Le commerce extérieur

Après l’envolée des prix des hydrocarbures enregistrée en 2022, conséquence de la crise énergétique, le Qatar pâtit d’un recul des cours, mais aussi d’une demande d’hydrocarbures qui décroît, de la part des marchés asiatiques notamment. En 2024, la valeur des échanges commerciaux de l’Emirat s’établit à 119,3 Mds USD[1], soit une baisse de 7,6 % par rapport à 2023. Les importations à 31,1 Mds USD n’enregistrent qu’une baisse de 0,9% par rapport à l’année 2023, année de transition après la Coupe du monde de 2022. Malgré un recul de 14%, la balance commerciale de l’Emirat reste néanmoins largement excédentaire à hauteur de 57 Mds USD, soit 25,7% du PIB[2]. L’Asie demeure le principal partenaire commercial du Qatar, suivie par l’Union européenne et les pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCEAG), avec lesquels les échanges commerciaux augmentent mais restent en-deçà des niveaux pré-embargo.

En 2024, le commerce extérieur du Qatar demeure excédentaire, les exportations d’hydrocarbures vers les marchés asiatiques constituant respectivement ses principaux piliers et débouchés.

Si les exportations poursuivent leur recul, l’excédent commercial qatarien reste important avec 119,3 Mds USD d’échanges commerciaux (-7,6% en g.a.). Les exportations perdent ainsi 9,7 % pour atteindre 88,2 Mds USD en valeur. Bien que reculant de 14 %, l’excédent commercial qatarien demeure malgré tout conséquent en atteignant 57 Mds USD, soit 25,7 % du PIB nominal.

Les exportations qatariennes restent très largement issues des hydrocarbures en 2024. En effet, elles demeurent composées à 87,9 % (77,5 Mds USD) de combustibles minéraux, d’huiles minérales et produits de leur distillation, soit essentiellement de GNL mais aussi du pétrole brut. Bien qu’ayant reculé de 8,4 % par rapport à 2023 en raison de la baisse tant des volumes que du prix, ces exportations font du Qatar le 2e producteur d’hydrocarbures de la Péninsule arabique (en tonnes équivalent pétrole) en 2024 et le 2e exportateur de gaz naturel au monde derrière la Russie en 2023. Les exportations hors « hydrocarbures amont » n’atteignent péniblement que 12,1 % des exportations et sont majoritairement issues de l’industrie pétrochimique avec 3,3 Mds USD d’articles plastiques et aluminium et 4,5 Mds USD de produits chimiques et fertilisants exportés en 2024.

Les principaux clients de l’Emirat sont asiatiques. L’Asie demeure le premier client du Qatar avec 75,5 Mds USD de produits importés de l’Emirat, soit 85,7 % des exportations qatariennes. Les cinq premiers clients du Qatar sont la Chine (22,7 %), la Corée du sud (16,1 %), l’Inde (14,3 %), le Japon (8,1 %) et Singapour (6,3%). Le Qatar est en effet un fournisseur-clé en hydrocarbures pour les grandes économies émergentes asiatiques, notamment la Chine, dont les achats représentaient 24 % des exportations d’hydrocarbures qatariennes.

L’Union Européenne représente 9,4% des exportations qatariennes, soit 8,3 Mds USD, principalement du GNL (-33% en g.a.). Au sein de l’UE, l’Italie est le premier client de l’Émirat (2,9% des exportations qatariennes), suivi par la Belgique (1,5%), la Pologne (1,3%) et les Pays-Bas (1,1%) qui gagnent trois places chacun, l’Allemagne (0,7%), l’Espagne (0,6%), la Suède (0,4%) et la France (0,4%). Avec 321 M USD d’exportations vers le Qatar, la France pointe à la 26ème place mondiale et à la 8ème européenne des fournisseurs du Qatar.

D’après les statistiques qatariennes[3] (et non disponibles par l’ITC), le CCEAG représente 10,74% des exportations qatariennes, soit une part en hausse, mais toujours en-deçà du niveau pré-embargo (11% en 2016). Les Émirats arabes unis sont le 1e client du Qatar au sein du CCEAG (6,3% des exportations qatariennes principalement du GNL), suivis par le Koweït (2,3%), Arabie saoudite (1,08%), Oman (0,8%) et Bahreïn (0,09%).

Des importations diversifiées en légère baisse, concentrées dans l’aéronautique et les équipements dédiés aux grands projets d’hydrocarbures et dominées par les fournisseurs asiatiques.

En 2024, les importations qatariennes restent stables depuis la Coupe du monde et représentent en valeur 31,1 Mds USD. Elles se contractent ainsi légèrement de 0,9% par rapport à 2023.

