Indicateurs et conjoncture - mars 2021

 

Principaux indicateurs macroéconomiques

2017

2018

 2019 

2020

PIB* (Mds USD)

314

331

376

367

PIB par habitant* (USD)

3 150

3 252

3 485

3 370

Croissance économique (%)

6,9

6,3

6

-8,3

Inflation (%)

2,9

5,2

2,5

2,5

Solde courant/PIB (%)

-0,7

-2,4

-0,1

1,6

Solde budgétaire/PIB (%)

-2,2

-3,2

-3,4

-7,5

Dette publique/PIB (%)

42,1

41,8

40

54,5

Dette extérieure totale (Mds USD)

73,1

79

83,6

92

Dette extérieure/PIB (%)

23,3

23,9

20

25

Réserves de changes (Mds USD)

81,6

79,2

89,5

104

Sources: FMI*, Philippine Statistics Authority (PSA); Bangko Sentral ng Pilipinas (BSP); Bureau of the Treasury (BTr)

1. Impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie des Philippines

L’économie mondiale a été fortement impactée par la pandémie de Covid-19. Dans cette conjoncture, l’économie des Philippines ne fait pas figure d’exception et subit de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire. Avec plus de 620 000 cas de contamination, l’archipel est le pays le plus touché de la région après l’Indonésie. Après avoir connu 21 années de croissance sans interruption, le PIB a enregistré en 2020 une contraction historique de -8,3 % d’après le FMI (-9,5 % d’après la BSP, Banque centrale des Philippines). C’est la deuxième économie la plus touchée après la Thaïlande, ayant pour point commun de dépendre en partie des revenus du tourisme. Ce secteur contribue à hauteur de 13 % du PIB philippin.

De par des mesures de confinement strictes prises au niveau national, la baisse de la consommation des ménages, des investissements privés et publics ainsi que l’effondrement du commerce sont largement responsable de cette récession. Malgré le passage en urgence de la loi Bayanihan, octroyant des pouvoirs supplémentaires au Président pour lutter contre la pandémie, le secteur primaire s’est contracté à hauteur de -0,2 %, le secondaire de -13 % et le tertiaire de -9 % en 2020.

Conséquence sociale de la crise, 4 millions de Philippins sont sans emploi au mois de janvier 2021, contre 2,4 millions en janvier 2020. Le chômage a quasiment doublé pendant la pandémie, privant de nombreux ménages de leur unique source de revenu. Le chômage s’est établi à 10 % de la population en 2020 contre 5 % en 2019. Le taux de sous-emploi a lui aussi augmenté (+4 %) atteignant 16,2 % en 2020. Les revenus primaires des ménages ont diminué de 27 % sur la même année. La pandémie de Covid-19 menace la tendance de réduction de la pauvreté de ces dernières années et a entraîné 2,7 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté.

 

2. La réponse gouvernementale à la crise sanitaire

Afin de lutter contre la pandémie, le gouvernement a eu recours à des sources locales et étrangères de financements, portant l’encours de crédit du pays à 54,5 % du PIB contre 40 % en 2019. En raison d’une part de l‘augmentation des dépenses afin de répondre à la crise sanitaire, et d’autre part de la chute des revenus engendrés par l’arrêt de l’activité économique, le déficit budgétaire national a augmenté à hauteur de 7,5% du PIB en 2020, contre 3,4 % en 2019. Le gouvernement philippin dispose d’une certaine marge de manœuvre budgétaire afin de soutenir les dépenses considérées comme prioritaires dans la reconstruction de l’économie. Il a alloué des fonds pour lutter contre la crise sanitaire et ses impacts économiques via : le budget national pour 2021, qui donne la priorité à la santé ainsi qu’aux programmes et projets d’infrastructure ; le Bayanihan 2, qui a été prolongé jusqu’à juin 2021 ; le budget national pour 2020, prorogé jusqu’à décembre 2021.

La construction d’infrastructures est l’une des principales priorités de cette administration, qui compte y consacrer environ 185 Mds USD via le programme « Build Build Build ». Ce dernier répertorie les projets à fort impact économique pour les Philippines (création d’emplois, augmentation des capacités de production, amélioration du climat des affaires).

 

3. La Banque centrale (BSP) a mis en place des mesures adaptées en réponse à la pandémie

Pour faire face aux conséquences désastreuses de la crise et tenter de limiter les dégâts tout en stimulant l’activité économique, la BSP a injecté  41 Mds USD de liquidités dans le système financier, soit environ 11% de la production économique locale. Elle a maintenu les taux d'intérêt à un niveau historiquement bas de 2% depuis novembre dernier. Autre mesure importante, la BSP a également assoupli les règles bancaires en matière de prêts et de liquidités en réduisant les réserves obligatoires, en autorisant davantage de prêts immobiliers auprès des banques et en offrant des incitations supplémentaires aux prêts pour les micro, petites et moyennes entreprises.

Les banques universelles philippines, avec un ratio d’adéquation du capital autour de 15 %, un coussin de liquidité important et une augmentation de leurs actifs l’an dernier (+6 %), ont fait preuve de résilience.

 

4. Les Philippines disposent de fondamentaux solides sur lesquelles s’appuyer pour sortir de la crise  

Au mois de mars 2021, la campagne vaccinale a commencé mais les mesures de confinement sont toujours en vigueur. Afin de sortir de la crise, les Philippines disposent de solides fondamentaux macroéconomiques sur lesquels s’appuyer. En février, les réserves de changes du pays s’élevaient à 109 Mds USD, soit 11,5 mois d’importations de biens et de paiement des services. Un faible ratio dette/PIB, l’accumulation de réserves internationales et un système bancaire plutôt stable participent par ailleurs au renforcement de sa monnaie. La hausse des dépenses de consommation, des investissements en infrastructure et une politique monétaire accommodante, conjuguée avec la reprise mondiale, seront les principales sources du redémarrage de l’économie du pays.

Pour donner un second souffle à son économie, les Philippines peuvent s’appuyer sur plusieurs avantages concurrentiels : une main-d’œuvre qualifiée et anglophone, de nombreuses ressources naturelles, sa situation géographique et son marché de consommation domestique.


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