Le secteur touristique saoudien en pleine ascension, malgré les défis des capacités d’accueils et d’infrastructures

Avec 2 villes saintes de l’Islam (La Mecque et Médine), 6 sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, 11 « Seasons » (événements culturels et de divertissement dans les principales villes du pays), et une centaine de concerts et festivals musicaux annuels, le secteur touristique saoudien a contribué directement à 4,4% au PIB en 2023, avec 68 Md$ de dépenses, et a employé directement plus de 925 000 personnes. L’Arabie saoudite ambitionne un secteur contribuant directement à 10% du PIB d’ici 2030, en attirant près de 150 M de touristes par an (dont 70 M internationaux), en atteignant 1,6 million d’emplois directs, 150 Md$ de recettes touristiques et 550 000 clés d’hôtel disponibles.

I/ Un secteur qui contribue directement à 4,4% du PIB saoudien en 2023, mais qui reste largement tributaire du tourisme domestique et du tourisme religieux

Avec l'introduction de réformes sociales et sociétales majeures, l'Arabie saoudite a lancé pour la première fois en 2019 les « Saudi Seasons ». Introduisant 11 saisons touristiques annuelles réparties sur l’ensemble du pays, les festivals de Riyad et de Djeddah sont les plus aboutis en termes d’offre culturelle, les neuf autres saisons offrant également une croissance d’activités de loisirs. Ces initiatives garantissant des emplois saisonniers à de nombreux jeunes Saoudiennes et Saoudiens.

Dans le cadre de la Vision 2030, le secteur du tourisme a été identifié comme un secteur-clé pour la diversification de l’économie saoudienne. En 2019, date où l'Arabie Saoudite a instauré le visa électronique touristique (à ce jour ouvert à 66 nationalités), le tourisme contribuait ainsi directement à 3,6 % du PIB, soutenait 571 000 emplois (5,1 % de l'emploi total) et générait 44 Md$ de recettes touristiques. La pandémie a fait chuter la contribution du secteur à 1,6% du PIB, avant une remontée progressive à 4,4% du PIB en 2023, avec 68 Md$ de recettes touristiques enregistrées (cf. annexes).

La part du tourisme domestique sur le tourisme international reste prépondérant en Arabie saoudite. En 2023, plus de 109 millions[1] de touristes ont été comptabilisé en Arabie saoudite. Les ¾ (82 M) étaient des touristes domestiques, en hausse de 5% par rapport à 2022, et les ¼ restant (27 ,4 M) des touristes internationaux, en augmentation de 65% sur un an (cf. annexes) La part du tourisme domestique sur le total des visiteurs a été de 2/3 environ sur les dix dernières années.

La part du tourisme pour motif « religieux » sur les autres motifs est largement majoritaire en Arabie saoudite. En 2023, les deux pèlerinages (Hajj et Umrah) ont comptabilisé respectivement 2 M et 27 M de touristes[2] (90% pour le Hajj venant de l’étranger, et 50% pour la Umrah, soit 15,5 M de touristes). Ainsi, le nombre de touristes internationaux venant visiter l’Arabie saoudite hors motif religieux n’a atteint en 2023 que 11,9 M de touristes, mais est en hausse de 57% par rapport à 2022 (7,6 M).

Les pays du CCG, de l'Asie et du Pacifique, et du Moyen-Orient représentent la plus grande part des touristes internationaux en Arabie saoudite en 2023, respectivement 31%, 29% et 20%. Les Bahreïniens étant les premiers touristes du Royaume (3.4 M), suivis des Egyptiens (2,6 M) et des Pakistanais (2,5 M). La France est le 4ème pays européen en termes de touristes en Arabie saoudite, mais en réalité le 2ème pays européen occidental, avec 167 000 touristes Français en 2023, après le Royaume-Uni avec 370 000 touristes (cf. annexes).

