Relations bilatérales

 

Commerce bilatéral 2022: baisse du déficit grâce aux ventes du secteur aéronautique

Selon les données des douanes françaises, les échanges bilatéraux entre la France et la Turquie ont atteint leur plus haut niveau historique en 2022, à 20,0 Mds EUR (+20,8 % en g.a.). Les exportations françaises ont enregistré de très bonnes performances (+26,1 % à 9,3 Mds EUR), tirées en particulier par les ventes du secteur aéronautique (+56,2 % à 1,6 Md EUR) ; les exportations de produits chimiques et de l’industrie automobile ont aussi été dynamiques. Les importations françaises de biens turcs ont également largement augmenté (+16,5 % à 10,7 Mds EUR), au premier rang desquelles celles de l’industrie automobile (+3,2 % à 3,2 Mds EUR) et de l’industrie textile (+23,3 % à 2,1 Mds EUR). Le déficit commercial de la France avec la Turquie se résorbe, de 1,8 Md EUR en 2021 à 1,3 Md EUR en 2022.

1.9,3 Mds EUR d'exportations françaises vers la Turquie, un record soutenu par l'aéronautique
Les exportations françaises vers la Turquie sont dynamiques dans presques tous les secteurs

Les exportations françaises vers la Turquie ont fortement augmenté en 2022 : +26,1 % à 9,3 Mds EUR alors même qu’elles avaient enregistré un record en 2021(cf. annexe 1). Cette hausse s’explique principalement par :

 (i) Des ventes importantes du secteur aéronautique : les exportations enregistrent une hausse de 56,2 % à 1,6 Md EUR en 2022, en particulier grâce à la livraison de huit avions.

(ii) Une forte hausse des exportations de produits chimiques (+23,1 % à 1,3 Md EUR), vraisemblablement dans le contexte de la hausse des prix de l’énergie, l’industrie chimique faisant partie des secteurs les plus exposés aux intrants énergétiques.

(iii) De bonnes performances de l’industrie automobile (+18,2 % à 1,2 Md EUR), qui s’expliquent aussi bien par les ventes de véhicules finis (+20,4 % à 709 MEUR) que celles de pièces détachées (+15,4 % à 540 MEUR).

Dans l’agroalimentaire (+44,5 % à 370 MEUR), les ventes ont été tirées par les produits de la culture et de l’élevage (+66,2 % à 92 MEUR), les aliments pour animaux (+32,1 % à 68 MEUR) et les boissons (+65,8 % 39 MEUR). Les exportateurs français de nombreux produits animaux, végétaux, ou transformés sont confrontés à des barrières tarifaires ou sanitaires en Turquie (limitations pour les importations de bovins vivants depuis 2015 notamment).

Les exportations de la quasi-totalité des autres secteurs sont également dynamiques : +9,0 % à 1,0 Md EUR pour les machines industrielles et agricoles ; +7,7 % à 577 MEUR pour les produits sidérurgiques ; +30,9 % à 488 MEUR pour le matériel électrique ; +23,4 % à 309 MEUR pour les produits en caoutchouc et en plastique ; +70,8 % à 279 MEUR pour les produits textiles et le cuir ; +60,5 % à 230 MEUR pour les cosmétiques.

Les exportations de produits pharmaceutiques connaissent cependant une baisse importante : -11,0 % à 274 MEUR, dans un contexte où la Turquie renforce ses pratiques protectionnistes (en particulier, localisation de la production en Turquie comme condition de remboursement des produits pharmaceutiques dans le cadre du régime d’assurance-maladie universelle). L'OMC a établi un panel à l'été 2019 sur cette localisation « forcée ».

La part de marché de la France poursuit cependant sa tendance à la baisse

Malgré la hausse des achats en provenance de France (+18,8 % à 9,4 Mds USD selon les douanes turques), la part de marché française continue de baisser (2,6 % en 2022 à comparer à 2,9 % en 2021 et 3,5 % en 2020. Cette baisse s’explique en partie par une plus grande part de l’énergie dans les importations de la Turquie (+34,0 % à 363,2 Mds USD pour les importations totales ; +66,7% à 110,3 Mds USD pour l’énergie).  La France passe de la 6e place de fournisseur de la Turquie en 2021 à la 8e place en 2022 (cf. annexe 3), désormais devancée par l’Inde (hausse des ventes de pétrole raffiné) et la Suisse (hausse des ventes d’or dans le contexte de forte inflation en Turquie). Ce recul concerne la majorité des pays européens : entre 2017 et 2022, la part de marché de l’UE est passée de 34,3 % à 25,7 % (de 9,3 % à 6,6 % pour l’Allemagne ; de 5,1 % à 3,9 % pour l’Italie ; de 3,5 % à 2,6 % pour la France), en particulier au profit de la Russie (de 8,4 % à 16,2 %), de la Chine (9,9 % à 11,4 %) et de la Suisse (de 2,9 % à 4,2 %).

