Contexte et situation économique et financière

Le Panama (PIB de 64 Mds USD PIB/h de 14700 USD en 2021) dispose historiquement de l’économie la plus solide de la région d'Amérique Centrale. Cette solidité est dûe aux ressources récurrentes du Canal de Panama, une économie de services à 80% (centrée sur la finance et la logistique) et aux secteurs de la construction publique (3e jeu d’écluses et élargissement du Canal, lignes de métro et infrastructures urbaines) et privée (immobilier résidentiel et de bureaux) qui ont fortement tiré la croissance entre le milieu des années 2000 et 2010.

L’économie du Panama avait commencé à ralentir depuis le milieu des années 2010 avec des taux de croissance de 3,7% en 2018 et 3% en 2019, en lien avec la fin de l’âge d’or de la construction, notamment privée et la fin des travaux du Canal.

L’économie panaméenne est celle qui a facialement le plus souffert de l’épidémie de COVID-19 avec une chute du PIB de -17,9% en 2020, en raison de mesures très restrictives, mais elle est également celle qui a récupéré le plus rapidement en termes de croissance du PIB, avec un rebond de +15,3% en 2021. Malgré les tensions sociales (inédites) de l’été 2022 (qui ont paralysé la ville de Panama pendant quatre semaines en juillet), le pays devrait dégager 7,5% de croissance de son activité en 2022 selon le FMI.

Cette croissance est tirée à la fois par la reprise du commerce mondial et du tourisme mais avant tout par la poursuite des investissements publics (extension des lignes de métro existantes et construction de la troisième ligne) mais aussi par la mise en production depuis le second semestre 2021 de la mine de cuivre « Cobre Panama », nouveau secteur d’activité dans le pays. Cette mine, exploitée par le Canadien First Qantum, est le plus gros Investissement Direct Etranger dans le pays (6,4 Md USD). La mine dispose de réserves évaluées à 3,6 milliards de tonnes (avec une production annuelle de 100 M tonnes) qui pourrait également contenir de l’or, de l’argent et du molybdène. Le contrat avec le gouvernement du Panama est en cours de renégociation, le taux de royalties de 2% étant considéré comme anormalement bas (il pourrait passer à 12 ou 15%). Le FMI estime le taux de croissance potentiel de moyen terme du Panama à 4,5% (elle atteindrait +4% en 2023).

En revanche, l'impact relativement violent sur l’emploi de la crise COVID (avec un taux de chômage officiel de près de 10% mais un taux d’emploi informel passé à près de 50% hors agriculture) remettant largement en cause le contrat social, la demande intérieure privée est à la peine en 2022, avec la diminution de la demande en volume de carburant, une inflation officiellement bien plus faible que chez ses voisins, un niveau d’investissement privé (hors mine) qui stagne du fait d’un certain attentisme de la part des entreprises. La BID estime qu’hors dépense publique et mine, la production panaméenne serait à 10% sous son niveau de 2019. De nouvelles tensions sociales ne sont pas à exclure même si les principales revendications formulées en juillet 2022 ont été satisfaites avec la mise en place de subventions aux carburants et d’un cap sur les produits alimentaires de base.

L’inflation reste étonnamment modérée à 2,6% en 2021 et 4,5% attendu en fin d’année 2022 selon les chiffres officiels de l’INEC.

Les finances publiques sont caractérisées par une dégradation du déficit budgétaire en 2020 (-6% du PIB) qui est en diminution en 2021 (-5,4%) et en 2022 (-3,7% attendus selon le FMI) avec un retour à l’excédent attendu pour 2025 (+1,5%). La dette publique (considérée comme soutenable par le FMI) a augmenté à 65% du PIB en 2020 mais est en diminution (58% en 2021 et 55% attendu en 2022) grâce à une politique budgétaire responsable. La grande préoccupation est relative au chapitre retraites de la Caisse de sécurité sociale (système hybride depuis 2015) dont le volet par répartition n’est pas soutenable aujourd’hui et devrait entrainer un déficit significatif de la CSS dès 2023. Le patronat prône une réforme de long terme avec report de l’âge de départ à la retraite, les syndicats de travailleurs de l’autre préconisent un financement par le secteur privé (mine, canal ou le secteur ferroviaire). Il sera compliqué pour le gouvernement de se lancer dans une réforme de structure ou paramétrique avant les élections de 2024. Les solutions de court terme envisagées ne semblent pas suffisantes : compensation par le budget grâce à une augmentation des prélèvements sur les recettes de la mine de cuivre, utilisation des recettes du Canal. Enfin, la question de la sortie des listes du GAFI et de l’Union européenne (priorité présidentielle) serait un facteur d’attractivité fort pour le pays.

La présence économique française (une quarantaine de filiales dont de nombreuses multinationales disposant d’un rayonnement régional) est essentiellement liée aux marchés d’infrastructures (métro, eau/assainissement, déchets, sécurité aérienne et navale…).

 

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