Situation Economique

Le Paraguay est la plus ouverte – commercialement – des cinq économies du Mercosur. Son PIB a atteint 36,9 Mds USD en 2021, pour une population de 7,3 millions d’habitants, soit un revenu par habitant à environ 5.000 USD). L’économie paraguayenne repose largement sur le secteur agro-industriel, et dans une moindre mesure sur la vente d’électricité à l’Argentine et au Brésil (via deux barrages binationaux, situés respectivement à Yacireta, dans le sud du pays, et à Itaipu). L’électricité représente ainsi un quart des exportations du pays. Le pays se place au 103ème rang mondial sur 189 en termes de développement humain, avec un IDH évalué à 0,728 en 2020.

L’économie paraguayenne enregistre une forte croissance en 2021

 

Après une contraction limitée de l’activité économique en raison de la pandémie (-0,8% en 2020), le PIB paraguayen enregistre un vigoureux rebond en 2021. En novembre, l’activité progresse de 3,1% sur un mois et 4,8% sur un an. Sur l’ensemble de l’année, la croissance est attendue à 5%. En novembre, la croissance est portée par les services (le commerce, la restauration et l’hôtellerie), la production manufacturière et, dans une moindre mesure, la construction. En revanche, l’agriculture, l’élevage, ainsi que la génération d’électricité, affichent tous une mauvaise performance, du fait des conditions climatiques défavorables. Dans ce contexte, les agents économiques ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance, à 3,7% en 2022, alors qu’ils anticipaient 4,0% en décembre dernier. L’activité pourrait ensuite croître d’environ 4% en 2023.

Du côté des finances publiques, le déficit budgétaire s’établit à 3,6% du PIB en 2021 (soit environ 1,4 Md USD), représentant un niveau légèrement inférieur aux prévisions (4% du PIB). Ces bons chiffres s’expliquent notamment par des recettes fiscales meilleures que prévues grâce à la forte reprise économique (+5% estimés en 2021). Pour 2022, la loi de finance promulguée début janvier prévoit un déficit de 3% du PIB, soit le double du niveau autorisé par la loi de responsabilité budgétaire (déficit plafonné à 1,5% du PIB). Le gouvernement justifie ce dépassement par la nécessité de poursuivre les investissements dans la santé et les infrastructures (2,9% du PIB en 2021, contre 3,6% du PIB en 2020).

Les dépenses publiques seront, en 2022, financées pour moitié par les institutions financières multilatérales, en particulier la banque interaméricaine de développement (BID) (250 MUSD sur les 600 MUSD correspondants au nouvel endettement).

Bien qu’elle soit sur une trajectoire ascendante, la dette publique reste soutenable (34,9% du PIB en 2021, soit 13,9 Mds USD, versus 33,6% du PIB en 2020). À noter que l’endettement de l’administration centrale est de 30,6% du PIB. Par ailleurs, la dette extérieure s’élève à 11,2 Mds USD, soit 85,3% de l’endettement public.

Face à la persistance des tensions inflationnistes (6,8% en 2021), le comité de la politique monétaire de la Banque centrale a relevé de 25 points de base (pdb) le taux d'intérêt directeur, qui passe de 5,25% à 5,50%. C’est la 6ème hausse consécutive depuis le mois d’août 2021. Les autorités monétaires justifient ce nouveau rehaussement du taux, plus graduel que les précédents (+125 pdb respectivement en décembre et en novembre) par la persistance des tensions sur les prix. En effet, l’envolée des cours des matières premières, en particulier le pétrole, gaz et soja, la reprise économique (+4,8% en novembre) et la perspective d’une remontée des taux aux Etats-Unis alimentent les poussées inflationnistes.

La Banque centrale évite toutefois un durcissement rapide de la politique monétaire en raison de l’existence de risques baissiers sur la croissance, en particulier la sécheresse, la pandémie et le ralentissement de la croissance des principaux clients du Paraguay, à savoir le Brésil (+0,3% en 2022), le Chili (+2,4%) et l’Argentine (+3,0%). Si les conditions climatiques défavorables menacent effectivement l’agriculture, l’élevage et le commerce fluvial, le variant Omicron pourrait néanmoins avoir un impact limité sur l'activité économique.

Les priorités de la présidence paraguayenne pro tempore du Mercosur

 

Le président a déclaré son intention de « mettre en œuvre un agenda dynamique et proactif », donnant la priorité au processus de révision du tarif extérieur commun. À l’issue du sommet du 17 décembre 2021, le président paraguayen, Mario Abdo Benitez, a reçu des mains de son homologue brésilien la présidence pro tempore du Mercosur, pour le premier semestre 2022. La révision du tarif extérieur commun répond aux attentes brésiliennes en la matière et s’inscrit en conformité avec les positions argentine et brésilienne.

Le Paraguay souhaite renforcer la connectivité entre les États-membres en développant les infrastructures fluviales et routières. Cet axe passera par l’approfondissement du Fonds pour la convergence structurelle du Mercosur (FOCEM) et l’adoption d’accord permettant le financement et la coopération technique pour développer la convergence structurelle, la compétitivité et la cohésion sociale au sein du bloc. La présidence a, par ailleurs, indiqué qu’elle initierait des discussions sur la convergence des politiques macroéconomiques au sein du bloc, avancerait sur l’agenda numérique et poursuivrait les travaux visant à l’adaptation du secteur automobile à l'union douanière. Le ministre des Affaires étrangères, Euclides Acebedo, a annoncé que le Paraguay présenterait une proposition de protocole sanitaire commun en vue de faciliter la réouverture des frontières, tout en préservant la sécurité sanitaire des habitants.

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