Indicateurs et conjoncture économique

Données économiques pour l'année 2024 : (Commission Européenne, Institut National des Statistiques, Banque Nationale de Roumanie, Douanes françaises)

  • PIB : 353 Mds EUR
  • PIB réel par habitant : 13 130 EUR
  • PIB par habitant en base 100 moyenne UE 27 : 79
  • Taux de croissance : +0,9 % (prévisions de la Commission pour 2024 : +1,4 %)
  • Taux de chômage : 5,4 %
  • Taux d'inflation moyen (IPC) : +5,6 %
  • Solde courant : -6,1 % du PIB
  • Dette publique : 54,8 % du PIB
  • Déficit public : -8,65 % du PIB
  • Echanges de biens et services : 268 Mds EUR (76 % du PIB)
  • Solde commercial : -4,5 % du PIB
  • Principaux clients : Allemagne (20,5 %), Italie (9,6 %), France (6,3 %)
  • Principaux fournisseurs : Allemagne (18,7 %), Italie (8,3 %), Hongrie (6,6 %)
  • Exportations françaises vers la Roumanie : 3,5 Mds EUR
  • Importations françaises depuis la Roumanie : 6,4 Mds EUR

 

Demeurée résiliente en 2023, l’économie roumaine a connu un ralentissement marqué en 2024, notamment en raison d’une baisse de la production industrielle et agricole ; seule la consommation des ménages a soutenu l’activité. Si l’inflation a baissé en 2024, elle est restée la plus élevée de l'Union Européenne. Les investissements directs étrangers sont en recul depuis 2023, mais pourraient rebondir à partir de 2025, grâce à l'accélération des grands projets d'infrastructure liés au Plan National de Relance et de Résilience (PNRR). La Roumanie, actuellement en procédure de déficit excessif, doit ramener son déficit public en dessous de 3% du PIB d'ici 2031, et intensifier le décaissement des fonds européens encores sous utilisés, ce qui pourrait stimuler la compétitivité des secteurs économiques du pays.

 

1. Encore résiliente en 2023, l’économie roumaine a nettement ralenti en 2024.

 

L’économie roumaine a amorcé un ralentissement en 2023 mais est restée relativement performante, en dépit d’un environnement dégradé. Après une année 2022 dynamique (+4,1%), l’économie roumaine a ralenti en 2023, avec une croissance de +2,1%, soit sa plus faible performance depuis 2013 . L’année a été marquée par le recul de l’activité au 1er trimestre, notamment en raison de la forte hausse des prix de l’énergie consécutive au déclenchement de la guerre en Ukraine.  L’économie a par ailleurs été pénalisée par le ralentissement des principaux marchés clients du pays : l’atonie des économies allemande (-0,3%), italienne (+0,9%), française (+0,7%) et hongroise (-0,9%), qui absorbent 43% des exportations roumaines, a pesé sur la demande adressée aux entreprises roumaines. Dans ce contexte, la production industrielle a reculé de -4,9% et est restée inférieure à son niveau pré-pandémie. Néanmoins, l’activité a été portée par les bonnes performances du secteur de la construction (+11%), soutenu par les grands projets d’infrastructure lancés dans le cadre du PNRR, de l’agriculture (+10,2%), ainsi que des TIC (+5,1%).

En 2024, l'économie a nettement ralenti : le PIB n’a crû que de +0,9%, bien en deçà des prévisions initiales (+2,4 %). Les exportations ont diminué de -0,4%, à 93 Mds EUR, tandis que les importations ont progressé de +3,3%, à 126 Mds EUR, conduisant à un accroissement du déficit commercial des biens de +15,3% en g.a, tandis que le surplus des services a diminué de -13,5 %, entrainant une augmentation du défit commercial global de +36,7 % (21,5 Mds EUR). La consommation des ménages demeure le principal moteur de la croissance, enregistrant une hausse de +6 % en 2024 en g.a. et représentant 62,3% du PIB. Toutefois, la production agricole a diminué de -10,5 % en raison des sécheresses de l'été 2024, contribuant à hauteur de 3,2 % du PIB, tandis que la production industrielle a enregistré une baisse de -1,5 %[1]. Malgré ces résultats contrastés, l’économie roumaine profite de la bonne tenue du marché du travail : le taux de chômage n’a pas dépassé 6% depuis plus de deux ans. Cette dynamique a favorisé les augmentations salariales, protégeant le pouvoir d’achat des ménages roumains dans le contexte inflationniste des deux dernières années : le salaire net réel moyen s’établissait à 5 645 RON (1134 EUR) en 2024, en hausse de +11,1% sur un an (+5,7% en réel).   

