Le commerce extérieur de la Pologne

L'excédent commercial de la Pologne en fort recul en 2024

En 2024, l’excédent commercial polonais s’établit à 0,7 Md EUR contre 9,8 Mds EUR l’année précédente. Le solde commercial polonais subit la baisse des exportations (-0,8% en g.a., 350 Mds EUR) en raison de la mauvaise conjoncture chez ses grands clients en particulier l’Allemagne (-4% en g.a., -3,8 Mds EUR) et la baisse des ventes de batteries pour voitures électriques (- 40% en g.a., -4,6 Mds EUR). A l’inverse, avec la reprise de la consommation des ménages polonais, les importations ont globalement progressé en 2024 (+1,9% en g.a., 349 Mds EUR) notamment de voitures (+5%, +3,6 Mds EUR). La Pologne continue d’échanger en majorité avec les pays de l’UE (74% des exportations ; 53% des importations) en particulier avec l’Allemagne son premier partenaire commercial (27% à l’export ; 19% à l’import). Conséquence des tensions sur les secteurs industriels et du ralentissement de l’économie européenne, les exportations polonaises se contractent principalement sur les marchés européens. A l’inverse, les importations progressent le plus depuis les Etats-Unis, la Chine et la France, signe de la reprise de la consommation locale.

 

1. La baisse des exportations couplée à la hausse des importations obère la balance commerciale polonaise

Après une année 2022 difficile en raison des tensions sur les produits énergétiques, la Pologne avait connu en 2023 un excédent commercial record (+9,8 Mds EUR) porté par la baisse de la facture énergétique. A l’issue de l’année 2024, l’excédent commercial polonais s’est effondré à 0,7 Md EUR soit - 93% en glissement annuel (g.a.) (voir l'annexe 1 dans le document en bas de page).

Cette contreperformance tient d’abord à la contraction des exportations (-0,8% en g.a. en valeur et -3,1% en volume) qui s’élèvent à 350 Mds EUR contre 353 Mds EUR en 2023. Les catégories de produits qui contribuent le plus à cette baisse sont (I) les machines, équipements électriques et électroniques (-1,4 point de pourcentage - pp) en particulier les batteries pour véhicules électriques dont les exportations diminuent presque de moitié (passant de 12 Mds à 7 Mds EUR soit -1,3 pp) ; (II) les produits minéraux (-0,5 pp) du fait d’exportations en baisse d’électricité (‑0,2 pp) et de coke (-0,2 pp) ; (III) les végétaux et céréales (-0,4 pp, blé et maïs notamment). La Pologne enregistre également des pertes sur ses produits automobiles traditionnellement forts à l’export : tracteurs (‑0,3 pp), moteurs diesel (-0,2 pp) et bus (-0,1 pp) du fait de la baisse de la demande européenne. Les contributions positives se trouvent dans les préparations alimentaires (+0,5 pp), dans le textile (+0,4 pp) ainsi que dans les armes et munitions (+0,3 pp).

Géographiquement, les exportations polonaises accusent un recul sur le marché allemand (-1,1 pp), son principal débouché à l’export, ainsi que chez ses autres grands clients européens (Tchéquie -0,3 pp, Belgique -0,2 pp, France - 0,1 pp). Les exportations polonaises sont également en baisse vers la Russie (-0,3 pp) et le Belarus (-0,2). Les contributions positives sont l’Ukraine (+0,5 pp), le Royaume-Uni (+0,3 pp) et les Etats-Unis (+0,2 pp).

Alimentées par la reprise de la consommation polonaise et l’appréciation du zloty, les importations progressent en valeur de 1,9% en g.a. avoisinant les 350 Mds EUR contre 343 Mds en 2023. La hausse des importations est notamment due aux matériels de transport (0,9 pp dont 0,98 pp pour les seules voitures particulières), aux produits textiles (0,7 pp), aux préparations alimentaires (0,5 pp) ainsi qu’aux armes et munitions (0,4 pp). Les principales baisses concernent en revanche les produits énergétiques (-1,2 pp, charbon, électricité, pétrole, gaz naturel) ainsi que les composants de l’industrie de la batterie électriques (- 0,6 pp pour les sels métalliques et -0,2 pp pour les accumulateurs).   

Géographiquement, les principaux contributeurs à la hausse des importations polonaises sont la Chine (0,9 pp), les Etats-Unis (0,7 pp du fait des importations de GNL et d’armes), et la France (0,3 pp grâce à l’agroalimentaire, au textile et à l’automobile). A l’inverse les importations sont notamment en baisse depuis l’Allemagne (-0,3pp) et le Japon (-0,2 pp) deux fournisseurs importants du secteur automobile polonais ainsi que depuis la Russie (‑0,2 pp) du fait de l’arrêt des importations de pétrole.

