Situation macroéconomique en 2023

 

La reprise du tourisme malgré le conflit ukrainien a assuré une croissance élevée en 2022 (+9%) après le rebond de 2021 (+5,4%). Les prévisions pour 2023 montrent le retour à un rythme de croissance plus habituel (+4,3%). Les Seychelles ont réussi à juguler l’inflation (2,7% en 2022 et 3,1% en 2023) en raison de l’appréciation de la devise. Le déficit budgétaire s'est lui résorbé à 1,6% du PIB en 2022, et devrait se creuser légèrement en raison d’une hausse des dépenses d’investissement.

1. Structure de l'économie seychelloise

L’économie seychelloise repose essentiellement sur les services, en particulier le tourisme : ce secteur représentait 30 % du PIB avant la crise et générait un tiers de ses recettes en devises. La pêche pèse 8 % du PIB, mais est à l’origine du quart des recettes en devises des Seychelles. Au total, ces deux secteurs ont contribué à l’essentiel de la croissance de l’archipel au cours des dernières années, permettant aux Seychelles d’atteindre le statut de pays à revenu élevé (PRE) en 2015, avec un PIB par habitant de plus de 11 639 USD en 2020, le plus élevé d’Afrique.

L’économie présente cependant plusieurs fragilités. L’environnement des affaires se dégrade, le pays rétrogradant à la 100ème place au Doing Business en 2020 (35 places perdues depuis 2010), principalement en raison du niveau insuffisant des infrastructures (118ème pour l’accès à l’électricité). L’économie est faiblement diversifiée et dépendante de l’extérieur : la crise épidémique mondiale a touché durement le tourisme et l’économie nationale (chute de 63 % des recettes touristiques entre 2019 et 2020). La population vieillit, ce qui présente un risque de soutenabilité du système de retraite.

Le taux de pauvreté aux Seychelles reste élevé en dépit des bonnes performances économiques. La Banque mondiale indique que 25 % de la population vivait toujours en dessous du seuil de pauvreté local en 2018 (11 USD par adulte et par jour), bien qu’en baisse par rapport à sa précédente évaluation de 2013 (39 %). L’usage de la drogue aux Seychelles suscite de vives inquiétudes : en 2019, 10 % de la population active était dépendante à l’héroïne selon l’agence nationale de prévention contre l’abus de drogues et de réinsertion (APDAR), soit le taux de prévalence le plus élevé au monde.

Les 115 îles qui composent l’archipel des Seychelles sont vulnérables aux effets du changement climatique. Les risques encourus sont de plusieurs ordres : hausse du niveau de la mer, dégradation de l’écosystème marin, en particulier, des récifs coralliens, glissements de terrain et phénomènes climatiques extrêmes comme les inondations ou les sécheresses.

2. Conjoncture de l'économie et finances publiques

2.1. Conjoncture économique

Selon le FMI, la croissance devrait ralentir en 2023 à 4,3 % en raison d’un ralentissement de la reprise du secteur du tourisme. Après une forte récession de -7,7 % en 2020, due au poids du secteur touristique (30% du PIB), l’économie seychelloise s’est rapidement remise sur pied avec une croissance vigoureuse en 2021 (+5,4 %) et 2022 (+9 %). Malgré l’éclatement de la guerre en Ukraine, l’activité touristique a continué à progresser en 2022, les arrivées atteignant environ 87 % des niveaux d'avant la pandémie.

L’inflation s’est repliée en 2022 (2,6 %, contre 9,8% en 2021) grâce au renforcement continu de la roupie – les entrées de devises liées au tourisme ayant compensé les pressions inflationnistes sur les produits énergétiques et alimentaires importés. En 2023, l’inflation devrait continuer de baisser grâce à la réduction des prix de l’électricité, s’établissant à 1,4 % en moyenne annuelle. Le taux de change par rapport au dollar a continué à se renforcer jusqu'à fin mars 2023, atteignant 13,68 SCR (contre 14,3 SCR en mars 2022), ce qui correspondait à peu près à la moyenne des cinq années précédant la pandémie (13,66 SCR).

Le déficit public reste modeste (-2,9 % du PIB en 2023, contre -1,6 % en 2022). La bonne performance de l’année passée est principalement due à la sous-exécution des projets d'investissement. Le creusement du déficit en 2023 se justifie par la hausse des dépenses d’investissement (de 2,7 % du PIB en 2022 à 5,1 % en 2023). En parallèle, les recettes hors subventions devraient aussi augmenter de 33,3 % à 34,3 % du PIB portés par une hausse de la fiscalité sur les entreprises. Sur les conseils du FMI, les autorités sont invitées à poursuivre les réformes structurelles afin de réduire le risque budgétaire induit par les entreprises publiques et à poursuivre les privatisations.

Les réserves de change ont diminué pour atteindre 3,6 mois d'importations en 2022, contre 3,7 mois en 2021, en raison de la baisse des entrées de soutien financier des créanciers multilatéraux et de l'augmentation des besoins en matière de service de la dette extérieure. Le déficit courant seychellois s’est résorbé en 2022 à -7,6 % du PIB (contre -11,0 % du PIB en 2021) sous l’impulsion de la reprise du secteur du tourisme. En 2023, le déficit courant se creuserait à -9,5 % du PIB sous le coup de l’atténuation du tourisme ainsi que d’une hausse des importations provoquée par le rebond des investissements de capitaux, et les réserves tomberaient à 3,4 mois d’importations.

2.2. Situation de la dette publique

Le FMI a réévalué en mai 2023 la dette souveraine des Seychelles, de risque d’endettement élevé à risque modéré. Il prend en compte la diminution de la dette de 80,8 % du PIB en 2021 à 69,2 % en 2022, grâce à la forte reprise économique et aux efforts de consolidation fiscale. A fin 2022, la dette externe représentait 47,4 % de la dette seychelloise, principalement composée de la dette multilatérale (67,6 % de la dette externe). La dette domestique (52,6% du PIB) était principalement composée de T-bonds (67,2 % de la dette domestique).

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