PARAGUAY
Indicateurs et conjoncture
2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 (prév.) | |
PIB nominal (milliards USD) | 37,9 | 35,4 | 40,0 | 42,0 | 43,0 | 44,9 |
Population (millions) | 7,2 | 7,3 | 7,4 | 7,5 | 7,6 | 7,7 |
PIB par habitant (USD) | 5 302 | 4 885 | 5 433 | 5 628 | 5 685 | 5 869 |
Croissance du PIB réel (%) | -0,4 | -0,8 | 4,0 | 0,2 | 4,7 | 3,8 |
Inflation (fin de période, %) | 2,8 | 2,2 | 6,8 | 8,1 | 3,7 | 4 |
Chômage (moy. annuelle, %) | 6,6 | 7,7 | 7,5 | 6,8 | 6,2 | 6,3 |
Solde budgétaire (% du PIB) | -2,5 | -5,7 | -3,4 | -2,6 | -3,8 | -2,3 |
Dette publique (% du PIB) | 25,8 | 36,9 | 37,5 | 40,5 | 41,2 | 41,9 |
Solde courant (% du PIB) | -0,5 | 1,9 | -0,9 | -7,1 | 0,3 | -0,6 |
Dette extérieure (% du PIB) | 31,4 | 32,2 | 30,2 | 35,0 | 36,0 | / |
Perception de la corruption (rang du classement Transparency International) | 137 | 137 | 128 | 137 | 136 | / |
Sources : FMI, INE, Banque centrale, Transparency International. |
Une économie dynamique depuis 2023 malgré d’importantes lacunes structurelles
Si le Paraguay est dispose d'un des plus faibles PIB/Hab d’Amérique du Sud, à 5 686 USD en 2023, il se démarque par une certaine stabilité politique, une croissance économique supérieure à la moyenne des pays d'Amérique du Sud (de 2010 à 2019, moyenne de croissance du PIB de 3,6 % contre 1,9 % pour la zone Amérique Latine et Caraïbes), une inflation contrôlée grâce à une monnaie stable, et une dette soutenable. Après une croissance limitée en 2022 (0,2 %), en raison d’une sécheresse historique des contraintes sur les flux logistiques et de la hausse des prix énergétiques et alimentaires, l’économie paraguayenne a enregistré un des taux de croissance les plus élevés d’Amérique Latine en 2023 avec 4,7 %. Cette reprise a été portée par les secteurs primaires (agriculture, élevage), l’industrie (électricité) et le rebond de la consommation et du commerce extérieur. Les bons résultats du commerce extérieur ont notamment été influencés par la réouverture (après 25 ans) des exportations de viande vers le marché des Etats-Unis.
En 2024, la croissance reste soutenue, et est attendue à 4,0 % par la banque centrale. L’année a démarré sur des bases solides, affichant au premier semestre une croissance de 4,6 % en g.a. Ce dynamisme est imputable aux bonnes performances des secteurs clés de l’économie : les services, l’industrie manufacturière, la construction et l’élevage. Hors agriculture, le PIB a augmenté de 6,2 %. Côté demande, la croissance serait soutenue par toutes les composantes : consommation, investissement et commerce extérieur, bien que les contributions soient moindres par rapport à 2023 pour ces deux dernières. Pour 2025, le FMI table sur un maintien de la croissance à 3,8 %.
L’inflation a fortement chuté sur l’année 2023 et s’est stabilisée en 2024 pour se situer autour de la cible de 4% de la Banque centrale. La réduction des prix de produits de base, la politique monétaire restrictive de la Banque centrale et l’ancrage des anticipations d’inflation ont contribué à la baisse des pressions inflationnistes. Dans ce contexte, la Banque centrale a régulièrement réduit son taux directeur depuis août 2023 pour atteindre 6 % en mai 2024. Ainsi, L’inflation atteint 3,4 % en g.a en novembre, et le FMI prévoit une inflation à 4 % en 2024 et en 2025.
Si l’économie paraguayenne est particulièrement dynamique, le pays reste confronté à des enjeux structurels participant à l’instabilité économique. Le pays est confronté à une importante informalité (plus de 60 % d'emplois inormels, 3ème plus haut taux de la région), entravant l’impact des politiques publiques et restreignant la collecte fiscale. De même, les inégalités sont élevées (indice de Gini de 45,1 % en 2022). En parallèle, l’économie paraguayenne est peu diversifiée, concentrée principalement sur le secteur agricole (1/4 des emplois, 1/3 du PIB et 4/5e des exportations sont liés au secteur primaire), et le pays est très dépendant des ressources en eau pour l’agriculture et la production d’électricité, le rendant vulnérable aux aléas climatiques.
