Indicateurs et conjoncture

 

 

Après avoir subi de plein fouet les conséquences économiques de la crise sanitaire en 2020 (contraction du PIB de - 6,2 % en g.a.), suivie d'une timide reprise en 2021 (+1,5 %) en lien avec l'assouplissement des contraintes sanitaires et la poursuite d’importants programmes d’aide aux entreprises et à la consommation, la Thaïlande n'enregistre qu'une modeste accélération de son PIB en 2022 à + 2,6 %, tirée vers le bas par la faiblesse des exportations de biens (+ 1,3 % en volume après +15,5 % en 2021)], en dépit d’une reprise du tourisme plus forte qu’anticipée (10,8 M d’entrées après seulement 430 000 en 2021), qui a notamment soutenu la dynamique des ventes de service (+4,3 % après +0,3 % en 2021) et la consommation privée (+6,3 % contre + 0,6 % l'an dernier). Le PIB de la Thailande n’a retrouvé son niveau de 2019 pré-Covid qu’en fin d’année 2022, en retard par rapport au cycle de reprise de la croissance des autres économies de l’ASEAN-6. Après avoir peiné à reprendre en 2021, l’activité touristique n’a rebondi qu’en 2022 (10,8 M), encore très en deçà de 2019 (40 M).

 

En dépit du fort rebond touristique attendu avec la réouverture de la Chine, la contraction anticipée sur une base dollar des exportations de biens en 2023 (-1,6% après une croissance de +5,5% en 2022) conduit le National Economic and Development Council (NESDC) à revoir à la baisse ses projections de croissance du PIB en 2023 dans une fourchette de 2,7% à 3,7%, contre 3% à 4% prévue le 21 novembre dernier. L’inflation après avoir culminé à 6,1% en 2022 (contre 1,2% en 2021 et -0,8% en 2020) devrait revenir en 2023 dans une fourchette de 2,5% à 3,5%. La balance des paiements courants devrait renouer en 2023 avec un excédent de l’ordre de 1,5% du PIB, après avoir été en déficit de 2,1% en 2021 et de de 3,4% en 2022. À fin 2022 les réserves, bien qu’en baisse, s’établissaient encore à 200 Mds USD. La dette publique a en revanche dérapé à 60,7% du PIB alors qu’elle n’était que de 41% fin 2019.

Soumise à des évolutions complexes et profondes, et engagée dans quatre transitions politique, démographique, géostratégique et économique, la Thaïlande ambitionne de rejoindre les économies développées. Pour y parvenir le pays devra en particulier relever dans les prochaines années les défis que lui posent les tensions commerciales sino-américaines et le ralentissement économique chinois, ainsi que la montée en puissance du Viet Nam. Le pays devra aussi faire face à un vieillissement démographique rapide, l’âge médian étant de 38 ans et la population active en baisse déjà depuis deux ans. Pour sortir d’une économie « low cost» et s'orienter vers une croissance plus durable, la Thaïlande doit aussi rénover son système éducatif et rééquilibrer son économie vers la consommation intérieure, ce qui passe par une dynamique salariale et la résorption d’une importante  pauvreté rurale persistante. En 2018, la richesse médiane par adulte s’élevait à 1 087 USD.  La Thaïlande fait partie des pays les plus inégalitaires en termes de répartition des richesses.

Pour donner un nouveau souffle à son économie et sortir de son statut d’économie intermédiaire supérieure, la Thaïlande a  engagé un ambitieux programme d'investissements dans ses infrastructures de transport et une stratégie de modernisation économique "Thailand 4.0" tournée vers l'avenir et fondée sur l’innovation, combinée depuis 2021 avec une stratégie de développement bio circulaire et verte. Cette même ambition sous-tend le projet d’aménagement de l’Eastern Economic Corridor (trois provinces du sud-est de Bangkok) fondée en partie sur la capacité du pays à attirer des investissements directs étrangers dans les secteurs d’avenir. La Thaïlande s’est hissée au 21ème rang du classement « Doing Business» 2020 de la Banque Mondiale. C’est en réussissant la transformation de son appareil productif (y compris agricole) que la Thaïlande s’engagera dans la voie d’une économie plus compétitive et mieux redistributive.

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