2. 10,7 Mds EUR d'importations françaises, concentrées dans l'automobile et le textile
Les secteurs de l'automobile et du textile représentent la moitié des importations françaises

En 2022, les importations de biens turcs en France ont augmenté de 16,5 % à 10,7 Mds EUR, soit leur montant historique le plus élevé (cf. annexe 1).

Les achats de produits de l’industrie automobile ont continué de dominer les importations (+3,2 % à 3,2 Mds EUR). Alors que les importations de pièces détachées conservent leur dynamisme (+28,8 % à 592 M EUR), les achats de véhicules finis s’inscrivent en légère baisse (-1,2 % à 2,6 Mds EUR), en lien avec les difficultés d’approvisionnement rencontrées dans les chaînes de production du secteur (la pénurie des composants électroniques s’est poursuivie en 2022 ; les exportations globales turques de véhicules ont ainsi baissé de 2,2 %).

Les importations de l’industrie du textile, du cuir et de l’habillement ont été importantes (+23,3 % à 2,1 Mds EUR). Les achats des trois postes du secteur affichent une progression : +23,6 % à 1,7 Md EUR pour les articles de l’habillement ; +21,0 % à 405 MEUR pour les produits de l’industrie textile ; +32,3 % à 52 MEUR pour les articles en cuir.

Les achats de pétrole raffiné à la Turquie ont également contribué à la hausse des importations (+383,8 % à 191 MEUR). Depuis le début de la guerre en Ukraine, les importations turques de produits énergétiques en provenance de Russie ont largement augmenté, et vraisemblablement celles de pétrole brut (de 15,4 Mds USD en 2021 à 42,1 Mds USD en 2022 pour l’ensemble des produits énergétiques ; le détail n’est que très partiellement renseigné par les douanes turques) ; les exportations turques de pétrole raffiné vers l’UE ont dans le même temps doublé (de 2,6 Mds USD à 5,4 Mds USD).

Les importations de la quasi-totalité des autres secteurs progressent en 2022 : +14,1 % à 1,9 Md EUR pour les biens d’équipement, du fait des hausses des achats de machines et d’équipements d’usage général et spécifique (+41,6 % à 766 MEUR), de matériel électrique (+28,0 % à 350 MEUR), ou encore de machines agricoles et forestières (+37,2 % à 39 MEUR) et malgré la baisse de ceux d’appareils ménagers (-10,1 % à 555 MEUR) ; +27,1 % à 949 MEUR pour les produits métallurgiques et métalliques ; +4,4 % à 466 MEUR pour l’agroalimentaire, du fait de la hausse des produits de la culture et de l’élevage (+7,8 % à 60 MEUR) ainsi que des produits alimentaires divers (+4,8 % à 33 MEUR) et des produits de la pêche et de l’aquaculture (+15,0 % à 15 MEUR). Les importations de navires et bateaux enregistrent une baisse, après une forte hausse en 2021 (5 MEUR en 2020 ; 53 MEUR en 2021 ; 12 MEUR en 2022), tout comme celles de produits informatiques, électroniques et optiques (-11,5 % à 147 MEUR).

La Turquie devient le 12e fournisseur de la France devant le Japon

Malgré une légère baisse de sa part de marché en France (1,6 % en 2020 ; 1,5 % en 2021 ; 1,4 % en 2022), la Turquie est devenue notre 12e fournisseur mondial (13e en 2021), dépassant ainsi le Japon, et notre 6e hors UE (derrière Chine, Etats-Unis, Royaume-Uni, Suisse et Russie ; cf. annexe 3).

 

L’intensification du commerce bilatéral entre la France et la Turquie a permis d’atteindre l’objectif de 20 Mds EUR fixé lors de la Joint Economic and Trade Commission qui s’est tenue à Paris en novembre 2022 (les chiffres des douanes turques font quant à eux état de 18,0 Mds EUR d’échanges et une balance quasiment à l’équilibre). Cette intensification a bénéficié à la France, dont le déficit commercial bilatéral s’est réduit de près d’un quart.

 

Publié le