La Roumanie profite de solides perspectives à moyen-terme, malgré la persistance de déséquilibres macroéconomiques. La Roumanie est le pays ayant convergé le plus rapidement vers les standards européens, avec un PIB / habitant atteignant 79 % de la moyenne UE27 en SPA en 2024 (+39 pt. depuis 2006).  Son économie devrait continuer de profiter, à l’horizon 2030 , i) de la hausse du niveau de vie de sa population, ii) du maintien d’importants flux d’investissements étrangers (stock d’IDE de 118 Mds EUR en 2023), et iii) des financements européens et multilatéraux en soutien des grands projets dans les secteurs des infrastructures et de l’énergie. Néanmoins, la bonne performance de l’économie reposera sur l’atténuation des déséquilibres macroéconomiques et en particulier du déficit public. Les agences de notation, bien qu’elles aient maintenues la note « BBB- » pour la dette souveraine roumaine, ont révisé fin 2024 leur perspective pour le pays de stable à négative. Enfin, pour conforter ses perspectives de croissance à plus long-terme, le pays devra notamment accroitre ses dépenses de R&D (0,51% du PIB, niveau le plus bas d’Europe) afin de soutenir le développement d'une industrie à plus forte valeur ajoutée.

2. Les politiques économiques disposent de marges de manœuvre de plus en plus contraintes.

 

Bien que l’inflation continue de ralentir (5,6 % en 2024 contre 10,3 % en 2023), la dynamique des prix est la plus forte de l’UE. Après une année 2023 marquée par une dynamique désinflationniste lente, freinée par la longue décrue des prix de l’énergie et le maintien d’une consommation soutenue, la désinflation s’est accélérée en 2024. Toutefois, les augmentations des coûts salariaux et la demande élevée ont continué de soutenir la hausse des prix dans certains secteurs, notamment les services, où l'inflation reste élevée (8,9 % sur l’année). Dans ce contexte de baisse de l’inflation, la Banque Nationale de Roumanie (BNR) a décidé d’entamer un nouveau cycle d’assouplissement de sa politique monétaire, suivant celui amorcé par la Banque Centrale Européenne (BCE) en juin 2024. La BNR a réduit à deux reprises durant l’été 2024 son taux d'intérêt directeur de 25 points de base, le fixant à 6,50 %, mais reste néanmoins vigilante afin d’assurer la stabilité du RON.

Le maintien d’une bonne dynamique de croissance dépendra en partie de la capacité de la Roumanie, qui connaît une sous-exécution de ses dépenses d’investissement retardant la conduite des projets[5], à bénéficier pleinement des importants fonds européens mis à sa disposition. Alors que la Roumanie devrait percevoir jusqu’à 80 Mds EUR de fonds européens au titre de la période 2021 – 2027, soit environ 33 % du PIB 2021, le pays doit actuellement décaisser les fonds prévus dans le cadre de son PNRR, doté de 28,5 Mds EUR sous forme de prêts et de subventions mais conditionné à la conduite de réformes. Ainsi, en juin 2025 la Commission européenne n’a que partiellement décaissé  la troisième tranche du PNRR (1,3 Mds EUR sur un total 2,0 Mds EUR), estimant que six jalons n’ont pas été atteints. Les fonds du PNRR devant impérativement être décaissés avant août 2026, ces retards risquent d’entrainer la perte de financements destinés notamment à la construction d’infrastructures modernes de transport, d’éducation et de santé.

