SIERRA LEONE
Situation économique et financière
Éléments structurels de l'économie sierra-léonaise
La Sierra Leone est connue mondialement pour être un important producteur de minerais, notamment le minerai de fer, les diamants, le rutile et l’or. Entre 2014 et 2016, le pays a fait face à deux chocs majeurs : (i) l’effondrement des cours du minerai de fer, pilier de son économie, et (ii) l’épidémie d’Ebola, aux conséquences sanitaires et économiques dévastatrices. La production de minerai de fer s’est effondrée de 50 %, entraînant une contraction de plus de 20 % du PIB en 2015. Depuis, la reprise économique demeure fragile : la Sierra Leone peine à renouer avec une trajectoire de croissance soutenue et n’a toujours pas retrouvé son niveau de PIB par habitant d’avant la crise, qui s’élevait à 981 USD en 2013 contre 853 USD en 2024.
La contribution du secteur primaire au PIB du pays, en légère diminution depuis 2018, représente en 2023 30 %, tandis que les secteurs secondaires et tertiaires représentent respectivement 27 % et 43 % (CNUCED). Le développement d’une politique agricole nationale s’est imposé comme une priorité pour les autorités, avec pour objectifs l’accroissement de la production locale, la réduction de la dépendance aux importations alimentaires et la lutte contre l’insécurité alimentaire. Dans ce cadre, le pays a inauguré en 2021 sa première usine de transformation de cacao, marquant une étape importante vers la valorisation de ses productions agricoles.
Sur le plan socio-économique, la Sierra Leone affiche des indicateurs parmi les plus faibles au monde. Avec 8,5 M d’habitants, le pays n’atteint que le 185ème rang sur 193 pays du classement IDH du PNUD en 2023 (publié en 2025). Le pays enregistre une croissance démographique de 2,2%, un taux de fertilité de 3,8 enfants par femme et une forte insécurité alimentaire. La population est majoritairement jeune (39% de la population a moins de 15 ans) et vit en grande partie en milieu rural (56 %). Plus de 95% des emplois se situent dans le secteur informel.
Conjoncture économique
Après avoir enregistré une croissance de 5,7 % en 2023, l’économie a ralenti à 3,7 % en 2024. Une reprise modérée est attendue en 2025, avec une croissance projetée à 4,7 %, portée principalement par le dynamisme des secteurs minier et agricole. À noter, un rebasage des comptes nationaux a conduit à une forte réévaluation du PIB nominal, en hausse de 74 % pour l’année 2022.
Depuis 2022, la Sierra Leone fait face à une forte inflation, passée de 11,9 % en 2021 à 47,7 % en 2023, sous l’effet de facteurs internes (politique monétaire accommodante, dépréciation du Leone, mauvaises récoltes, insécurité régionale) et externes (hausse des prix alimentaires importés, coût du fret, guerre en Ukraine). Cette flambée des prix a aggravé l’insécurité alimentaire (57 % de la population touchée en mars 2024) et accru la pauvreté. L’inflation recule à 28,4 % en 2024 et devrait atteindre 12,9 % en 2025 grâce au resserrement monétaire : le taux directeur est passé de 17 % fin 2022 à 24,75 % en octobre 2024.
Le déficit courant s’est amélioré en 2024 à 5,5% du PIB et est projeté à 4,8% en 2025 (contre 9,5% en 2023). Cependant, la couverture des réserves de change quant à elle reste basse, autour de 2,3 mois en 2024 et projeté à 2,5 mois en 2025, notamment en raison d’un service de la dette extérieure important.
Finances publiques et dette
Le déficit budgétaire s’est établi à 4,6 % du PIB en 2024, et devrait connaitre une légère amélioration à 4,2 % en 2025. Avec le rebasage du PIB, la dette publique est estimée désormais à 49,9% du PIB en 2023, contre plus de 90% du PIB auparavant. Du fait de la consolidation budgétaire, couplée à une forte hausse du PIB en valeur, celle-ci a diminué à 43% du PIB en 2024. Elle est projetée à 44,3% en 2025. La dette extérieure représente 68,4% de la dette totale en 2023 et est en grande partie détenue par le FMI et la Banque mondiale (23,5% de la dette extérieure chacun). Quant à la dette intérieure (31,6% de la dette totale), elle est quasi exclusivement constituée par les titres publics (99% de la dette intérieure).
La Sierra Leone demeure en catégorie de risque de surendettement élevé (global et externe), la soutenabilité de la dette étant basée sur la réalisation effective de la consolidation budgétaire prévue ainsi qu’un recours continu aux dons et aux financements concessionnels.