Le secteur de l’électricité et des énergies renouvelables

L’Arabie Saoudite est l’un des plus gros consommateurs par habitant d’électricité au monde avec une consommation moyenne de l’ordre de 9 100 KWh chaque année. Un chiffre élevé qui s’explique par l’insuffisance de l’isolation des bâtiments et les contraintes liées à la climatisation (80% de la consommation électrique du Royaume). Avec le développement économique en cours et la croissance démographique, les besoins en électricité devraient atteindre 120 GW en 2030, contre environ 74 GW en 2016. Dans ce contexte, les autorités saoudiennes cherchent à diversifier le mix électrique du pays en augmentant la part du gaz naturel, des énergies renouvelables et de l’énergie nucléaire.

 

 1. La production électrique du Royaume, encore majoritairement dépendante des hydrocarbures

La SEC (Saudi Electricity Company) a vu le jour en 2000 et est le résultat de la fusion de plusieurs entreprises régionales. Depuis cette date, la SEC contrôle environ 80% de la production électrique du Royaume, les 20 % restants étant couverts par des entités parapubliques comme la Saline Water Conversion Corp, Marafiq (Commission Royale), Saudi Aramco et certains développeurs privés. La SEC s’occupe également de la transmission et la distribution d’électricité, via sa filiale à 100%, National Grid SA.

A ce jour, la SEC a une capacité totale de production de 55 GW à travers 48 centrales thermiques réparties dans le pays. En y ajoutant les centrales thermiques des autres producteurs d’électricité, la puissance installée totale du Royaume est actuellement de 80,5 GW (usines de dessalement inclues). Les centrales à gaz naturel représentent environ la moitié du parc, l’autre moitié étant des centrales à fioul léger ou lourd.

Les besoins en électricité augmentent d’environ 7% chaque année depuis 2010. En l’absence de mesures incitant à plus d’efficacité énergétique, le Royaume devra installer une puissance totale de 120 GW d’ici à 2030 pour répondre à la demande. Une situation engendrée par le développement économique lié à la Vision 2030 et à la forte croissance démographique. La stratégie actuelle des autorités saoudiennes consiste à utiliser d’avantage de gaz naturel dans la production électrique du pays, pour des enjeux économiques et environnementaux. L’objectif, à terme, est de réserver le pétrole à l’export et de rejeter moins de gaz à effet de serre (le gaz naturel étant la moins polluante des hydrocarbures).

L’énergie nucléaire jouera également un rôle dans la diversification du mix électrique. A court-terme, deux réacteurs nucléaires d’une capacité totale de 2,8 à 3,3 GW seront installés avant de poursuivre sur un objectif plus ambitieux de 17 GW d’ici à 2040.

Pour parvenir à ces objectifs, le gouvernement saoudien prévoit de privatiser partiellement la SEC en la scindant en 4 entités homogènes. Les centrales thermiques seront rassemblées en tenant compte du type de technologie (fioul ou gaz naturel), de l’âge de la centrale et de sa localisation géographique. Ensuite, chaque entité sera privatisée entre 25 et 70%. Cette privatisation devrait permettre d’ouvrir le marché de l’électricité aux entreprises privées et d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique du Royaume.

 

 2. Une volonté de développer les énergies renouvelables, encore très marginales

En 2016, le gouvernement saoudien a créé la REPDO (Renewable Energy Project Development Office) rattachée au Ministère de l’énergie, des mines et de l’industrie. Cette entité a pour objectif de développer les énergies renouvelables dans le Royaume dans le cadre de la Vision 2030. A l’horizon 2023, la REPDO souhaite développer 9,5 GW d’énergies renouvelables (principalement solaires et éoliennes), soit 10% de la production électrique du Royaume. Une première échéance est prévue pour 2020 avec comme objectif une capacité de 3,45 GW installée.

L’objectif de la REPDO est de permettre le développement des énergies renouvelables tout en préservant le bas coût de l’énergie. Les efforts seront concentrés sur l’énergie solaire (principalement photovoltaïque, la technologie CSP étant jugée trop onéreuse), l’énergie éolienne et la valorisation des déchets (Waste-to-Energy).

Pour atteindre cet objectif, deux projets ont été lancés en 2017 pour une capacité totale installée de 700 MW. Un projet solaire PV de 300 MW à Sakaka, a été attribué à la société saoudienne Acwa Power et sa construction devrait débuter dans les prochains mois. Un autre projet éolien de 400 MW à Dumat Al Jandal n’a pas encore été attribué. Pour 2018, il est prévu de lancer divers projets d’une capacité totale de 1,02 GW (620 MW de solaire PV et 400 MW d’éolienne) mais aucune annonce officielle n’a encore été faite. Cependant, un super-projet solaire PV a été annoncé en mars 2018 lors de la visite du Prince Héritier aux Etats-Unis. Il s’agirait d’installer une capacité de 200 GW à l’horizon 2030, projet réalisé avec la banque japonaise SoftBank.  Pour l’instant, nous n’avons pas plus de détails sur le calendrier du projet.

Pour la totalité des projets en cours et à venir, les autorités saoudiennes ont fixé des exigences en termes de contenu local pour inciter à produire, en partie, les équipements dans le Royaume. Le pourcentage de contenu local se situe aux alentours de 30% et varie pour chaque projet.

A ce jour, les énergies renouvelables représentent moins de 1% de la production électrique du pays avec une capacité totale installée de 16,75 MW. On compte 3 unités de production en activités : une éolienne installée par Saudi Aramco qui génère 2,75 MW ainsi que deux centrales solaires PV, l’une d’une capacité de 10,5 MW qui produit de l’énergie électrique pour le parking du groupe Saudi Aramco, l’autre qui génère 3,5 MW sur les toits de la KAPSARC (King Abdullah Petroleum Studies and Research Center) pour répondre partiellement aux besoins énergétiques du centre de recherche.

Les nouveaux projets annoncés représentent des opportunités pour les entreprises françaises.

 

 3. Les entreprises françaises, une présence déjà confirmée avec des perspectives grandissantes

Concernant la production d’électricité, le groupe ENGIE possède à ce jour 3 centrales thermiques à gaz naturel en activité dans le Royaume, d’une capacité totale de 5 536 MW, et une centrale en construction qui produira à terme 1 507 MW et dont la mise en service est prévue pour novembre 2019.

Le groupe EDF ne possède pas d’actifs à ce jour mais participe, entre autres, à l’appel d’offres pour le projet nucléaire. Le groupe Suez participe à des appels d’offres pour des sites de valorisation de déchets industriels.

Pour ce qui est des équipements énergétiques, plusieurs grandes groupes français sont présents dans le pays et possèdent des unités de production : Schneider Electric, Legrand et Vinci (base éolienne). Un certain nombre de PME françaises exportent des équipements ou fournissent du savoir-faire en ingénierie sans systématiquement avoir une présence physique dans le Royaume.

Pour le développement des énergies renouvelables, nombreux sont les développeurs français ayant montré un intérêt pour l’Arabie Saoudite mais aucun n’a encore remporté de contrats.

 

Commentaire :

  • Le marché de l’électricité est en pleine transformation avec des opportunités pour les entreprises françaises notamment via la privatisation partielle des actifs de la SEC.
  • L’accès au marché est certes désormais facilité pour les entreprises étrangères, mais l’exigence d’une part significative de production locale d’équipements est un élément majeur à prendre en compte pour les entreprises industrielles souhaitant s’implanter dans le Royaume.
  • Les autorités saoudiennes montrent un intérêt croissant pour les énergies renouvelables et d’importantes opportunités pour les opérateurs français de ce secteur se présenteront.
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