2. Le commerce extérieur polonais repose sur l’automobile et les produits électriques

En 2024, les exportations polonaises reposent principalement sur : (I) les machines, équipements électriques et électroniques (87 Mds EUR, 25% du total), en particulier le matériel informatique (2%), les batteries pour voiture électrique (2%) et les turbines (1,6%) ; (II) les équipements de transport (45 Mds EUR, 13%) principalement les pièces automobiles (5%), les véhicules utilitaires (2,1%) et les véhicules particuliers (1,9%) ; (III) les métaux de base et leurs produits (32 Mds EUR, 9%), fer et acier en particulier, (IV) les préparations alimentaires (27 Mds EUR, 8%) qui incluent les cigarettes (1,3%). Parmi les autres exportations importantes se distinguent le mobilier intérieur (fauteuils/canapés – 1,9% et meubles – 1,9%) ainsi que la viande de volaille (1,3%), (annexes 2 et 3)

En valeur, les importations polonaises reposent sur : (I) les machines, équipements électriques et électroniques (85 Mds EUR, 24%) en particulier les téléphones (1,9%), les ordinateurs (1,5%) et les turbines (1,2%) ; (II) les équipements de transport (41 Mds EUR, 12%) dont les voitures particulières (5%) et les pièces automobiles (3,2%) ; (III) les produits de l’industrie chimique (36 Mds EUR, 10%) dont les médicaments (2,1%) et les vaccins (1,4%) ; (IV) les métaux de base et leurs produits (32 Mds, 9%) ainsi que (V) les produits minéraux (29 Mds, 8,2%) principalement du pétrole, (annexes 4 et 5)

3. Le commerce polonais est structurellement dépendant de l’Europe et de l’Allemagne bien que les fournisseurs extra-européens aient pris une place majeure.

Le commerce de la Pologne témoigne de son intégration à l’économie européenne puisque les pays de l’UE absorbent 74% de ses exportations et fournissent 53% de ses importations. Cette prépondérance tient à l’imbrication de son industrie à l’économie allemande qui est le 1er client de la Pologne (27,1% des exportations) mais rend le secteur dépendant de la conjoncture outre-Oder : la réduction des exportations vers l’Allemagne (-3% en volume, -4% en valeur, -3,8 Mds EUR) explique en grande partie la dégradation de la balance commerciale polonaise au cours de l’année 2024 de même que vers la Tchéquie (-1%, -4%, -0,9 M) son 2ème client (6,1% de pdm.). En raison de nos importations en baisse, la France redescend à la 3ème place (6,1%) parmi les clients de la Pologne en 2024 (annexes 6 et 7).

L’Allemagne est également le 1er fournisseur de la Pologne (19,2% des importations) bien que sa part de marché connaisse une baisse tendancielle depuis 10 ans. A l’inverse, la Chine, 2ème fournisseur de la Pologne (14,5%) a vu sa part largement progresser depuis 2004. Les Etats-Unis confortent en 2024 leur place de 3ème fournisseur de la Pologne (5%) portés par les importations de GNL et dépassent les autres grands fournisseurs européens (Italie, Pays-Bas, Tchéquie). Grâce à la hausse de nos exportations, la France confirme son rang de 6ème fournisseur (3,5%) acquis en 2023 après des années de décrochage (annexes 8 et 9).

Même si elle reste forte, la part de l’UE dans les importations polonaises connait une baisse tendancielle à mesure que s’imposent d’autres fournisseurs extra-européens en raison (1) de la diversification des sources d’approvisionnement de produits énergétiques (Etats-Unis, Norvège, Arabie Saoudite), et ce aux détriments de la Russie et (2) des implantations industrielles asiatiques en Pologne. La Corée du Sud est ainsi le 8ème fournisseur de la Pologne (2,9%) en raison notamment des usines coréennes de pièces et d’assemblage de batteries pour voitures électriques.

Conséquence de cette structure, la Pologne connait ses principaux excédents bilatéraux avec ses clients européens (Allemagne, Royaume-Uni, Tchéquie, France), et ses principaux déficits avec ses fournisseurs asiatiques de biens manufacturés (Chine, Corée du Sud) et ses fournisseurs de produits énergétiques (Arabie Saoudite, Etats-Unis, Norvège), (annexes 10 et 11).

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