraction d’environ 20%, en 2022, suite à l’invasion russe de l’Ukraine, nos exportations vers l’Ukraine sont remontées à 1,1 Md€ en 2023 (+44%) et renouent ainsi avec un niveau similaire à 2021 (1,2 Md€). Tout comme avant-guerre, nos ventes à l’Ukraine étaient dominées par les produits chimiques (dont phytosanitaires), parfums et cosmétiques (en hausse de 41% à 315 M €, soit 27% du total), le matériel de transport (en hausse de 101% à 204 M €, soit 18% du total), les machines industrielles et agricoles (en hausse de 32% à 126 M €, soit 11% du total) et les produits agroalimentaires (en hausse de 19% à 118 M €, soit 10% du total).

Malgré la suspension de l'ensemble des droits de douane, des contingents et des mesures de défense commerciale applicables aux exportations ukrainiennes vers l'UE décidée suite à l’invasion, nos achats à l’Ukraine poursuivent leur décrochage entamé en 2022, en se contractant de 24% en 2023, pour s’établir à 682 M €. Cette tendance s’explique notamment par l’effondrement de moitié de nos importations de produits agroalimentaires et métallurgiques ukrainiens en 2023, respectivement à 163 M € et 42 M €. Nos achats de produits agricoles ukrainiens se maintiennent néanmoins à 224 M € (un tiers du total de nos importations) contre 229 M € (un quart du total) en 2022.

Notre solde commercial, enregistre ainsi un excédent de 468 M € en 2023.

Evolution des échanges commerciaux entre la France et l'Ukraine depuis 2015 (en M EUR)

 

En 2023, la France réhausse significativement son rang de fournisseur de l’Ukraine, passant de la 14ème à la 10ème place, avec 1,6 Md € d’exportations et 2,8% du marché (contre 2,4% et 2,2% respectivement en 2021 et 2022). C’est bien moins que la Chine (16,4%), la Pologne (10,3%), l’Allemagne (8%), la Turquie (7,4%) ou les Etats-Unis (4,5%). L’UE demeure de loin le plus important fournisseur de l’Ukraine avec près de 51% du marché en 2023 (49% en 2022). 

En 2023, la France maintient sa 19ème place des plus importants clients de l’Ukraine, avec 444 M € d’importations, soit 1,3% des ventes de l’Ukraine (similaire à 2021 et 2022). C’est presque autant que les Etats-Unis (1,4%) mais bien moins que la Pologne (13,1%), la Roumanie (10,4%), la Chine (6,7%), la Turquie (6,6%) et l’Allemagne (5,6%). L’UE demeure de loin le plus important client de l’Ukraine avec près de 65% du marché en 2023 (63% en 2022). 

10 principaux fournisseurs de l'Ukraine en Jan-Nov. 2023  (en % des importations)

2. L’importante présence économique de nos entreprises en Ukraine se maintient malgré la guerre

Les 180 entreprises françaises présentes en Ukraine bénéficient d’un vaste réseau de collaborateurs et d’une implantation ancienne et bien répartie sur le territoire. Elles emploient 25 000 personnes en Ukraine, plaçant la France comme l’un des premiers employeurs étrangers du pays (voire très probablement le premier). Trois quarts de ces entreprises sont implantées dans le pays depuis plus de 15 ans et 70% d’entre elles ont une présence hors de Kiev (toutes les régions du pays sauf celles occupées). Nos principales entreprises sont regroupées dans les secteurs bancaire, de la grande distribution et l’industrie pharmaceutique. Elles sont également présentes notamment dans l’agroalimentaire et le numérique.

L’impact de la guerre sur leurs activités varie, dans son intensité et sa portée, en fonction de leur taille et de la nature de leur implantation. Depuis l’invasion de février 2022, elles ont maintenu le versement des salaires à leurs employés, garantissant à ces derniers, y compris à l’étranger (nombre d’entre eux ont trouvé refuge en Pologne, en Slovaquie et en Roumanie) un niveau de vie relativement constant, plaçant les entreprises françaises comme un acteur de la résilience de l’économie ukrainienne. Les autorités sont également très reconnaissantes des 126 M € d’aide humanitaire versés à l’Ukraine par nos entreprises (soutien financier et en nature), depuis février 2022.

Si en 2022, notre stock d’IDE en Ukraine s’est contracté pour s’établir à 1 Md € (contre 1,3 Md € en 2021), la France demeure néanmoins un investisseur de taille dans le pays. Nos entreprises sont le 1er investisseur du secteur bancaire, cumulent depuis leurs implantations 3,4 Mds € d’IDE et ont attiré 130 M € de flux entrants en 2022, malgré l’invasion.

La guerre ne mène pas, à ce stade, un arrêt total de l’économie qui fait au contraire preuve d’une résilience saisissante. Même si la situation est hétérogène entre les régions selon leur proximité du front, les tensions sur les approvisionnements restent contenues et la plupart des entreprises françaises – comme la plupart des acteurs économiques – font preuve de forte ingéniosité pour ajuster et maintenir leur activité.

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