Le commerce bilatéral France – Turkménistan en 2021 et 2022 (S1)

En 2021 les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint 38,3 M EUR, en baisse de 51% par rapport à 2019. Nos exportations ont poursuivi leur contraction, chutant de 58%, à 31 M EUR. Avec 7,3 M EUR nos importations en provenance du Turkménistan ont presque doublé (essentiellement des produits agroalimentaires et pétroliers raffinés) bien qu’elles demeurent marginales. Traditionnellement excédentaire, le solde commercial de nos échanges avec le Turkménistan s’est réduit à 23,5 M EUR en 2021, contre 70,5 M EUR l’année précédente. Le premier semestre de 2022 est venu confirmer ces tendances, alors que nos exportations se sont établies à 11 M EUR (-40% en glissement annuel), nos importations à 4,3 M EUR (+110% en g.a.) et que notre solde commercial, bien que toujours positif, ait enregistré une chute de 59% en g.a.

1. Une forte baisse des échanges liée à la contraction des exportations françaises, dans un contexte de substitution aux importations.

Nos échanges avec le Turkménistan représentaient 38 M EUR en 2021, en baisse de 51% par rapport à 2020. Nos importations en provenance du Turkménistan demeurant limitées, cette évolution est imputable à la forte contraction de la quasi-totalité de nos postes d’exportations vers ce pays (produits pharmaceutiques et matériel de transport, exceptés). Les flux bilatéraux ont ainsi atteint un niveau inobservé sur la dernière décennie.

Nos exportations, reposant principalement sur une diversité de biens industriels, sont à nouveau dominées par les ventes de machines industrielles et agricoles.

En 2021, nos exportations représentaient 31 M EURen baisse de 58,3%, tombant à leur plus bas niveau de la dernière décennie. Dans un contexte de strict contrôle des changes imposé aux importateurs turkmènes et de politique de substitution aux importations, la quasi-totalité de nos principaux postes d’exportations se sont fortement contractés. De fait, nos ventes de machines industrielles et agricoles sont ainsi redevenues notre premier poste d’exportation en 2021, en se maintenant à 11,5 M EUR (leur niveau de 2020), après s’être effondrées de 77,4% entre 2019 et 2020.

Seules nos ventes de produits pharmaceutiques (3,5 M EUR) et de matériel de transport (0,7 M EUR ; valeur anecdotique en 2021 mais en forte croissance et soumise aux importantes variations des grands contrats) ont progressé, respectivement en triplant et doublant. Dans le détail, par rapport à 2020, nos exportations ont fortement décru pour les produits électroniques/informatiques (3,4 M EUR ; -71%), chimiques/cosmétiques (2 M EUR ; -75%, avec un repli amorcé dès 2019), caoutchouc/plastiques (2 M EUR ; -77%), métallurgiques/métalliques (1,9 M EUR ; -71%, déjà en repli en 2020), électroménagers (1,8 M EUR ; -87%), agroalimentaires (1,5 M EUR ; -39%), manufacturés divers (1,1 M EUR ; -77%), textiles/d’habillement (0,6 M EUR ; -77%) et bois/papier/carton (0,5 M EUR ; -73%). Cette dynamique a notamment effacé les acquis des percées de nos produits informatiques/électroniques/optiques, caoutchouc et plastiques, textiles/d’habillement, bois/papier/carton et équipements électroménagers, enregistrés depuis 2019.

Au premier semestre 2022, cette tendance de contraction de la majorité de nos principaux postes d’exportations s’est globalement poursuivie, bien qu’atténuée. Nos ventes de produits pétroliers raffinés, textiles/habillement, chimiques/cosmétiques et métallurgiques/métalliques ont rejoint nos exportations de produits pharmaceutiques (+68% en g.a.) parmi les postes en croissance. Ainsi, nos ventes de biens industriels (5,9 M EUR contre 6,1 au S1 2021) entament un rattrapage des autres grandes catégories d’exportation, et notamment des équipements mécaniques et matériel électro-informatique (2,8 M EUR contre 10,5 au S1 2021).

Plus généralement, la tendance globale à la contraction de nos ventes est directement imputable à la politique de substitution de la production nationale turkmène aux importations, mise en place depuis deux années et à laquelle les ventes françaises (notamment agroalimentaires) avaient relativement bien résisté en 2020.

Malgré ces pertes de parts de marché, la structure des exportations françaises vers le Turkménistan demeure très diversifiée depuis 2019 et bénéficie de ce fait d’une solide base de reprise en cas de retour à la croissance des volumes d’importation.

2. Dans un contexte de forte reprise des nos importations, le solde commercial excédentaire de la France a poursuivi sa contraction en 2021 et 2022.

