Le commerce extérieur de biens de la Russie en 2020

En 2020, les exportations de biens de la Russie en valeur se sont élevées à 331,7 Md USD (- 21% en g.a.) et les importations à 239,7 Md USD (-5,8% en g.a). A 92 Md USD, l’excédent 2020 de la balance commerciale a diminué de 44,4% en g.a. et représente environ 6,2% du PIB. Fin 2019, la Russie était le 14ème exportateur mondial avec une part de marché de 2,3% (stable par rapport à 2018) et le 21ème importateur mondial (-1 place par rapport à 2018). La structure par produits des échanges extérieurs russes a peu évolué : les exportations russes restent dominées par les matières premières (hydrocarbures et métaux) tandis que les importations sont surtout constituées de biens d’équipements et de produits pharmaceutiques et chimiques. Au plan géographique, si l’Union européenne demeure le premier client de la Russie (136,7 Md USD d’exportations russes en 2020), sa part de marché en qualité de fournisseur a encore diminué au profit de l’Asie, notamment la Chine. L’Union économique eurasiatique (UEE), entrée en vigueur au 1er janvier 2015 afin de permettre une plus grande intégration régionale, a encore un effet limité sur les échanges extérieurs de la Russie.

 

Structure sectorielle des échanges internationaux de biens

Exportations

Peu diversifiées, les exportations russes sont principalement constituées d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés. Ces produits représentent 49,6% du total des exportations russes en 2020 (62,1% en 2019), en baisse de 36,6% en valeur en g.a. dans un contexte conjugué (i) de ralentissement de la demande mondiale lié à la pandémie de Covid-19, et (ii) de baisse du prix moyen du baril de pétrole, passé de 64 USD en 2019 à 42 USD en 2020 (Brent). Par conséquent, le poids relatif des autres principaux postes d’exportations de la Russie a augmenté, malgré une baisse en valeur des exportations : c’est le cas des métaux et produits métalliques (10,4% contre 8,9% en 2019), des matériels de transport et des équipements industriels (7,4% contre 6,5% en 2019), et des produits chimiques (7,1% contre 6,1% en 2019). Deux catégories de produits font exception : les produits agroalimentaires, dont les exportations en valeur ont augmenté de 19,6% en g.a. (8,8% contre 5,9% en 2019), et les pierres et métaux précieux et leurs dérivés, dont les exportations en valeur ont pratiquement doublé en g.a. pour atteindre 30,4 Md USD en 2020 (9% contre 3,6% en 2019).

Importations

Les importations russes en 2020 sont composées essentiellement de matériels de transport et d’équipements industriels (47,6%), de produits pharmaceutiques et chimiques (18,3%), de produits agroalimentaires (12,8%) et de produits métalliques (7,9%). Les importations de produits agroalimentaires ont enregistré une légère baisse à 29,7 Md USD (-0,9% en g.a.), mettant fin à la reprise observée depuis 2018.

Éléments sur la spécialisation de l’économie russe sur une longue période

Depuis 2008, on observe que le mouvement de diversification des exportations russes est très limité [1]. En 2018, les 10 premiers avantages comparatifs de la Russie sont à peu de choses près les mêmes qu’en 2008 avec une domination très large des industries extractivesLe seul changement notable est l’apparition des céréales au sein des principaux avantages comparatifs. A titre d'exemple, la Russie est devenue le premier exportateur mondial de blé devant les États-Unis en 2018 et conforte cette position en 2020 avec 8 Md USD de ventes à l’export. En matière de désavantages comparatifs, on note l’apparition en 2018 des services aux entreprises, des cuirs et des composants de véhicules automobiles. La progression de ce dernier poste (en tant que désavantage comparatif) est sans doute à relier avec la volonté de la Russie de développer une industrie automobile locale, qui a accru les importations d’intrants. A cet égard, on note que le secteur des véhicules utilitaires a disparu du classement des 10 premiers désavantages comparatifs entre 2007 et 2018 et que celui des automobiles particulières a nettement reculé (de la 1ère à la 6ème place).

 

Structure géographique des échanges internationaux de biens  

Exportations

L’Union européenne (UE) demeure en 2020 le premier débouché de la Russie[2] (40,6% des exportations russes, soit 136,7 Md USD) mais a vu son poids relatif diminuer depuis 2014, où elle absorbait 52,1% des exportations russes. En 2020, les exportations russes vers l’Union européenne ont diminué de 27,9%, et 48,6% de celles-ci étaient des produits pétro-gaziers (60% en 2019). Parmi les autres produits exportés par la Russie vers l’UE figurent les pierres et métaux précieux (16,1%) les métaux et les alliages (2,8%), les bois (1,8%) et les produits chimiques organiques (1%). Par ailleurs, 14,6% des exportations russes vers l’UE ont été comptabilisées dans la catégorie « produits non-définis » principalement composés de matériels de défense, de navigation aérienne ou spatiale. Avec un flux de 4,6 Md USD en 2020, (-27,1% par rapport à 2019), la France absorbe 1,4% des exportations russes (contre 1,5% en 2019), composées à 54,2% de produits pétro-gaziers. Au sein de l’UE, les 3 premiers clients de la Russie sont les Pays-Bas (7,4% des exportations russes), l’Allemagne (5,5%) et l’Italie (3%). A noter également la progression très importante des exportations russes vers le Royaume-Uni[3] (6,9%), devenu le 3e client de la Russie en 2020 devant l’Allemagne.

