Relations économiques bilatérales avec la Roumanie

 

3ème client, 3ème investisseur étranger et 9ème fournisseur de la Roumanie, la France est un partenaire économique de premier plan du pays. En 2023, les échanges commerciaux bilatéraux ont enregistré une progression de 8,1% pour atteindre 11,6 Mds €. Cette tendance est soutenue par l’importante présence économique française dans le pays avec près de 4.150 entreprises. Cependant, bien que la France ait renforcé ses parts de marché en 2023, le solde commercial bilatéral s’est fortement détérioré depuis la crise sanitaire et affiche désormais un déficit de 1,2 Mds €.

1. Les échanges commerciaux progressent, bien que nos parts de marché s’érodent.

Les échanges commerciaux bilatéraux ont progressé de 8,1% en 2023, mais la position de la France est en recul sur les cinq dernières années. Dépassant son niveau d’avant crise dès 2021, le commerce entre la France et la Roumanie a atteint 11,6 Mds € en 2023. Malgré cette progression, l’influence commerciale de la France dans le pays tend à se restreindre face à l’intensité concurrentielle des pays émergents (Chine, Turquie) et des PECO (Pologne, Hongrie, Bulgarie) qui profitent d’un avantage coût-logistique significatif. La part du marché français a ainsi reculé de -0,8 pp au cours des cinq dernières années, aussi bien dans les exportations que dans les importations roumaines.

En 2023, les exportations françaises vers la Roumanie ont augmenté de 5,7% par rapport à 2022 et s’élevaient à 5,2 Mds €. Ces livraisons, plutôt diversifiées, sont dominées par le secteur des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique qui représentent 28,5% du total des exportations, soit 1,5 Mds €, principalement porté par les machines industrielles et agricoles (768 M€ en 2023; +14,3% sur un an) et les équipements électriques et ménagers (381 M€ ; +27,9%). Suivent ensuite, les exportations de matériels de transport (901 M€ ; +14,8%) ainsi que les produits chimiques et cosmétiques (669 M€) et métallurgiques (503 M€).

Dans l’autre sens, les importations françaises de produits roumains ont progressé de 10,1% et représentaient 6,4 Mds €. Ces importations se composent à 41% de matériels de transport, soit 2,6 Mds € (+13% sur un an), et à 23,9% des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique pour un montant de 1,5 Mds € (+17%). Les importations françaises sont également constituées de produits de caoutchouc et plastique (438 M€), de textiles et chaussures (434 M€) et en 5ème position, des produits agricoles (289 M€) qui enregistrent une nette progression en 2023 (+69,1%).

Le solde commercial français continue de se détériorer en 2023. Alors qu’il avait déjà triplé en 2022, le déficit commercial français s’est à nouveau dégradé au cours de l’année écoulée, pour atteindre 1,2 Mds €. Ce déficit est principalement porté par le solde négatif du commerce de matériels de transport, qui représente -1,7 Mds € en 2023. Le secteur profite notamment du succès des véhicules Dacia en France qui dispose d’une part de marché de 8,8 %, en hausse de 0,3 point par rapport à 2022.

La France est un partenaire commercial de premier rang de la Roumanie, puisqu’elle est son 3ème client (6,3% du total des exportations roumaines), derrière l’Allemagne (20,8%) et l’Italie (10,2%). Dans l’autre sens, la France est son 9ème fournisseur (4,3% du total des importations), derrière l’Allemagne (19,4%), l’Italie (8,7%), la Hongrie (6,5%), la Pologne (6,2%), la Chine (5,5%), ou encore la Turquie (5,2%). Sur un an, la France a renforcé sa part de marché, aussi bien à l’export (+0,4 pp) qu’à l’import (+0,3 pp) et concentre ainsi 5,2% du commerce international roumain. Le commerce entre la France et la Roumanie est notamment tiré par les échanges intra-groupes, en raison de la densité des filiales françaises présentes localement.

2. La France est le 3ème investisseur étranger, bénéficiant d’une présence dense, diversifiée et répartie sur tout le territoire.

La France est le 3ème investisseur étranger en Roumanie en 2022, avec un stock d’IDE de 10,5 Mds € sur un total de 107,9 Mds €. La France détient ainsi 9,7% du stock d’IDE et se situe derrière l’Allemagne (14,9%), l’Autriche (10,7%) mais devant l’Italie (7,8%), et les Etats-Unis (6,7%). La France est également le deuxième investisseur greenfield, derrière l’Allemagne et devant l’Autriche. Les IDE français sont concentrés dans l’industrie (37,9% du total), le commerce de gros et de détail (16,9%), l’intermédiation financière et les assurances (14,5%) ainsi que la construction et les activités immobilières (11,7%). Par ailleurs, la France a reculé de deux places dans le classement des pays destinataires d’IDE roumains par rapport à 2022, se positionnant à la 9ème position avec un stock de 110 M€ (2,5% du total), derrière Chypre (15,8%), la Moldavie (8,9%), l’Italie (5,6%), la Hongrie (3,5%), la Bulgarie (5,7%) ou encore l’Espagne (4,5%).

Les entreprises françaises jouent un rôle économique et social important dans le pays. La quasi-totalité des entreprises du CAC 40 (35 sur 40) sont présentes sur le marché roumain et sont souvent leaders ou co-leaders de leur secteur. La présence française est également articulée autour d’un tissu diversifié de PME et d’entreprises créées par des Français. Au total, en 2023, près de 4 150 entreprises à capitaux majoritairement français sont recensées, employant directement plus de 125 000 personnes et cumulant un chiffre d’affaires de 18 Mds €, soit 8% du PIB.

La présence française est dominée par l’industrie manufacturière et par la distribution. Sur le marché automobile, le constructeur Renault-Dacia est une institution locale et emploie directement près de 18 000 personnes, autour duquel sont présents plusieurs fournisseurs de grande envergure, dont Forvia (7 400 employés)[1], Michelin (4 700 employés), Valéo (1 500 employés), Hutchinson (900 employés), ou encore Akwel (500 employés). Également dans l’industrie, les groupes Saint-Gobain, Airbus, Thalès et Air Liquide jouent un rôle important sur leur marché. Dans le secteur de l’énergie, le groupe Engie est le plus grand distributeur de gaz du pays avec près de 2 M de clients résidentiels, alors que le groupe Orange, avec près de 11,1 M de clients, est le premier opérateur mobile. La filiale roumaine du groupe Carrefour est le troisième plus grand distributeur et maintient en 2023, une dynamique très positive avec une croissance de 12% du chiffre d’affaires. De plus, les groupes Auchan et Leroy-Merlin sont également des acteurs influents sur leurs marchés respectifs. Dans le secteur bancaire, BRD (groupe Société Générale) est la troisième banque commerciale du pays en termes d’actifs tandis que Groupama occupe une place centrale dans le secteur des assurances et est devenu en 2023 le leader sur le segment de l’assurance automobile.


[1] Forvia, ex-Faurecia, a nettement renforcé sa position en Roumanie en achevant l’acquisition de l’équipementier allemand Hella, qui employait 4 600 personnes dans le pays. 

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