Le commerce bilatéral France Soudan en 2021*

  

La situation difficile qu’a traversé le Soudan en 2021 -fermeture pendant un mois et demi des Ports de Port Soudan (de la mi-septembre à la fin octobre), coup d’Etat du 25 octobre-, s’est traduite par une forte détérioration du commerce bilatéral avec un total échangé de 92 M€, soit une baisse de 20%, soit le niveau le plus faible depuis plus de 10 ans. La France bénéficie d’un excédent structurel, en forte baisse également et qui atteint 7,35 M€ (-59% par rapport à 2020). Tout comme les années précédentes nos exportations sont portées par les produits chimiques et de cosmétique (soit 23% de nos exportations), les équipements agricoles (17%) les produits informatiques et électroniques (15%) et les produits pharmaceutiques (13%), qui représentent à eux seuls 68% de nos ventes. Quant à nos importations, elles dépendent essentiellement de la gomme arabique. La place du Soudan dans le commerce avec la France s’est légèrement dégradée: il est notre 130 ème client (49,6 M€), et notre 125 ème fournisseur (42,3 M€). Selon les dernières données de la Banque Centrale du Soudan, en 2021 la part de marché de la France représentait 0,49% du total des importations soudanaises et 1,24 % du total exporté, alors qu’en 2019, ces pourcentages étaient respectivement de 0,71 % et 1,39 %.

1. Le commerce bilatéral s’est fortement contracté, réduisant mécaniquement l’excédent français

Le volume des échanges bilatéraux était de 92 M €, très en deçà de la moyenne de 111 M€ sur la décennie. La France dispose d’un excédent commercial structurel vis-à-vis du Soudan : les exportations se sont élevées à 49,6 M€ et les importations à 42,3 M€, soit une évolution respective de -26 et -13%.

2. Un renforcement de la concentration  de nos postes à l’exportation

Tout comme en 2020, les exportations françaises vers le Soudan demeurent concentrées sur les 4 secteurs d’exportations françaises les plus importants, qui comptent pour 68% (contre 85% l’an dernier) de nos ventes vers le Soudan :

  • Les produits chimiques, parfums et cosmétiques (23% de nos exportations - 11,3 M€), dont les ventes ont baissé de 24%, n’empêchant pas ce secteur de devenir notre principal poste d’exportation.
  • Les machines industrielles et agricoles (17% - 10,05 M€), en baisse de 14%. Ce secteur, porté par les commandes des grands groupes privés, qu’ils soient nationaux ou internationaux (pays du Golfe), est sans doute le secteur le plus dynamique de l’économie soudanaise.
  • Les produits pharmaceutiques (13 % - 6,6 M€), en très forte baisse (-69%). Ce poste, qui était traditionnellement notre principal poste d’exportation, est fortement tributaire de la commande publique au travers de la centrale d’achat du National Medical Supplies Fund . De son côté, ce dernier est tributaire du Ministère des Finances pour l’obtention des devises.  Depuis deux ans, le Ministère des finances rencontre beaucoup de difficultés à mettre à disposition les montants nécessaires au NMSF afin que celui-ci puisse faire face à ses arriérés (environ 100 MUSD) et à de nouveaux achats.
  • Les produits des industries agroalimentaires (15 % -7,5 M€), en baisse de -26% comme tous les autres secteurs.

Il convient néanmoins de signaler qu’une partie de nos exportations ne sont pas comptabilisées dans les statistiques douanières car elles transitent via des pays tiers, notamment les Emirats Arabes Unis ou encore l’Egypte.

En 2020 (dernières statistiques disponibles), le nombre d’exportateurs français vers le Soudan s’élevait à environ à 230 (contre 300 en 2018). Sur ce total, 10% étaient des grandes entreprises, 34% des ETI et 60% des PME.

3. Nos importations restent à 98 % agricoles

En 2021, les importations françaises depuis le Soudan ont baissé de 13% et demeurent quasi exclusivement d’origines agricoles (gomme arabique en grande majorité). Ce pays est le principal exportateur mondial de cette denrée, alors que la France en est le principal importateur. Mais là encore, le blocage des ports de Port Soudan pendant 90 jours a fortement affecté ces échanges agro-alimentaires

 

A signaler la décision fin 2021 de la part de la FDA américaine de considérer de nouveau la gomme arabique comme une fibre alimentaire entrant dans la composition de compléments alimentaires et de santé.  Cette décision devrait sans doute contribuer à une augmentation significative dans le moyen terme des exportations de gomme arabique, sous réserve que le port conteneur de Port Soudan reprenne pleinement ses activités. Au-delà de son image emblématique, le secteur de la gomme arabique au Soudan représente, non seulement, une source substantielle de devises, mais, surtout, un moyen de subsistance pour une part importante de la population rurale (1 million de foyers).

 

Avec des perspectives très faibles d’une sortie par le haut de la crise politique et d’une amélioration rapide de la situation économique, les échanges pour 2022 pourraient continuer à se dégrader.

 

  • Les données du commerce bilatéral pour 2022 ne seront disponibles qu’à partir de février 2023

Structure des échanges de biens entre la France et le Soudan en 2020 et 2021 avec leur évolution (source : douanes françaises)

Tableau 1 

Evolution des échanges de biens entre la France et le Soudan entre 2011 et 2021 (en M€) (source : douanes françaises)

Tableau 2 

Publié le