Commerce extérieur turc

Commerce extérieur 2023 : Réduction du déficit commercial en 2023 en lien avec la baisse des prix de l’énergie

 

Selon les données des douanes turques, les échanges commerciaux de la Turquie ont atteint leur plus haut niveau historique en 2023 (617,8 Mds USD), après le record enregistré en 2022 (617,2 Mds USD, cf. annexe 1). Les exportations s’inscrivent en légère hausse (+0,7 % en g.a à 255,9 Mds USD), portées par les ventes de biens d’équipement (+10,3 % en g.a. à 38,9 Mds USD ; soit une contribution de 1,4 pp à la croissance) et de l’industrie automobile (+16,2 % en g.a. à 28,5 Mds USD ; contribution de 1,6 pp). Les importations enregistrent quant à elles leur 1er recul en quatre ans (-0,3 % en g.a. à 362,0 Mds USD), en lien avec la contraction en valeur des achats énergétiques (-27,8 % en g.a. à 79,6 Mds USD ; contribution de -8,5 pp à la croissance) et du recul des achats des industries métallurgiques (-7,9 % en g.a. à 38,0 Mds USD ; qui expliquent -0,9 pp de la baisse), malgré la forte hausse des achats de véhicules (+68,5 % à 33,8 Mds USD ; contribution de 3,8 %). Conséquence du rééquilibrage des échanges, le déficit commercial de la Turquie s’est réduit à 106,2 Mds USD, soit une baisse de 2,8 % par rapport à 2022.

1.Après le record de 2022, les exportations enregistrent une légère progression (+0,7 % à 255,9 Mds USD)

Les séismes ont eu un effet sur la structure des exportations turques, qui demeurent diversifiées

En 2023, la croissance des exportations a ralenti : +0,7 % en g.a. (après +12,8 % en 2022) ; elles ont cependant atteint un nouveau niveau historique à 255,9 Mds USD, après le record de 2022 (254,0 Mds USD en 2022).

(i) Les ventes de biens d’équipement dominent les exportations turques : +10,3 % à 38,9 Mds USD et deviennent le 1er poste d’exportations du pays, en contribuant à hauteur de 1,4 pp à leur croissance (cf. annexe 2).

(ii) Les exportations de l’industrie textile se contractent de 7,3 % à 32,6 Mds USD (contribution de -1,0 pp) : le secteur gravement pénalisé par les séismes du 6 février constitue néanmoins le 2e poste d’exportations de la Turquie. L’industrie textile fragilisée, fait également face à la dégradation de sa compétitivité, conséquence de la hausse des coûts de production du secteur (les hausses successives du salaire minimum depuis 2021 ont fragilisé la compétitivité du secteur. Entre le 1er janvier 2022 et le 1er janvier 2023, le salaire minimum est passé de 281 EUR à 426 EUR, soit une hausse de 51,6 % en un an) et du différentiel de prix de l’énergie entre la Turquie et le pays producteurs d’Asie du sud.

 

(iii) Les ventes des industries agroalimentaires progressent de 3,5 % par rapport à 2022 et atteignent 31,1 Mds USD (contribution de 0,4 pp). En dépit des destructions causées par les séismes du 6 février, la production des grandes cultures a progressé en 2023  (+11,4 % pour les volumes de blé, + 5,9 % pour le maïs et +8,2 % pour l’orge) et le secteur devient le 3e poste d’exportations de la Turquie

 

(iv) Les exportations de produits métallurgiques et métalliques enregistrent la baisse la plus importante :
-20,1 % en g.a. à 30,8 Mds USD.
 Le poste qui traditionnellement dominait les exportations turques chute en 4e position et contribue à hauteur de -3,0 pp à l’évolution des ventes. Depuis les séismes du 6 février, la reprise du secteur concentré dans les régions de Sud-Est (les régions sinistrées concentraient 1/3 de la production nationale d’acier brut) est restée conditionnée au rétablissement des infrastructures de la région (notamment du port d’Iskenderum par lequel transite les intrants du secteur, à l’arrêt pendant au moins 6 mois, d’après l’Association des producteurs d’acier) et la demande intérieure stimulée par les besoins de la reconstruction. 

