L’agriculture et l’élevage au Soudan

L’agriculture et l’élevage sont les piliers historiques de l’économie soudanaise. Le Soudan, d’une surface de 1,86 M km2, dispose d’un fort potentiel agricole, actuellement sous exploité.

 Le secteur agricole soudanais a représenté 30,5 % du PIB en 2013 et 28,2 % en 2014, et les exportations agricoles représentent 60 % des exportations non pétrolières du pays. Le secteur emploie entre 70 et 80 % de la main-d'œuvre dans les zones rurales et fournit 60 % environ des besoins de l’industrie agroalimentaire en matières premières. La majorité des cultures sont de nature commerciale (et non de subsistance).

 

Année

Agriculture

Industrie

Services

Total

% de contribution au PIB

2012

33

20

47

100

2013

30,5

21,5

48

100

2014

28

24

48

100

Source: Banque centrale du Soudan

  1. Données de base

La terre

 Les terres soudanaises se répartissent en, en millions d’hectares :

 

pâturages naturels

47

forêts

74

terres cultivables

84

   dont cultivées

16,8

      dont irrigués

1,86

 Le climat et les ressources hydrauliques

 Le climat du pays va de l’aridité au nord jusqu’à des zones tropicales humides au sud.

 Les températures moyennes, très importantes, varient de 26 à 36°C.

 

Végétation

  Les précipitations sont de manière générale faibles. Elles sont concentrées pendant la période humide entre juin et septembre. Pendant cette saison les pluies sont très localisées et extrêmement violentes ce qui peut provoquer un lavage des sols ou plus rarement des inondations. Dans le même temps le Nil est en crue et irrigue naturellement les berges dédiées à l’agriculture.

  • 36 % de la superficie totale, en zone désertique, reçoit annuellement entre zéro et 100 mm de pluie
  • 20 %, en région semi désertique, de 100 à 300
  • 24 %, en savane pauvre, entre 300 et 400
  • 20%, en savane riche entre 400 et 800.

 On évalue à 30 Mds m3 / an l’ensemble des ressources en eau au Soudan, dont 20 Mds m3 / an proviennent des eaux du Nil, 5 à 7 des rivières saisonnières (les wadis) et 4 des eaux souterraines. 

 2. Les différents modes d’exploitation agricole

 La taille moyenne d’une ferme soudanaise est de plusieurs centaines d’hectares.

 L'agriculture soudanaise est 1) irriguée et / ou pluviale, 2) traditionnelle ou semi-mécanisée.

La production de l'agriculture pluviale dépend fortement des précipitations.

 La culture irriguée

 La superficie totale de la culture irriguée au Soudan est d'environ 1,8 million d'hectares. Cela comprend les terres argileuses de l'est et du centre du Soudan, les rivages du Nil incluant les deltas des deux affluents du Nil bleu : Toker et Algash.

Les plantes cultivées sont le coton, le sorgho, l'arachide, le blé, la canne à sucre, les cultures horticoles, les légumes, le tournesol et le maïs.

 Ce secteur est divisé en deux secteurs, moderne et traditionnel. Le premier est caractérisé par l’emploi de machines (moyens et grands tracteurs), l’utilisation d'agro-chimiques (herbicides, insecticides et engrais) et de semences améliorées. Il comprend une nouvelle agriculture d'entreprises émergentes développées par des sociétés soudanaises, ainsi que des investisseurs étrangers, qui appliquent des technologies agricoles avancées en particulier pour l'irrigation. Ces exploitations sont particulièrement spécialisées dans la production de luzerne.

 Le secteur irrigué comprend quatre projets principaux (cf en annexe la carte « principales zones agricoles au Soudan ») :

 1) Le projet de la Gezira à l’Etat de la Gezira au Centre du Soudan, fief historique de la culture de coton au Soudan et jadis colonne vertébrale de l’économie du pays. Plus grand projet irrigué au Soudan, il s’étend sur 900 000 hectares.

2) Le projet de la nouvelle Halfa, dans l’Etat de Kassala, sur une superficie de 168 000 hectares.

3) Le projet Alrahad qui s’étend entre les deux Etats d’al-Gadarif et d’Algezira, sur une superficie de 126 000 hectares.