Les importations qatariennes dans l’aéronautique, la défense et dans les équipements nécessaires au développement des projets d’hydrocarbures sont en nette augmentation. Les importations des postes « machines » et « équipements de transport » atteignent en effet 12,8 Mds USD, soit 41,16 % des importations totales qatariennes en 2024. En augmentation de 2,4%, ces postes d’importations constituent plus du tiers des importations qatariennes en raison des livraisons d’aéronefs, de pièces détachées et de gros équipements nécessaires aux projets d’extension du champ North Field, destinés à doubler les capacités de liquéfaction de gaz naturel liquéfié (GNL) de l’Emirat d’ici 2030.

Pour la deuxième année consécutive, les importations de biens manufacturés composés de fer et d’acier, et les produits alimentaires marquent le pas. Le poste « biens manufacturés composés de fer, d’acier et de cuivre » (10,3% du total) atteint 3,2 Mds USD soit -27,3% en g.a. Les produits alimentaires et animaliers (8,5% du total) perdent pour leur part 16,4% en g.a. et avoisinent les 2,8 Mds USD en 2024.

Les biens de consommation divers, les produits chimiques et cosmétiques, et métaux précieux connaissent pour leur part une hausse notable depuis le Coupe du Monde. Les produits chimiques et apparentés (10,9% du total) représentent 3,4 Mds USD (+18,8% en g.a.) et regroupent les produits pharmaceutiques, articles en plastique et la parfumerie. Les biens de consommation divers (18,9% du total), incluant appareils optiques, médicaux, d’électroniques grand public, articles d’orfèvrerie, de bijouterie, de maroquinerie et de mode, atteignent pour leur part 5,9 Mds USD, soit une hausse de 4,4% en g.a. Les importations de « voitures et autres véhicules à moteur principalement conçus pour le transport de moins de 10 personnes » connaissent également une hausse notable d’1,3 Mds USD. Il en est de même pour le poste « pierres et métaux précieux », le Qatar ayant doublé ses importations dans ce secteur pour atteindre 2,15 Mds USD (soit 7,07% des importations totales qatariennes) en valeur.

A l’échelle régionale, la zone économique « Asie » conserve non seulement la 1e place des fournisseurs du Qatar, mais creuse l’écart de 7 points de pourcentage par rapport à 2023, en enregistrant une part de marché de 44%. Bien qu’en baisse par rapport à 2023 (27,7%), la zone économique « UE » suit avec 24,6% de parts de marché. La zone « Amérique » complète le podium avec 14,5% des parts de marché, largement portées par les Etats-Unis représentant à eux seuls 12,2% de parts. La zone économique « CCEAG » conserve enfin sa quatrième place avec 11,49% des parts de marché, encore bien en deçà des 15,3% de parts en 2016.

A l’échelle des économiques nationales, l’année 2024 voit la Chine surclasser les Etats-Unis et regagner sa place de 1e fournisseur du Qatar, cédée en 2023, avec 13,4% de parts de marché. Ce mouvement s’explique notamment par la chute de 83,6% des importations d’aéronefs et de pièces détachées en provenance des Etats-Unis en 2024, dopées l’année précédente par les livraisons de Boeing auprès de Qatar Airways. La Chine reprend ainsi la 1e place en fournissant à l’Emirat principalement des machines et appareils mécaniques, équipements de transport ainsi que du matériel électrique et informatique. Malgré tout, le pays perd pour la troisième année de suite des parts de marché (13,4% en 2024 contre 16,3% en 2021).

Avec une part de marché en baisse de 3,2% en 2023 à 2,5% en 2024, la France perd cinq places et n’occupe plus que le 13ème rang des fournisseurs du Qatar. Les exportations françaises vers le Qatar en 2024 se contractent ainsi de 17,8% par rapport à 2023, mais devraient repartir à la hausse en raison de livraisons attendues d’aéronefs Airbus à Qatar Airways en 2025. Le Royaume-Uni avec 9,8% de parts de marché gagne trois places (3,5% en 2023) et devient le 3e fournisseur du Qatar grâce à des exportations de turbines à gaz, de métaux précieux et d’aéronefs motorisées. L’Italie, qui perd cette année une place, augmente toutefois ses parts de marché (8,3% en 2024 contre 6,3% en 2023) et ce, pour la cinquième année de suite, en concentrant ses exportations dans les postes « machines et chaudières » et « navires, bateaux et structures flottantes ». Elle surclasse ainsi l’Inde (5,7%), le Japon (5,3%) et la Corée du sud (4,8%).

A l’image des exportations, la part des importations qatariennes en provenance des pays du CCEAG progresse mais décolle difficilement. D’après les statistiques qatariennes, celles-ci sont principalement portées par les biens importés des EAU (4,68% des parts de marché mondiales), suivent Oman (2,52%) et le Koweït (2,30%), l’Arabie saoudite (1,20%) et le Bahreïn (0,79%) fermant la marche. Dans la zone économique plus large « Moyen-Orient », seule la Turquie se détache avec 2,30% des parts de marché mondiales.



[1] International Trade Center (ITC), juin 2025.

[2] PIB nominal du Qatar pour l’année 2024, soit 221,4 Mds USD d’après le FMI.

[3] National Planning Council (NPC).

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