Présence française à Singapour et investissements bilatéraux

 

Singapour concentre près des 2/3 des investissements directs français en Asie du Sud-Est

Singapour concentre près des deux tiers des IDE français entrants en Asie du Sud-Est avec un stock de 12,2 Mds EUR d’IDE [1] (cf. Annexes 1 et 4, données Banque de France). Les IDE français à Singapour sont largement supérieurs à ceux observés dans les autres pays, notamment en Indonésie (1,9 Md EUR), Thaïlande (1,6 Md EUR), et Malaisie (1,5 Md EUR). D’après les statistiques singapouriennes, la France est le 16ème pays investisseur à Singapour et le 6ème investisseur européen[2] (cf. Annexe 4).

Environ 770 filiales d’entreprises françaises, employant près de 42 000 personnes [3], sont implantées à Singapour où elles réalisent un chiffre d’affaires cumulé de 37 Mds USD. La cité-Etat bénéficie de sa position au cœur de l’ASEAN et d’un cadre favorable pour les entreprises. Singapour dispose d’infrastructures de pointe, d’une fiscalité avantageuse (avec la possibilité pour les groupes étrangers de bénéficier en outre d’accord fiscaux personnalisés), d’un cadre légal et politique stable et d’un environnement des affaires parmi les meilleurs au monde [4]. Sa situation géographique en fait par ailleurs un point d’ancrage naturel pour les entreprises, qui peuvent ensuite rayonner vers les marchés de la région. Parmi les implantations françaises, on compte de grandes entreprises, des ETI, des PME, des succursales et des bureaux de représentation. La majorité des grands groupes sont représentés, à l’instar de ST Microelectronics (1er employeur avec plus de 5 000 employés), Thales–Gemalto (plus de 2 100 employés), CMA-CGM, Dassault Système, BNP Paribas, Essilor ou AccorHotels. À noter que TotalEnergies a fait de Singapour son hub régional en décembre 2019 (600 employés). Les firmes françaises couvrent ainsi tous les secteurs d’activité avec une activité marquée dans les services aux entreprises, la finance [5], et la vente en gros et de détail (cf. Annexe 2). Certaines sociétés s’appuient par ailleurs sur un écosystème propice aux innovations pour développer des centres de R&D (Engie, Airbus, Thales). La cité-Etat accueille plus de 300 entrepreneurs français, avec une communauté French Tech d’environ 1 600 membres Facebook, et près de 250 enseignants-chercheurs (French Lab).

Jusqu’au déclenchement de la pandémie, le développement des entreprises françaises s’est accompagné d’une augmentation du nombre de Français dans la cité-Etat, qui a plus que doublé entre 2008 et 2019. Durant la pandémie, les restrictions sanitaires et les quasi-interdictions de voyage ont eu pour effet de diminuer la population française vivant à Singapour (-13% par rapport à 2019), qui bénéficie cependant aujourd’hui d’un certain nombre de transferts depuis Hong-Kong. La communauté était estimée au 31 décembre 2021 à 19 000 personnes, dont 13 000 enregistrées (cf. Annexe 3). Cette situation, combinée au resserrement continu de la politique migratoire, a également conduit à une chute du nombre de volontaires internationaux (VIE) [6] travaillant dans la cité-État.

 

 

 

Les investissements singapouriens en France sont considérables mais principalement via des actifs financiers détenus par ses deux fonds souverains, GIC et Temasek.

Du fait d’un compte courant structurellement excédentaire (18% du PIB en 2021), Singapour accumule chaque année d’importants montants de devises, réinvestis notamment par ses fonds souverains. Malgré sa petite taille, la cité-Etat est le 12ème détenteur d’actifs au monde [7]. De plus, les fonds souverains singapouriens, GIC et Temasek, sont respectivement les 5ème et 8ème plus importants fonds souverains au monde en termes d’actifs sous gestion d’après le classement SWFI. Ils gèrent notamment l’épargne des singapouriens - via l’émission de titres souverains souscrits par la population dans le cadre de son épargne contrainte (obligatoire pour accéder au logement et à la retraite), et comptent parmi les principaux investisseurs singapouriens en France, de manière directe ou via les entreprises de leur portefeuille.

 

À ce jour, GIC détiendrait probablement entre 13 et 18 Mds EUR [8] d’investissements en France, principalement via des actifs financiers (sociétés du CAC 40), des titres souverains et des investissements immobiliers. En 2019, GIC a créé une joint-venture (détenue à 80%) avec une société américaine pour l’acquisition et le développement de plusieurs datacenters en Europe, dont un à Paris (pour un investissement de 0,9 Md EUR). Fin 2018, GIC avait acquis la tour de bureaux Ariane du quartier de la Défense, pour 465 M EUR et avait fait l’acquisition de 55% des parts d’AccorInvest, la foncière du groupe AccorHotels, avec un groupe d’investisseurs (dont Amundi et Crédit Agricole Assurances) pour un total de 4,4 Mds EUR. GIC détient 32% (près de 800 M EUR) du capital de TIGF, filiale de distribution de gaz de TotalEnergies. Le fonds souverain est par ailleurs un investisseur historique en bons du Trésor, membre du comité stratégique de l’Agence France Trésor.

