PHILIPPINES
Coopération Bilatérale
-
Structure de l’économie Philippines
L’économie des Philippines affiche une croissance soutenue ces dernières années, avec une progression du PIB oscillant entre 5 % et 7 % en moyenne sur la dernière décennie. Actuellement quatrième économie de l’ASEAN, elle est en passe de devenir la deuxième d’ici 2029. Cette dynamique repose principalement sur la consommation des ménages (73 % du PIB), soutenue par les transferts de fonds des philippins de l’étranger (8 %) et le dynamisme des services (61 %), en particulier l’IT-BPO. Classées parmi les pays à revenu intermédiaire de tranche inférieure, les Philippines sont sur le point de franchir le seuil de la catégorie supérieure.
Cette trajectoire de croissance s’accompagne toutefois de plusieurs fragilités : un déficit courant structurel (4 % du PIB) en raison d’un important déficit commercial lié à la dépendance alimentaire et énergétique et à une base industrielle limitée (22% du PIB), un retard dans les infrastructures de transport, un des prix de l’électricité les plus élevés d’Asie et un système éducatif de faible qualité.
À court terme, la croissance devrait rester dynamique - deuxième de la sous-région après le Vietnam - avec des perspectives autour de 5 à 6 % par an au cours des prochaines années et une inflation maitrisée dans la cible de la banque centrale (2 à 4 %). Cette trajectoire s’accompagne toutefois d’une contrainte persistante liée à l’exposition extrême du pays aux risques climatiques (1er rang au World Risk Index), les aléas récurrents affectant le rythme d’expansion de l’économie.
-
La relation commerciale bilatérale
Les échanges commerciaux entre la France et les Philippines demeurent, comme pour la plupart des pays européens, limités au regard de la taille et du dynamisme du marché philippin (120 M d’habitants et 5-6% de croissance par an). Les Philippines sont le 6ème partenaire commercial de la France au sein de l’ASEAN et la France est le 18ᵉ fournisseur des Philippines (1,0% des importations) et 2ᵉ européen derrière l’Allemagne (1,7%). La France est son 17ᵉ client (0,9% des exportations) derrière les Pays-Bas (3,9%) et l’Allemagne (3,4%).
En 2024, les échanges commerciaux entre la France et les Philippines atteignent 2,0 Md USD soit 5,4% des échanges francais dans la région, concentrés sur quelques secteurs. L’excédent commercial français (+70 M EUR en 2024), atypique avec un pays d’ASEAN, est concentré sur : l’aéronautique, l’agroalimentaire et la pharmacie qui représentent près de 60 % de nos exportations, tandis que les produits électroniques constituent environ 50 % de nos importations.
Cette situation reflète un taux d’ouverture relativement modeste d’une économie régionalement intégrée et tournée vers les Etats-Unis, son 1er débouché commercial. De plus, l’éloignement du pays encore insuffisemment connu en France expliquent le faible intérêt français et le niveau limité des IDE malgré les opportunités et la proximité culturelle offerte par un pays anglophone à majoritairement catholique (79% de la population).
La reprise des négociations d’un accord de libre-échange entre l’Union Européenne et les Philippines, l’intensification des relations politiques et de défense entre les deux pays, l’ouverture d’une liaison aérienne directe Paris-Manille ainsi que la signature d’un accord G2G permettant de mobiliser le soutils de financement export devraient toutefois contribuer à renforcer et faciliter nos échanges financiers, commerciaux et touristiques.
-
La Présence de nos entreprises française aux Philippines
Les relations économiques entre la France et les Philippines se sont progressivement intensifié au cours des dernières décennies, portées par des investissements long termes et par un intérêt croissant des entreprises françaises dans la quasi-totalité des secteurs. De l’infrastructure à l’énergie, de l’économie bleue à l’aéronautique, des services à la santé, les acteurs français contribuent de manière significative au développement du pays en mobilisant capital, savoir-faire, expertise et technologies. Au-delà des grands groupes, de nombreuses PME, start-up, et Entreprises Française de l’Etranger (EFE) sont également engagées, renforçant l’intégration économique entre les deux pays. Malgré les chocs exogènes (COVID-19, perturbations logistiques, tensions géopolitiques etc.) la relation bilatérale a su démontrer une forte résilience.
