Commerce extérieur de la Roumanie

Les échanges commerciaux de la Roumanie ont progressé de +25,5 % en 2022, à 263,4 Mds EUR, bénéficiant d’un effet-prix positif dans un contexte de tensions inflationnistes, mais également de la résilience de l’activité économique. Le commerce extérieur demeure largement tourné vers l’Union européenne, tandis qu’un quart des échanges concerne les machines, appareils et équipements. Par ailleurs, le déficit commercial continue de se creuser et atteint, pour la balance des biens, -11,9 % du PIB.

1. Un commerce extérieur dynamique, déséquilibré et tourné vers l'Union européenne

Le commerce extérieur de la Roumanie s’est considérablement développé ces dernières années. Les échanges de biens et de services atteignaient 92 % du PIB en 2022, un niveau record. Le ratio d’échanges de produits/PIB a progressé de +53 pp depuis 1991 et de +28 pp depuis l’adhésion du pays à l’espace européen. Cependant, les échanges internationaux roumains restent sensiblement inférieurs à ceux des autres pays d’Europe Centrale et Orientale.[1] En 2022, ils ont cependant progressé de +25,5 %, à 263,4 Mds EUR, profitant du rebond au lendemain de la crise sanitaire, ainsi que du dynamisme de l’activité domestique.  

Le déficit commercial continue de se creuser. Le déficit commercial roumain est en constante détérioration depuis 2013, en raison notamment d’une politique budgétaire très expansionniste qui a à la fois alimenté le niveau de demande intérieure et dégradé la compétitivité-prix du pays. En 2022, le déficit commercial de la balance des biens a atteint un niveau record : -34,1 Mds EUR, soit -11,9 % du PIB. Les déficits commerciaux se matérialisent (i) dans des secteurs variés : industries agroalimentaire, manufacturière, pharmaceutique ou encore sidérurgique, (ii) principalement avec certains pays émergents (Chine, Turquie, Russie) et des pays d’Europe Centrale (Hongrie, Pologne, République-Tchèque). En revanche, la Roumanie enregistre un excédent commercial croissant sur les échanges de services, représentant +12,5 Mds EUR, soit 4,4 % du PIB, en 2022.

Les échanges commerciaux sont centrés sur l’UE, notamment l’Allemagne. 72,3 % des échanges commerciaux roumains sont intra-européens. L’Allemagne[2] est, de loin, le premier partenaire commercial de la Roumanie, générant 17,8 % de ses importations et 19,8 % de ses exportations. L’Italie, la Hongrie, la Pologne et la France sont également des partenaires commerciaux de premier rang. Le poids croissant de la Turquie (7ème fournisseur et 9ème client) et de la Chine (6ème fournisseur et 19ème client) dans le commerce extérieur du pays est notable ces dernières années, bien que les échanges avec la Chine aient été freinés, en 2022, par le maintien de la politique zéro-covid.

 

2. Des importations portées par la hausse des prix de l’énergie

Les importations sont en forte progression en valeur en raison de la résilience de la demande intérieure et de la flambée des prix de l’énergie et des matières premières. Les importations de biens ont progressé de +28,2%, pour atteindre 126,1 Mds EUR, notamment en raison de l’explosion des prix de l’énergie importée et de la résilience de la consommation et de l’activité industrielle. La Roumanie a importé principalement (i) des machines, appareils et équipements (24,3 % des importations) ; (ii) des produits chimiques et plastiques (17,7 %) ; (iii) des carburants, minéraux et lubrifiants (12,7 %) ; (iv) des produits métallurgiques (10,7 %) ; (v) des produits agro-alimentaires (10,3 %) ; (vi) du matériel de transport (9,3 %).

Deux-tiers des importations roumaines (70,9 %) proviennent de l’UE. Cette proportion atteint 81,5 % pour les produits alimentaires et 76,8 % pour les équipements de transports, la forte réglementation de ces secteurs, à l’échelle communautaire, favorisant les échanges intra-européens. En revanche, les pays non-européens ont fournis à la Roumanie 55,2 % des minéraux et produits énergétiques importés et 48,8 % des matières premières. Derrière l’Allemagne et l’Italie, les PECO renforcent leurs parts de marché. La Bulgarie, d’où proviennent 7,0 % des produits importés en Roumanie, est désormais le 3ème fournisseur du pays[3], devant la Hongrie (6,5 %) et la Pologne (5,9 %). La France est le 9ème fournisseur de la Roumanie, avec une part de marché de 3,9 %, en baisse de -0,3 % par rapport à 2021 (7ème fournisseur en 2021).

Les importations de service sont portées par le rebond des services touristiques. Les importations de service ont progressé de +26,5 %, à 23,4 Mds EUR, en 2022, du fait du rebond des services touristiques à l’étranger (30,7 % du total), principalement en Europe de l’Ouest et du Sud-Est. Par ailleurs, les importations de services de transport, également portées par la fin des restrictions sanitaires, ont progressé de +35,6 % au cours de l’année.

 

3. Une activité à l’export qui a profité du rebond du marché automobile 

Les exportations ont été stimulées par la reprise du marché automobile, mais également impactées par un effet prix positif sur les matières premières. Les exportations (126,0 Mds EUR) ont progressé de +28,1 % en 2022. La Roumanie exporte principalement (i) des machines, appareils et équipements (26,2 % des exportations) ; (ii) des matériaux de transport (15,6 %) ; (iii) des produits agro-alimentaires (13,0 %) ; (iv) produits métallurgiques (9,9 %) ; (v) des produits chimiques et plastiques (9,5 %). Malgré une mauvaise récolte, les ventes de céréales et produits alimentaires à l’export ont profité de la hausse du cours des matières premières. Par ailleurs, l’industrie roumaine a été portée par le niveau record de production automobile (509 465 véhicules), majoritairement destinée au marché international, alors que le rebond de la production européenne a également profité aux équipementiers implantés dans le pays.

L’Europe de l’Ouest est le principal client de la Roumanie. 72,3 % des exportations roumaines sont vendues au sein de l’Union européenne, dont 35,9 % à destination de l’Allemagne (1er client), de l’Italie (2ème) et de la France (4ème). Comme pour les importations, le poids des clients de la zone PECO tend à se renforcer, soulignant le développement des échanges commerciaux en Europe orientale. La Hongrie devient ainsi le 3ème fournisseur. Par ailleurs, en raison de l’application des sanctions internationales, les exportations vers la Russie ont chuté de -60,5 % et le pays ne figure plus parmi les 20ers clients de l’économie roumaine.    

Les exportations de services de transport et de services informatiques restent élevées. Les échanges de services ont progressé de +27,8 % en 2022, à 59,3 Mds EUR, portés par le dynamisme des exportations (35,9 Mds EUR, +28,7 % sur un an). Ces dernières sont générées, en premier lieu, par les transports (27,7 % du total) et les services informatiques (25,0 %).


 

[1] En 2021, les échanges de biens et de services ont atteint 112 % du PIB en Pologne, 121 % du PIB en Bulgarie, 143 % en République-Tchèque, 163 % en Hongrie.

[2] Le poids de l’Allemagne dans les échanges commerciaux de la Roumanie s’est particulièrement renforcé depuis l’intégration du pays dans l’UE. Les échanges commerciaux bilatéraux sont tirés par les échanges de machines et matériels de transport.

[3] En 2022, la Bulgarie a notamment profité de l’accroissement des interconnexions pétrolières et gazières entre les deux pays, dans un contexte de forte hausse des prix.

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