ARABIE SAOUDITE
Le secteur minier
L’Arabie saoudite dispose d’importantes ressources minières encore très largement inexploitées. Le ministère de l’Industrie et des Ressources minérales estime à 2 500 Md USD la valeur des ressources minières du pays. Le secteur minier a été identifié par les autorités saoudiennes comme troisième pilier de l’industrie nationale après le pétrole et la pétrochimie, essentiel pour servir la diversification économique et préparer l’après-pétrole. Le royaume dispose d’une large variété de minerais dans son sous-sol et compte tirer profit de ces richesses en créant un secteur minier concurrentiel et compétitif au niveau international principalement porté par l’entreprise Ma’aden.
Il n’existe, à ce jour, pas de cartographie détaillée des gisements potentiels et des réserves prouvées, les opérations de prospections étant toujours en cours par la Saudi Geological Survey (SGS), l’entité publique en charge de la gestion des ressources minéralogiques dans le pays. Une cartographie géologique du sous-sol saoudien, dénommée Geological survey general program, est actuellement mise en œuvre à l’échelle nationale et dispose d’une enveloppe de plus de 530 M USD.
Les richesses minérales de l’Arabie saoudite sont actuellement estimées à 2 500 Md USD, bien que cette donnée soit relative et évolutive en fonction des cours des différents minéraux[1]. A ce jour, 48 minerais ont été identifiés dans le sous-sol saoudien dont au moins 15 considérés comme commercialement viables. Les principales ressources dont dispose le pays sont les suivantes : minerai de fer, niobium, bauxite, phosphate, or, uranium, cuivre, silice, zinc, argent, feldspath, calcaire. En 2021, le pays a produit 12,4 tonnes d’or (26ème producteur mondial avec une production repartie sur 6 mines), 6,8 T d’argent, 97,5 T de cuivre et 53,4 T de zinc. L’Arabie saoudite est aussi le sixième pays producteur de phosphate avec 9 M MT par an. Les exportations saoudiennes de minerais sont majoritairement destinées aux pays asiatiques, principalement la Chine et le Japon.
Aujourd’hui le secteur minier en Arabie saoudite est dominé par l’entreprise Ma’aden, détenue à plus de 65% par le Fonds souverain saoudien (PIF), qui contrôle la majorité de la production actuelle des minerais exploités. En 2023, le PIF et Ma’aden ont créé une joint-venture, Manara Minerals, pour investir dans des projets à l’international. En Juillet 2023, la JV a acquis une participation de 10% auprès du géant brésilien Vale Base Metals, une transaction estimée à 3,4 Md USD.
II/ Un enjeu majeur pour la diversification économique du pays et la Vision 2030
Le secteur minier a été annoncé comme le troisième pilier de l’industrie saoudienne après le pétrole et la pétrochimie. Le gouvernement saoudien souhaite que le secteur minier contribue à la réalisation de trois objectifs de la Vision 2030 :
- Créer des moteurs de croissance au-delà du pétrole et du gaz ;
- Créer des emplois à haute valeur ajoutée pour les ressortissants saoudiens ;
- Favoriser le développement économique des régions isolées, principalement au sein de l’Arabian Shield dans l’Ouest du pays (cf Annexe 1).
D’ici 2030, l’impact du secteur minier sur l’économie saoudienne devrait permettre : (i) d’augmenter l’impact total du secteur sur le PIB en passant de 28 à 75 Md USD, (ii) de créer 219 000 nouveaux emplois (pour atteindre un total de 470 000), dont 40 000 dans les régions plus isolées. Le ministère saoudien de l’Industrie et des Ressources minérales prévoit investir 4 Md USD et d’attirer 30 Mds USD d’investissement privés pour développer le secteur et maximiser la valeur des ressources du pays.
Pour affirmer sa place sur la scène internationale dans le secteur minier, le Royaume a lancé en 2022 le Future Minerals Forum, un salon annuel dédié aux problématiques liées à l’évolution du secteur minier de l’Afrique à l’Asie centrale qui aborde les thématiques suivantes : attraction des investissements, utilisation des technologies de pointe dans le secteur, application des meilleures normes de durabilité, avenir de l’exploitation minière au niveau national et mondial et chaînes d’approvisionnement. La deuxième édition avait attiré plus de 9 000 participants physiquement et 13 000 virtuellement, 250 speakers et 21 organisations internationales. La 3ème édition s’est tenue à Riyad du 9 au 11 janvier 2024 et a accueilli 14 000 participants de 178 pays différents avec 75 représentants officiels. La France y a été représentée par le Délégué interministériel aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques (DIAMMS), M. Benjamin Gallezot.
III/ Les entreprises françaises, une présence très limitée
Peu de groupes français actifs dans le secteur minier sont présents en Arabie saoudite. Imerys est implanté dans le royaume via une joint-venture du nom d’Imerys Minerals Arabia avec l’entreprise saoudienne Eastern Trading & Contracting Company depuis 2015. Ginger Sofreco est actif dans le pays, son principal client étant Ma’aden avec qui ils travaillent depuis 2009, notamment sur les phosphates. Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) intervient dans le pays en tant que prestataire de services. Entre 1964 à 2002, le BRGM a contribué à l’inventaire des ressources minérales et à la cartographie géologique du Royaume. Cependant, depuis la création du Saudi Geological Survey en 2002, le BRGM, n’intervient plus que ponctuellement pour de courtes missions.
Le secteur est principalement dominé par les géants américain, canadien ou australien. Riyad ambitionne en effet de faire participer davantage d’entreprises étrangères pour créer un environnement plus concurrentiel afin d’acquérir une expertise et des compétences encore marginales dans le pays. Certaines y sont déjà présentes, comme l’entreprise américaine Alcoa Corp qui détient 25,1% de deux filiales du groupe Ma’aden, actives dans l’extraction de bauxite et la production d’aluminium. Dans la production de phosphate, l’entreprise américaine Mosaic Co détient 25% du site de Waad Al Shamal, situé au Nord du Royaume. Enfin, l’entreprise canadienne Barrick Gold Cord détient 50% d’une joint-venture avec Ma’aden pour l’exploitation d’une mine d’or.
Commentaires :
Le royaume tente de se positionner sur des sujets stratégiques comme l’uranium et le titane. Ce dernier, très prisé dans les hautes technologies et plus particulièrement pour des utilisations aéronautiques, est essentiel pour la réalisation des objectifs de la Vision 2030 qui vise à localiser les chaînes de valeurs pour les industries de pointe.
[1] Estimation annoncée par le Ministre saoudien de l’Industrie et des Ressources minérales, Bandar Al Khorayef, lors du FMF 2024.