Nos relations institutionnelles se renforcent également, comme en témoigne la multiplication des visites de haut niveau et ministérielles (Ministre de la Défense Lecornu en 2023 ; Ministre du Commerce extérieur Saint-Martin en 2025). La tenue régulière d’un Dialogue économique de Haut Niveau (11ème édition en novembre 2025) permet par ailleurs de maintenir un dialogue institutionnel soutenu avec le gouvernement philippin, de passer en revue les coopérations existantes et d’identifier de nouvelles opportunités de partenariat.
En outre, la signature le 7 juin 2024 d’un accord intergouvernemental sur la coopération financière et le développement (dit « G2G ») constitue une étape majeure dans l’approfondissement de la relation bilatérale. Cet accord établit un cadre permettant au gouvernement français de proposer des instruments de financement pour des projets philippins stratégiques civils (agriculture, eau et assainissement, énergie, infrastructures, maritime, transports, etc.). Ces outils ouvrent ainsi de nouvelles perspectives aux entreprises françaises en facilitant leur participation à des projets publics philippins, de gré à gré, sans recourir au processus d’appel d’offres classique.
Construire des infrastructures durables grâce à l’expertise françaises
La France s’est affirmée comme un partenaire stratégique du développement des infrastructures aux Philippines, en accompagnant le gouvernement dans la mise en œuvre du programme Build Better More, qui prévoit un effort d’investissement annuel de 5 à 6 % du PIB. L’ampleur des besoins en infrastructures - transports, énergie, numérique, eau - ouvre des perspectives significatives pour les entreprises françaises, dont l’expertise reconnue leur a permis de s’inscrire durablement dans les projets structurants du pays
Dans le secteur ferroviaire et du transport de masse, plusieurs groupes français jouent un rôle central : Colas Rail et Egis dans la construction du Metro Manila Subway, Bouygues International pour le développement des postes électriques associés, Alstom (en consortium avec Colas Rail) dans le North–South Commuter Railway (NSCR), ainsi que dans l’extension de la LRT-1, opérée avec l’appui technique de RATP Dev depuis plus de dix ans. Ces projets structurants visent à améliorer l’efficacité urbaine, réduire les coûts économiques liés à la congestion et accélérer la transition vers des systèmes de transport bas-carbone.
Au-delà des transports, l’offre française couvre l’ensemble de la chaîne de valeur : ingénierie et maîtrise d’œuvre (Artelia, Archetype, Systra), matériaux de construction (Saint-Gobain) et solutions structurelles spécialisées (Freyssinet, VSL). Dans le numériques, Bouygues a piloté la construction du PLDT VITRO Data Center. Dans le domaine de l’eau, Suez intervient sur plusieurs installations de traitement de l’eau potable et des eaux usées dans Metro Manila, et réalise actuellement la plus grande usine de dessalement du pays à Iloilo.
L’engagement français dans le développement des énergies propres aux Philippines
Le « National Renewable Energy Program 2020-2040 » a fixé des objectifs très ambitieux de développement des énergies renouvelables (35% du mix électrique en 2030 et la volonté d’atteindre 50% en 2040) impliquant de multiplier par six la capacité actuelle. Le plan prévoyant que ces investissements soient pris en charge par le secteur privé, le ministère de l’Energie (DOE) a ouvert le secteur des énergies renouvelables aux investisseurs étrangers sans limitation de participation au capital (auparavant plafonné à 40 %). Cette dynamique ouvre de nouvelles opportunités pour nos entreprises déjà bien présente dans le secteur.