II/ L’Arabie saoudite a besoin de capacités d’accueils et d’infrastructures résilientes pour faire face à l’augmentation du nombre de touristes nationaux et internationaux

L’atteinte des objectifs du secteur fixés pour 2030, et au-delà, dépendra fortement des capacités d’accueils disponibles dans le pays. Selon le rapport 2024 de Knight Frank[3], l'Arabie saoudite détient à ce jour 135 000 chambres d’hôtel et devrait en réaliser 320 000 supplémentaires[4] (38 Md$) d’ici 2030, notamment grâce aux gigaprojets (cf. annexes). Environ 70% de l’offre de chambres d’hôtel prévues se situerait dans les catégories « haut de gamme » ou « luxe » (4* et 5*).

Le groupe hôtelier français Accor devrait rester le premier opérateur de chambres d’hôtel en Arabie saoudite. En 2023, Accor avait près de 16 000 clés sous gestion, et 30 000 d’ici 2030, tandis que Marriott International resterait le deuxième opérateur hôtelier du pays, avec environ 10 000 clés sous gestion actuellement, et 22 000 d’ici 2030 (cf. annexes).

En termes d’infrastructures, l’Arabie saoudite prévoit également de créer l’un des plus grands aéroports du monde. L’agrandissement de l’aéroport international King Khalid devrait permettre d’accueillir 120 millions de passagers par an d’ici à 2030[5], avant une nouvelle augmentation de capacité pour atteindre 185 millions de passagers en 2050. De plus, la création de la nouvelle compagnie aérienne, Riyadh Air, filiale du fonds souverain PIF, a pour objectif de servir 100 destinations internationales d’ici 2030, en complémentarité de Saudia qui s’occupera surtout du tourisme religieux.

L’Arabie saoudite a lancé un certain nombre de « gigaprojets » ciblant les domaines du tourisme, des loisirs, et de la culture. Les premiers gigaprojets[6] ont été lancés en 2017, comme NEOM, Red Sea-Amaala, Qiddiya, AlUla, certains d’entre eux étant déjà prêts tels que Red Sea et AlUla, en capacité d’accueillir des touristes (hôtels et aéroports déjà opérationnels). D’autres ont été annoncés plus récemment comme Soudah Development (région de l’Aseer).

III/ L’expertise française, mondialement connue pour le secteur, reste très courtisée par les autorités saoudiennes en tant que modèle d’excellence 

Le positionnement de la France jouit d’une excellente notoriété dans le domaine de l’offre culturelle et muséale. Ce marché est estimé à plus de 600 M€ d'ici 2030. Ainsi, bon nombre d’acteurs français ont des projets dans le Royaume, tels que Chargeurs (JV avec Zamil), ou encore le Centre Pompidou pour un futur musée à AlUla consacré aux artistes du monde arabe à l'horizon 2027-2028.

La restauration et les formations en école d’hôtellerie et culinaire connait un boom sans précédent. Ce marché est estimé à 22 Md$ d'ici 2030. Déjà, de nombreux restaurants français ont ouvert ces dernières années en Arabie saoudite (les Deux Magots, le Petit Chef, la Petite Maison…) et des accords de coopération ont été signés pour de la formation (Le Cordon Bleu, FERRANDI Paris, etc.).

L’industrie évènementielle (salons, festivals, sports) est également en pleine ascension. Ce marché est estimé à 3,5 Md$ d’ici 2030. Des entreprises françaises telles que GL Event (Sirha Arabia…), Amaury Sport Organisation (Paris-Dakar, Riyadh Marathon…) ou encore VLS Event Technology.

L’industrie du divertissement fait aussi des progrès substantiels sous l’impulsion du General Entertainment Authority. Celle-ci a délivré plus des licences à plus de 24 parcs à thème et 4 000 autorisations d’évènements en 2023. Des sociétés françaises comme Egis ou Bouygues ont récemment remporté des contrats dans la planification ou la construction de lieux de divertissements dans le pays.


[5] Cf. note du SE - le développement du secteur aérien au cœur des ambitions commerciales, logistiques et touristiques du pays (juin 2024)

[6] Cf. note du SE - Les gigaprojets saoudiens : une ambition à l’épreuve de la réalité (mai 2024)

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