Situation économique

L’organisation de la Coupe du Monde de football fin 2022, a eu des effets bénéfiques sur l’économie qatarienne dont la croissance a oscillé entre 4,2% en 2022 et 1,6% en 2023 selon le FMI. En 2023, l’envolée des prix des hydrocarbures a conduit à un très fort excédent commercial (41% du PIB) et budgétaire (10,8% du PIB). Les perspectives restent bonnes, le Qatar entamant la transition d'un cycle de croissance de plus de dix ans, porté par les projets d'infrastructures, vers une nouvelle phase centrée sur la production et l'exportation d'hydrocarbures, tout en tentant de diversifier son économie. L’impact de la guerre Israël-Gaza n’est pas avéré à ce stade, mais à terme cela reste à considérer. 

 

L’économie qatarienne a fortement bénéficié de la préparation de la Coupe du Monde et de la flambée du prix des hydrocarbures

  • A moyen et long terme, les perspectives de l’économie réelle sont bonnes grâce aux investissements et aux revenus massifs en provenance du secteur des hydrocarbures.

En 2023, avec un PIB réel estimé à 194 Mds USD pour une population moyenne de 2,8 M d’habitants dont près de 300 000 nationaux, le Qatar dispose d’un des revenus par habitant le plus élevé au monde (PIB nominal/habitant de 81,9K USD en 2023). L’émirat est le 2ème producteur d’hydrocarbures de la péninsule arabique en tonnes équivalent pétrole, le 5ème producteur de gaz naturel et le 3e exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde, derrière les Etats-Unis et l’Australie. L’économie qatarienne tire sa richesse des hydrocarbures qui représentaient en 2022 37% du PIB réel (sans compter l’industrie issue de la pétrochimie), 87% des exportations (114 Mds USD dont 75% provenant du gaz, essentiellement du gaz naturel liquéfié (GNL) et 85% des recettes de l’Etat.

En 2022, la croissance réelle qatarienne (4,2% du PIB) a été principalement tirée par les activités hors hydrocarbures, notamment les grands travaux d’infrastructures. 2023 marque la fin d’un long cycle d’investissements qui ont tiré la croissance depuis 10 ans. Si la croissance reste dans une trajectoire positive elle est toutefois atone : le taux de croissance du PIB réel a été revu à la baisse par le FMI avec une projection de + 1,6 % et + 1,9 % respectivement en 2023 et 2024. Elle devrait être plus forte dès 2025 (+3,4%), stimulée par la mise en production progressive des mégaprojets de GNL (+64% des capacités de liquéfaction à horizon 2027).

Le taux d’inflation est resté à un niveau bas 2,8% en 2023, contre 4,9 % en 2022, l’énergie étant massivement subventionnée et les prix des biens de première nécessité monitorés par le Ministère du Commerce.

 

  • Un excédent budgétaire et un solde courant confortés par l’importance des revenus en provenance des hydrocarbures.

En 2023, l’excédent budgétaire représente 10,8% du PIB, en légère diminution par rapport à 2022. Si la vulnérabilité des finances publiques qatariennes face à la volatilité des prix des hydrocarbures est un phénomène structurel, l'hypothèse que cette volatitlité puisse impacter négativement les finances publiques qatariennes est rès faible pour 2024.

Les autorités réalisent une exécution budgétaire prudente et l’excédent budgétaire est ainsi appelé à financer le remboursement de la dette. En 2023, la dette publique est en nette diminution 39,4% du PIB (contre 42,5% en 2022) et reste sur une trajectoire descendante (37,4% du PIB en 2024 selon les prévisions du FMI). 

Par ailleurs, le Qatar dispose d’une capacité d’emprunt confortable sur les marchés des capitaux. Les principales agences ont revu leurs notations à la hausse du Qatar. Moody’s a relevé en janvier 2024 sa note de crédit souverain de « Aa3 » à « Aa2 » et a révisé sa perspective à stable. Ces évolutions viennent confirmer les perspectives d’une économie et d’une politique vertueuse et prudente en termes de gestion des finances publiques.

Le solde courant est excédentaire depuis 2017. Il représente 17,6% du PIB en 2023 et devrait rester à un niveau confortable en 2024 (15,8% selon le FMI)1 .

Les réserves de la Banque Centrale, en hausse, représentent 32% du PIB en novembre 2023 et devraient continuer à croître jusqu’en 2026 (+44,6% du PIB). La dette externe est en baisse 112,7% du PIB en 2023, mais demeure à un niveau élevé, toutefois monitorée par la Banque Centrale du Qatar.

 

Le système bancaire est solide, malgré certaines vulnérabilités à surveiller.

Le système bancaire qatarien se distingue par sa solidité en termes de capitalisation, de rentabilité et de qualité des actifs et par les résultats de ses banques (une bonne santé particulièrement importante au vu de la dimension régionale des banques qatariennes, QNB étant la première banque de la région MENA en termes d'actifs). Le secteur bancaire contribue à hauteur de 7-8% du PIB. La Banque Centrale du Qatar a mis en place des outils performants pour réduire le recours au financement externe et pour monitorer les créances douteuses, en légère hausse (3,8% des prêts en 2023). Les investissements en cours dans le secteur des hydrocarbures visant à augmenter à hauteur de 64% des capacités de liquéfaction de GNL, sont très importants.

 

Un cycle en cours d’investissements massifs dédiés aux hydrocarbures et une stratégie de diversification de l’économie qui fait appel à d’importantes réformes structurelle.

Le Qatar se fixe des objectifs de diversification de son économie tablant sur une croissance annuelle de 4% hors-hydrocarbures d’ici 2030 à travers sa stratégie de Vision Nationale 2030. Les objectifs fixés dans la stratégie nationale sont très ambitieux et font appel à des réformes sur les marchés du travail et des capitaux pour développer le capital humain (+46% de la population active spécialisée d’ici 2030), attirer des talents et des IDE. Les technologies de l’information et des communications (+7,8% de taux de croissance annuelle moyen d’ici 2030), la R&D (+1,5%), le secteur manufacturier (+3,4%), les services financiers (lancement de 35 fintechs), le tourisme (objectif de 6M de visiteurs d’ici 2030) et la logistique (+6,6%) figurent parmi les principaux secteurs amenés à soutenir la diversification de l’économie qatarienne. 

 

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