Dans le solaire, TotalEnergies a signé en 2024 pour la construction d’un des plus grands parcs solaires du pays à Isabela (440 MW). Bouygues Energies & Services a construit une installation de 132 MW à Negros, et Engie, en partenariat avec Filinvest, déploie des solutions solaires industrielles (14 MW).
Dans l’éolien, The Blue Circle a sécurisé 640 MW de projets en 2024, répartis entre Kalayaan, Baao et Ibajay. Dans la biomasse, Reurasia développe des solutions combinant valorisation énergétique des déchets et substitution thermique industrielle. L’expertise française se déploie également dans l’efficacité énergétique (Engie, Delta Dore) et la gestion intelligente de l’énergie (Schneider Electric, Legrand) et des entreprises comme Hydrogène de France ont signés plusieurs protocoles d’accord pour le développement de nouvelles filières renouvelables hydrogène. Le groupe EDF maintien par ailleurs des échanges réguliers avec les principaux énergéticiens du pays dans la perspective du développement d’une filière nucléaire avec l’objectif affiché d’une production nucléaire de 1200 MW dès 2032.
Renforcer l’économie bleue : engagement de la France dans la connectivité maritime et la sécurité
Le transport maritime occupe une place structurante dans l’économie philippine en raison de la configuration archipélagique du pays (7 700 îles). Pourtant, le secteur reste marqué par des faiblesses persistantes en matière de connectivité inter-îles, de logistique, de sécurité et de décarbonation. Ces contraintes génèrent toutefois une demande soutenue en solutions techniques, infrastructures portuaires, gestion logistique et services de certification, autant de segments où l’offre française dispose d’un positionnement reconnu. Le secteur constitue également un pilier de notre coopération bilatérale, à travers des initiatives tel que « Blue Nations, France - Philippines: Partners for the Oceans » ou encore la présence depuis 2022 d’un Expert Technique International français (ETI) auprès de la Maritime Industry Authority, qui accompagne le gouvernement dans les réformes du secteur et facilite l’accès de nos entreprises au marché local.
Plusieurs entreprises françaises ont ainsi saisi le dynamisme du secteur et y occupent désormais une place importante, à l’image de CMA CGM devenue la première compagnie maritime entièrement étrangère autorisée à opérer sur les routes domestiques. Ceva Logistics étend cette présence en fournissant des services intégrés de logistique contractuelle et de gestion du fret sur l’ensemble du territoire. Bureau Veritas soutient par ailleurs le Bureau of Customs dans l’amélioration des opérations portuaires et des dispositifs d’inspection des cargaisons. Enfin, en matière de sécurité maritime, le chantier naval OCEA poursuit son partenariat avec la Philippine Coast Guard : après plusieurs livraisons, l’entreprise a conclu un nouveau contrat pour 40 patrouilleurs ainsi qu’une promesse d’investissement dans un chantier naval local, renforçant les capacités souveraines du pays.
Le savoir-faire français au service de la croissance de l’aviation aux Philippines
Le marché aéronautique, essentiel pour un pays fragmenté géographiquement et situé au carrefour stratégique du Pacifique, illustre la capacité des entreprises françaises à s’inscrire durablement dans un environnement concurrentiel exigeant : Airbus y détient aujourd’hui une part quasi monopolistique du marché des avions de ligne, tandis qu’ATR domine le segment des turbopropulseurs. En outre, le retour d’Air France en décembre 2024, avec la reprise de la ligne Paris–Manille - seule route direct reliant le territoire européen - renforce l’intégration commerciale et touristique avec les Philippines.
Les entreprises françaises participent également à la maintenance, à la sécurité et à l’innovation : Air France Industries fournit pièces et services de réparation, CGX Aero assure audits et contrats de maintenance, Thales équipe le pays en systèmes CNS/ATM, et OpenAirlines déploie la solution d’écopilotage SkyBreathe, permettant des gains significatifs en carburant et en émissions.
