SERBIE
Situation économique et financière de la Serbie
L’économie serbe, dynamique ces dernières années (croissance de 3,8 % en 2023 et 2024), fait face à des risques baissiers depuis quelques mois. L’inflation a ralenti courant 2024, mais a légérement repris en ce début d’année 2025. Le déficit courant s’est creusé en raison de la dégradation de l’excédent dans les services et d’une hausse des importations de biens . Sur le plan budgétaire, la Serbie a fait bonne figure dans la période récente, mais les dépenses devraient augmenter en 2024 et 2025 (projets d’investissment public, hausse des salaires). Le relèvement de sa notation par S&P dans la catégorie « investment grade » cet automne a assoupli ses conditions d’endettement. La dette publique est par ailleurs soutenable (env. 47 % du PIB), malgré une hausse des intérêts.
L’économie serbe a connu une période d’expansion depuis la reprise, particulièrement ces deux dernières années (croissance de 3,8 % en 2023 et 2024). La croissance serbe est tirée d’un côté par les investissements (étrangers et publics), et de l’autre par une demande domestique grandissante (hausse moy. des salaires réels nets de 9 % en 2024).Les investissements dans de grands projets augmentent en lien avec l’organisation d’EXPO 27 (investissement public de 7,3 % du PIB). La contribution des exportations nettes à la croissance était négative en 2024 (-3,4 points ; contre + 2,7 points en 2023), comme pour tous les pays des Balkans occidentaux. Du côté de la production, les services et la construction ont été les moteurs de l’activité en 2024.
Malgré un tassement de l’inflation en 2024 (moy. annuelle de 4,6 % contre 12 % en 2022 et 2023), la normalisation des prix marque le pas depuis qu’elle est revenue dans la bande cible de la NBS en juin 2024 (3 % +/-1,5 ppt). Au T1 2025, l’inflation enregistrée est encore la plus élevée de la région (moy. 4,5 %), tirée par des facteurs domestiques (salaires, mauvaises récoltes etc.) et le regain de tensions sur les prix des commodités internationales. La NBS reste prudente, qui n’a pas baissé de son taux directeur depuis septembre 2024 (5,75 %), interrompant sa politique de détente monétaire entamée en juin 2024 (6,5 %).
A partir du S2 2024, les indicateurs de conjoncture se sont toutefois dégradés. Au T3 et au T4, la croissance a ralenti à 3,3 % (contre 4,5 % en moyenne au T1 et T2), en partie à cause de la sécheresse touchant le secteur agricole. L’investissement privé (FBCF) a décéléré durant le T4 2024 (+1,2 % en g.a, contre une moyenne de +9,6 % sur T1-T3). Les IDE ont bien tenu jusqu’à la fin de l’année 2024, mais marquent le pas en 2025. Ce contexte a entraîné une révision des perspectives de croissance pour 2025 de la part de la Banque mondiale (- 1,1 point par rapport à la projection d’octobre 2024, de 4,2 % à 3,1 %) et du FMI (de 4,1 % à 3,5 %), tandis que celle de la Banque centrale serbe demeurait optimiste (4,5 %) jusqu’à juillet (abaissée à 3,5 %). Au T1 2025, la croissance a été estimée à 2 %.
Après un point bas en 2023 (-2,4 % du PIB), le déficit courant s’est élargi en 2024 (-4,7 %). Initialement estimé à 6,3 % du PIB, le déficit courant a été révisé à la baisse en juillet, à la faveur d’une revalorisation des exportations serbes de marchandises de 1,3 Md EUR (1,6 point de PIB). Le déficit commercial, selon ses nouvelles estimations, a diminué de 8,8 % du PIB à 8,2 % du PIB pour les marchandises (au lieu d’augmenter jusqu’à 9,8 % du PIB), tandis que l’excédent dans les services s’est réduit de 4,1 % à 3,4 % du PIB. Les besoins d’importation (45 % du PIB) sont nourris par le cycle d’investissement public pour les grands chantiers d’infrastructures, mais aussi par la demande domestique pour les biens étrangers, ainsi que des services touristiques et financiers. Les transferts de la diaspora ont reculé pour atteindre 4,5 Md EUR (5,4 % du PIB, contre 6,1 % en 2023). Depuis 2023, les flux nets de compensation des employés à l’étranger sont négatifs (mais minimes : 0,1 % du PIB) alors que les paiements de travailleurs étrangers en Serbie augmentent. Les entrées d’IDE ont continué de croître en 2024, s’élevant en termes nets à 4,6 Md EUR (soit 5,6 % du PIB), contre 4,3 Md EUR en 2023 (5,7 % du PIB), et de financer le déficit courant.
Le gouvernement serbe a enregistré un déficit moindre que prévu en 2024 à 2 % du PIB grâce à une budgétisation conservatrice, des dépenses sous-exécutées et des recettes performantes. Le PRE prévoit un déficit pour les 2 ans à venir tangentant la limite de 3 %. Il a été convenu avec le FMI, qui accompagne la Serbie depuis 2014, que l’application de la règle budgétaire (déficit public limité à 1,5 % du PIB) soit reportée de 2025 à 2027, afin de permettre la hausse des dépenses d’investissements en infrastructures (EXPO 2027).
La dette publique, inférieure à 48 % du PIB fin 2024, est largement soutenable. Le gouvernement est par ailleurs très liquide (dépôts d’environ 6 Mds EUR actuellement, soit 7 % du PIB 2024). On observe néanmoins une hausse de la charge d’intérêts à 1,8 % du PIB pour 2024 (puis 2,1 % dans le budget 2025). Après la réévaluation de la notation souveraine de la Serbie par Standard & Poor’s en octobre (BBB-), faisant entrer le pays dans la catégorie « investment grade », une augmentation similaire était attendue chez Fitch en février. L’agence a toutefois préféré temporiser et maintenir sa note de BB+ (assortie d’une perspective positive) compte tenu de la situation politique.