L’accroissement du déficit public limite les capacités de la politique budgétaire. Malgré l’adoption de nouvelles mesures fiscales fin 2023 devant générer 4 Mds EUR de recettes supplémentaires, la Roumanie a connu un nouveau dérapage budgétaire en 2023 (-6,6 % du PIB), lequel s’est répété en 2024 (8,65% du PIB). En raison de la procédure de déficit excessif en cours, le ministère des Finances a présenté fin octobre 2024 une stratégie d'ajustement budgétaire sur sept ans, validée fin décembre par la Commission Européenne. Ce plan prévoit une réduction du déficit public à -2,5 % du PIB d'ici 2031, notamment via une augmentation des recettes fiscales de 29,5 % du PIB à 31,1 %, ainsi qu'une révision des taux de l'impôt sur les sociétés, sur les revenus et de la TVA. Dans ce contexte, le budget 2025 voté le 6 février 2025 prévoit une réduction du déficit à 7,04% du PIB, portée principalement par une hausse des revenus. Certains ajustement fiscaux ont d’ores et déjà été adoptés fin décembre, sous forme d’une ordonnance d’urgence[2] visant à réduire les dépenses publiques à hauteur de 1% du PIB en 2025 et à augmenter les recettes fiscales de 1,1% du PIB. A noter que l'accumulation des déficits a entraîné une hausse de la dette publique, de 35,1 % du PIB en 2019 à 54,8 % fin 2024, tandis que le maintien de taux d'intérêt souverains élevés aggrave le poids des intérêts de la dette. En outre, le gouvernement Bolojan a amorcé en juillet 2025 un vaste plan de redressement des finances publiques à travers trois paquets de mesures, le premier ayant été adopté le 7 juillet et visant une correction du déficit budgétaire de 0,6 % dès 2025 et de près de 4% en 2026[3].

Le manque de visibilité à long terme et l’adoption de nouvelles réformes fiscales durant l’été 2025 risquent de freiner les investissements directs étrangers (IDE), qui connaissent déjà une tendance à la baisse depuis 2023. En effet, en 2024 les flux nets d'IDE en Roumanie ont atteint 6,7 Mds EUR, soit une diminution de -36,3 % par rapport à 2022. Cette baisse est particulièrement marquée dans certains secteurs, avec des réductions de -45,2 % dans l’industrie, -49,7 % dans l’agriculture et -4 % dans les technologies de l'information et de la communication (TIC), trois secteurs clé de l’économie roumaine. Toutefois, la Roumanie pourrait compenser cette tendance par un meilleur décaissement des fonds européens, notamment ceux alloués par le PNRR, dont l'utilisation reste encore relativement faible par rapport à la moyenne de l'UE. En effet, seulement 4,1 Mds EUR sur les 28,5 Mds EUR prévus par le PNRR ont été effectivement dépensés à ce jour. Dans le cadre de son plan d'ajustement budgétaire, le gouvernement prévoit d'améliorer l'absorption des fonds européens, avec un objectif d'absorption supérieur à 5 % du PIB sur les sept années de la stratégie d’assainissement budgétaire, ce qui pourrait dynamiser l’activité. 

 

 

[1] Plus spécifiquement, la production et distribution de gaz, électricité, chaleur a diminué de -4,7%, la production manufacturière de -1,1% et l’industrie extractive de -1%.

[2] L’ordonnance acte une augmentation de l’impôt sur les dividendes (de 8% à 10%), la suppression des exonérations fiscales dans les secteurs de l’IT, de la construction et de l’agriculture/agroalimentaire (alignement sur le régime général) ainsi que l’abaissement du plafond de chiffres d’affaires des micro-entreprises (de 500 000 EUR à 100 000 EUR).  Par ailleurs, le gouvernement a instauré le gel des salaires, des embauches dans le secteur public, ainsi que le gel des pensions de retraites et des prestations sociales.

[3] Ces nouvelles mesures incluent, entre autres, le relèvement du taux standard de TVA de 19 % à 21 %, la suppression des taux réduits de 5 % et 9 % au profit d’un taux unique de 11 %, l’instauration d’une contribution sociale de 10 % sur les pensions de retraite supérieures à 600 EUR, ainsi qu’un doublement de la taxe sur le chiffre d’affaires des banques, à 4%. Certaines de ces réformes entreront en vigueur dès août 2025, tandis que les autres s’appliqueront à compter du  1er janvier 2026.

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