Perspectives économiques et financières en 2024 : une transformation économique qui progresse et commence à porter ses fruits

La prévision de croissance pour 2024 de l’économie saoudienne est de +2,6 %, après -0,8 % en 2023, et +7,5 % en 2022 (FMI). La croissance serait principalement tirée par l’activité non pétrolière soutenue par les réformes de la Vision 2030. En ligne avec la politique budgétaire expansionniste adoptée par le pays, le déficit budgétaire atteindrait 30 Md USD (- 2,8 % du PIB) en 2024, après 21 Md USD en 2023 (-2,0 % du PIB). En 2023, les recettes pétrolières (200 Md USD) ont diminué de 12 % par rapport à 2022, tandis que les recettes non pétrolières (118 Md USD) ont augmenté de 7,3 % (ministère saoudien des Finances). Le niveau de dette publique progresse, mais resterait limité à 27,5 % du PIB en 2024 (26,2 % en 2023). La balance courante n’afficherait qu’un excédent de 0,5 % du PIB en 2024 après 3,9 % en 2023 et 13,7 % en 2022, qui consoliderait des réserves de change estimées à 468 Md USD en avril 2024.

  • Malgré la contraction de l’activité pétrolière, l’économie saoudienne bénéficierait d’un regain de croissance (+2,6 %) en 2024 après une contraction (-0,8 %) en 2023

Le FMI prévoit une croissance du PIB saoudien à +2,6 % pour 2024, après avoir observé une contraction de 0,8 % en 2023, et une croissance record en 2022 à +7,5 %. Les prévisions de moyen terme sont optimistes, en lien avec la diversification en cours, le niveau élevé d’investissements, et le rebond attendu de la production pétrolière : 6,0 % pour 2025, 4,0 % pour 2026, puis entre 3,0 % et 3,5 % jusqu’en 2029. Le PIB de l’Arabie saoudite atteindrait 1 100 Md USD en 2024. La croissance serait tirée par les investissements privés et les activités non pétrolières. En 2023, l’implémentation de la Vision 2030 a contribué à faire avancer le programme de diversification économique du pays en limitant volontairement la production pétrolière dans un contexte de chute des prix du pétrole. Le baril de Brent s’échangeait en moyenne à 82 USD en 2023, contre 101 USD en 2022, et autour de 85 USD début juillet 2024.

Les investissements privés et les activités non pétrolières seront les moteurs de la croissance saoudienne en 2024 avec la poursuite du programme de diversification économique et de la stratégie nationale d'investissement, soutenue par le fonds souverain saoudien. L’activité pétrolière s’est contractée de 9,0 % en 2023 par rapport à 2022, tirant la croissance globale en territoire négatif en dépit d'une croissance non pétrolière de 3,8 % (contre 5,3 % en 2022). Les dernières prévisions du FMI[1] annoncent une croissance non pétrolière de 3,5 % en 2024. L’Arabie Saoudite a annoncé début juin prolonger à nouveau la réduction volontaire de sa production de pétrole à hauteur de 2,2 millions de barils par jour (Mb/j) jusqu’à la fin du mois de septembre 2024, la maintenant ainsi à environ 9 Mb/j. Cependant, les coupes de production unilatérale devraient être progressivement retirées, sur une base mensuelle, à partir du T4 2024 et ce jusqu’à la fin du T3 2025. De plus, le ministre saoudien de l’Energie a annoncé lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg que l’Arabie saoudite reviendra à un niveau de production de 12,3 M b/j en 2028.

L’amélioration du marché du travail engagée en 2017 s’est poursuivie en 2023. Selon la GASTAT[2], le taux de chômage global atteint 3,5 % au T1 2024, après 3,4 % au T4 2023, son plus bas niveau historique. Le taux de chômage des nationaux a atteint son plus bas niveau à 7,6 %, soit - 1,1 point de pourcentage (pp) sur un an.. Cette réduction est principalement portée par la baisse des taux de chômage global des femmes (-1,1 pp en g.a. à 11,8 %) et des saoudiennes en particulier (-2,2 pp en g.a. à 14,2 %). Pour rappel, la Vision 2030 fixe un objectif de taux de chômage des nationaux à 7 % d'ici 2030. Pour l’atteindre, le Royaume impose des règles de « saoudisation » des emplois qui se sont progressivement renforcées.

L’inflation totale a été contenue à 2,3 % en 2023, après un pic à 3,4 % en janvier 2023, synthèse d’évolutions hétérogènes selon les secteurs : les loyers ont augmenté de 10 % tandis que les prix des télécommunications ont diminué de 1,2 %. Le FMI prévoit 1,9 % d’inflation en 2024. En revanche, les incertitudes subsistent autour des taux directeurs de la Fed (pour rappel, le riyal saoudien est ancré au dollar américain). Alors que plusieurs baisses sont prévues en 2024, aucune ne l’a été pour les T1 et T2 2024. Selon l’outil de CME FedWatch[3], une première baisse serait attendue en septembre 2024.

