Situation économique 2020

L’économie santoméenne souffre de déséquilibres économiques depuis de nombreuses années, caractérisés par une balance commerciale structurellement déficitaire (- 104 MUSD en 2020). La crise engendrée par la pandémie de COVID a aggravé les difficultés rencontrées par l’archipel : situation de surendettement depuis 2018 amplifiée en 2020, progression de l’inflation à 7,9%, régression de 4% du PIB par habitant, etc.

Toutefois, Sao Tomé & Principe continue de bénéficier du soutien des bailleurs internationaux et le programme FMI, actuellement en cours, présente des résultats satisfaisants.

Sao Tomé & Principe, une économie en souffrance qui a été fortement impactée par les retombées économiques de la crise COVID.

Sao Tomé & Principe est un petit pays (moins de 200 000 habitants) dont l’économie est fortement polarisée par les secteurs de l’agriculture en monoculture (le cacao représente 55% des exportations et l’huile de palme 31% en 2020) et la pêche. Ces deux secteurs comptabilisent une grande partie des emplois de l’archipel. D’autres secteurs tels que le tourisme ou l’énergie, en pleine expansion, ont été encore fortement touchés par la crise COVID. 

De même, les contrats pétroliers signés, notamment par Total en 2019 concernant le partage de production avec la société angolaise Sonangol pour l’exploration dans le bloc 1 de la zone économique exclusive de Sao Tomé & Principe et en 2010 concernant le partage de production pour l’exploration sur trois bloc situés dans la zone conjointe Sao Tomé & Principe -Nigéria, n’ont pas connu d’avancées au courant de l’année écoulée.

Le PIB par habitant est ainsi passé entre 2019 et 2020 de 1 980 USD à 1910 USD. L’activité économique, qui s’était déjà dégradée en 2019 (1,3%), reculerait de 6% PIB en 2020 selon les estimations du FMI.

L’inflation a quant à elle progressé en 2020 atteignant 7,9% (contre 7,7% à la fin 2019). La monnaie santoméenne est arrimée à l’euro (1 STD = 0.00004 €) suite à l’accord de libre-échange signé en 2004 avec la CEMAC.

Les défis auxquels fait face Sao Tomé & Principe sont nombreux et nécessitent des réformes structurelles.

Au-delà de ses difficultés économiques, Sao Tomé & Principe subit également la fragilité de ses secteurs institutionnel et bancaire. Le gouvernement a mis en place, sur financement de la Banque Mondiale, une stratégie de développement du secteur financier 2017-2019 afin de mettre à niveau l’infrastructure financière de base. Toutefois, la profonde récession et les conditions macroéconomiques incertaines dues à la crise sanitaire ont affecté le secteur bancaire et plus spécifiquement les actifs des banques. Fin septembre 2020, les prêts non productifs sont passés à 34% du total des prêts alors qu’ils n’en représentaient que 26% en décembre 2019. Dans ce contexte, des plans de recapitalisation de certaines banques afin de remédier à leurs insuffisances de fonds propres ont été mis en œuvre.

En 2018, Sao Tomé & Principe a été classé par le FMI comme « pays en surendetté » en raison d’arriérés extérieurs de longue date. Sa dette extérieure s’élevait en effet à plus de 300 MUSD, soit 66,7% de son PIB en 2018 et sa dette publique à 98% du PIB fin 2019. La situation de surendettement est toujours fortement problématique en 2020 et la dette publique devrait continuer d’augmenter pour atteindre 103% du PIB selon les services du FMI. Le pays dispose depuis août 2020 d’une suspension temporaire des paiements du service de la dette dans le cadre d’un protocole d’accord relatif au traitement du service de la dette pour les pays créanciers (Belgique, Brésil et Portugal).

Sao Tomé & Principe continue de bénéficier du soutien des bailleurs internationaux dont la Banque Mondiale qui a fourni une aide d’urgence de 2,5 MUSD pour la prévention, la détection du virus et le renforcement du dispositif de santé local et un don conjoint IDA – Banque Mondiale de 10 MUSD accordé en décembre 2020 pour le financement des politiques de relèvement et de développement de la résilience dans le cadre de la lutte contre la Convi-19. Sao Tomé & Principe est également sous programme du FMI depuis fin 2019 pour une durée de 40 mois et pour un montant de 18,2 MUSD.

La pandémie semble avoir entravé la mise en œuvre des principales réformes structurelles prévues (diversification économique, réforme institutionnelle, apurement de la dette, entre autres). Cependant les objectifs quantitatifs du programme du FMI révisés fin 2020 pourraient être atteints notamment grâce au projet de loi organique sur la Banque centrale et à la loi sur les institutions financières qui devraient toutes les deux être finalisées avant mi-2021.

Enfin, les réformes structurelles prévues touchent spécifiquement l’EMAE, société publique de production d’eau et d’électricité, qui a accumulé des pertes et arriérés de l’ordre de 10% du PIB entre 2015 et 2018. L’objectif est alors d’améliorer l’approvisionnement énergétique du pays et de réduire la vulnérabilité de la dette publique et les pressions sur les réserves internationales.

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