SOUDAN DU SUD
Indicateurs et conjoncture
Éléments structurels de l'économie
Avec un PIB de 5,4 Md USD, le Soudan du Sud est l’une des économies les plus petites d’Afrique. L’économie repose majoritairement sur le pétrole (60 % du PIB), mais l’agriculture (14 % du PIB) reste la principale source de subsistance pour près de 75 % des foyers. Les services publics et hôteliers (15 %), les transports, la construction et autres services (7 %) complètent la structure de l’économie. La part de l’industrie (limitée à quelques unités de transformation) et des mines est très limitée (4 %).
L’économie Sud-Soudanaise, étranglée par les conflits internes, est dans une situation de crise permanente. Le Soudan du Sud est né sur des bases économiques très fragiles, avec des infrastructures quasi inexistantes. Les indicateurs de développement sont très dégradés : le pays est à la dernière place mondiale à l’IDH son PIB/habitant ne s’élève qu’à 351,0 USD en 2024, et le taux de pauvreté, tel qu’évalué par la Banque mondiale (< 1,9 USD/j) s’élève à 42,7 % en 2016 et à 82,3 % selon le seuil de pauvreté national. 70 % de la population a moins de 25 ans et plus de la moitié serait au chômage. Le pays se distingue aussi par le taux d’alphabétisation des adultes le plus faible au monde, inférieur à 35 % (la moyenne est de 66 % pour l’Afrique Subsaharienne). Par ailleurs, en 2024, le pays se classe à la dernière place mondiale au classement de Transparency International.
Le développement du pays est handicapé par son extrême dépendance aux ressources pétrolières. Handicapé par la faiblesse de la gouvernance et du cadre de gestion des finances publiques, le partage de la rente pétrolière, 95 % des recettes d’exportation, est opaque et ne bénéficie qu’aux élites. Pourtant, un programme ambitieux de réforme de la gestion des finances publiques articulé autour de treize réformes majeures prioritaires, a été décidé et bénéficie d’un appui important des partenaires au développement mais sa mise en œuvre se heurte à un manque de volonté et de portage politiques. D’importantes réformes telles que la libéralisation du marché des changes et l’unification des taux de change officiels et parallèles ont toutefois été introduites suite à la mise en place d’un Staff-Monitored Program par le FMI en août 2021 avec résultats positifs jusqu’à février 2024. Les dépenses en matière de santé et d'éducation sont très faibles et dépendent largement de l'aide des bailleurs. L'insécurité alimentaire demeure élevée dans la majeure partie du pays avec environ les deux tiers de la population ayant besoin d'une aide alimentaire à la suite de quatre années consécutives d'inondations intenses et les retombées de la guerre au Soudan.
Conjoncture et finances publiques
L’économie du Soudan du Sud traverse une crise chronique depuis l’indépendance en 2011, alimentée par des conflits internes récurrents, des catastrophes naturelles et une forte dépendance au pétrole, qui génère près de 95 % des exportations et 90 % des recettes publiques. La croissance est restée très instable, avec une moyenne de seulement +0,5 % par an entre 2013 et 2023. Après une légère reprise en 2023 (+2,4 %), l’activité s’est effondrée en 2024 (-27,6 %) en raison de l’arrêt complet des exportations de brut pendant plus d’un an, à la suite d’une panne de l’oléoduc reliant le pays au Soudan, sur fond de guerre dans ce dernier. Bien que les exportations aient repris en mai 2025, la situation économique demeure extrêmement fragile : l’acheminement du pétrole reste exposé à des interruptions, tandis que les tensions militaires internes, notamment dans les États du Haut Nil et d’Al-Nasir, continuent d’aggraver l’insécurité et l’instabilité économique.
Le pays fait face à de lourds déséquilibres macroéconomiques. L’inflation a atteint +128,4 % en 2024 (après +39,7 % en 2023), portée par une dépréciation massive de la livre sud-soudanaise (-320 % en un an), des pénuries de devises et une dollarisation croissante de l’économie. Malgré l’adoption en février 2023 d’un programme de suivi technique avec le FMI (PMB), les efforts de réforme ont été rapidement compromis par le recours à la monétisation du déficit. Les réserves internationales restent quasi nulles (0,3 mois d’importations en 2024/25), limitant la capacité de la Banque centrale à stabiliser la monnaie.
D’après la Debt Sustainability Analysis (DSA) du FMI de 2024, la dette du Soudan du Sud est viable, malgré un risque élevé de surendettement. Depuis l’indépendance en 2011, la dette publique du Soudan du Sud a cru rapidement (51,2 % du PIB en 2024, après 15 % en 2014). Cette hausse s’explique par des déficits budgétaires importants, liés notamment aux fluctuations des cours mondiaux du pétrole brut, qui a généré des recettes inférieures au fiscal breakeven point. La dette externe représente la grande majorité de la dette publique contractée à des conditions non concessionnelles.