Situation économique et financière / Indicateurs conjoncturels

Avec un PIB nominal de 289 Md USD en 2024, le Pérou est une économie de taille moyenne, qui se place dans le premier tiers des économies de la planète en termes de PIB (49ème place en 2024 selon la BM) mais 109ème place en termes de PIB/habitant avec 8452,4 USD (2024, pour 34 millions d’habitants).  Le Pérou dispose d’importantes ressources naturelles, dans le domaine minier (3ème producteur de cuivre, producteur également d’argent or, étain, gaz), mais également dans le secteur agricole et de l’énergie.  

♦ 1. Une croissance dynamique de l’économie portée par le commerce extérieur péruvien

      • La croissance a été particulièrement dynamique en 2024, atteignant +3,3 %, soit la croissance la plus élevée de la période postpandémique – après avoir enregistré une croissance de +4,9 % en glissement annuel (g.a.) en décembre 2024. Pour mémoire, l’activité économique avait baissé de ‑0,6 % en 2023, dans le cadre de l’impact du phénomène climatique El Niño et des évènements sociaux de début d’année. Ce rebond (i.e. normalisation) de l’activité en 2024 s'explique notamment par la performance positive de presque tous les secteurs. Si le secteur minier et des hydrocarbures croient plus modérément (+2,0 %), la pêche (+24,9 %), les transports (+6,1 %) et l’agriculture (+4,9 %) sont particulièrement dynamiques.

      • L’économie du Pérou étant très tournée vers l’international, l’activité a été dynamisée par la bonne performance du commerce extérieur sur l’année. Ainsi, le Pérou enregistre un excédent commercial de 23,8 Md USD en 2024 (8,2 % du PIB), chiffre largement supérieur à l’excédent de 2023 (17,6 Md USD, soit +35 %) et trois fois le niveau enregistré en 2019.  Cette augmentation s’explique tant par un effet volume qu’un effet prix sur les exportations de métaux tels que le cuivre ou l’or, ainsi que les produits agricoles. En parallèle, les importations ont cru à un rythme important mais plus modéré que celui des exportations (+4,5 % à 52 Md USD).

      • Les IDE entrants atteignent 6,9 Md USD en 2024, une hausse significative de 3,0 Md USD par rapport à 2023. Leur hausse est liée i) aux réinvestissements des bénéfices (pour 2,5 Md USD) et ii) à la bonne performance des exportations minières, principal secteur bénéficiaire d’IDE, laissant supposer le maintien du fort intérêt étranger dans le secteur minier malgré l’incertitude politique au Pérou.

♦ 2. Une situation monétaire robuste et des indicateurs financiers sains

      • L'inflation en 2024 a atteint 1,97 %, se situant à son niveau le plus bas en quatre ans et au centre de l’objectif de politique monétaire (2 % ± 1 pt%). L’inflation péruvienne fait partie des plus faibles de la zone. Le Pérou maintient ainsi la plus longue période d'inflation à un seul chiffre en Amérique latine, soit plus de 28 ans, et la plus longue période de stabilité monétaire dans la région depuis les années 1950. Dans ce contexte, la Banque centrale a pu progressivement abaisser son taux d'intérêt de référence sur l’année 2024 qui est passé de 7,75% en août 2023 à 4,75 % en janvier 2025. L’Institution reste néanmoins attentive à l'évolution de l'inflation sous-jacente, des anticipations d'inflation et de l’évolution de l'économie. La banque péruvienne BCP estime que le taux directeur atteindra entre 4,25 % et 4,50 % fin 2025.

      • Le cours du Sol Péruvien (PEN) s’est maintenu très stable vis-à-vis du Dollar (USD) : à 3,75 PEN/USD en moyenne en janvier, il n’a pas évolué sur l’année 2024. Il s’était apprécié de +2,5 % en 2023 et de +5,1 % en 2022. Limitant la pression des comptes extérieurs sur l’appréciation du PEN, les réserves internationales nettes ont augmenté de +13 % en 2024, terminant l’année à 79,7 Md$, soit de l’ordre de 28 % du PIB.

La solidité du système bancaire péruvien est également un aspect contribuant très significativement à la stabilité de l’économie. Les banques péruviennes sont bien régulées et les ratios de capitalisation et de solvabilité sont dans les niveaux requis par les critères de Bâle III.

 

♦ 3. Des finances publiques sous tension sans pour autant affecter à ce stade le risque pays

      • Si la situation des finances publiques s’est dégradée et le Pérou a enfreint la règle budgétaire pour la 2e année consécutive, elle reste sous contrôle et appuyée par les marchés. En effet, le déficit budgétaire se creuse en 2024, atteignant 3,6 % du PIB (vs. 2,8 % en 2023) et s’éloigne des objectifs visés. Selon le Consejo Fiscal (commission autonome du secteur public dont la mission est d'analyser et de contrôler les politiques budgétaires), l'augmentation du déficit budgétaire en 2024 est due à un excès de dépenses publiques. La commission a averti que cette gestion budgétaire pourrait affecter la confiance des agents économiques, fragilisant la soutenabilité budgétaire et la stabilité macroéconomique du pays. Malgré cette tendance complexe des finances publiques, les marchés et les agences de notation continuent de considérer la dette péruvienne comme étant un actif relativement sûr. L’indice EMBI pour le Pérou (calculant la différence du risque perçu par les marchés vs. une situation sans risque) a baissé de ‑6 % en 2024, après une baisse de ‑14 % en 2023, malgré la problématique budgétaire. Seule l’agence S&P a abaissé la note créditrice du Pérou, à BBB- en avril 2024. 

      • Toutefois, l’informalité au Pérou reste une contrainte structurelle impactant fortement les finances publiques et la capacité du pays à stimuler la productivité et la croissance. Elle concerne 76 % de la population occupée. Si elle est quasi-généralisée en zone rurale (95 %), elle reste très forte en zone urbaine (70 %). L’activité économique informelle atteindrait 18 % du PIB. Une stratégie de formalisation de ces acteurs pourrait contribuer à la génération des recettes fiscales nécessaires à une hausse de l’investissement public : pour mémoire, les recettes fiscales représentent 19,2 % du PIB, contre 21,5 % en moyenne dans la région et 34 % dans l’OCDE.

 
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