 

Temasek aurait pour sa part investi plus de 2 Mds EUR en France depuis 2014 [9], ses activités étant portées principalement par sa participation à hauteur de 40% dans le groupe CapitaLand, maison-mère de The Ascott (possédant une trentaine de résidences sous la marque Citadines en France). Temasek a contribué au « scaling up » de certaines entreprises de la French Tech (Alan, Mano Mano, Innovafeed), et soutenu le développement de leaders français (Tikehau dans la gestion d’actifs, Ceva dans la santé animale, Axareal dans les céréales).  Temasek est également actionnaire de Safran, Dassault, Airbus. Il a par exemple acquis en 2014 du groupe TotalEnergies une participation de 10,4% du capital de GTT (systèmes transport et stockage de GNL).

                                                                    

Le stock d’IDE singapouriens en France s’est établi à 2,0 Md EUR en 2021 (à comparer à 2,1 Mds EUR en 2019, cf. Annexe 4)[10], soit près de sept fois moins que la France investit à Singapour car les investissements singapouriens sont de nature différente, essentiellement des placements financiers, donc sans vocation d’acquisition de moyens de production. Ces investissements directs se traduisent néanmoins par une quarantaine d’implantations et plus de 1 500 emplois en France, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie et de l’immobilier (CapitaLand, Millennium Hotels, Frasers Centrepoint), les technologies de pointe (ST Engineering), la chimie (Wilmar international) et les services (International SOS). Singapour compte également plusieurs implantations de start-ups innovantes ayant établi leur filiale en France (H3 Dynamics, Novade, Upskills, Obike). 


[1] Les données de stocks d’IDE proviennent du rapport annuel 2020 de la Banque de France.

[2] Derrière le Luxembourg, la Suisse, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Irlande et l’Allemagne.

[3] Selon l’enquête européenne sur l'activité des filiales étrangères des groupes français (INSEE/Eurostat) pour l’année 2019

[4] Singapour se classe par exemple 1er au classement de la compétitivité du World Economic Forum en 2019 et 2ème au classement Doing Business de la Banque mondiale en 2020.

[5] À noter la décision de cession de la filiale d’AXA à HSBC en août 2021

[6] ~80 VIE début 2022, contre près de 230 en 2019

[7] Selon les statistiques du FMI sur la position extérieure (Chine et Hong-Kong consolidés)

[8] La zone Euro représentant 8% des positions du portefeuille du fonds (estimé à environ 675 Mds EUR par le Sovereign Wealth Fund Institute), la France pourrait raisonnablement représenter entre un quart (13,5 Mds EUR) et un tiers (18 Mds EUR) de ces positions

[9] Estimation de Temasek datant du T1-2021, tenant compte des investissements passés et présents depuis l’ouverture du bureau londonien en 2014

[10] Ventilation géographique établie en prenant en compte le pays d'origine immédiate de l'investissement, et non le pays où est implantée l’entité qui dispose du contrôle ultime sur les stocks d’IDE (investisseur ultime : 2,3 Md EUR en 2019).

 

Annexes

1

 2

3

 

 

 Annexe 4. Principaux investisseurs étrangers en France/à Singapour et principales destinations des IDE français/singapouriens (en Mds EUR)

 Point de vue de la France (2021)

Stock IDE étranger en France

   

Stock IDE français à l'étranger

 

#

Pays

Stock

 

#

Pays

Stock

1

États-Unis

123,8

 

1

États-Unis

197,9

2

Allemagne

115,6

 

2

Pays-Bas

190,7

3

Suisse

105,5

 

3

Belgique

143,3

4

Royaume-Uni

87,7

 

4

Royaume-Uni

126,3

5

Italie

54,6

 

5

Italie

68,7

6

Belgique

48,0

 

6

Allemagne

54,1

7

Pays-Bas

45,4

 

7

Luxembourg

51,8

8

Luxembourg

35,1

 

8

Espagne

51,6

9

Espagne

26,0

 

9

Suisse

45,8

10

Japon

17,5

 

10

Chine

32,4

 

Total :

757,8

   

Total :

1 282,9

             
 

Singapour

2,0

 

18

Singapour

12,2

 

ASEAN

2,6

   

ASEAN

19,5

 

                                                 Source : Banque de France, méthodologie de l’investisseur ultime           

 

Point de vue de Singapour (2020)

Stock IDE étranger à Singapour

   

Stock IDE singapourien à l'étranger

 

#

Pays

Stock

 

#

Pays

Stock

1

Etats-Unis

332,7

 

1

Chine

94,3

2

Iles caïmans

155,3

 

2

Pays-Bas

65,0

3

Iles vierges britanniques

102,9

 

3

Inde

41,9

4

Japon

88,1

 

4

Royaume-Uni

41,7

5

Royaume-Uni

80,0

 

5

Hong Kong

40,4

6

Bermuda

60,0

 

6

Indonésie

40,3

7

Hong-Kong

56,5

 

7

Malaisie

35,5

8

Suisse

46,6

 

8

Iles Caymans

35,1

9

Canada

43,8

 

9

Australie

34,7

10

Luxembourg

40,3

 

10

Etats-Unis

24,2

 

Total :

1 347,9

   

Total :

818,4

             
 

France

16,9

   

France

N/A

 

ASEAN

42,8

   

ASEAN

120,7

 

Source : Département singapourien des statistique

                                                                                                                          

Taux de change : les données ici sont exprimées en euros au taux de change moyen de 2021 (1 EUR = 1,18 USD et 1 EUR = 1,59 SGD).

 

 

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