Les intérêts économiques français à Sao Tomé & Principe

Les intérêts économiques français à Sao Tomé, limités dans ce petit pays à l’économie peu diversifiée, connaissent de nouveaux développements depuis quelques mois, principalement portés par des investissements dans le secteur agricole.

Les investissements français restent limités tout comme le volume d’échanges entre les deux pays.

L’archipel de Sao Tomé & Principe compte une trentaine de français installés, pour certains, depuis de nombreuses années. Les investissements français se résumaient jusqu’alors à quelques opérations privées dans les secteurs des services (AGS), du tourisme (petits hôtels et restaurants) et de l’agriculture (notamment les investissements dans la filière cacao). Des courants d’affaires plus importants n’ont pu aboutir ces dernières années :

-contrat de gestion pour 65 ans signé en 2008 par CMA-CGM pour la construction d’un port d’éclatement de conteneurs, en eau profonde, non concrétisé en raison notamment des difficultés engendrées par la crise internationale,

-revente au groupe nigérian Dangote en 2013 des intérêts de TOTAL sur le bloc 1 de la zone de développement conjointe du Nigéria et de Sao Tomé, pour des raisons de rentabilité,

-projet avorté de Malongo pour la reprise de la concession de Monte Café.

Un cercle économique francophone, créé en 2011, regroupant une quinzaine d’entrepreneurs français, camerounais et santoméens francophones, est en sommeil. Après la fermeture de l’antenne du Service de coopération en 2015, un Consul honoraire de France a été nommé et l’Alliance française continue ses activités culturelles sur l’archipel.

L’essentiel de nos intérêts est donc concentré autour du secteur agricole, avec des entreprises qui fonctionnent depuis quelques années, comme Delicias das Ilhas, créée en 2009, qui produit, transforme et commercialise localement des produits alimentaires (fruits séchés, liqueurs, confitures etc.). Des importateurs français, non présents sur l’archipel, ont participé au développement de la filière poivre (société Hom&Ter basée à Aubagne qui achète le poivre de la coopérative CEPIBA) et de la filière cacao (société marseillaise Kaoka qui achète le cacao bio d'exportation de la coopérative CECAB).

Les chiffres du commerce bilatéral traduisent d’ailleurs les limites de la présence française à Sao Tomé & Principe, mais également son évolution positive depuis 2016. Le solde de la balance commerciale de la France avec Sao Tomé & Principe, excédentaire depuis 2016 et en constante augmentation, a atteint 2,2M€ en 2017. D’un montant, en valeur, peu élevé, les exportations françaises vers Sao Tomé & Principe connaissent des augmentations significatives depuis 2 années consécutives, atteignant 3,2M€ en 2017 (+168%) en raison d’une hausse constante de nos ventes d’équipements mécaniques, de matériel électrique, électronique et informatique,  ce poste représentant, en 2017, près des trois quarts de nos ventes. Les importations françaises demeurent également relativement peu élevées et sont en baisse constante depuis 2016, passant à moins d’1M€ en 2017. Très peu diversifiées, elles sont composées essentiellement de produits issus de l’agriculture. La valeur de nos importations en provenance de ce pays pourrait sensiblement évoluer ces prochaines années, avec l’exportation de nouvelles productions issues d’investissements récents.

 

Les perspectives favorables de l’économie santoméenne offrent des opportunités intéressantes, en cours de concrétisation.

Les perspectives de l’économie santoméenne restent favorables pour les années à venir et des progrès importants ont été réalisés afin de renforcer la stabilité macroéconomique, même si des réformes essentielles restent à mettre en place. Ce contexte plutôt favorable a amené des investisseurs français à investir dans le secteur de l’agriculture.

La société Kennyson (intérêts français et camerounais, 200 employés) a ainsi racheté en 2013 la roça Diogo Vaz au nord du pays, qu’elle a entièrement réhabilité, afin d’exploiter ses 420 ha de plantations (dont 200 de cacao). Pour obtenir la maitrise de la chaine de production à la commercialisation, Kennyson, avec un investissement total de 4 M€, s’est lancée dans la transformation locale du cacao en investissant dans une chocolaterie qui a débuté ses activités en mars 2018. Elle expérimente également d’autres cultures (vanille, poivre etc.). La production de cacao de la plantation devrait atteindre 200 tonnes dans un à deux ans, en complément des 300 à 400 tonnes de cacao achetées aux planteurs environnants afin d’alimenter la chocolaterie dont la capacité de production est de 200 tonnes par an. Cette production de niche se veut haut de gamme et des points de vente pourraient voir le jour sur le continent européen et américain prochainement.

Le groupe immobilier français Duval[1] a quant à lui investi dans une nouvelle société, Valudo, dirigée par un français. L’usine, inaugurée fin 2017, produit de l’huile de coco certifiée bio et commerce équitable pour l’industrie cosmétique et la vente au détail, ainsi que de la farine de coco et de l’aliment pour bétail tiré des résidus de coco, vendus localement.

Ces intérêts dans le secteur agricole reflètent la configuration de l’économie de l’archipel, portée vers des marchés de niche, eu égard à l’étroitesse du marché et aux difficultés d’exportations des marchandises, ainsi qu’aux aléas d’approvisionnement.

Il est à noter que l’intervention de l’AFD dans les filières historiques[2] (café, cacao, poivre) arrive à la fin d’un cycle et des perspectives nouvelles pourraient être mises en œuvre dans les prochaines années (une mission conjointe avec la FAO a eu lieu en novembre 2018).

Par ailleurs, dans le secteur pétrolier, le gouvernement santoméen a annoncé très récemment la signature à venir d’un contrat de partage de production du bloc 1 de la zone économique exclusive avec la compagnie pétrolière angolaise SONANGOL et la compagnie française TOTAL, ce qui ferait revenir la société française sur l’archipel, qui négocie également avec l’américain Kosmos pour un positionnement sur le bloc 4 de cette même zone. Même si les perspectives de production sont de 8 à 10 ans, un regain d’intérêt français dans le secteur pétrolier santoméen engrangerait de nouveaux flux non négligeables.



[1] Le Président du groupe, Eric DUVAL, est consul honoraire en France de Sao Tomé & Principe

[2] En coopération avec le FIDA, l’Agence a lancé le Programme d’Appui Participatif à l’Agriculture Familiale et à la Pêche Artisanale (PAPAFPA) pour une période de 12 ans (2003-2015), divisée en 4 cycles de 3 ans, d’un coût de 19,5 M$, dont 14 M ont financés par le FIDA. Il a été suivi par le Projet d’Appui à la Petite Agriculture Commerciale (PAPAC), sur la période 2006-2016, financé à hauteur de 6M$ par le FIDA et 1,3 M$ par l’AFD. Ce second programme ciblait davantage l’appui aux marchés de niche et à l’exportation de la production vivrière.  En coopération avec les Cafés MALONGO, l’AFD a également mené un projet ciblé sur la restructuration de la filière caféière (700M€ sur la période 2011-2015) dans le cadre du Programme National d’Appui à la Petite Agriculture Familiale.

Publié le