SÉNÉGAL
Situation économique et financière du Sénégal
La crise sanitaire mondiale a interrompu une tendance de croissance forte (6% en moyenne entre 2014 et 2019, mais seulement 1,5% en 2020) et de progrès en matière de développement au Sénégal. En 2021, l’économie sénégalaise a retrouvé sa trajectoire de croissance, à 6,1%, dynamique soutenue par la production industrielle, les services et le commerce de détail. La reprise de l’activité économique s’accompagne toutefois d’un creusement du déficit public (6,5% en 2022) et de l’endettement du pays estimé à 75% du PIB (soit au-dessus des normes communautaires de 3% et 70% respectivement), en lien avec l’accroissement des dépenses liées notamment à la réponse à la crise sanitaire et à la relance économique. En 2022, l'économie sénégalaise aura également été fortement touchée par l'impact liée à la guerre en Ukraine (inflation, ahusse du déficit public liée à la hausse des subventions ...). L'arrivée prévue des hydrocarbures fin 2023 ou 2024 donne néanmoins des perspectives favorables à moyen terme pour le Sénégal
Croissance et compétitivité
La crise de la Covid-19 a mis un coup d’arrêt à une croissance forte, autour de 6% pendant 5 ans, résultat de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE) depuis 2014 et de la vague d’investissements publics qu’il a permis. L’impact a toutefois été plus limité qu’anticipé avec une croissance à 1,5% en 2020, grâce au rebond de l’activité économique au deuxième semestre et à la bonne performance du secteur agricole.
En 2021, l’économie sénégalaise a retrouvé sa trajectoire de croissance, qui a été révisée à la hausse à 6,1% par le FMI (prévue initialement à 3,7% puis 5%). En raison de la guerre en Ukraine et de son impact sur l'économie mondiale, l'année 2022 aura toutefois été compliquée. Alors qu'elle était prévue à plus de 5%, la croissance aura finalement été de 4% seulement. Surtout l'inflation aura été très forte (9,5% en moyenne annuelle), portée par la très forte hausse du prix des produits alimentaires.
Concernant les finances publiques, les importantes dépenses engagées dans le cadre de la riposte face à la crise sanitaire et de la politique de relance ont creusé le déficit budgétaire, passé de 3,9% du PIB en 2019 à 6,4% en 2020. Il est resté stable en 2021, et en 2022 autour de 6,5% du PIB. Toutefois, en 2022, on notera la très forte hausse des subventions à l'énergie, estimées à 750 Mds FCFA (4,4% du PIB), qui auront eu un impact important sur le déficit public. Pour maintenir un déficit à 6,5%, les autorités sénégalaises ont dû réduire les dépenses d'investissement en 2022.
Entre 2019 et 2022, l’endettement public du Sénégal a considérablement augmenté passant de 64% à 75% du PIB ,dépassant ainsi le seuil de l’UEMOA (70%). En 2023, la dette publique resterait au-dessus de 70% du PIB (75,1% et 71,4%) mais devrait baisser graduellement, passant en dessous du plafond dès 2024 (65,7% du PIB) grâce à un assainissement budgétaire et à une dynamique économique favorable, en particulier sur les années 2023-2024 (projets d’hydrocarbures, qui feraient rapidement diminuer le ratio dette/PIB). La hausse de la dette publique reste une source importante de risque pour le Sénégal. L’analyse de soutenabilité de la dette du FMI et de la Banque mondiale maintient un risque modéré de surendettement (externe et global), avec toutefois une marge de manœuvre très limitée pour absorber les chocs à court terme.
Le commerce extérieur
Les échanges extérieurs du Sénégal ont retrouvé leur dynamisme d’avant la crise sanitaire en 2021 et 2022, augmentant respectivement de 22% (à 8 263 Mds FCFA, 12,6 Mds EUR) et 34% (à 11 113 Mds FCFA, 16,9 Mds EUR) après un recul de 6% en 2020. Toutefois, selon les données provisoires de l’ANSD pour 2022, la balance commerciale s’est fortement dégradée, passant à -3 986 Mds FCFA (-6,1 Mds EUR) en 2022, après -2 494 Mds FCFA (-3,8 Mds EUR) en 2021 (-3,4 Mds EUR en 2020). Ce résultat est consécutif à la hausse plus importante, en valeur absolue et en valeur relative, des importations (+3,3 Mds EUR, +40%) que des exportations (1 Md EUR, +24%).
Les exportations sénégalaises en 2021 s’élèvent à 2 885 Mds FCFA (4,4 Mds EUR), soit en hausse de près 28% par rapport à 2020. En 2022, elles seraient de 3 563 Mds FCFA (5,4 Mds EUR) soit en hausse de 24%. Le Mali reste le premier client du Sénégal avec près de 20% du total des exportations sénégalaises (1,1 Md EUR en 2022 et 889 M EUR en 2021), devant l’Inde (15,2%) et la Suisse (12%), qui perd sa place de 2ème client du pays. La France quant à elle se positionne au 17ème rang des clients du Sénégal alors qu’elle était à la 14ème place en 2021 et 11ème en 2020 avec des achats à hauteur de 47,8 M FCFA (73 M EUR) en 2022 après 49,5 M FCFA (75,5 M EUR) en 2021. En termes de structure, les exportations sénégalaises sont dominées en 2022 par les produits pétroliers représentant 18,2% de la valeur totale, suivis par l’or 16,3% (18,7% en 2021 et 2020) et l’acide phosphorique 13%.
Les importations sur l’année 2021 s’établissent à 5 378 Mds FCFA (8,2 Mds EUR) contre 4 494 Mds FCFA (6,9 Mds EUR) en 2020, soit en hausse de près de 20%. Elles atteindraient 7 549 Mds FCFA en 2022 (11,5 Mds EUR, soit + 40,4%) selon l’ANSD. En 2021, les principaux fournisseurs du pays ont été la France (11,8%), la Chine (9,7%), l’Inde (7,1%), la Russie (5,7%) et le Nigéria (5,3%). Pour 2022, avec seulement 9,2% des parts de marché, la France perd sa place de premier fournisseur du pays pour les biens au profit notamment de la Chine (10%). La hausse des importations globales sénégalaises a cependant bénéficié à plusieurs pays de l’UE qui ont vu leurs parts de marché progresser entre 2021 et 2022 tels que Belgique-Luxembourg (de 4,7% à 6,3%), Espagne (de 4,7% à 6,1%), Pays-Bas (de 4,8% à 5,2%) et Allemagne (de 1,8% à 2,2%). Les produits manufacturés, qui constituent depuis quelques années le premier poste d’importation, représentent 69,7% du total des produits importés en 2021, contre 68% en 2020. Toutefois, les achats extérieurs de denrées alimentaires de première nécessité et de produits pétroliers restent encore très élevés.
Le climat des affaires
La mise en place de réformes structurelles a dynamisé certains secteurs de l’économie, notamment le secteur primaire, et fait gagner des points au pays au classement Doing Business (améliorations dans l’obtention de prêts, le règlement de l’insolvabilité et l’exécution des contrats). Néanmoins, le climat des affaires, encore perfectible, et le taux de chômage structurel important nécessitent un approfondissement des réformes, dans l’éducation, l’administration, la fiscalité. Par ailleurs, le secteur informel continue de dominer l’économie (au moins 50% du PIB, 95 à 97% des entreprises) et le taux de bancarisation reste faible (19,6% en 2020, contre 18,6% en 2019).