Le commerce extérieur du Turkménistan en 2020

En 2020, le commerce extérieur du Turkménistan a souffert du ralentissement de l’activité mondiale et en particulier chinoise lié à la crise sanitaire, les échanges en valeur accusant une baisse annuelle de 22,9% en valeur pour s’établir à 10,8 Mds USD. Les exportations turkmènes, composées à 87,5% de ventes d’hydrocarbures, se sont affaissées de 29,0% à 7,8 Mds USD. Le sévère contrôle des changes mis en place par les autorités depuis 2015 conjugué à une politique de substitution aux importations a permis de contenir les importations turkmènes à 3,0 Mds USD (-1,6%). Le pays a ainsi dégagé un solde commercial excédentaire de 4,8 Mds USD (-39,2%).

1. Les exportations turkmènes ont souffert de la baisse de la demande chinoise de gaz naturel.

a. Baisse des ventes de gaz naturel et de coton, traditionnels principaux postes à l’exportation du pays.

En 2020, les exportations turkmènes se sont établies à 7,8 Mds USD, contre 11,0 Mds USD en 2019. Cette baisse annuelle de 29,0% est attribuable en premier lieu à la contraction de la demande chinoise en gaz naturel de 8,6 Mds USD en 2019 à 6,0 Mds USD en 2020.

Avec un montant total de 6,8 Mds USD, les hydrocarbures (bruts et transformés) ont ainsi représenté 87,5% de la valeur totale des exportations du pays en 2020, une part légèrement inférieure par rapport à 2019 (92,0%) et 2018 (91,6%). Les ventes de coton brut et transformé, en baisse continue depuis 2014, ont à nouveau reculé en 2020 (178 M USD, -27,6%), glissant du 2ème au 4ème rang parmi les exportations turkmènes. L’année 2020 a surtout mis en lumière le développement de l’industrie pétrochimique turkmène, qui a permis d’augmenter de manière significative les exportations d’engrais (200 M USD, +20,6%) et de produits plastiques (145 M USD, +13,7%) respectivement 2ème et 5ème poste à l’exportation. Enfin, la coopération accrue entre les chantiers navals russes et turkmènes a permis à de vendre pour 196 M USD de navires (hors pêche et de guerre) essentiellement à la Russie. 3ème poste à l’exportation du Turkménistan en 2020, les dernières ventes significatives dans cette catégorie datent de 2016 (215 M USD à la Russie) et 2006 (264 M USD à l’Azerbaïdjan).

b. La Chine demeurait de loin le principal client du Turkménistan du fait de ses achats de gaz naturel.

La Chine a absorbé à elle seule 78,0% des exportations turkmènes, pour un montant en valeur de 6,1 Mds USD en 2020 (-30,1%). Ces exportations correspondent à 99% à des livraisons de gaz naturel (6,0 Mds USD en 2020). La Chine ayant largement financé les infrastructures d’acheminement du gaz, le pays ne paie toutefois pas en devises l’intégralité de ses achats de gaz au Turkménistan et se rembourse partiellement en nature sur les livraisons[1]. Beijing demeure de très loin le principal client du pays, principalement du fait de l’interruption des livraisons de gaz naturel à l’Iran depuis 2017 et de la reprise très modérée (plafonnée à 5,5 Mds m3 annuels, en réalité moindre) des ventes de gaz naturel à la Russie depuis 2019.

Loin derrière la Chine, le 2ème client du Turkménistan en 2020 était l’Ouzbékistan avec 395 M USD d’importations (+1,6%), composées à 85% de produits énergétiques (électricité, pétrole brut et raffiné principalement). Venait ensuite la Russie, 3ème client avec 321 M USD d’importations, en hausse de 111,7% grâce à la vente de navires (hors pêche et de guerre) pour 195 M USD en 2020. La Turquie était le 4ème client du Turkménistan avec 319 M USD d’importations (-7,4%), demeurant le principal acheteur de produits non-pétroliers du Turkménistan en 2020, absorbant 77% des exportations turkmènes de coton brut et transformé (136 M USD), 28% des exportations d’engrais, 99% des exportations de cuivre et 21% des exportations de produits plastiques. Enfin, l’Italie était en 2020 le 5ème client du Turkménistan avec 118 M USD d’importations, (+16,5%) composées à 93% de pétrole brut. Le groupe italien ENI, qui exploite le champ pétrolier de Nebit Dag, a renforcé sa présence en créant une filiale locale et a obtenu les droits d’exploration de deux nouveaux blocs offshore en mer Caspienne.

2. Les importations restaient limitées par un accès aux devises très encadré par l’Etat turkmène.

a. Le sévère contrôle des changes et la politique de substitution aux importations ont maintenu les importations turkmènes au niveau historiquement bas atteint en 2018-2019.