4) Le projet d’Alsouki sur 37 000 hectares dans l’Etat de Senar. Publics dans le passé, ces projet ont été privatisés et sont maintenant exploités par des fermiers individuels qui cultivent des exploitations d’une taille moyenne de six hectares. Les cultures comprennent le coton, l’arachide, le tournesol et des fleurs.

 

Production du coton

 

 

Source : Banque centrale du Soudan

 La culture pluviale

 Les zones pluviales se trouvent au sud de la ligne (ci-dessous en rouge) de pluie de 300 mm / an et s’étendent jusqu’aux frontières du Soudan du Sud.

  

Distribution des pluies

 La culture pluviale couvre une superficie totale d’environ 15 millions d'hectares, soit 80 % de la superficie totale cultivée. Le secteur contribue à :

  •  l’ensemble de la gomme arabique et du sésame produits au Soudan,
  • presque tout le mil,
  • 70 à 80 % de l'arachide,
  • 60 à 70 % du sorgho.

 La culture pluviale soudanaise pourrait facilement augmenter ses surfaces, plus difficilement sa productivité. Un quadruplement de la production est théoriquement possible. Il demande en outre un faible coût d'investissement par rapport au secteur irrigué.

 

 

Production de gomme arabique

Sources : Banque centrale du Soudan

 3. L’élevage

 Le bétail soudanais comprend 104 M de têtes, réparties comme suit :

 Population animalière soudanaise en millions de têtes

 

Bovins

30

Ovins

39

Caprins

31

Chameaux

4

Total

104

Source : Ministère des Ressources animalières

 

Plus de 90 % de ces animaux sont élevés traditionnellement.

 Un élevage extensif nomade dans les zones arides au nord du pays dépend entièrement des pâturages naturels. A l’opposé un élevage intensif, souvent le fait de grandes sociétés, dans les zones irriguées et urbaines nécessite compétences et capitaux. Il existe entre les deux un élevage semi-intensif, traditionnel, sédentaire, villageois et provincial.

Production animale en milliers de tonnes

 

2013

2014

Viande

1 466

1 476

Lait

4 359

4 391

Volaille

55

60

Oeufs

45

50

Poisson

89

91

Peaux d’animaux

53,5

53,8

Source : Ministère des Ressources Animalières

 Les exportations d’animaux prennent une importance croissante après le recul de celles du pétrole et de l’or. En 2015, avec 800 M USD (sur un total d’exportations soudanaises de 3,1 Mrd USD), les animaux vivants furent le poste d’exportation le plus important (devant l’or, 700 M USD).

 En 2015 l’Arabie Saoudite a absorbé (en valeur) 62 % des exportations soudanaises d’animaux et l’Egypte 25 %.

 

L’Egypte, qui représente un marché potentiel important pour les exportations d’animaux et de viande soudanais, a signé en février 2016 un accord d’achat de 800 000 bovins soudanais. Ce qui serait la plus importante transaction économique entre les deux pays est vu comme une relance des échanges entre l’Egypte et le Soudan, considérés comme au-dessous des possibilités, malgré la construction récente d’une route liant les deux pays.

 4. L’agriculture autour de Khartoum

 La province de Khartoum jouit d’un climat chaud et sec : les précipitations y sont faibles, de 145 mm / an en moyenne.

 Sa surface de 2 100 hectares se répartit en :

  •  forêts 70 hectares. 
  • pâturages naturels 880 hectares.
  • terres cultivables 750 hectares, dont

cultures pluviales entre 75 à 210 hectares.

 

L’Etat compte 1,2 M de têtes de bétail et 9,3 M de volailles, et 1,5 M de têtes de bétail provenant de la province, pour la consommation locale ou l’exportation.

 5. Les investissements agricoles arabes au Soudan

 Le Soudan connait depuis quelques années une vague d’investissements agricoles arabes, notamment de l’Arabie Saoudite, des Emirats-unis et du Qatar.