Nos importations en provenance du Turkménistan ont presque doublé en 2021, à 7,4 M EUR (+93,2%). Si elles demeurent marginales par rapport aux exportations, leur part relative dans le total des échanges à néanmoins presque quadruplé, de 5 à 19%. Comme en 2020, nos importations sont essentiellement composées de produits agroalimentaires (3,8 M EUR, +11,54%) et de produits manufacturés divers (0,5 M EUR, +31%). Leur forte croissance en 2021 repose néanmoins sur une reprise des achats de produits pétroliers raffinés (2,9 M EUR) alors que nos achats d’hydrocarbures et de produits pétroliers turkmènes avaient complètement cessé depuis 2016. 

Le premier semestre 2022 a confirmé cette dynamique, alors que nos importations, à 4,3 M EUR ont plus que doublé en g.a. Cette croissance repose sur une forte hausse des achats de produits agroalimentaires turkmènes, pour 4 M EUR (+123% en g.a.), soit 93% de nos importations pour ce semestre. Contrairement à 2021, nos achats de produits pétroliers raffinés turkmènes ont renoué avec un niveau quasi nul au premier semestre 2022.

De ce fait, le soldes de nos échanges, traditionnellement largement excédentaire en faveur de la France, a vu se poursuivre son érosion entamée en 2019, pour s’établir à 23,5 M EUR en 2021 (division par trois par rapport à 2020). L'excédent commercial dégagé par la France en 2021 s'est ainsi situé au niveau le plus bas observé depuis 2007, et très loin des niveaux d’avant crise (pic à 160 M EUR en 2014). Au premier semestre 2022, notre solde commercial, bien que toujours positif, a enregistré une chute de 59% en g.a. pour s’établir à 6,5 M EUR, confirmant la tendance observée en 2021.

3. La France demeure un fournisseur secondaire du Turkménistan.

Les dernières données officielles publiques relatives au commerce extérieur du Turkménistan sont aujourd’hui obsolètes car datent de 2018. Les chiffres recueillis dans la presse et ceux présentés par l’International Trade Centre (données miroirs, à partir des chiffres des principaux pays partenaires) affichent des décalages majeurs, parfois du simple au double. Ainsi, ces données permettent uniquement d’établir un ordre de grandeur de l’importance relative des principaux partenariats commerciaux turkmènes et non de s’en forger une opinion précise, notamment en termes de valeur.

L’International Trade Centre chiffre les exportations françaises vers le Turkménistan à 36,6 M USD et classe la France au 14ème rang des fournisseurs du Turkménistan en 2021, avec 1% de parts de marché (pdm), contre le 6ème rang en 2020, avec 2,9% de pdm. Alors que la quasi-totalité des 15 principaux partenaires commerciaux du Turkménistan ont enregistré une croissance de leurs ventes entre 2020 et 2021, la France (à l’instar du Japon) a vu sa part de marché regresser nettement en 2021. L’écart qui la sépare des autres fournisseurs du Turkménistan a ainsi continué de se creuser, comme entre 2019 et 2020.

La Turquie, présente dans l’ensemble des secteurs, est restée le 1er fournisseur du pays en 2021 (26% pdm, contre 27,2% en 2020) et a vu ses ventes poursuivre leur progression, déjà entamée en 2019, de 25% en 2021. La Russie s’est maintenue à la 2ème place (19% pdm contre 22,5% en 2020) grâce à la poursuite de la croissance de ses ventes (+12%). Vient ensuite la Chine (13,5% pdm, contre 15,4% en 2020), dont la hausse des ventes s’est encore accélérée à 16%, en 2021. Suit l’Iran (8,8% pdm contre 4% en 2020), qui enregistre une hausse de +147% de ses ventes entre 2020 et 2021. L’Allemagne (5,5% pdm contre 6,6% en 2020) se voit donc ravir la 4ème place, malgré la croissance de ses exportations de 7,5 à 11% entre 2020 et 2021. Les ventes de Tokyo (5ème place et 4% pdm en 2020), dopées par la fourniture de turbines à gaz pour 94 M USD l’année dernière, se sont effondrées en 2021 : le Japon a rejoint la France, avec 1% de pdm, comme 13ème fournisseur du Turkménistan.

 

ANNEXES

 

 Evolution des exportations et des importations françaises vers le Turkménistan (en M EUR)

  

 

Principaux fournisseurs du Turkménistan en 2021  (en % des importations)

 

 

Principaux clients du Turkménistan en 2021  (en % des exportations)

 

Échanges France – Turkménistan par catégories de produits pour 2021 (en EUR)

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