Indicateurs et conjoncture

 

1. Situation macroéconomique

L’économie sud soudanaise serait en récession de -3,6 % sur l’année fiscale 20/21. La baisse significative du prix du pétrole, dont la production représente 97 % des exportations et 88 % des recettes du gouvernement, combinée au ralentissement de la demande mondiale et intérieure a conduit le FMI à revoir sa prévision de croissance, qui était auparavant positive pour 2020 à 4,1 % (WEO octobre 2020) et à 6,6 % dans les prévisions d’avant crise. Durant l’année fiscale 20/21, la production de pétrole devrait diminuer de 6 %. L’inflation, qui avait diminué ces dernières années (de 125 % en FY18/19 à 35 % en FY19/20) resterait élevée à 35 % en FY 20/21, portée par les frictions commerciales aux frontières et la dépréciation du change. Sur le marché parallèle, seul moyen d’obtenir des dollars, le taux de change s’établissait à environ 550 SSP/USD en octobre contre 300 SSP/USD en début d’année.

2. Finances publiques

La balance budgétaire devrait s’établir en déficit sur l’année fiscale 20/21 à - 2,1 % contre un excédent de 0,8 % prévu avant la crise. Les recettes du gouvernement diminueraient de 29,7 % du PIB en FY19/20 à 27,8 % en FY20/21 (contre 33,1 % dans les projections d’avant crise) sous l’effet de la baisse conjointe des prix et de la production du pétrole. Les dépenses diminueraient de 36,9 % du PIB en FY19/20 à 29,9 % du PIB grâce à la baisse des paiements au Soudan ainsi qu’au sein du pays, aux Etats producteurs de pétrole (ces dépenses sont indexées sur le prix du baril) ainsi qu’à la diminution des dépenses d’investissement (de 3,2 % du PIB en FY 19/20 à 2 % en FY 20/21).

Le besoin de financement budgétaire du gouvernement s’élèverait à 36 Mds SSP, soit 4,0 % du PIB. Celui-ci serait financé à hauteur de 30 % par le RCF du FMI (11 Mds SSP) et le reste du besoin devrait être, d’après le gouvernement, comblé par des dons et de l’endettement non concessionnel (taux d’intérêt à 5 % sur une maturité de 5 ans assortis d’une période de grâce de 1 an). Le FMI considérerait un 2ème déboursement RCF qui s’accompagnerait d’un Staff Monitored Program.

3. Situation externe

Le déficit de la balance courante se creuserait en FY20/21. La baisse des exportations de pétrole (de 3074 MUSD à 2464 MUSD entre FY19/20 et FY20/21) s’explique tant par un effet un effet volume (- 6 % de production en FY20/21) que par un effet prix, avec une baisse du prix du baril soudanais de 49,5 USD à 42,2 USD en FY20/21. Ainsi, les exportations diminueraient de 64,6 % du PIB à 59,6 % en FY20/21 tandis que les importations augmenteraient de 79,5 % à 80,4 % ;  creusant le déficit courant (dons compris) du pays à 4,5 % du PIB en FY20/21 contre 2,7 % en FY19/20. Hors dons, le déficit courant s’établirait à 27,8 % du PIB contre 25,8 % l’année fiscale précédente. La balance des comptes de capitaux et financiers se dégraderait en FY20/21, d’un excédent de 125 MUSD en FY19/20 à un déficit de 64 USD.

Le besoin de financement de la balance des paiements s’élèverait à 272 MUSD en FY20/21, soit 6,4 % du PIB. Celui-ci serait en partie financé par ce déboursement du FMI dans le cadre du RCF (52 MUSD) et par un don de la Banque Mondiale (20 MUSD). Tant que l’effet des réformes de la gestion des finances publiques ne se fait pas ressentir, l’appui des donneurs internationaux devrait rester relativement limité et via des tierces parties. Le reste du besoin de financement (4,7 % du PIB, 200 MUSD) serait comblé par des contributions additionnelles de la part des bailleurs, une consolidation fiscale des autorités et, à moindre mesure, par du financement non concessionnel.

4. Contexte géopolitique et gouvernance

La mise en œuvre de l’accord de paix a connu des retards, mais progresse. Suite à l’accord de paix signé en septembre 2018, un gouvernement d’union a été formé en février 2020. Les différents partis politiques se sont également entendus sur le partage du pouvoir au niveau des Etats mais la situation reste fragile, marquée par des tensions politiques et des accès de violence. Cependant, Le pays n’est à l’abri d’un retour des tensions politiques qui dégraderait fortement les perspectives économiques.

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