Les activités de services, le secteur le plus dynamique du pays
Le secteur des services constitue le moteur principal de l’économie philippine, représentant près de 61 % du PIB. L’externalisation des processus métiers (IT‑BPO) y joue un rôle structurant, contribuant à environ 8 % du PIB, soutenue par une main-d’œuvre anglophone et peu coûteuse. Les entreprises françaises y occupent une position significative : Teleperformance, troisième employeur du secteur, et Sitel quatrième, figurent parmi les principaux acteurs, aux côtés d’Atos et Capgemini, en proposant des services d’externalisation pour d’autres entreprises. Parallèlement, des groupes tels qu’AXA, Engie, Essilor, Schneider Electric ou TotalEnergies ont implanté leurs propres centres de services et fonctions support aux Philippines, opérant à l’échelle mondiale.
Dans le secteur de l’hôtellerie, le groupe Accor est présent avec l’exploitation d’une dizaine d’établissement à Manille et en province. D’autre part, le marché de l’assurance, en forte croissance mais encore peu développé, voit AXA se positionner comme un acteur de référence sur ce segment. Enfin, les cabinets d’audit et d’expertise comptable Constantin-Serval et Mazars ont su s’implanter en partenariat avec des groupes philippins.
La présence française dans le secteur industriel Philippin
La présence industrielle française aux Philippines reste relativement limitée, à l’instar du secteur dans son ensemble au niveau national. Néanmoins, les autorités locales mettent en place des mesures pour renforcer l’attractivité du pays, avec notamment 430 zones économiques spéciales (ZES) et l’adoption de dispositifs fiscaux incitatifs tels que CREATE MORE, destinés à soutenir l’investissement étranger.
Plusieurs groupes français ont établi des sites de production industriels principalement dans ces ZES. Parmi ces groupes on retrouve le fabricant de verres de contact Essilor-Luxottica, Schneider Electric pour la production d’équipements électriques, le fabricant de semi-conducteur STMicrolectronics, l’équipementier automobile Delfingen, le fournisseur de gaz industriel Air Liquide, Danone pour la production de boissons ou encore Neovia pour la nutrition animalière.
Les enseignes françaises sont bien représentées
Le modèle de croissance des philippines est essentiellement tiré par la consommation des ménages (73,3% du PIB) soutenue par les transferts de philippin de l’étranger (38 Md USD par an). Cette dynamique crée un environnement favorable au développement des enseignes françaises dans les biens de consommation courante, notamment le luxe, la cosmétique, l’habillement, les accessoires de mode et la décoration intérieure. La majorité de ces marques opèrent via des franchises, parmi lesquelles Louis Vuitton, Chanel, Dior, Hermès, Clarins, Lancôme, Lacoste, Céline, Tiffany, Loewe, L’Occitane, les cafés Malongo, Moët Hennessy, Pernod Ricard et Roche Bobois. Dans la grande distribution, Decathlon et Go Sport disposent également de plusieurs points de vente.
Le secteur de la santé est également bien couvert : Sanofi conserve une position de référence sur les segments du diabète, des maladies cardiovasculaires et de la vaccination, tandis que Servier et Biomérieux assurent la distribution locale de leurs produits. Les laboratoires dermo-cosmétiques, notamment Pierre Fabre, L’Oréal et Expanscience, sont également bien présents.
L’excellence de la gastronomie française bénéficie d’une reconnaissance croissante : écoles culinaires Alain Ducasse, Disciples Escoffier, Le Cordon Bleu, et l’Institut Paul Bocuse, ainsi que l’ouverture récente du Guide Michelin aux Philippines, contribuent à valoriser la culture gastronomique française. Enfin, le secteur de la boulangerie-pâtisserie a su se développer via des franchises telles qu’Eric Kaiser, Paul ou encore Ladurée.