Situation économique et financière en 2022

Après un retour à la croissance aux Philippines en 2021 (+5,6%), la reprise économique s’est poursuivie avec vigueur en 2022 dans un contexte de levée des restrictions sur les déplacements liés à la pandémie au 1er trimestre. Sur l’ensemble de l’année 2022, la croissance du PIB philippin atteint 7,6%, soit son niveau le plus élevé depuis 45 ans. La hausse de l’activité a néanmoins connu un ralentissement au 2nd semestre, en lien avec l’accélération de la hausse des prix (jusqu’à +8,1% en décembre 2022 en g.a.) et le resserrement de la politique monétaire par la banque centrale (+350 pdb pour le taux directeur entre mai et décembre 2022).

 

Les Philippines enregistrent une croissance de 7,6% en 2022, soit son niveau le plus élevé depuis 45 ans

La reprise économique s’est poursuivie au cours de l’année 2022 (+7,6%), malgré un ralentissement progressif de la croissance de l’activité en glissement annuel entre le T1 (+8,2%), le T2 (+7,5%), le T3 (+7,6%) et le T4 (+7,2%). Cette croissance a été entretenue par la levée complète en début d’année des restrictions sur les déplacements domestiques liés à la pandémie et à la réouverture à pleine capacité des commerces. Sur l’année 2022, les principaux contributeurs à la croissance sont les secteurs du commerce de gros et de détail et de la réparation de véhicules à moteur (+8,7%), de l’industrie manufacturière (+5,0%), et de la construction (+12,7%). La dépense de consommation finale des ménages, qui représente 75% du PIB, a augmenté de 8,3%, contre 5,0% pour celle de l’Etat. La formation brute de capital augmente de 16,8%, en lien avec la poursuite de la politique d’investissement dans le secteur des travaux publics. Le FMI prévoit une croissance de 6,0% aux Philippines en 2023, contre 5,6% pour la Banque mondiale. 

La reprise de l’activité économique a permis au taux de chômage de diminuer pour atteindre un niveau inférieur à celui de la situation prépandémique, soit 4,3% en décembre 2022 (contre 5,1% en moyenne en 2019). Le taux de chômage avait atteint un pic à 17,6% en avril 2020, puis diminué progressivement pour se stabiliser à 6,0% en moyenne au 1er semestre 2022 (contre 7,9% en moyenne en 2021).

La consolidation de la croissance est néanmoins fragilisée par les pressions inflationnistes, auxquelles les Philippines sont particulièrement vulnérables du fait de leur double déficit en produits agroalimentaires et en combustibles minéraux. L’inflation globale s’est accélérée tout au long de l’année 2022, pour atteindre 8,1% en décembre (en g.a.), contre 3,0% en janvier et en février. Les ménages demeurent vulnérables à l’inflation sur les produits alimentaires (10,6% en décembre en g.a.), qui représentent 35% de leur panier de consommation. A la même période, la hausse des prix de l’électricité, du gaz et des carburants atteint 14,2%, et 11,7% pour les transports. Selon la banque centrale, la hausse de l’indice général des prix devrait se maintenir à un niveau supérieur à l’intervalle cible en 2023, soit ±6%. 

L’inflation est par ailleurs entretenue par la dépréciation du peso philippin, qui perd 9,6% de sa valeur face au dollar au cours de l’année 2022.

 

La banque centrale a fortement resserré sa politique monétaire dans un contexte de croissance et d’amélioration de la qualité du crédit

En réponse à l’accélération de l’inflation et à la dépréciation du peso, la banque centrale (BSP) a relevé à sept reprises son taux directeur entre mai et décembre 2022, pour atteindre 5,5% (+350 pdb)[1]

