Situation économique et financière du Pakistan

Cinquième pays le plus peuplé au monde avec une population de 235 M d’habitants (dernier recensement 2023), le Pakistan se situe dans la catégorie des pays à revenus moyens inférieurs selon la typologie de la Banque Mondiale avec un PIB par habitant de 1660 USD. En Asie du Sud, le pays est la 3ème économie de la zone (PIB 376,5 Mds USD en 2022), loin derrière l’Inde, le  Pakistan ayant été rattrapé depuis 2019 par le Bangladesh en termes de développement de son économie.

Le Pakistan est un Etat fédéral ethniquement composite, situé dans une région de forte conflictualité.

Situé à l’ouest de l’ancien empire des Indes britanniques, sur une zone constituée sur son flanc oriental d’habitants parlant des langues indo-aryennes et sur son flanc occidental à une zone linguistiquement apparentée au monde iranien, le Pakistan est une république islamique à caractère fédéral constituée de quatre provinces. Deux territoires spéciaux (le Jammu et Kashmir « libre » et le Gilgit Baltistan étant des territoires disputés

Le positionnement géographique du pays représente à la fois un atout et un risque : son ouverture sur la mer d’Arabie constitue un débouché naturel pour les Républiques d’Asie centrale ou la Chine qui développe le corridor sino-pakistanais (CPEC - 62 Mds USD d’investissements dans le but de relier la Chine à la mer d’Arabie, dont 34 Mds USD dédiés au développement des infrastructures énergétiques).

La frontière commune avec l’Afghanistan et l’Iran est en revanche source d’instabilité, le risque sécuritaire et la menace terroriste étant un frein important au développement économique du pays.

Le Pakistan est en situation de déficits jumeaux, conséquence indirecte de la guerre en Afghanistan, depuis les années 1980. Au cours des années 80, le Pakistan, allié des Etats-Unis dans la lutte contre l’occupation soviétique en Afghanistan, a reçu une importante aide économique des Etats-Unis (officiellement 3,2 Mds USD sur la décennie), mais aussi des pays du Golfe (3 Mds USD sur la décennie), ce qui a entretenu une balance des paiements excédentaire t a encouragé les importations et entrainé, à partir de 1987/1988 (fin de l’occupation soviétique de l’Afghanistan et baisse des financements américains et arabes), l’apparition de déficits jumeaux (budgétaire et compte courant), situation qui prévaut encore 35 ans après, et l’intervention régulière du FMI de 1988 jusqu’en 2023.

Le Pakistan connait des cycles répétés de crise économique en raison de la fragilité ses équilibres externes et budgétaires, de sa forte dépendance externe en matière de financement et de la vulnérabilité de son économie face à des chocs externes – y compris les conséquences du changement climatique. Le manque de diversification et de compétitivité de l’appareil exportateur ne permet pas de contrebalancer la forte hausse des importations.  Les transferts de travailleurs expatriés (dont le nombre est estimé à 10 M de Pakistanais) ont fortement baissé ces dernières années sous le double effet de la crise Covid et de la dépréciation de la roupie. Les flux d’investissements directs étrangers continuent d’être négligeables. La principale épine dans le pied du pays reste son caractère incertain tant au niveau politique (politique intérieure et extérieure) qu’économique, ce qui fait chuter le classement du Pakistan dans la plupart des études mesurant le climat des affaires (108ème place du classement Doing Business 2020, 140ème sur 180 dans le classement Transparency International).

Cette situation entraîne d’importants retards de développement (le pays a reculé du 146ème rang en 2014 au 161ème sur 192 dans le classement Indice du développement humain des Nations Unies de 2022, le taux de pauvreté est de 36,4% en 2021, le taux d’illettrisme est de 37%). Le pays accumule également des défis structurels (crise du secteur énergétique et poids de la dette circulaire dans l’énergie, niveau insuffisant d’imposition, absence de réforme des entreprises publiques structurellement déficitaires, faible niveau d’intégration régionale) qui pèsent sur sa croissance.

Après une contraction de la croissance en 2022-23 (-0,5% selon le FMI, -0,17% selon les autorités pakistanaises), l’économie pakistanaise affiche une légère reprise (+2,13% au T1 2023-24), tirée par le secteur agricole. La perception du climat des affaires est aussi en légère amélioration, sur fond de levée des restrictions aux importations, de reprise des rapatriements des profits et des dividendes des IDE, de reprise des transferts de migrants et d’accord avec le FMI qui garantit l’afflux de financements externes indispensables pour répondre aux besoins de financement extérieurs du Pakistan. Le Pakistan a conclu en juillet dernier un accord de confirmation (standby arrangement) d'un montant de 3 Mds USD pour une durée de 9 mois.

Pour plus d'informations, les publications du Service Economique d'Islamabad sur l'économie pakistanaise sont disponibles ici.

Retrouvez les lettres trimestrielles Asie du Sud du service économique regional de New Delhi ici.

 

 

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