ARABIE SAOUDITE
Rapport budgétaire 2025
L’Arabie saoudite poursuit sa politique budgétaire expansionniste, malgré le défi posé par les faibles prix du pétrole
Le rapport budgétaire du ministère saoudien des Finances (MoF) pour 2025 estime le déficit budgétaire à 2,8 % du PIB en 2024, et le prévoit à 2,3 % en 2025. Le rapport souligne que le gouvernement continuera à maintenir ses dépenses à un niveau relativement élevé et à donner la priorité aux dépenses qui soutiennent son programme de diversification économique. Bien que le FMI et les agences de notation financière anticipent que l’activité non pétrolière reste robuste, la faiblesse du prix du pétrole et les restrictions de production posent le défi de l'arbitrage entre la mise en œuvre de projets de diversification et le maintien d'une position budgétaire et d'un bilan souverain solides.
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Le ministère saoudien des Finances estime la croissance en 2024 à + 0,8 %, tirée par la croissance non pétrolière à + 3,7 %
Dans son rapport[1] budgétaire pour 2025, le ministère saoudien des finances estime la croissance à +0,8 % en 2024, tirée par la croissance non pétrolière à 3,7 %. Ces prévisions sont soutenues par les indicateurs positifs du premier semestre 2024, notamment la consommation privée qui devrait continuer à croître au deuxième semestre après avoir augmenté de 2,4 % au premier semestre en glissement annuel. Cette croissance de la consommation privée serait principalement portée par les secteurs de l’hôtellerie[2], la restauration, et le commerce de gros et détail. La baisse des taux d’intérêt par la Fed devrait encore stimuler la demande. Les investissements privés seraient également le moteur de la croissance non pétrolière et le flux net d’IDE aurait atteint 5,6 Md USD au premier semestre 2024. Au cours des trois dernières années, la croissance non pétrolière s’est élevée en moyenne à 5,8 % et les activités non pétrolières ont représenté 52 % du PIB réel de l’Arabie saoudite en 2024, contre 47 % en 2016. Concernant les activités pétrolières, elles se sont contractées de 6,8 % sur les trois premiers trimestres de 2024 par rapport à la même période en 2023. Les prévisions de croissance du MoF pour 2025 et 2026 sont moins prudentes que celles du FMI : 4,6 % en 2025 et 3,5 % en 2026 pour le MoF, contre 3,3 % et 4,1 % pour le FMI[3]. L’inflation s’élèverait à 1,7% en 2024.
- Le déficit budgétaire de 2024 est estimé à 2,8 % du PIB, tiré par l’augmentation des dépenses
Le ministère saoudien des Finances estime le déficit budgétaire en 2024 à 31 Md USD (-2,8 % du PIB), après 22 Md USD en 2023 (-2,0 % du PIB). Le Royaume poursuit sa politique budgétaire expansionniste afin de soutenir la diversification économique. Les déficits prévus pour 2025, 2026, et 2027 s’élèvent respectivement à -2,3 %, -2,9 %, et -3,0 %. Les prix relativement faibles du pétrole, couplées aux baisses de production et aux besoins de financements des grands projets du pays, ont conduit les autorités saoudiennes à revoir leur prévisions du déficit à la hausse. Le budget 2024 prévoyait un déficit de -1,9 % du PIB en 2024 et respectivement -1,6 % et -2,3 % pour 2025 et 2026. En 2024, le baril de Brent s’est échangé en moyenne à 80 USD, contre 82 USD en 2023. Selon le FMI, l’équilibre budgétaire de l’Arabie saoudite aurait été atteint en 2024 avec un baril à 98 USD[4].
- En 2024, les recettes atteindraient 328 Md USD, malgré un baril de Brent relativement bas
Selon les premières estimations, les recettes atteindraient 328 Md USD en 2024, en hausse de 1,5 % par rapport à l’exécution budgétaire de 2023 et de 4,9 % par rapport au montant qui avait été budgété pour 2024 (313 Md USD)[5], cela malgré la prolongation des réductions de la production de pétrole et un baril de Brent qui a atteint son plus bas depuis trois ans[6].
Les recettes non pétrolières s’élèveraient à 126 Md USD en 2024, contre 122 Md USD en 2023. Les recettes fiscales s’élèveraient à 98 Md USD (+2,7 % par rapport à 2023) et représenteraient 29,8 % des recettes totales en 2024 (29,5 % en 2023). Les taxes sur les biens et services forment le premier poste de recette fiscale à 75 Md USD en 2024, contre 70 Md USD en 2023. Les recettes provenant des autres taxes incluant la Zakat s’élèveraient à 9 Md USD (+3,0 % par rapport à 2023), en lien avec la croissance de nombreux secteurs et une conformité élevée des contribuables. Les autres recettes, qui incluent les recettes pétrolières, s’élèveraient à 230 Md USD (+0,9 % par rapport à 2023).
