SEYCHELLES
Situation macroéconomique en 2021
Le FMI prévoit une croissance de 6,9% en 2021, après une forte récession en 2020 (-12,9%) dans le contexte de la crise sanitaire. Elle s’explique notamment par la forte baisse des revenus du tourisme, faisant de l’archipel l’un des pays les plus durement touchés par la crise. Une accélération de la croissance à 7,7% est néanmoins prévue pour 2022, sous l’effet de la relance de l’activité. Le déficit budgétaire devrait se résorber à 13,6% du PIB et la dette extérieure devrait baisser de 85,4% en 2020 à 80,7% du PIB en 2021.
1. Une croissance nulle en 2021, suivi d’une reprise de 3,6% en 2022
Une reprise importante de 6,9% en 2021, suivi d’une accélération de 7,7% en 2022
Le FMI prévoit une importante reprise de la croissance en 2021 (+6,9%), après une forte récession de 12,9% en 2020. En raison du poids du secteur touristique (chute des recettes de 63% en 2020), l’archipel est un des pays les plus durement touchés par la crise. Le FMI table sur une accélération de la croissance en 2022 (+7,7%) sous l’effet de la relance de l’activité économique.
Le PIB par habitant progresserait de façon significative en 2021 (11 639 USD en 2021, contre 9 666 USD l’année précédente). En dépit des bonnes performances économiques enregistrées depuis la crise de 2008, le taux de pauvreté reste élevé. La Banque Mondiale indique que 25 % de la population vivait toujours en dessous du seuil de pauvreté local en 2018 (11 USD par adulte et par jour), bien qu’en baisse par rapport à sa précédente évaluation de 2013 (39 %). L’usage de la drogue aux Seychelles suscite de vives inquiétudes : en 2019, 10 % de la population active était dépendante à l’héroïne selon l’agence nationale de prévention contre l’abus de drogues et de réinsertion (APDAR), soit le taux de prévalence le plus élevé au monde.
Le FMI table sur une forte inflation de 10% en 2021 (contre 1,2% en 2020), en raison de la reprise de l’activité économique. Elle baisserait légèrement à 3,7% en 2022
Le bureau national de la statistique seychellois (BNS) inclut dans une même catégorie globale les prix du logement, de l’eau, de l’électricité, du gaz et des autres carburants. Leurs prix ont connu une hausse moyenne de 10,6% sur l’année 2020. Concernant les autres biens, ils ont également connu une inflation importante : les indices de prix des biens d’alimentation ont augmenté de 12,2% (notamment la viande de 15%, et les produits laitiers de 6,3%). Les frais de transport ont augmenté de 11,9%, les fournitures et biens d’équipements ménagers de 10,2% et l’éducation de 10,5%.
Une hausse de 9,4% du salaire minimum a été appliquée en janvier 2020, passant de 34,97 SCR (1,6 EUR) à 38,27 SCR (1,8 EUR) par heure pour les travailleurs non occasionnels. Aucune évolution de ce salaire minimum n’est pour le moment prévue pour 2021. Le niveau des salaires mensuels moyens a connu une baisse entre le premier et le quatrième trimestre 2020 : celui du secteur le public de 20 624 SCR à 18 473 SCR (-10%, soit 1 223 €), le secteur privé est passé de 14 371 SCR à 13 946 SCR (-3 %, soit 923 €), et le secteur paraétatique de 17 644 SCR à 17 130 SCR (-3 %, soit 1134 €).
2. Une résorption du déficit budgétaire et un risque de surendettement élevé en 2021
L’année 2020 s’est achevée sur un important déficit budgétaire (19,5 % du PIB), alors que le budget était excédentaire en 2019 (+0,3% du PIB). Avec la crise, les revenus ont légèrement baissé à 37,7 % du PIB en 2020, contre 38 % l’année précédente, tandis que le niveau des dépenses a explosé de 37,8 % à 57,1 % du PIB.
Le déficit public devrait légèrement se résorber à 13,6 % du PIB en 2021, porté par une diminution plus forte des dépenses publiques (à 48,4% du PIB) par rapport aux revenus (à 34,8% du PIB). Les autorités sont invitées à poursuivre les réformes structurelles pour réduire le risque budgétaire porté par les entreprises publiques et à poursuivre les privatisations. Pourtant, l’Etat a entièrement nationalisé Air Seychelles, en rachetant les 40 % que détenait Etihad, alors même que la compagnie a une forte dette envers Etihad et qu’elle a énormément souffert de la crise.
Selon le Ministère seychellois des finances, la dette publique seychelloise rapportée au PIB atteindra 80,7% (-4,6 points) en 2021 contre 85,4% en 2020. Elle est majoritairement interne et demeure stable depuis 2020 (49,3 % du PIB contre 49,5 % en 2020). Elle avait effectué un bond de 26,2 points entre 2019 et 2020 (59,1% du PIB) en raison d’une hausse du déficit budgétaire et de la baisse du PIB.
La dette publique des Seychelles est passée au-delà des seuils de risque « élevé » en 2021 selon l’analyse de viabilité de la dette du FMI, qui prévoit une baisse graduelle jusqu’à 64,5% du PIB d’ici 2026.
L’Union européenne a retiré les Seychelles de la liste des juridictions fiscales non coopératives le 5 octobre 2021. Le gouvernement a entamé depuis 2020 un travail de mise à jour de sa législation, réglementation et des pratiques afin de se mettre en conformité avec les standards européens.
3. Une reprise du commerce extérieur en 2021, et une résorption du déficit courant
Une reprise du commerce extérieur attendue après un fort ralentissement des échanges extérieurs en 2020. Selon le FMI, le déficit commercial devrait se creuser légèrement en 2021 (-20,3 % du PIB contre -22,5% en 2020), en raison d’une progression des importations (+10,7 points de PIB) que n’arrive à compenser celle des exportations (+10,2 points de PIB).
La balance des paiements a été pénalisée par une dégradation du déficit courant, qui a plongé de 16,1 à 29,5 % du PIB en 2020. Ce dernier a été affecté en 2020 par la baisse des exportations de biens de 63 MUSD et la baisse de 63% des recettes du tourisme (221 MUSD contre 590), que ne compensent pas la baisse des importations de biens (-267 MUSD). La balance des paiements subit également la baisse des IDE (182 MUSD contre 236 en 2019).
Le déficit courant devrait légèrement se résorber à 28,9% du PIB en 2021, sous l’effet d’une amélioration du compte financier (de 270 à 325 MUSD) s’expliquant par une hausse des aides budgétaires (68 MUSD) et des prêts des partenaires techniques et financiers (+42 MUSD).
La roupie seychelloise s’est fortement dépréciée, de 67 % durant l’année 2020, passant de 15,6 SCR à 26,1 SCR entre janvier et décembre. Depuis le début 2021, une appréciation importante de la roupie seychelloise est observée (+35 % à 16,8 SCR au 11 octobre 2021), sans pour autant retrouver les niveaux de début 2020.