Relations économiques entre la France et la Pologne

Résumé : La France est le 4ème partenaire commercial de la Pologne avec 29,5 Mds€ d’échanges de biens en 2022. Si elle a gardé son rang de troisième client de la Pologne en 2022, la France a perdu une place dans le classement des fournisseurs passant du 7ème au 8ème rang, avec une part de marché qui continue de baisser à 2,9 %, après 3,3 % en 2021 et 3,5 % en 2020. Le déficit commercial de biens de la France vis-à-vis de la Pologne s’élève à -2 Mds€ en 2022, proche de son record de 2020. Les échanges de services sont également en notre défaveur, à hauteur de -0,5 Md€. Sur le plan des investissements étrangers, la France est le 4ème investisseur étranger en Pologne et les entreprises françaises sont au 3ème rang en termes de valeur ajoutée et d’emplois.

           1. Echanges bilatéraux

Après une hausse continue des échanges bilatéraux, qui avaient atteint un pic historique de près de 22 Mds€[1] en 2019 (+ 5,7 % en g.a.), les échanges de biens entre la France et la Pologne avaient connu un creux de 6,8 % en 2020 en raison de la pandémie, s’établissant à 20,5 Mds€. Ils ont néanmoins rebondi à partir de 2021, marquant deux records consécutifs atteignant 25,5 Mds€ en 2021 et 29,5 Mds€ en 2022. En 2022, les échanges franco-polonais représentaient 4,2 % du commerce extérieur polonais, faisant de la France le 4ème partenaire de la Pologne. Du point de vue français, les échanges avec la Pologne s’élevaient à 2,1 % des échanges extérieurs français, faisant de la Pologne notre 10ème partenaire.

Avec 13,7 Mds€ d’exportations de produits français en Pologne, la France était le 8ème fournisseur de la Pologne en 2022, et la Pologne était le 10ème client de la France, représentant 2,3 % de nos exportations en 2022, soit une baisse de 0,2 point de pourcentage en glissement annuel.

La part de marché de la France parmi les fournisseurs de la Pologne se réduit d’année en année. Les statistiques du GUS (institut statistique polonais) font apparaître une baisse de notre part de marché en 2022 (PDM), à 2,9% contre 3,3% (-0,4 pp) en 2021. Cette nouvelle baisse de PDM s’inscrit dans un contexte particulier de flambée des prix des matières premières énergétiques et de désengagement du fournisseur russe (-1,7 pp), et on note en 2022 une baisse similaire du poids relatif des autres pays fournisseurs de biens industriels et de consommation : c’est le cas de l’Allemagne (-0,7 pp), l’Italie (-0,4 pp), les Pays-Bas (-0,3 pp) et de la Tchéquie (-0,1 pp), dont le recul, moins prononcé que le nôtre, lui permet de passer devant la France. Sous l’effet d’une forte hausse des importations de GNL américain, les Etats-Unis (+1,2 pp) passent également devant la France.

Avec 15,7 Mds€ d’importations de produits polonais en France en 2022, notre pays était le 3ème client de la Pologne ; elle représentait 5,7 % de l’ensemble des exportations polonaises, soit un taux égal à celui de 2021. La Pologne était le 10ème fournisseur de la France, représentant 2 % de nos importations, soit une baisse de 0,2 point de pourcentage en glissement annuel.  

En 2022, le déficit commercial en défaveur de la France s’est établi à 2 Mds€, avoisinant son niveau record atteint en 2020. Ce déficit s’élevait à 1,6 Md€ en 2021 et en 2019.

Les produits français exportés en Pologne sont principalement des véhicules automobiles (11,7 % des exportations totales), suivi des produits chimiques de base (6,8%), des machines et équipements d’usage général (6,7 %) et des produits chimiques divers (5,7 %). Les produits polonais importés en France sont assez divers, avec néanmoins une part importante du matériel électrique (dont batteries, 7,1 % de notre import) et du secteur automobile, les véhicules automobiles représentant 6,7 % et les équipements automobiles 8,3 %.