En 2025, le MoF prévoit des recettes de 316 Md USD, en baisse de 4,2 % par rapport à 2024, les autorités saoudiennes se voulant prudentes quant aux estimations des recettes pétrolières et non pétrolières dans le contexte actuel.
- Les dépenses atteindraient 359 Md USD afin de continuer à soutenir la diversification économique
Les dépenses atteindraient 359 Md USD en 2024, en hausses respectives de 4,0 % et 15,9 % par rapport aux dépenses exécutés en 2023 et 2022. Ce niveau relativement élevé des dépenses vise à soutenir la croissance non pétrolière et la réduction progressive de l'exposition du royaume à la transition énergétique. Les dépenses opérationnelles, qui comprennent notamment les dépenses de personnel et les prestations sociales, s’élèveraient à 306 Md USD en 2024 (+8,1 % par rapport au montant budgété et +3,7 % par rapport l’exécution de 2023). Le montant des prestations sociales s’élèverait à 26 Md USD, comme en 2023, mais en hausse de 56 % par rapport au montant budgété. Les autres dépenses s’élèveraient à 30 Md USD, en hausse de 8,7 % par rapport à 2023, en lien avec la hausse des dépenses destinées aux organisations et associations à but non lucratifs, hôpitaux, et fédérations de sport.
Les dépenses militaires et les dépenses de santé et développement social forment les deux premiers postes de dépense à 69 Md USD chacun (soit 19 % des dépenses totales chacun). Les dépenses de santé et développement social ont augmenté de 1,7 % par rapport à 2023, et les dépenses militaires de 1,6 %. Ils sont suivis par l’éducation qui a représenté 15,0 % des dépenses totales à 54 Md USD (-4,4 % par rapport à 2023). On note une forte augmentation des dépenses pour les services municipaux à + 48,8 % par rapport à 2023 pour atteindre 31 Md USD. Selon le rapport, cette hausse est tirée par la phase d’implémentation des gigaprojets et autres projets.
Ainsi, les dépenses estimées pour 2024 auraient dépassé de 7,5 % le montant budgété. En 2023 déjà, l’exécution budgétaire (345 Md USD) était supérieure de 6,8 % au montant budgété (323 Md USD). Ce fût le cas en 2022 également où l’exécution budgétaire (310 Md USD) était supérieure de 18,5 % aux dépenses budgétées (255 Md USD). En 2025, le MoF prévoit des dépenses de 343 Md USD, en baisse de – 5,2 % par rapport à 2024 et – 1,1 % par rapport aux prévisions publiées en décembre 2023.
- Le niveau de dette publique serait plus élevé que prévu à 29,3 % du PIB en 2024
Selon le MoF, le niveau de dette publique s’élèverait à 29,3 % du PIB en 2024, contre 25,9 % du PIB prévu l’année précédente. Il s’élevait à 26,2 % du PIB en 2023. Le MoF indique dans son rapport qu’il continuera de diversifier ses sources de financement. Il prévoit un niveau de dette publique pour 2025, 2026, et 2027 à respectivement 29,9 %, 32,3 %, et 33,3 % du PIB. Le rapport indique également que le MoF, à travers le National Debt Management Center (NDMC), prépare actuellement un plan d’emprunt fondé sur la stratégie de dette à moyen terme du royaume. Le niveau de dette publique reste confortable et le royaume bénéficie de conditions favorables sur les marchés internationaux grâce à sa notation souveraine. En novembre 2024, Moody’s a réhaussé sa note souveraine de de A1 à Aa3, soulignant les efforts de diversification économique et la politique budgétaire prudente du Royaume. En septembre 2024, S&P avait confirmé la note « A » du royaume et revu la perspective de « stable » à « positive ». En mars, Fitch avait également confirmé sa note A+ attribuée en fin d’année dernière.
[1] Publié le 26 novembre 2024 : Bud-E 2025-251124-V8-Fin.pdf
[2] Selon le rapport, 60 millions de touristes (locaux et internationaux) ont visité le royaume au S1 2024 (+10% par rapport au S1 2023 et +73 % par rapport au S1 2019) et dépensé un total de 40 Md USD
[3] Word Economic Outlook du 27/01/2025
[5] En 2023, le montant des recettes exécuté avait déjà été supérieur au montant budgété (+ 3,7 %)
[6] Le baril de Brent s’est échangé à 69 USD le 11 septembre, son plus bas niveau depuis 3 ans, et est sous la barre des 75 USD jusqu’au 31/12/2024