Indicateurs et conjoncture

Structure de l’économie

Situé au cœur de l’Afrique centrale, sur une superficie de 1,3 million de km2, le Tchad est le deuxième pays le plus peuplé de la CEMAC (derrière le Cameroun) avec une population de 17,4 M hab. Il n’est cependant que la cinquième économie de la CEMAC avec un PIB estimé à 11 Mds EUR en 2022 (11,3 % du PIB total). Avec la 187ème place sur 189, le Tchad possède un des indices de développement humain parmi les plus faibles au monde et fait face à de nombreux défis sociaux, en plus des problèmes sécuritaires. Les agissements du groupe djihadiste Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad ont accentué l’engagement des forces tchadiennes dans de nombreuses opérations de lutte contre le terrorisme, qui fait par ailleurs peser de lourdes charges sur le budget de l’Etat.

L’économie tchadienne est largement dépendante de la production de pétrole, qui a débuté en 2003 et a permis au pays de connaître une période de croissance rapide jusqu’en 2014 (taux de croissance annuel moyen de 13,7 %). Le secteur primaire hors pétrole concerne principalement l’élevage, deuxième poste d’exportation du pays, mais également la culture de céréales, du coton, du sésame et la collecte de gomme arabique, et rassemble les chaînes de valeurs à fort potentiel de développement au Tchad. Le secteur cotonnier connaît une embellie depuis la reprise, en 2018, de l’entreprise publique CotonTchad par le groupe Olam. L’industrie manufacturière occupe une place marginale et repose essentiellement sur la production de bière et boissons gazeuses, la production de sucre, et l’égrenage du coton et quelques cimenteries.

 

Conjoncture économique

Après deux années de récession en 2020 et 2021, la reprise de l’activité est restée modeste, avec +2,5% de croissance en 2022. Concernant le secteur pétrolier, après une diminution de la production en 2021 de l’ordre de 8 %, notamment suite à l’arrêt temporaire du bassin de Doba, l’activité est repartie à la hausse en 2022 enregistrant une évolution de +6,2% sur l’année. Le secteur agricole a particulièrement souffert d’une baisse significative de la production, suite aux irrégularités climatiques, les inondations ayant affecté la production agricole. Une reprise de la croissance est anticipée en 2023, de 3,5 % (selon le FMI) mais soumises à de nombreux aléas. La croissance serait permise par une hausse de la production pétrolière, et une reprise de l’activité hors pétrole.

L’inflation a atteint 5,3 % en 2022 tirée par la hausse des denrées alimentaires, elle devrait diminuer en 2023 à 3,4 % selon le FMI. Cependant, les conséquences de la crise au Soudan, et les pénuries de carburants liées à des travaux de maintenance de l’unique raffinerie du pays pourraient amener cette prévision à être revue à la hausse. En effet, selon l’Institut National Statistique tchadien (INSEED), à fin avril 2023, l’indice des prix était en augmentation de 12,5 % en glissement annuel, porté par les produits alimentaires (pondération de 44 % de l’indice), en hausse de 18,8 %, et les prix des transports, en hausse de 25,5 %.

Croissance du PIB (prix constants)

 PIB

Source : FMI

L’endettement du Tchad avait bondi entre 2013 et 2016, passant de 30,5 % à 51,5 % du PIB, et ce malgré les allègements de dette au titre de l’initiative PPTE, en raison principalement du prêt contracté auprès de Glencore pour financer le rachat par l’État des parts de l’américain Chevron dans le principal consortium de production pétrolière. Poussé par le FMI, deux rééchelonnements de la dette contractée auprès de Glencore, ont été réalisés en 2015, puis en juin 2018. Ces rééchelonnements ont contribué à stabiliser le poids de la dette entre 2016 et 2019. Toutefois, celle-ci est repartie à la hausse, atteignant 55,9% du PIB en 2021, ce qui a conduit le FMI à affirmer que la dette du Tchad n’était plus soutenable en raison notamment du poids du service de la dette sur les recettes du pays, en lien avec le paiement du service de la dette envers son principal créancier Glencore (qui absorbait alors, dans les prévisions, 68 % du service de la dette sur la période 2021-2024).

La non soutenabilité de la dette tchadienne l’a amené à faire partie des premiers pays à bénéficier du cadre commun sur la dette des pays pauvres, dont les négociations ont débuté au printemps 2021. En 2022, à l’issue de l’accord sur le traitement de la dette convenu par les créanciers officiels et commerciaux dans le cadre du Cadre commun, et en raison de la hausse des prix du pétrole, la situation d’endettement du Tchad s’est améliorée. Le Tchad n'est ainsi plus en situation de surendettement, mais présente un risque élevé de surendettement extérieur qui devrait devenir « modéré » d’ici la fin du programme.

 

Relations avec la communauté financière internationale

Le Tchad a suivi un programme FMI appuyé par une facilité élargie de crédit entre 2017 et 2019, et les résultats obtenus ont été jugés globalement satisfaisants par les services du FMI. Comme dans plusieurs autres pays, la sixième et dernière revue de programme n’a pas été présentée en 2020 dans le contexte de crise sanitaire. Faisant suite aux engagements des principaux créanciers du Tchad de trouver une solution afin de rendre la dette tchadienne à nouveau soutenable, le Conseil d’Administration du FMI a approuvé le 10 décembre 2021, un nouveau programme de facilité élargie de crédit (FEC) de 3 ans d’un montant de 392,6 M DTS (env. 486 M €). Le programme vise à soutenir les objectifs de renforcement de la gouvernance, à favoriser une croissance durable et inclusive, et à permettre une certaine discipline budgétaire et la mobilisation des recettes intérieures non pétrolières. Les discussions pour la troisième revue du programme, sont en cours depuis mai 2023.  

 

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