Situation économique et financière / Indicateurs conjoncturels

Avec un PIB de 242,6 Md USD en 2022, le Pérou est une économie de taille moyenne, la 6ème en Amérique latine et qui se place dans le premier tiers des économies de la planète en termes de PIB (52e place en 2022 selon la Banque Mondiale) mais à la 89e place en termes de PIB/habitant avec 7126 USD en 2022 (pour 33 millions d’habitants).

 Le Pérou dispose d’importantes ressources naturelles, dans le domaine minier (2ème producteur de cuivre, producteur également d’argent or, étain, gaz), mais également dans le secteur agricole et de l’énergie.  

Très fortement affecté par la pandémie sur le plan sanitaire, le pays a également connu une des récessions les plus importantes de la région, avec une chute du PIB de 11% en 2020 avant de connaître une reprise rapide en 2021, avec une croissance de 13,3%. En 2022, la croissance s'est nettement ralentie à 2,7% (vs. 3,5 % en moyenne dans la zone). La tendance en 2023 se poursuit, avec une chute de la croissance de -0,63% du PIB en août selon l’Institut national d’études statistiques péruvien. Cette chute est notamment due à des facteurs climatiques (Cyclone Yaku, phénomène El Niño) et politiques. Dans ce contexte, la Banque Centrale de Réserve du Pérou (BCRP) a baissé ses projections de croissance de 2,2% à 0,9% du PIB pour l’année 2023, bien que celle-ci puisse être, selon les prévisions économiques, nulle, voire négative fin 2023.

Dans le sillage de la crise multifacettes liée au COVID, le taux de pauvreté monétaire, qui avait fortement baissé au cours des 25 dernières années a augmenté significativement (passant de 59% à 20% sur les dernières décennies, il est remonté à 30% en 2020, soit le niveau de 2010). En 2022, la pauvreté monétaire a touché 27,5 % de la population, augmentant de 1,6 point de pourcentage par rapport à 2021 (25,9 %) et de 7,3 points de pourcentage par rapport à l'année 2019. Les milieux urbains sont moins touchés par la pauvreté monétaire que les milieux ruraux (24,1% de la population urbaine vit sous le seuil de pauvreté face à 41,1% de la population rurale).

Le taux de chômage continue à se résorber avec un taux de 4,3% en 2022 et à converger vers les niveaux pré-crise (3,9% en 2019). Entre avril 2022 et mars 2023, le taux d’emploi informel a atteint 73,5% de la population (95,1% en zone rurale, 68% en zone urbaine.  

Le secteur du tourisme, qui avait particulièrement souffert de la crise se relève en 2022 : au cours de l'année 2022, le Pérou a accueilli un total de 2 009 275 touristes internationaux, soit trois fois plus qu'en 2021. Même si on note une reprise, cela reste très inférieur aux niveaux pré-COVID (- 46% par rapport à 2019).

L’inflation a continué à augmenter en 2022 : le taux d’inflation sur 12 mois s’est maintenu au-dessus de la cible de la banque centrale (de 1 à 3%) depuis juin 2021, atteignant 8% au niveau national en 2022 et 8,7% à Lima (des niveaux inédits depuis la fin des années 90). 

Cela a conduit la BCRP à relever progressivement son taux directeur tous les mois, passant de 0,25% en juillet 2021 à 7,75% en août 2023.

L’inflation a toutefois connu un ralentissement à partir de 2023, atteignant en septembre 5% en glissement annuel. Ainsi, après 40 mois d’augmentation puis de stabilisation de son taux directeur, la Banque centrale l'a réduit à deux reprises, les 15 septembre et le 5 octobre 2023, chaque fois de 0,25 point de pourcentage (0,50 pt% au total), le ramenant à 7,25 % en octobre 2023. Les économistes estiment que la Banque centrale procédera à deux baisses additionnelles de 0,25 pt% chacune sur les derniers mois de l’année.

Selon le FMI, l'inflation devrait diminuer progressivement pour atteindre la fourchette cible (1-3 %) d'ici fin 2023-début 2024.

Le Pérou conserve néanmoins des fondamentaux macroéconomiques solides, fruits de la prudence budgétaire et monétaire de ces 3 dernières décennies et d’une économie ouverte aux IDE et au commerce international. Les mesures prises pour contrer les effets de la crise sanitaire et économique (réponse à hauteur de 20% du PIB en 2020) ont toutefois contraint le gouvernement à déroger à sa ligne de conduite en matière budgétaire en 2020 et 2021. La dette publique est ainsi passée de 27% du PIB en 2019 à 35% en 2020, 36,4% 2021 et est redescendue à 34,3% en 2022, ce qui reste faible et soutenable. La dette publique péruvienne est la plus basse de la région. Le déficit budgétaire est quant à lui passé de 1,6% du PIB en 2019 à 8,9% en 2020, 2,5% en 2021 et est redescendu à 1,4% en 2022 (FMI). Au mois de septembre 2023, le déficit public est de 2,8%. Selon la Banque Centrale Péruvienne, cette hausse est due à une baisse de la perception de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en raison de la réduction des importations et de l'impôt sur le revenu de troisième catégorie. En outre, les recettes courantes des administrations publiques ont diminué de 13,3 % d'une année sur l'autre, après une baisse de 14,3 % des recettes fiscales.

Le pays dispose par ailleurs d’un niveau de réserves internationales élevé, à 75 Md USD (environ 31% du PIB) ainsi que d’une Flexible Credit Line auprès de la FMI qui n’a pas été actionnée (renouvelée en mai 2022 pour 2 ans pour 5,4 Md).

Enfin, le potentiel de croissance du pays demeure important : l’économie est très intégrée (24 accords de libre échange, dont 1 avec l’Union Européenne) et les exportations enregistrent un nouveau record en 2022 (66,2 Md USD). Si les exportations traditionnelles (minerais, hydrocarbures, café, farine de poisson, huile de poisson, etc.) représentent encore 72% des produits exportés, le Pérou cherche à se diversifier en misant sur l’agriculture ainsi que sur des produits à plus forte valeur ajoutée (industrie manufacturière notamment).

A noter toutefois que si le Pérou affiche le 2e risque-pays de la région derrière le Chili, sa note souveraine avait été dégradée par Fitch, S&P et Moody’s (BBB/Baa1/BBB respectivement) en 2021 en raison de l’instabilité politique, des incertitudes sur le cap économique du gouvernement et des failles structurelles du pays. Depuis 2021, la note du Pérou est restée la même. Cependant, selon ces trois agences, les perspectives pour 2023 sont négatives.

 

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