Des comptes extérieurs équilibrés dans une économie relativement ouverte
Les comptes extérieurs du Paraguay se sont nettement améliorés en 2023 (+0,3 % du PIB) grâce à la reprise des exportations. Une balance commerciale qui resterait excédentaire (+2,0 % du PIB en 2024 selon le FMI), permet de limiter un fort déficit courant en 2024, qui, selon le FMI, ne serait que très léger (-0,6 %). Le passage en déficit courant en 2024 s'explique par le creusement du déficit des revenus primaires, dans un contexte d’une activité économique dynamique favorable à la hausse du rapatriement des profits par les entreprises étrangères. En 2025, le déficit courant devrait se creuser davantage en raison d’un déficit commercial qui résulterait d’une hausse des importations de biens de capital pour les projets en cours, notamment des investissements de Paracel (pâte à papier à partir d'eucalyptus), Omega Green (biocarburants) et Atome (usine de production d’hydrogène vert).
La liquidité extérieure est satisfaisante avec un niveau de réserves de change relativement confortable (près de 7 mois d’importations). La dette publique extérieure (36 % du PIB en 2023) est soutenable. La dette extérieure est constituée de prêts de créanciers multilatéraux et bilatéraux (45 % de la dette publique) et de l’émission d’Eurobond sur le marché international des capitaux (35 %) d’une maturité allant de 10 à 30 ans. Les besoins de financements externes ont considérablement baissé par rapport à 2022, de 3,5 Md USD à 386 MUSD en 2023 (1 % du PIB) et sont projetés à 689 MUSD en 2024 (1,6 %), financés par des investissements directs et des déboursements des banques multilatérales de développement (CAF, BM, BID).
Par ailleurs, le Paraguay a un niveau d’ouverture commerciale relativement élevé par rapport aux autres pays de la zone, de près de 85 % du PIB en 2023, grâce à des barrières tarifaires plus faibles que ses voisins (Argentine, Brésil), et propose un régime d’investissement avantageux avec des charges fiscales faibles via son modèle « 10-10-10 » qui implique que les trois principaux impôts (TVA, sur les revenus des personnes physiques et des entreprises) disposent du même taux de 10 %, le plus bas de la région ; et des exemptions fiscales pour attirer les investissements directs étrangers. Cependant, malgré ces conditions fiscales attrayantes, de faibles coûts de production, une certaine stabilité macroéconomique et une économie dynamique, le Paraguay éprouve des difficultés à attirer des investisseurs, et les IDE sont en baisse ces dernières années. Les raisons potentielles sont nombreuses : environnement institutionnel, enclavement, faible dynamisme économique des pays voisins, manque de ressources naturelles.
Une trajectoire de la dette publique contrôlée permettant une amélioration du risque souverain
Après un creusement du déficit budgétaire en 2023 (4,1 % du PIB), les comptes publics devraient s’améliorer en 2024 avec un déficit budgétaire attendu à 2,3 % du PIB. Les dépenses devraient augmenter de 0,2 pt de PIB en lien avec la hausse des dépenses de santé, des transferts sociaux et de sécurité, qui sont bienvenus compte tenu de la situation économique et sociale du pays. Les recettes sont attendues en hausse (+0,5 pt du PIB), grâce à la hausse de l’impôt sur le revenu. Cependant, leur niveau reste faible (14,6 % du PIB en 2024 selon le FMI), en raison d’un taux d’imposition relativement bas (cf supra), de nombreuses exonérations et des difficultés à contrôler l’évasion fiscale, induisant une certaine fragilité de l'équilibre budgétaire en cas de chocs externes (notamment climatique). L’objectif à terme, conformément à l’accord avec le FMI, est de ramener le déficit sous le seuil réglementaire de 1,5 % du PIB à moyen-terme.
La dette publique présente un risque faible et sa trajectoire reste maitrisée. Malgré une hausse du déficit budgétaire et un retard à atteindre les objectifs fixés en termes de finances publiques, la dette publique a atteint 41,2 % du PIB fin 2023. Si en 2024, le FMI s’attend à une hausse de la dette publique rapportée au PIB à 41,9 %, elle devrait ensuite décroître pour se stabiliser autour de 40 % du PIB si le Paraguay réussi son objectif de déficit budgétaire de 1,5 % du PIB. La structure de la dette publique semble cependant plus risquée : la dette publique en devises représenterait près de 90 % de la dette publique. Malgré cette importante composante externe, la dynamique de la dette est freinée par la stabilité de la devise et des réserves de change confortables. L’OCDE a amélioré la notation de risque du Paraguay de 5 à 4, les notes allant de 0 (le moins risqué) à 7 (le plus risqué). Cette notation s’inscrit dans l’« Arrangement » que les pays de l’OCDE partagent quant à leur politique d’assurance-crédit à l’exportation. L’amélioration vient renforcer l’image de l’économie aux yeux des investisseurs alors que la Paraguay avait déjà bénéficié, cet été, d’une hausse de sa note de crédit par l’agence Moody’s, le positionnant pour la première fois dans la catégorie « investment grade ».