Les ventes vers les principaux clients de la Turquie se contractent, mais l'UE reste de loin 1er client

Les exportations vers les quatre principaux clients de la Turquie sont orientées à la baisse : -0,2 % en g.a. à 21,1 Mds USD pour l’Allemagne ; -12,1 % à 14,8 Mds USD pour les Etats-Unis ; -6,9 % à 12,8 Mds USD pour l’Irak ;
-4,0 % à 12,5 Mds USD pour le Royaume-Uni (cf. annexe 3.1).

Les ventes vers l’Union européenne – de loin le 1er partenaire commercial de la Turquie avec 40,8 % des exportations – ont progressé de 1,3 % à 104,3 Mds USD ; en particulier grâce au dynamisme des ventes vers la France (+7,9 % à 10,3 Mds USD), l’Espagne (+1,4 % à 9,8 Mds USD) et la Pologne (+9,9 % à 6,0 Mds USD).

(i) L’Allemagne est le 1er client de la Turquie (-0,2 % à 21,1 Mds USD), la légère contraction des ventes s’explique par le recul des exportations des secteurs concentrés dans les régions sinistrées par les séismes : les exportations des industries textile et métallurgique chutent ainsi respectivement de 12,5 % et 11,1 % en g.a.

(ii) L’Italie conserve sa place de client privilégié de la Turquie et demeure sont 2e client européen (5e client mondial) et ce, en dépit d’un ralentissement marqué des ventes turques depuis 2020 (+0,0 % à 12,4 Mds USD en 2023, après +7,6 % en 2022 et +41,9 % en 2021).

(iii) La France devient le 3e récipiendaire européen des ventes turques (devant l’Espagne) et conserve sa place de 7e client mondial : les exportations turques y progressent de 7,9 % à 10,3 Mds USD. En 2023, selon les douanes turques, la valeur du commerce France-Turquie a augmenté de 15,3 % en g.a. et pour la 1ere fois depuis 2018, la France dégage avec la Turquie un excédent commercial de 1,3 Md USD (d'après les données des douanes françaises, les importations françaises de biens turcs s’élevaient à 11,5 Mds EUR, en hausse de +7,2 % en g.a., tandis que les exportations françaises en Turquie se sont établies à 11,9 Mds EUR en progression de 28,4 %. Pour la 1ere fois depuis 2015, la France enregistre avec la Turquie un léger excédent commercial à 500 MEUR).

 

Les exportations vers la Russie ont continué leur progression : +16,9 % à 10,9 Mds USD (cf. focus en annexe sur le commerce Turquie-Russie).

Les ventes vers Israël se sont contractées de 22,8 % à 5,4 Mds USD et Israël est devenu le 13e client de la Turquie (-3 places en un an). En dépit des annonces du ministre du Commerce, qui liait la baisse des ventes turques au conflit à Gaza, la contraction du commerce bilatéral était déjà amorcée avant octobre 2023 (cf. annexe 3.2).

2. Les importations enregistrent leur premier recul en quatre ans (-0,3 % à 362,0 Mds USD)

Les importations turques sont toujours dominées par les hydrocarbures

En 2023, les importations ont atteint 362,0 Mds USD, en baisse de 0,3 % par rapport à 2022 ; elles demeurent largement dominées par les achats d’hydrocarbures (cf. annexe 4).

(i) Les importations de produits énergétiques se sont contractées de 27,8 % en g.a. à 79,6 Mds USD et ont contribué à hauteur de -8,5 pp à la contraction des achats : bien qu’en baisse, les achats d’hydrocarbures continuent de dominer la structure des importations et en représentent 22,0 %. La conjoncture favorable des prix de l’énergie (le prix moyen du pétrole brut à 80,8 USD/baril en 2023, contre 97,1 USD/baril en 2022) est à l'origine de la moindre contribution du poste à la facture des importations, tandis que les volumes importés s’inscrivent en hausse (+4,2 % en g.a. à 143,0 Mt, hors énergie électrique).