 

         2. Investissements directs français en Pologne

D’après la NBP, l’investissement français en Pologne a fortement rebondi en 2021, enregistrant un flux positif de 2,8 Mds€. Cela fait suite à un flux d’IDE net négatif de 1,2 Md€ en 2020 (après un faible flux positif, de 154 M€, en 2019) en raison de la crise du COVID.

Le stock d’IDE français s’élevait fin 2021 à 20,4 Mds€ (soit 8,5% du total des IDE) après 17,2 Md EUR l’année précédente. La France se classe ainsi au 4ème rang des principaux investisseurs directs étrangers, devancée par les Pays-Bas (19,7% du total), l’Allemagne (16,7%) et le Luxembourg (12,5%), classement à relativiser en raison des flux indirects qui transitent par les Pays-Bas, le Luxembourg et Chypre. Le stock français se différencie, au sein des principaux investisseurs, par une proportion d’instruments de créance nettement supérieure (37% du total) à celle de ses concurrents (22% du total des IDE en Pologne).

Les IDE français en Pologne ont généré 2,1 Mds€ de revenus d’investissements en 2021, dont 703 M€ sous forme de dividendes, 1,2 Md€ sous forme de bénéfices réinvestis et 208 M€ sous forme d’intérêts. Sans surprise et à l’instar de ses investissements directs, la France se situe au 4ème rang tant en termes de revenus d’investissements qu’en termes de bénéfices réinvestis (après l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg).

 

             3. Présence française en Pologne

En 2021, le GUS faisait état de 1 251 entreprises contrôlées en partie par des entités françaises, avec des actifs estimés à 5,8 Mds€ (27,7 Mds PLN, soit 12 % du total des actifs étrangers). Les filiales ayant un capital supérieur à 1 M$ représentaient près de 98,5% du capital français en Pologne.

La présence française est particulièrement forte dans les services, en particulier dans les télécoms, où le rachat en 2020 de Play, premier opérateur téléphonique polonais, par le français Iliad-Free, est venu s’ajouter à la forte présence d’Orange Polska. La France se distingue également par sa forte présence dans le secteur de la distribution (Auchan, Carrefour, Leclerc) et la banque : 4ème nationalité bancaire en 2021 (BNP Paribas, 6ème banque polonaise, mais aussi Crédit agricole et SG) avec 7,1 % des actifs du secteur, derrière l’Espagne (9,4%), l’Allemagne (8,9%) et les Pays-Bas (7,9 %) selon l’autorité de surveillance financière KNF.

Si l’investissement français est moins orienté vers le secteur de l’industrie (20% du total) que les IDE de l’Allemagne et des Pays-Bas (environ un tiers de leurs IDE concernent des entreprises manufacturières), notre pays est cependant bien fortement représenté dans le secteur du matériel de transport : Stellantis, Michelin (plus grande usine au monde hors de France), Faurecia, Valeo, Plastic Omnium possèdent tous de grands sites de production. En outre, après la reprise de Bombardier, Alstom est devenu le 1er industriel ferroviaire du pays.

Schneider Electric, Thales (ex-Gemalto), Saint Gobain et Air Liquide comptent également parmi les grands investisseurs français présents en Pologne. Dans le secteur santé/cosmétique, on peut citer Sanofi, Servier, Pierre Fabre et l’Oréal, tandis que l’agroalimentaire est représenté notamment par Lactalis, Danone, Bel, Savencia et LDC.

Avec 32,6 Mds€ de chiffre d’affaires cumulé (154,6 Mds PLN), les entreprises françaises se positionnent à la 3ème place derrière l’Allemagne (75,7 Mds€) et les Etats-Unis (40,8 Mds€), selon les données du GUS. Toujours selon le GUS, la France, avec 220 124 employés, apparaît comme le 3ème employeur étranger, là encore après l’Allemagne (426 556 employés) et les Etats-Unis (276 007). La distribution affiche les plus grands effectifs (Auchan : 20 000 ; Carrefour : 16 000) devant Orange (14 587) .

 

[1] Les données proviennent, sauf indication contraire, des douanes françaises.

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