Situation économique et financière

 

Après le choc de la crise sanitaire en 2020 (contraction du PIB de - 6,2 % en g.a.), suivie d'une modeste reprise économique en 2021 (+1,5 %) et en 2022 (+2,6 %), la croissance économique faiblit en 2023 pour repasser sous la barre des 2 % (+1,9 %), en deçà des prévisions les plus récentes du FMI (+2,5 %) et de la Banque centrale (entre 2 et 2,5 %). Malgré la forte accélération du tourisme international (28 M de visiteurs, en deçà néanmoins des 40 M d’entrées en 2019), qui a stimulé les ventes de services (+4,3 % après +3,8 % en 2022) et la consommation privée (+7,1 % après +6,2 %), la croissance est restée contrainte par la faiblesse des débouchés extérieurs (-2,8 % pour les exportations de biens après +1,1 %), la réduction consécutive de la production industrielle (-3,2 % après +0,7 %) et la chute continue de l’investissement public (-4,6 % après -3,9 %) en raison du retard pris par la procédure budgétaire avec la formation tardive d’un nouveau gouvernement après les élections de mai. Le PIB de la Thailande n’a retrouvé son niveau de 2019 pré-Covid qu’au premier trimestre 2023, à la traîne par rapport au cycle de reprise de la croissance des pays de l’ASEAN-6 (+4,2 % en 2023 après +5,7 % en 2022 et +3,2 % en 2021 selon le FMI).

Pour 2024, la croissance devrait rebondir pour atteindre entre 2,2 et 3,2 % (point médian à 2,7 %) selon les dernières prévisions du NESDC (Insee local) grâce au rebond anticipé des exportations (+2,9 %) et à la hausse de la consommation privée (+3,1 %) tirée par la reprise continue du tourisme (34,5 M de visiteurs attendus). Ces prévisions n’intègrent pas le stimulus budgétaire annoncé par le nouveau gouvernement (« portefeuille numérique ») qui, s'il était mis en place, pourrait dynamiser la croissance (à +3,8 % pour la Banque centrale et + 4,4 % pour le FMI). Certains risques baissiers pourraient néanmoins impacter l’activité, comme la détérioration de la demande internationale (notamment chinoise), les conséquences potentielles des chocs géopolitiques en cours (Proche-Orient et Ukraine) et la persitance de certaines difficultés structurelles (dépenses touristiques par tête inférieurs au niveau pré-covid ; offre industrielle de plus en plus indapatée à la demande extérieure).

Au-delà des aléas conjoncturels, le retour à un sentier de croissance supérieur à 3% sur le moyen et long terme impliquera pour la Thaïlande de sortir de sa trop forte dépendance au tourisme et de répondre à ses défis macro-structurels et sociaux que la crise sanitaire a renforcés :

Dans ce contexte, la Thaïlande a  engagé un ambitieux programme d'investissements dans ses infrastructures de transport et une stratégie de modernisation économique "Thailand 4.0" tournée vers l'avenir et fondée sur l’innovation, combinée à partir de 2021 avec une stratégie de développement bio circulaire et verte. Cette même ambition sous-tend le projet d’aménagement de l’Eastern Economic Corridor (trois provinces du sud-est de Bangkok) fondée en partie sur la capacité du pays à attirer des investissements directs étrangers dans les secteurs d’avenir. La Thaïlande s’est hissée au 21ème rang du classement « Doing Business» 2020 de la Banque Mondiale. C’est en réussissant la transformation de son appareil productif (y compris agricole) que la Thaïlande s’engagera dans la voie d’une économie plus compétitive et mieux redistributive.
 
Pour l'heure, les résultats de cette stratégie de modernisation sont néanmoins mitigés du fait du retard pris dans l'exécution des grands projets d'infrastructure, même si certains secteurs clés de l'économie comme l'automobile semblent entamer leur montée en gamme (importants investissements étrangers, en particulier chinois, réalisés dans les véhicules électriques). Alors que le nouveau gouvernement (prise de fonctions en septembre 2023) semble pour l'instant avoir choisi de prioriser la relance de la consommation à court terme (stimulus proposé de près de 3% du PIB qui  prendrait la forme d’une distribution à 90 % citoyens de plus de 16 ans de 10 000 THB  dans un portefeuille électronique), cette orientation pourrait freiner la mise en place des réformes structurelles de long terme.

 

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