 Depuis la décision de l’Arabie Saoudite, fournisseur principal de luzerne aux pays du Golfe, d’arrêter les exportations de luzerne, compte tenu de la limitation des réserves d’eau souterraine de ce pays, la production et l’exportation de luzerne ont connu une croissance considérable au Soudan. Dans l’Etat de Khartoum seul, 75 000 hectares y sont consacrés, par des investisseurs étrangers, mais aussi des groupes soudanais comme DAL et CTC. Cette culture se caractérise par l’utilisation de technologies moderne, notamment l’utilisation de pivots d’irrigation. En 2014 les exportations de luzerne ont atteint 60 MUSD.

 Lors de la réunion du Conseil économique de la Ligue arabe en janvier 2013 à Ryad, le président soudanais a lancé « l’initiative de la sécurité alimentaire arabe », invitant les institutions de financement arabes à investir dans l’agriculture au Soudan. Cela a coïncidé avec une proposition par le Roi d’Arabie Saoudite, d’augmenter de 50 % le capital de l’« Arab Authority for Agricultural Investment and Development », dont 20 % destiné à la mise en place de cette initiative.

 Le groupe libanais GLB Invest a commencé en 2013 l’exploitation de 8 400 hectares à Wad Hamid dans l’Etat du Nil pour de la luzerne. Le projet représente la première phase d’une exploitation de plus de 90 000 hectares.

 Le gouvernement soudanais a indiqué début 2015 que les investissements saoudiens, émiratis et qataris, dont la majorité dans le secteur agricole, avaient atteint 13 Mds USD pour les premiers, 6 pour les deuxièmes et 1,6 pour les troisièmes. 

 La « National Investment Authority » a annoncé en janvier 2015 les projets arabes suivants :

 

  • Un investissement de 100 MUSD de la société qatari « Hassad » pour des céréales et de la luzerne sur 115 500 hectares à Abu Hamad dans l’Etat du Nil. Le projet prévoit la construction d’un canal d’irrigation de 20 kms relié au Nil.
  • Le projet « Alkafaa » de la société saoudienne Al rajhi, consacré au blé (200 000 tonnes) et à la luzerne ; sur 42 000 hectares dans l’Etat du Nil.
  • La même société « Al rajhi » envisage aussi un autre projet dans l’Etat du Nord, sur 80 000 hectares, pour la production de 400 000 tonnes de blé.
  • Le projet Taba de la société saoudienne « Al rawabi » dans l’Etat du Nil sur 90 000 hectares pour du blé et de la luzerne.

     

L’Arabie saoudite et le Soudan ont signé en novembre 2015 4 accords d’investissement agricole d’une la valeur totale de 2,25 Mds USD. Cela concerne :

 

  • la construction en cinq ans de trois barrages sur le Nil dans le Nord du Soudan : Kajbar, Alshireik et Dal,
  • le financement d’autres projets hydrauliques
  • la culture de 420 000 hectares sur les deux rivières Atbara et Siteit. Des fonds arabes financent la construction de deux barrages portants les deux noms de ces rivières, et 90 % des travaux a été achevé. 

 Le groupe émirati « Alzahira » est en train de négocier l’exploitation d’une superficie d’un million d’hectares sur la plaine d’Albutana qui s’étend entre l’est du Soudan et l’Etat du Nil.

 

6. La présence française dans le domaine agricole au Soudan

 Cette partie peut être demandée au service économique de Khartoum.

7. Les difficultés du secteur agricole

 Le secteur agricole soudanais connaît de nombreux problèmes chroniques, dont les plus importants sont listés ci-dessous :

 Problèmes financiers, dus à la réticence des banques soudanaises à financer, notamment à long et moyen termes, les agriculteurs du fait des hauts risques.

Problème de productivité, notamment dans le secteur traditionnel, en raison de manque des technologies agricoles modernes, de semences améliorés, d’engrais et de pesticides.

Problème du manque de recherche agricole au Soudan

Problème d’infrastructures, notamment des services d’électricité, d’eau et des routes, qui augmentent le coût des investissements.

Problèmes institutionnel, en particulier concernant le statut foncier des terres agricoles : des investisseurs étrangers se sont heurtés à des conflits entre les autorités fédérales et des régions en ce domaine.

 

Carte du Soudan

  

 

 Principales zones agricoles au Soudan

 

Zones agricoles

 

 

 

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