En Asie, la Chine creuse l’écart en qualité de premier débouché pour les exportations russes (14,6% du total), suivie par la Corée (3,7%) et le Japon (2,7%). La part des matières premières dans les exportations russes vers la Chine s’élève à 60%, très loin du 2ème poste d’exportations – le bois (6,3%).

Les exportations de biens de la Russie vers les Etats-Unis (3,2% du total) ont baissé de 16,9% en 2020 par rapport à 2019, à 10,8 Md USD. Il s’agit notamment d’une baisse de 20,3% en g.a. des exportations de produits pétroliers. Les exportations de métaux ferreux ont également connu un fort recul pour la deuxième année consécutive (-42%), reflétant l’impact des droits de douanes américains de 25% sur les importations d'acier en provenance de l'étranger introduits en 2018. La baisse s’est également poursuivie pour les exportations d’aluminium, en recul de 28,2%.

La part des exportations vers la CEI représente 14,4% en 2020 (contre 12,9% en 2019 et 10,5% en 2014). La part de l’UEE dans les exportations russes est en progression à 9,8% en 2020 contre 9,2% en 2019 (8,6% en 2015). Depuis 2015, le renforcement de la position des Etats de l’UEE a compensé partiellement la diminution des exportations vers l’Ukraine. Après avoir atteint 30,5% en 2019[4], la baisse des exportations russes vers l’Ukraine a été plus modérée en 2020 et s’élève à 4,7%. Les exportations vers la Biélorussie (principal client parmi les pays de la CEI, 32,9% des exportations russes vers la CEI en 2020) ont diminué de 23,2% en g.a. à 16 Md USD à la suite notamment de la baisse des exportations pétro-gazières (-45,5% en g.a. à 3,8 Md USD).

Importations

35,5% des importations russes avaient pour origine l’UE en 2020[5], contre 42,6% en 2013. L’Allemagne est le deuxième fournisseur de la Russie avec 10,1% des parts de marché et représente le principal concurrent de la France sur des segments majeurs tels que les machines et équipements industriels, les produits pharmaceutiques (1er fournisseur de la Russie), l’automobile, les appareils ménagers et la distribution. En 2020, la France a maintenu sa part de marché à 3,5%. Elle est le 6ème fournisseur de la Russie au niveau mondial et le 3ème fournisseur au niveau de l’Union européenne. Avec 4,4% de parts de marché, l’Italie dépasse la France en 2020. Elle est notamment bien positionnée sur le marché des vêtements et chaussures, de l’ameublement et des produits agroalimentaires.

La décomposition des importations par pays d’origine en 2020 place, de très loin, la Chine au premier rang des fournisseurs de la Russie (23,7% de part de marché). La Chine occupe des positions dominantes dans de nombreux secteurs (vêtements et chaussures, jouets), y compris dans des secteurs à forte valeur ajoutée (équipements et machines dont notamment technologies de l’information et de la communication).

Les Etats-Unis, avec 5,6% des parts de marché, occupent de solides positions dans l’automobile, les nouvelles technologies, et le secteur pharmaceutique.

Les importations en provenance de la CEI ont reculé de 9,4% en 2020 et représentent 10,7% du total des importations russesLa part des importations depuis les Etats-membres de l’UEE est en léger recul à 8% en 2020 contre 8,3% en 2019 (8% en 2015). La Biélorussie représente le 4èmefournisseur de la Russie avec 5,4% de part de marché. Les importations en provenance de Biélorussie sont assez diversifiées avec notamment un poids important des produits laitiers (16,4%), des machines, équipements mécaniques et électriques (15%), des voitures et des tracteurs (10,1%).



[1] Cet indicateur et ce paragraphe exploite une base de données du CEPII sur les avantages et désavantages comparatifs des nations à l’international.

[2] Royaume-Uni inclus.

[3]Les exportations russes vers le Royaume-Uni ont augmenté de 74,9% en g.a. Cette hausse s’explique essentiellement par les exportations de métaux et pierres précieux et semi-précieux (+201% en g.a), qui représentent 82% du total. Les exportations d’hydrocarbures ont par contre diminué de 36,3% en g.a.

[4] Cette diminution s’explique par les « contre-sanctions » russes envers l’Ukraine entrées en vigueur le 1er juin 2019, qui interdisent les exportations de charbon, de pétrole et de produits pétroliers ainsi que les importations depuis l’Ukraine d’équipements mécaniques, de produits métalliques et issus de l’industrie légère

[5] Royaume-Uni inclus.

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