Les indicateurs du secteur bancaire saoudien reflètent un nouveau renforcement du niveau de solidité en 2023, malgré des liquidités toujours sous pression. Le total des actifs bancaires a atteint 1 055 Md USD fin 2023 (+9,3 % sur un an). Cette croissance est due à l'augmentation des prêts (+10 % en 2023), le portefeuille de prêts représentant 81 % du total des actifs. Les prêts accordés au secteur privé ont augmenté de 10 % en 2023 et les prêts au gouvernement et agences quasi-gouvernementales de 7,6 %. Néanmoins, on relève toujours une pression « modérée[4] » selon l’agence de notation FitchRatings sur les liquidités des banques saoudiennes. Le ratio prêts/dépôts s’est élevé à 99,2 % en 2023 (79,2 % pour l’ensemble des pays du CCEAG[5]), contre 96,7 % en 2022 selon le cabinet Alvarez & Marsal[6].

  • Un déficit budgétaire de 1,9% du PIB attendu pour 2024, tiré par l’augmentation des dépenses visant à soutenir la diversification de l’économie

Dans son rapport[7] approuvé en décembre 2023, le ministère saoudien des Finances prévoit un déficit budgétaire de 21 Md USD (1,9% du PIB) en 2024, après 22 Md USD en 2023, tandis que le FMI prévoit un déficit de 30 Md USD (2,8 % du PIB). Le Royaume maintient sa politique budgétaire expansionniste dans le cadre de la stratégie de diversification économique. Les scénarios pour 2025 et 2026 prévoient des déficits de -1,6 % et - 2,3 % du PIB. Les prix relativement faibles du pétrole induisent une augmentation du niveau de dette publique, qui demeure toutefois largement contenu (26,2 % du PIB en 2023 selon le FMI). D’après le FMI, l’équilibre budgétaire de l’Arabie saoudite pour 2023 aurait été atteint avec un baril à 93,3 USD, et le serait en 2024 avec un baril à 96,2 USD.

Les recettes devraient atteindre 313 Md USD en 2024, 3,7 % plus élevé que le montant budgété en 2023 (301 Md USD) et en baisse de 1,7 % par rapport à l’exécution estimée (318 Md USD), malgré la prolongation des réductions de la production de pétrole et la baisse des prix. En 2023, les recettes pétrolières (200 Md USD) ont diminué de 12 % par rapport à 2022, tandis que les recettes non pétrolières (118 Md USD) ont augmenté de 7,3 %. Pour la 4ème année consécutive, le montant attendu des recettes pétrolières pour 2024 n’a pas été communiqué. Les impôts et taxes, qui représentent 31 % du total des recettes, sont programmés à 96 Md USD, en hausse de 12% par rapport au montant budgété en 2023 (85 Md USD) mais proche de l’exécution estimée (94 Md USD). Selon les autorités saoudiennes, cette hausse des recettes fiscales est due à l’amélioration continue de l’activité économique, le développement de l’administration fiscale, et l’amélioration des processus de recouvrement. 

En 2023, les impôts sur les revenus, les bénéfices, et les plus-values ont augmenté de 46 % rapport à 2022, pour atteindre près de 10 Md USD. Toujours selon les autorités saoudiennes, cette hausse résulte des performances des entreprises et de la croissance de certains secteurs, notamment le secteur manufacturier. En lien avec la croissance économique de 2022 et une conformité élevée des contribuables, les recettes provenant des autres taxes, dont la Zakat[8], atteindraient 8,5 Md USD en 2023, soit une hausse de 11 % par rapport à 2022.

Le budget 2024 prévoit 334 Md USD de dépenses, soit une hausse de 12,3 % par rapport au budget 2023 (298 Md USD), et en baisse de 1,9 % par rapport à l’exécution estimée pour 2023 (340 Md USD). Les dépenses prévues par le budget 2023 auraient donc été dépassées de 14,5 %. En 2022 déjà, l’exécution budgétaire (310 Md USD) était supérieure de 18,5 % aux dépenses prévues (255 Md USD).

Les autorités saoudiennes prévoient également une augmentation du stock de dette publique à 294 Md USD fin 2024, soit 25,9 % du PIB, contre 24,8 % estimé fin 2023. Les estimations et prévisions du FMI sont plus élevées : 26,2 % du PIB en 2023 et 27,5 % en 2024, et à un niveau qui resterait contenu à 31,5 % en 2029.  Cependant, le niveau de dette publique reste très confortable et l’Arabie saoudite bénéficie de conditions favorables sur les marchés internationaux grâce à une notation souveraine solide. En février et mars 2024, S&P et Fitch ont confirmé leur note attribuée en fin d’année dernière (respectivement A/A1 et A+). Moody's a également confirmé sa note "A1" pour le pays en mars 2024, après avoir révisé l’année dernière la perspective de stable à positive.


 
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