La stabilisation des importations (3,0 Mds USD, -1,6%) a permis au Turkménistan de conserver un excédent commercial de 4,8 Mds USD en 2020 (-39,2%), malgré la baisse significative de ses exportations.

Le sévère contrôle des changes mis en place depuis 2015 pour faire face à l’assèchement des réserves en devises a une nouvelle fois maintenu les importations turkmènes au strict minimum hors grands chantiers publics. Le gouvernement continue en particulier à restreindre l’accès aux devises pour les opérations d’importation, ce qui avait permis de diviser par trois le montant des importations turkmènes entre 2014 et 2019 (de 9,6 à 3,1 Mds USD).

Il convient également de souligner l’impact de la politique turkmène de substitution aux importations, en premier lieu le développement d’une industrie pétrochimique nationale qui a permis de réduire les importations de produits plastiques de 269 M USD en 2015 à 69 M USD en 2020.

En 2020, les importations turkmènes restaient dominées par les biens d’équipement et les matériaux industriels. Au-delà des traditionnels principaux postes à l’importation que sont respectivement les machines et équipements (594 M USD, soit 19,6% des importations) et les appareils électriques 218 M USD, soit 7,2% des importations), l’année 2020 a vu progresser les importations de fer et d’acier bruts et transformés de 14,2% (490 M USD, soit 16,2% des importations), en provenance principalement de Russie et de Chine.

b. Les principaux fournisseurs du Turkménistan ont renforcé leurs positions en 2020.

La Turquie (787 M USD, 26,0% pdm) demeurait en 2020 le 1er fournisseur du pays, présente dans l’ensemble des secteurs et voyant ses ventes progresser de 5,7%. La Russie se maintenait à la 2ème place (649 M USD, 21,5% pdm) grâce à une accélération de ses ventes (+19,5%, tirées par la vente de 246 M USD de produits de fer et d’acier – en particulier des tubes pour gazoducs). 3ème fournisseur du Turkménistan, la Chine (14,7% pdm) a vu ses exportations progresser (445 M USD, +3,2%), grâce aux ventes de machines (169 M USD) et de tubes de fer et d’acier (44 M USD). L’Allemagne[2] (6,3% pdm) dont les exportations vers le Turkménistan sont traditionnellement dominées par les machines voit également ses ventes progresser en 2020 (192 M USD, +7,6%) grâce à la vente de 28 M USD de tracteurs CLAAS produits outre-Rhin (comptabilisés comme exportations françaises les deux années précédentes car construits au Mans). Le Japon (5ème fournisseur avec 3,8% pdm) a vu ses exportations vers le Turkménistan décuplées en 2020 (116 M USD contre 12 M USD en 2019) grâce à la fourniture de turbines à gaz pour 94 M USD. 

La France se situait au 6ème rang des fournisseurs du Turkménistan en 2020 avec 2,8% de parts de marché (85 M USD selon l’International Trade Centre, 74,3 M EUR selon les douanes françaises). Si la France a conservé cette position par rapport à 2019, il est notable que l’écart qui la sépare des autres fournisseurs du Turkménistan s’est creusé alors que tous ont augmenté leurs exportations en 2020, tandis que les ventes françaises ont connu une baisse de 24,0% attribuable au calendrier d’exécution du contrat de moissonneuses et de tracteurs CLAAS pour la période 2017-2020.

 

[1] Quelques jours après avoir annoncé le remboursement des 8,1 Mds USD de prêts contractés auprès de la banque chinoise de développement pour financer la construction de son gazoduc vers la Chine et le développement de son principal champ gazier, l’Etat turkmène a conclu en juin 2021 un nouvel accord avec une compagnie publique chinoise pour le développement de nouveaux puits dans ce même champ en échange de la livraison de 17 Mds m3 de gaz annuellement pendant trois ans, ce qui représente la moitié des volumes exportés chaque année vers la Chine.

[2] Le pays est présent dans le secteur financier avec la présence de filiales de Deutsche Bank et CommerzBank. Principaux établissements bancaires étrangers installés à Achgabat (au côté de banques pakistanaise et iranienne), ils sont des intermédiaires financiers privilégiés dans les relations contractuelles commerciales pour avoir développé des relations étroites avec la TVEB (Banque d’Etat en charge des relations économiques extérieures).

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ANNEXES : GRAPHIQUES

Source : International Trade Centre (ITC)

 

Commerce extérieur du Turkménistan(en Mds USD)

 

Répartition des biens exportés par le Turkménistanen 2020 (en % des exportations en valeur)

 

Principaux clients du Turkménistan en 2020 (en % des exportations)

 

Principaux fournisseurs du Turkménistan en 2020  (en % des importations)

 

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