Relations économiques bilatérales

 

Les relations économiques bilatérales entre les Seychelles et la France restent modestes. Les échanges commerciaux sont faibles et en forte baisse en 2024 (124 M EUR, -36 % par rapport en 2023). Les Seychelles sont néanmoins le 5ᵉ partenaire commercial de la France dans la zone AEOI. La France enregistre un déficit commercial structurel lié aux importations de thon en conserve, bien qu’il se soit réduit en 2024. Les investissements directs français sont limités (24 M USD fin 2023), concentrés dans l’immobilier et les services. L’AFD est impliquée dans la rénovation du port de Victoria, projet clé mais retardé.

1. Échanges commerciaux

Selon les données de douanes françaises, les échanges commerciaux entre la France et les Seychelles restent limités, atteignant 124 M EUR en 2024, en nette baisse par rapport au pic de 2023 (–36 %). Malgré ce volume modeste, les Seychelles figurent parmi les cinq premiers partenaires commerciaux de la France dans la zone AEOI (derrière Madagascar, Maurice, l’Éthiopie et le Kenya). En 2024, la France était le 4e fournisseur de l’archipel (5,7 % de parts de marché, contre 7,3 % en 2023), derrière les Émirats Arabes Unis (40,9 %, hydrocarbures), Chypre (7,5 %, navires pétroliers et bateaux de plaisance) et l’Espagne (6,7 %, équipements de navigation et produits de la pêche). Elle est également le 2e client des Seychelles (14,4 % des exportations, contre 23,0 % en 2023), derrière les Émirats Arabes Unis (38,5 %, produits de la pêche) et devant le Royaume-Uni (11,2 %, conserves de poisson).

La France enregistre un déficit commercial structurel avec les Seychelles (58,3 M EUR par an en moyenne entre 2014 et 2024), essentiellement dû aux importations de conserves de thon (près de 95 % des achats). Ce déficit, à son plus haut niveau en 2023 (103,2 M EUR), s’est toutefois résorbé en 2024 (42,8 M EUR), sous l’effet du repli de ces mêmes importations.

En 2024, les exportations françaises vers les Seychelles ont baissé, à 40,8 M EUR (-12,6 % par rapport à 2023). Cette baisse s’explique principalement par le repli des ventes d’équipements mécaniques, ainsi que de produits métallurgiques (dont des boîtes de conserve en fer ou acier). La structure des exportations reste toutefois stable, concentrée à près de deux tiers sur trois grands secteurs :

  • Les équipements mécaniques, matériels électriques et électroniques (12,2 M EUR, soit 29,9 % du total), en recul de -23,1 %, en raison de baisses sur les produits informatiques et optiques (-25,2 %), les équipements ménagers (-33 %) et les machines industrielles (-17,3 %) ;
  • Les produits agroalimentaires (11,7 M EUR, 28,6 %), en hausse de +23,4 %, notamment grâce aux ventes de poissons congelés ;
  • Les matériels de transport (4,4 M EUR, 10,7 %), en baisse de -20,1 %, du fait du recul des ventes de bateaux de plaisance.

En 2024, les importations françaises depuis les Seychelles ont fortement chuté, à 83,6 M EUR (-44 % par rapport à 2023). Nos importations sont quasi exclusivement concentrées sur deux catégories :

  • Les produits agroalimentaires (79,8 M EUR, soit 95,4 % du total), en baisse de –44,9 %, en raison du recul des achats de conserves de thon (thunnus albacares) ;
  • Les produits agricoles, de la pêche et de l’aquaculture (3,6 M EUR ; 4,3 %), en hausse de +66,2 %, portés par l’augmentation des achats de thon frais ou surgelé.
2. IDE et présence française

Les Seychelles attirent un niveau d’IDE très élevé et en hausse. Selon la CNUCED, les Seychelles ont attiré 238 M USD d’IDE en 2023 (soit 11,6 % du PIB) en hausse de +12,3 % par rapport à 2022, portant le stock à 3,4 Md USD (soit 163 % du PIB). Les investissements sont principalement orientés vers le secteur hôtelier et touristique, le traitement et la transformation du poisson (notamment la pêche et les conserveries), ainsi que les énergies renouvelables. Les principaux pays investisseurs sont Maurice (45 % du stock), la Russie (10 %) et les Émirats arabes unis (9 %). À court terme, les IDE devraient augmenter, notamment grâce au projet de développement d’Assumption Island[1], dont la phase de développement prévue pour fin 2025 est susceptible de générer des flux supplémentaires en immobilier, hôtellerie et infrastructures

Selon le FMI, le stock des IDE français aux Seychelles s’élevait à 24 M USD fin 2023 (soit 2 % du stock du total des IDE du pays), en hausse de +20 % par rapport à fin 2022. Selon la Banque de France, les IDE français sont concentrés dans l’immobilier et les activités de conseil en gestion. L’accord bilatéral sur la promotion et la protection réciproque des investissements, signé en 2007, est entré en vigueur fin 2014. La France et les Seychelles ne sont cependant pas liées par une convention fiscale de non-double imposition.

Un nombre très limité d’entreprises françaises dispose formellement d’une filiale aux Seychelles. Le secteur de la pêche concentre l’essentiel de la présence française. Le groupe Jaccar utilise le port de Victoria comme base logistique pour sa filiale réunionnaise, l’armateur Sapmer. Dans le cadre d’une joint-venture avec un partenaire public seychellois, le groupe a construit à Victoria un quai de 425 m pour débarquer les thons pêchés par Sapmer. Les autres secteurs concernés sont le transport (CMA-CGM) et les services (AGS).

Depuis le milieu des années 1980, l’AFD détient un peu plus de 20 % de la Banque de Développement des Seychelles, aux côtés de la BEI (16 %).

L’AFD a approuvé un prêt souverain de 16,5 M EUR en 2017, au bénéfice du projet de rénovation et d’extension du port de Victoria, avec des co-financements d’autres partenaires au développement : l’UE  (20,8 M EUR) et la Banque européenne d’investissement (prêt de 40,5 M EUR) pour la 1ère phase d’un projet. Les travaux comprennent (i) l’extension du quai de 230 m, (ii) la rénovation du quai existant long de 370m (démolition partielle puis reconstruction) et (iii) le dragage des alentours du port afin de permettre à des navires plus conséquents d’y faire escale. Il permettra d’augmenter la capacité d’accueil du port et réduire le délai de manutention de 5,7 jours en moyenne à 2 jours. Le projet a connu des retards importants, du fait de la mise à jour récente des prix liés au projet. Les résultats de l’appel d’offres relatif à la construction sont attendus fin 2025.



[1] Le projet d’Assumption Island prévoit la construction d’un complexe hôtelier haut de gamme dans les îles extérieures des Seychelles, actuellement en attente d’approbation.

.

Publié le