En fin d’année 2022, les actifs du secteur bancaire philippin ont atteint 23 035 Mds PHP (423,1 Mds USD), soit +10,6% par rapport à 2021. L’encours de prêt aux résidents net des opérations de prise en pension de la BSP atteint 11 394 Mds PHP (209,3 Mds USD, soit +11,1%), et se compose de 12,1% de prêts aux ménages (1 383 Mds PHP soit 25,4 Mds USD et +21%). Du côté de la production, les principaux contributeurs à la croissance de l’encours de crédit sont les secteurs des activités immobilières (+13,1%), de l’industrie manufacturière (+14,9%) de l’approvisionnement en électricité, gaz, vapeur et air conditionné (+14,4%), du commerce de gros et de détail et de la réparation de véhicules à moteur (+12,7%), et de l’information et de la communication (+21,6%). Ces secteurs représentent à eux seuls 56,4% du portefeuille de prêts du secteur bancaire.

Au troisième trimestre 2022[2], le taux d’adéquation des fonds propres du secteur bancaire philippin atteint 15,84%, en diminution par rapport au 2ème trimestre (16,17%) et à la fin d’année 2021 (16,66%) mais bien au-dessus du taux exigé par la BSP (10,0%). Le taux de prêts non productifs (PNP) poursuit une tendance à la baisse entamée depuis le pic enregistré en août 2021 à 4,5%, et atteint 3,3% en fin d’année 2022, en lien avec l’amélioration des conditions économiques et la reprise de l’activité bancaire. Par ailleurs, le taux de couverture des PNP atteint 106,8%, contre 87,7% en d’année 2021.

 

Le gouvernement poursuit sa politique d’assainissement budgétaire et réduit le déficit de l’Etat de 8,6% à 7,3% du PIB

Au cours de l’année 2022, la dette de l’Etat a progressé de 14,4% pour atteindre 13 419 Mds PHP (246,5 Mds USD), mais le ratio dette/PIB est resté stable sous l’effet de la forte croissance économique (60,9% contre 60,4% en fin d’année 2021[3]). L’endettement de l’Etat a été financé par le recours croissant aux marchés internationaux. Le ratio dette extérieure de l’Etat/dette de l’Etat totale atteint 31,4% en décembre 2022, contre 30,3% à la même période en 2021. La dette extérieure de l’Etat a cru de 18,3% en glissement annuel, pour atteindre 4 210 Mds PHP (77,3 Mds USD). Afin de limiter les risques de change, le ministère des Finances s’est fixé l’objectif de réduire le ratio dette extérieure/dette publique totale à 20% d’ici 2025.

Le déficit budgétaire a atteint 7,3% du PIB en 2022, contre 8,6% du PIB en 2021. Le déficit atteint 1 614 Mds PHP (29,6 Mds USD), soit -2,2% par rapport au déficit programmé par la loi de finances 2022. La loi de finances 2023 prévoit de réduire le déficit à 6,1% du PIB, via un ralentissement de l’augmentation des dépenses publiques, soit +2,6% en 2023 contre +6,0% en 2022 (alors que la loi de finances prévoit le maintien de la hausse des recettes publiques à +10,0%, contre +9,9% en 2022). Pour 2023, le gouvernement prévoit d’augmenter les dépenses en infrastructures de l’Etat de 5,1%, pour atteindre 967 Mds PHP (18,8 Mds USD).

En novembre 2022, S&P Global Ratings annoncé le maintien de sa notation du crédit souverain pour les Philippines à BBB+/A-2 en perspective stable, afin de refléter la reprise économique portée par une solide demande intérieure. L’agence de notation prévoit une amélioration de la situation budgétaire des Philippines dans les 24 prochains mois, en lien avec les objectifs fixés par la stratégie budgétaire à moyen-terme (MTFF) du gouvernement couvrant la période 2022-2028[2].

 


[1] Dont un relèvement hors cycle de +75 pdb en juillet. Le resserrement monétaire se poursuit en février 2023 (+50 pdb) et mars (+25 pdb).

[2] Dernière période sur laquelle les données sont disponibles.

[3] Le gouvernement prévoit de ramener le ratio en dessous de 60% d’ici 2025, puis à 51,1% d’ici 2028. 
 
 

 

 

 

 

 

 

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