Situation économique et financière

Éléments structurels de l'économie

Le Soudan connaît de graves troubles économiques et financiers entamés avec la  sécession du Soudan du Sud en 2011, qui a entraîné une chute de -17 % de la croissance en 2012. Après une courte reprise, l’économie est de nouveau entrée dans une trajectoire de ralentissement à partir de 2018, accompagnée d’une forte inflation atteignant un pic de 358 % en moyenne annuelle en 2021 et d’une accélération de la dépréciation de la monnaie. Les modestes progrès réalisés grâce aux réformes économiques en 2021 ont rapidement été anéantis en raison du coup d’État militaire, qui a entraîné le gel des programmes de coopération avec les institutions internationales. Le processus d’allègement de la dette du Soudan a été interrompu après que le pays a atteint une première étape clé  le « point de décision »  dans le cadre de l’initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE), sans aller jusqu’à la réduction effective de sa dette. La guerre qui a éclaté en 2023 a plongé le pays dans une profonde crise économique, avec une chute historique de la croissance à -20 % en 2023 et -23 % en 2024, accompagnée d’une perte importante des recettes budgétaires (-70 % en 2023). Le financement de la reconstruction constituera un défi pour le pays, qui souffre d’une diminution de ses réserves en devises et de possibilités de financement quasi inexistantes du fait d’une dette insoutenable représentant 253 % du PIB en 2023.

L’absence de redistribution sociale se reflète dans les indicateurs sociaux qui se dégradent. Le pays était 176ème pour l’IDH en 2023 (170e en 2022). Selon le FMI, le PIB par habitant est tombé de 2000 USD en 2011 à 575,8 USD en 2024. L’impact de l’inflation a été très fort sur la population, avec une nette augmentation de la pauvreté - estimée par le gouvernement à 65 % de la population mi 2021, contre 31,6 % en 2015. A la fin 2024, 24,6 millions de personnes seraient confrontées à la faim aiguë (phase 3 du classement du PAM), et 8,1 millions souffriraient de la faim en situation d’urgence (phase 4), en raison d’une forte baisse de la production de céréales (sorgho et millet notamment) et l’interruption des chaines d’approvisionnement à cause du conflit. 

 

Conjoncture et finances publiques

L’économie soudanaise traverse une crise profonde, aggravée par la guerre civile déclenchée en avril 2023, qui a entraîné une contraction historique du PIB (-23,4 % en 2024, après -20,8 % en 2023) et une envolée de l’inflation (de +77,2 % en 2023 à +176 % en 2024). Le commerce extérieur s’est effondré, les importations chutant de plus de 30 % deux années consécutives, provoquant une réduction mécanique du déficit courant. Les réserves en devises ont été largement mobilisées, tombant à un mois d’importations. Sur le plan budgétaire, les recettes ont diminué de 70 % en 2023, affectées par l’effondrement de la fiscalité (3,3 % du PIB) et la priorité donnée aux dépenses militaires et humanitaires. Le recours au financement monétaire a accéléré la dépréciation de la livre soudanaise (de 570 à 2 800 SDG/USD en un an). Le déficit budgétaire, estimé à -2,5 % du PIB en 2024, devrait s’aggraver avec les besoins croissants de reconstruction. Selon la Banque africaine de développement, ceux-ci s’élèveraient à plus de 24 Md USD par an, alors même que le pays reste confronté à une faible capacité d’endettement et à une baisse des recettes en devises. Le FMI prévoit un recul du PIB plus modéré en 2025 (-0,4 %), suivi d’un rebond à +8,8 % en 2026, sous réserve d’une sortie de conflit.

Le Soudan connaît une situation de surendettement, avec une dette publique atteignant 253 % du PIB en 2023 (après 72,9 % en 2015). Cette détérioration résulte principalement de l’accumulation des arriérés (85 % de la dette) dans un contexte de crise financière grave. La dette est majoritairement externe, et en particulier détenue par des pays bilatéraux, notamment les pays du Golfe et des membres du Club de Paris. La dette domestique est marginale. En 2021, le Soudan avait atteint le « point de décision » dans le cadre de l’initiative PPTE, avec l’appui du FMI, ce qui a permis un allègement partiel de sa dette, réduite d’environ moitié. Toutefois, l’assistance du FMI a été suspendue la même année, à la suite du coup d’État militaire. La guerre civile, déclenchée en 2023, a nettement aggravé les situations économique et budgétaire : le PIB a chuté (-20 % en 2024, après -29 % en 2023) et une inflation record. La soutenabilité de la dette reste conditionnée à une éventuelle sortie de la crise politique et de la normalisation des relations avec les institutions internationales.

 

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