(ii) Les achats de biens d’équipement ont progressé de 22,7 % en g.a. à 60,7 Mds USD : ils contribuent à hauteur de 3,1 pp à la croissance des importations et constituent le 2e poste d’approvisionnements extérieurs. 

(iii) Les importations de produits pharmaceutiques et chimiques ont chuté de 12,8 % à 42,2 Mds USD (contribution de -1,7 pp): d’une part, les prix unitaires des achats de produits chimiques organiques, de produits pharmaceutiques et d’engrais se réduisent, d’autre part, les importations de produits chimiques non-organiques se contractent en volume, possible conséquence du ralentissement de l’activité des industries textiles et métallurgiques depuis les séismes du 6 février.

(iv) Les achats de produits métallurgiques et métalliques se sont inscrits en baisse de 7,9 % à 38,0 Mds USD (contribution de -0,9 pp)principalement en raison d’un effet prix (d’après les professionnels du secteur, la demande mondiale de produits métallurgique était faible au S1 2023, puis au S2, en lien avec la baisse des prix de l’énergie, la production du secteur a augmenté), les volumes d’acier brut importés ayant augmenté en raison des besoins engendrés par la reconstruction. 

(v) Les achats de l’industrie automobile ont enregistré la plus forte hausse : +68,5 % à 33,8 Mds USD (contribution de 3,8 pp). Cette progression s’explique par le contexte de forte inflation (64,8 % en décembre) qui pousse les ménages à s’équiper en biens durables.

La Russie conserve son rang de principal fournisseur de la Turquie

En 2023, les achats en provenance des trois principaux fournisseurs de la Turquie : la Russie, la Chine et l’Allemagne, ont concentré à eux seuls 33,0 % des importations turques (cf. annexe 5).

(i) La Russie a fourni 45,6 Mds USD de biens à la Turquie, en recul de 22,3 % par rapport à 2022 (cf. focus en annexe).

(ii) Les achats en provenance de Chine ont progressé de 9,1 % à 45,0 Mds USD : la Chine demeure le 2e fournisseur de la Turquie et concentre 12,4 % des importations en 2023.

(iii) Les importations de biens allemands ont augmenté de 19,5 % à 28,7 Mds USD : les achats ont principalement été portés par les importations de l’industrie automobile (+67,1 % à 7,6 Mds USD).

(iv) Les achats en provenance de Suisse ont continué leur progression (+29,8 % à 19,9 Mds USD) : la Suisse conserve ainsi sa place d’exportateur privilégié en Turquie, notamment grâce au dynamisme de ses ventes d’or qui composent 87,6 % des ventes (+30,42 % à 17,4 Mds USD). En dépit des mesures prises par le gouvernement pour limiter les importations d’or (suspension partielle des importations à la suite des séismes et introduction d’une taxe supplémentaire de 20 % à l’importation d’or en août 2023), les achats d’or - considéré comme valeur refuge en période d’inflation et d’instabilité monétaire - ont continué leur progression en 2023.

(v) La France a été le 7e fournisseur de la Turquie : en hausse de 22,7 % les importations s’élèvent à 11,6 Mds USD, en particulier, grâce à la bonne orientation de nos ventes de l’industrie automobile (+109,6 % à 2,6 Mds USD).

 

En 2023, le déficit commercial structurel de la Turquie – principalement attribuable à sa dépendance énergétique – s’est amélioré pour s’établir à 106,2 Mds USD, en baisse de 2,8 % en comparaison à 2022. Son niveau reste néanmoins largement supérieur à celui de 2021 (+130,8 %), les prix de l’énergie en baisse sur 2023 demeurant supérieurs à ceux de 2021. Après avoir enregistré son niveau le plus bas en cinq ans l’année passée, le taux de couverture du commerce s’est amélioré et est passé de 69,9 % en 2022 à 70,7 % en 2023 et la part de la Turquie dans les exportations mondiales a légèrement augmenté à 1,06 % (1,02 % en 2022). Pour 2024, le président de l’Assemblée des exportateurs turc (TIM) a annoncé un objectife 267,0 Mds USD d’exportations, les perspectives pour l’année sont donc positives.

 

Source :  Douanes turques, calculs SER

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