SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE

Croissance économique et développement

Le secteur agricole est le principal contributeur au PIB (63% en 2020) du pays. Un chantier prioritaire des autorités est le développement d’une politique agricole nationale. Le pays a inauguré dans ce contexte sa première usine de transformation de cacao en 2021. Au-delà, la Sierra Leone est un important producteur de minerais, au premier rang desquels le minerai de fer, les diamants, le rutile et l’or. Ce secteur, dont la réglementation a été révisée fin 2021, constitue un second chantier prioritaire. Entre 2014 et 2016, le pays a fait face à deux chocs concomitants, à savoir la forte baisse du prix des minerais de fer, principale industrie du pays, et l’épidémie d’Ebola, qui ont fortement impacté les équilibres budgétaire et extérieur du pays. La contraction de 50% de la production de minerai de fer a participé à la contraction de l’économie de plus de 20% en 2015.

Le pays n’arrive que péniblement à redresser sa trajectoire de croissance économique. En 2020, sous l’effet des perturbations induites par la pandémie à Covid-19, l’économie a enregistré une croissance négative de 2,2%. Alors que la croissance avait marqué un rebond en 2021 (4,1%), une décélération est observée en 2022 avec un taux de croissance de 3,6% du PIB. Divers facteurs ont entravé la reprise, d’une part, externes : (i) la hausse des prix de l’énergie, (ii) la hausse des prix des denrées alimentaires ; d’autre part, internes : (i) la baisse du pouvoir d'achat des ménages, (ii) une production minière inférieure aux prévisions, (iii) de graves inondations en août. La décélération devrait se poursuivre en 2023 (2,7%) d’après les prévisions du FMI en raison de la consolidation budgétaire et malgré l’augmentation de la production de fer et les politiques d’augmentation de la production agricole. Les perspectives à moyen terme pourrait être plus favorable (4,7% de croissance à partir de 2024) selon le FMI.

Par ailleurs, le pays enregistre des indicateurs socio-économiques parmi les plus faibles au monde : ce PMA d’environ 8 M d’habitants se hisse au 181ème rang sur 189 pays du classement IDH du PNUD en 2020. Le pays enregistre une croissance démographique de 2,6%, un taux de fertilité de 4,1 enfants par femme et une forte insécurité alimentaire. La population sierra léonaise est également jeune (près de 40% de la population a moins de 15 ans et près de 75% moins de 35 ans) et majoritairement rurale (57% de la population vit en milieu rural).

Finances publiques

La pandémie à Covid-19 a fortement impacté le solde budgétaire, mais pourrait revenir sous la cible de 3% dès 2024 d’après le FMI. En 2020-2021, les recettes ont été impactées par l’affaiblissement de l’activité économique ainsi que les difficultés accrues dans la collecte des recettes, tandis qu'en parallèle les mesures de riposte et de relance ont engendré un accroissement significatif des dépenses. En conséquence, le déficit budgétaire s'est établi à 7,4% du PIB (hors minerai de fer) en 2021 (contre respectivement 5,8% en 2020 et 3,1% en 2019). Alors que le FMI anticipait une diminution du déficit dès 2022, celui-ci s’est finalement dégradé pour s’élever à 10,9% du PIB, s’expliquant principalement par des sous-budgétisations et mesures discrétionnaires (transferts en réponse à la hausse des prix de l’énergie) ; par une réduction des taux d’accises ; et la baisse des exportations de bois suite à leur interdiction par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Le déficit budgétaire est projeté pour l’année 2023 à 5,6% du PIB.

 

Dette publique

Selon la dernière analyse de viabilité de la dette du FMI (mai 2023), le pays présente un risque de surendettement élevé mais viable. En effet, l'encours de la dette publique a atteint 98,9% du PIB en 2022 alors qu'il était de 48,6% en moyenne sur la période 2010-2018. Selon le FMI, la dette publique est soutenable dans l’hypothèse d’effort d’ajustement budgétaire et d’un recours continu aux financements concessionnels et aux dons, mais le risque de surendettement est en augmentation. Par ailleurs, la Sierra Leone a pu bénéficier en 2020 et 2021 de l’initiative de suspension du service de la dette (ISSD) ainsi que de la mesure d’allègement de la dette mise en place par le FMI (CCRT). 

Publié le