SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE

Croissance économique et développement

Le secteur agricole est le principal contributeur au PIB (60% de la valeur ajoutée en 2020) du pays. Un chantier prioritaire des autorités depuis quelques années est le développement d’une politique agricole nationale (augmentation de la production, réduire la dépendance aux importations de produits alimentaires, lutte contre la précarité alimentaire). Le pays a inauguré dans ce contexte sa première usine de transformation de cacao en 2021.

Au-delà, la Sierra Leone est connue mondialement pour être un important producteur de minerais, au premier rang desquels le minerai de fer, les diamants, le rutile et l’or. Ce secteur, dont la réglementation a été révisée fin 2021, constitue un second chantier prioritaire. Entre 2014 et 2016, le pays a fait face à deux chocs : (i) la forte baisse du prix des minerais de fer, principale industrie du pays et (ii) l’épidémie d’Ebola, qui ont fortement impacté les équilibres budgétaire et extérieur du pays. La contraction de 50% de la production de minerai de fer a participé à la contraction de l’économie de plus de 20% en 2015. 

Le pays n’arrive que péniblement à redresser sa trajectoire de croissance économique. Alors que la croissance avait marqué un rebond post récession en 2021 (4,1%), une décélération est observée en 2022 puis en 2023 avec un taux de croissance respectivement de 3,5% et 3,4%. Divers facteurs ont entravé la reprise, d’une part, externes : (i) la hausse des prix de l’énergie, (ii) la hausse des prix des denrées alimentaires ; d’autre part, internes : (i) la baisse du pouvoir d'achat des ménages, (ii) une production minière inférieure aux prévisions, (iii) de graves inondations en août (iv) et la consolidation budgétaire s’accompagnant d’un contexte de politique monétaire plus restrictive. La croissance devrait toutefois reprendre sa tendance haussière en 2024 (4%) d’après les prévisions du FMI en raison de la reprise dans les secteurs minier et agricole et d’une consolidation budgétaire moindre.

Par ailleurs, le pays enregistre des indicateurs socio-économiques parmi les plus faibles au monde : ce PMA d’environ 8 M d’habitants se hisse au 184ème rang sur 193 pays du classement IDH du PNUD en 2023 (sorti en 2024). Le pays enregistre une croissance démographique de près de 2,2%, un taux de fertilité de près de 4 enfants par femme et une forte insécurité alimentaire. La population sierra léonaise est également jeune (près de 40% de la population a moins de 15 ans et près de 75% moins de 35 ans) et majoritairement rurale (57% de la population vit en milieu rural). Enfin, plus de 95% des emplois se situent dans le secteur informel. 

Finances publiques

La pandémie à Covid-19 a fortement impacté le solde budgétaire, qui pourrait revenir sous la cible de 3% qu’à partir de 2026 d’après le FMI. Alors que le FMI prévoyait une diminution du déficit dès 2022, après la pandémie et les mesures de relance en 2020 et 2021, celui-ci s’est finalement accru pour atteindre 10,3% du PIB en 2022 puis (contre 5,8% en 2020 et 7,3% en 2021) et devrait demeurer élevé en 2023 (7,3% du PIB). Cette détérioration du solde budgétaire s’explique principalement par une sous-performance des recettes, notamment due au retard dans la mise en œuvre de réformes fiscales, à une sur-exécution de certaines dépenses et, plus généralement au contexte électoral. Le déficit budgétaire est projeté en forte baisse pour l’année 2024 à 3% du PIB.

 

Dette publique

Selon la dernière analyse de viabilité de la dette du FMI, le pays présente un risque de surendettement élevé mais viable. En effet, l'encours de la dette publique a atteint un pic à 94% du PIB en 2022 et s’élève à 84% en 2023, alors qu'il était de 48,6% en moyenne sur la période 2010-2018. Selon le FMI, la dette publique est soutenable dans l’hypothèse d’effort d’ajustement budgétaire et d’un recours continu aux financements concessionnels et aux dons, mais le risque de surendettement est en augmentation. Par ailleurs, la Sierra Leone a pu bénéficier en 2020 et 2021 de l’initiative de suspension du service de la dette (ISSD) ainsi que de la mesure d’allègement de la dette mise en place par le FMI (CCRT). 

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