Situation économique et financière

Élements structurels de l'économie

Le développement économique de la Somalie reste freiné par près de trois décennies d’instabilité sécuritaire. En 2024, le PIB s’élève à 12 Md USD, soit 735 USD par habitant, un niveau bien inférieur à la moyenne régionale (1 841 USD). L’économie repose largement sur l’agriculture (60 % du PIB), en particulier l’élevage, et est très vulnérable aux chocs climatiques. Entre 2019 et 2024, la croissance réelle n’a atteint en moyenne que +2,4 % par an, avec une baisse du PIB par habitant (-0,4 %/an). Ce rythme reste insuffisant pour répondre aux besoins d’une population en forte croissance (+3,4 %/an) et confrontée à un taux de pauvreté élevé (54 % au niveau national, jusqu’à 78 % chez les nomades). La forte inactivité et le chômage limitent l’impact de la croissance sur la réduction de la pauvreté.

Des avancées ont été enregistrées dans la consolidation institutionnelle, mais la transition vers une économie plus résiliente reste fragile, du fait de l’exposition continue aux chocs. Après la sortie du pays de l’Initiative PPTE fin 2023, le maintien de la stabilité macroéconomique, la mobilisation des recettes, une meilleure gestion des finances publiques sont désormais essentiels. À moyen terme, la Somalie continuera de dépendre d’un appui extérieur conséquent, sous forme de financements concessionnels, pour soutenir son développement et renforcer sa résilience.

Conjoncture et finances publiques

La conjoncture économique de la Somalie s’améliore, mais reste fragile et exposée à de nombreux risques. Après une décennie de croissance modérée, l’activité s’est renforcée en 2023-2024 (+4,1 %/an), tirée par le rebond de la production agricole, favorisé par de bonnes précipitations, et par le dynamisme des exportations de bétail. La croissance devrait toutefois ralentir à +3,0 % en 2025, du fait de la baisse de l’aide internationale, d’un contexte climatique incertain et de risques sécuritaires persistants. À moyen terme, elle pourrait remonter autour de +4,5 %, sous réserve de la poursuite des réformes. L’inflation poursuit sa baisse (+5,5 % en 2024, après +6,2 % en 2023), soutenue par la bonne production alimentaire et la modération des prix mondiaux. Elle resterait contenue en 2025 et 2026 (respectivement +4,6 % et +4,0 % selon le FMI), bien que les données disponibles restent limitées (principalement Mogadiscio).

La politique économique reste très contrainte. Côté budgétaire, les finances publiques sont globalement à l’équilibre, mais les recettes domestiques sont très faibles (3,0 % du PIB en 2024), bien en dessous des standards régionaux. Les dépenses sont dominées par les salaires et la sécurité, tandis que les subventions extérieures – notamment de la Banque mondiale – assurent encore près de 60 % du budget. La politique monétaire reste marginale dans un contexte de dollarisation massive (90 % des transactions) et de circulation de faux billets. Un projet de réforme monétaire vise l’introduction progressive de nouveaux billets de shilling d’ici 2026, adossés à des réserves de change (caisse d’émission).

Depuis l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE[1] en décembre 2023, la Somalie a vu son risque de surendettement reclassé à "modéré" (Debt sustainability analysis de mai 2024). L’encours de la dette publique est estimé à 1,1 Md USD fin 2024, soit 9,1 % du PIB (contre 37,4 % en 2022). La dette est très majoritairement extérieure (93,9 %), répartie entre créanciers bilatéraux (50,1 %) – dont les Émirats arabes unis (23,2 %), le Koweït (11,1 %) et l’Arabie saoudite (10,2 %) – et multilatéraux (43,8 %). Malgré l’amélioration des indicateurs, la Somalie reste exposée à des vulnérabilités liées à sa forte dépendance à l’aide extérieure, à l’instabilité sécuritaire et à la faiblesse de ses recettes fiscales. La soutenabilité de la dette dépendra de la capacité des autorités à renforcer leur gestion budgétaire et à accroître durablement les ressources domestiques.

Les équilibres extérieurs restent structurellement fragiles. En 2024, le déficit courant s’est légèrement réduit (-9,2 % du PIB), grâce à la stabilité des importations alimentaires, à la vigueur des exportations de bétail et à la hausse des transferts de fonds (+14 %). Mais les réserves de change demeurent quasi nulles (0,2 mois d’importations), et la concentration des exportations reste un facteur de vulnérabilité.

[1] Des accords bilatéraux ont été signés avec la quasi-totalité des membres du Club de Paris. La France a signé l’annulation de 138 M EUR de dette somalienne le 2 décembre 2024, à Nairobi.

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