ROUMANIE
Commerce extérieur de la Roumanie
Les échanges commerciaux de la Roumanie ont significativement progressé en 2021, de +21,3 % sur un an, tout en restant axés sur des biens industriels, avec une prédominance de véhicules automobiles dans les exportations et un poids important des produits chimiques, plastiques et minéraux dans les importations. Ils sont tournés vers l’UE, mais plus particulièrement vers l’Allemagne qui est de loin le principal partenaire du pays. Le déficit commercial s’aggrave d’année en année, s’établissant à -10,0 % du PIB.
1. Un commerce extérieur dynamique, déséquilibré et tourné vers l'Union européenne
Le commerce extérieur de la Roumanie s’est considérablement développé ces dernières années. Les échanges de biens et de services atteignaient 79 % du PIB en 2020 mais restent bien en deçà des PECO[1]. Après une année 2020 bouleversée par la chute des échanges internationaux, le commerce extérieur roumain a significativement rebondi en 2021, en augmentation de +21,3 % sur un an (+11,5 % sur deux ans), s’établissant à 173,1 Mds EUR (73 % du PIB).
Le déficit commercial s’aggrave de -4,9 Mds EUR sur l’année 2021, à -10,0 % du PIB. Depuis 2013, le déficit commercial est en constante détérioration, où il représentait -4,1 % du PIB, en raison notamment d’une politique budgétaire très expansionniste qui a à la fois alimenté le niveau de demande intérieure et dégradé la compétitivité-prix du pays. Les déficits commerciaux se matérialisent (i) dans des secteurs variés : industries agroalimentaire, manufacturière, pharmaceutique ou encore sidérurgique (ii) principalement avec certains pays émergents (Chine, Turquie, Russie) et des pays d’Europe Centrale (Hongrie, Pologne, République-Tchèque). En revanche, un excédent se matérialise sur les échanges de services, représentant 3,8 % du PIB en 2021, bien qu’il s’est réduit de -0,2 Md EUR en 2021.
Des échanges commerciaux centrés sur l’UE, notamment l’Allemagne. La très grande majorité des échanges commerciaux (72,4 %) se réalise avec l’Union européenne, avec un poids prépondérant de l’Allemagne[2], de loin le partenaire commercial majeur de la Roumanie (20,1 % de ses importations et 20,5 % de ses exportations). L’Italie, la Hongrie, la Pologne et encore la France sont également des partenaires commerciaux de premier rang pour le pays. Le poids croissant de la Chine (4ème fournisseur et 17ème client) et de la Turquie (6ème fournisseur et 7ème client) dans le commerce extérieur du pays sont notables ces dernières années. La dépendance commerciale à la Russie (10ème fournisseur et 18ème client) et à l’Ukraine (18ème fournisseur) est faible et se concentre sur les hydrocarbures et quelques matières.
2. Des échanges commerciaux dominés par les biens industriels
Des importations en forte progression en raison du rebond de la demande intérieure et de la flambée des prix de l’énergie et des matières premières. Les importations (98,4 Mds EUR) ont davantage progressé, de +22,1 % sur l’année 2021. La Roumanie a importé principalement (i) des machines, appareils et équipements (28,6 % des importations) ; (ii) des produits chimiques, plastiques et caoutchouc (18,5 %) ; (iii) des métaux et articles en métal (11,0 %) ; (iv) des produits agri-agro (10,3 %) ; (v) des matériels de transport (9,3 %).
Des exportations stimulées par la récolte de céréales mais pénalisées par la faible production automobile. Les exportations (74,7 Mds EUR) ont progressé de +20,1 % sur l’année 2021. Si les exportations de céréales (4,9 % du total des exportations) ont fortement augmenté, de +67,2 %, en raison d’une récolte abondante, les exportations de véhicules automobiles et moyens de transports (16,2 % du total des exportations) n’ont augmenté que de +3,6 % sur l’année en raison des pénuries mondiales en semi-conducteurs qui a tant affecté le secteur automobile local. La Roumanie exporte principalement (i) des machines, appareils et équipements (32,0 % des exportations) ; (ii) des matériels de transport (16,2 %) ; (iii) des produits agri-agro (12,8 %) ; (iv) des métaux et articles en métal (10,6 %) ; (v) des produits chimiques, plastiques et caoutchouc (9,7 %).
Des exportations de services de transport et de services informatiques élevées. Les échanges de services ont progressé de +16,0 % en 2021, à 44,2 Mds EUR. Les exportations de services (26,7 Mds EUR, +12,2 % sur un an) sont portées par les transports (27,3 % du total), les services informatiques (18,3 % du total). Les importations (18,3 Mds EUR, +22,4 %) sont tirées par les voyages (24,1 % du total) et les transports (18,3 % du total).
3. Des investissements étrangers importants, majoritairement en provenance des Etats-membres
L’Allemagne est également le premier investisseur étranger. En 2020, le stock d’IDE entrants en Roumanie a atteint 90,8 Mds EUR en 2020, représentant 41,6 % du PIB. Selon la Banque nationale de Roumanie, qui distingue les investisseurs « intermédiaires » et « ultimes » [1], l’Allemagne est le premier investisseur étranger ultime dans le pays (15,2 % de parts de marché), devant l’Autriche (11,2 %), la France (9,6 %), l’Italie (8,3 %), les Etats-Unis (6,8 %). Les entrées nettes d’IDE ont significativement ralenti en 2020 en raison de l’épidémie de la covid-19, à 1,4 % du PIB (2,3 % du PIB en 2019), et se sont concentrées sur l’intermédiation financière et l’assurance, l’industrie et le commerce de gros et de détail.
Des investissements dans les infrastructures sont nécessaires pour attirer davantage d’IDE. La taille du marché intérieur, la fiscalité incitative, l’adhésion à l’Union européenne et la position géostratégique (remise en question par la guerre en Ukraine) constituent autant d’atouts pour l’attraction des IDE. Toutefois, des investissements massifs dans les infrastructures sont toutefois nécessaires, en particulier dans les transports, pour réduire les disparités régionales, ainsi qu’une meilleure prédictibilité réglementaire et fiscale.
[1] La Banque Centrale de Roumanie distingue i) les pays de provenance immédiate des IDE ; ii) des pays de résidence des investisseurs ultimes. Cette distinction est essentielle pour faire apparaitre l’importance réelle des différents pays d’origine des IDE : en l’occurrence l’Allemagne est le 1er investisseur (et non plus le 3ème), la France le 3ème investisseur (et non plus le 6ème), les Etats-Unis, le 5ème (et non plus le 15ème).
[1] Les échanges de biens et de services ont atteint 106 % du PIB en Pologne, 109 % du PIB en Bulgarie, 135 % en République-Tchèque, 157 % en Hongrie.
[2] Le poids de l’Allemagne dans les échanges commerciaux de la Roumanie s’est particulièrement renforcé depuis l’intégration du pays dans l’UE, notamment au profit de l’Italie et de la France. Les échanges commerciaux bilatéraux sont tirés par les échanges de machines et matériels de transport.