POLOGNE
Relations économiques entre la France et la Pologne
Résumé : 3ème client, 6ème fournisseur, 2ème investisseur et 3ème employeur étranger en Pologne, la France est un acteur majeur pour l’économie polonaise. Les relations bilatérales sont néanmoins déséquilibrées, la France enregistrant un déficit structurel de sa balance de biens (-1,9 Mds EUR en 2023) et de services (-2 Mds EUR en 2022). Notre solde commercial s’est toutefois légèrement amélioré en 2023 (+0,1 Md) du fait d’une progression plus rapide de nos exportations (14,4 Mds EUR, +4,2% en g.a.) que de nos importations (16,3 Mds EUR, +2,9% en g.a.). Enfin, le poids des entreprises françaises en Pologne est considérable (24 Mds EUR d’IDE, 230 000 emplois directs), tandis que celui des entreprises polonaises en France demeure faible (879 M EUR d’IDE). |
1. Etat des échanges bilatéraux en 2023
Le commerce de biens entre la France et la Pologne est en hausse constante depuis l’adhésion du pays à l’UE, dont on célèbre le 20ème anniversaire cette année. Le volume d’échanges bilatéral a doublé au cours de la dernière décennie passant de 15,6 Mds EUR en 2014 à 30,7 Mds EUR en 2023. Cette dynamique s’appuie sur une croissance quasi-constante de nos exportations et de nos importations (cf. annexe 1). Toutefois, le taux de couverture bilatéral reste défavorable à la France, oscillant entre 80 et 90% sur la dernière décennie (89% en 2023). Partant, la France enregistre un déficit structurel de sa balance commerciale avec la Pologne, qui s’est aggravé à partir de 2018-2019 et reste proche de 2 Mds EUR depuis (cf. annexe 2). En 2023, le volume des échanges (30,7 Mds EUR) est largement supérieur au niveau prépandémique (22 Mds EUR en 2019). Toutefois, sa faible progression (4% en 2023 contre 16% en 2022) traduit la fin du phénomène de rattrapage postpandémie et illustre le ralentissement de l’activité économique observé en Europe depuis 2022.
En 2023, les exportations françaises vers la Pologne (14,4 Mds EUR) ont davantage progressé (+4,2% en g.a.) que les importations (16,3 Mds EUR, +2,9% en g.a.). Partant, le déficit de la balance commerciale française à l’égard de la Pologne s’est légèrement résorbé (-6%), s’établissant à -1,87 Mds EUR contre 1,99 en 2022. Ce faisant, la Pologne constitue le 10ème client de la France en 2023 (2,4% de nos exportations) et le 10ème fournisseur (2,3%). Selon les douanes polonaises, la France était en 2023 le 3ème client de la Pologne (6,1% de l’export polonais, +0,4pp). Mettant fin à plusieurs années de déclassement, la France progresse de la 8ème à la 6ème place parmi les fournisseurs de la Pologne (3,3% de pdm) à la faveur d’une augmentation des importations depuis la France et de la réduction des importations depuis les autres grandes économies européennes (cf. annexes 3,4,5).
L’analyse des échanges de biens entre la France et la Pologne révèle l’intégration de nos industries et la prépondérance de l’automobile. Les produits de la construction automobile et les équipements pour automobile (code douanier C29) comptent pour 16,2% de nos exportations. Les produits de la chimie (produits de base, azotés, cosmétiques – C20) en représentent 15,5% et les machines 10,5% (usage général et spécifique, agricoles, machines-outils – C28). Le matériel électrique (C27B)[1] et les produits pharmaceutiques (C21Z) comptent chacun pour 5,8% de nos exportations, les produits en plastique et caoutchouc (C22) représentent 5,4% (cf. annexe 6).
Nos importations reposent à 16,7% sur les équipements et produits de la construction automobile (C29) auxquels il faut ajouter le matériel électrique (10,7% - C27B)1. Les produits agroalimentaires (C10), en particulier les produits carnés, représentent 13,8% de nos importations. Les machines et équipements (usage général et spécifique, agricoles, et machines-outils) comptent pour 8,1% tandis que les meubles représentent 4,8% (cf. annexe 6).
Selon les données Eurostat, la balance des services de la France est également déficitaire de 2 Mds EUR en 2022 à l’égard de la Pologne (+13% en g.a.). Selon les données de la Banque centrale polonaise (NBP), la France constituait en 2022 le 6ème fournisseur de services (environ 2,9 Mds EUR) et le 7ème client de la Pologne (près de 3,4 Mds EUR) dans ce domaine. Notre déficit est notamment porté par les transports et la logistique ainsi que par les services aux entreprises (informatique, conseil, traduction, comptabilité).
[1] Inclut les batteries pour véhicules électriques.
2. La France conserve son rang de 2ème investisseur et 3ème employeur étranger en Pologne
Selon les données de la NBP, en 2022 le stock d’IDE français (investisseur ultime) s’élevait à 108 Mds PLN (environ 24 Mds EUR) soit 9,2% du stock total d’IDE dans le pays. La France conserve ainsi son rang de 2ème investisseur étranger derrière l’Allemagne (50 Mds EUR) mais devant les Etats-Unis (22 Mds EUR). Selon l’Institut statistique polonais (GUS), les entreprises françaises comptaient 459 filiales de plus de 10 employés en 2021, assurant ainsi 227 245 emplois directs et faisant de la France le 3ème employeur étranger après l’Allemagne (1758 filiales, 451 320 emplois) et les Etats-Unis (710 filiales, 287 636 emplois).
La présence française est particulièrement forte et visible dans les services, notamment dans les télécoms, avec 2 des 4 principaux opérateurs du pays, dans les services financiers faisant de la France la 4ème nationalité bancaire, et dans la distribution. Cette présence est aussi notable dans le secteur de l’énergie et des services aux communes, dans l’hôtellerie-restauration, dans les médias, dans la construction dans la santé/cosmétique, et dans l’agroalimentaire. Facilement identifiables, ces entreprises bénéficient de l’essor du marché mais font parfois face aux interventions des régulateurs polonais.
En parallèle, de nombreux industriels français se sont implantés en Pologne afin de profiter de coûts de production favorables et exporter leurs production notamment vers l’Europe occidentale. Les industriels français les plus importants sont notamment présents dans le secteur automobile, l’aéronautique et le ferroviaire.
Alors que les entreprises IT figurent parmi les plus grands employeurs français de Pologne, le développement rapide du « Cloud » en Pologne a suscité l’implantation d’acteurs français du secteur.
Estimé par la NBP à 879 M EUR en 2022, le stock d’IDE polonais (investisseur direct) en France semble modeste alors que le pays aurait investi près de 4 Mds EUR en Tchéquie, 2 Mds en Allemagne et 1,5 Md au Royaume-Uni. Les principaux investissements polonais en France se trouvent dans la construction (Fakro, Oknoplast), dans la transformation industrielle (Can-Pack, Sanok-Rubber), dans l’informatique (Comarch, MakoLab), dans les transports (Wielton-Fuehauf, Solaris Bus&Coach, Chemet) et dans l’électroménager (Amica). La reprise de Mondial Relay par le groupe InPost constitue le principal investissement polonais récent en France.
Voir les annexes sur le fichier joint
mis à jour le 04/03/2024