Situation économique et financière en voie d'amélioration

- le retour progressif de la confiance des institutions financières internationales semble en bonne voie;

- le surendettement devrait perdurer encore plusieurs années, tout en restant soutenable.

   

  1. Après quatre années de crise, le Mozambique est arrivé à un point d’inflexion.

 

- au plan macroéconomique, le retour progressif de la confiance des institutions financières internationales semble en bonne voie. Le Mozambique est sorti de la catégorie ‘défaut sélectif’ grâce à l’amélioration des notes de crédit de S&P à CCC+ (22 Nov. 19), de Fitch à CCC (08 Nov. 19), après le rehaussement de Moody’s (Sept. 19). Auparavant, ces agences de notation considéraient en ‘défaut sélectif’ les perspectives de crédit à long terme en devise. Après deux années sans changement, la perception du risque souverain mozambicain s’est enfin améliorée ;

 

- l’éventuel engagement du Mozambique dans un programme structurel large avec le Fmi, s’il se confirmait, permettrait de franchir un second seuil vis-à-vis de la communauté financière internationale. Outre ses composantes macroéconomiques, ce programme consacrerait un volet à la gouvernance financière, au processus de passation des marchés publics, à la lutte contre la corruption ;

 

- les grands projets gaziers ont pris forme concrète. Ce sont près de 60 Mds$ d’investissement directs étrangers envisagés sur les cinq prochains années pour le seul secteur gazier. Il s’agit de la plus importante concentration dans ce secteur en Afrique, voire au monde. Pour comparaison, l’ensemble du continent africain reçoit chaque année 46 Mds$. Actuellement, environ 6000 œuvrent  sur le site d’Afungi, au nord du Mozambique. En pointe, ce site accueillera 55 000 personnes avec les projets de Total et d’ExxonMobil/Eni. Ces projets gaziers devraient entrer en production vers 2024-2025. Un troisième projet nommé ‘Coral Flng’ opéré par Eni devrait produire à partir de 2022 du gaz, liquéfié sur une plateforme flottante, puis directement exporté ;

 

- enfin, plusieurs éléments moins positifs pourraient dégrader la situation seront à surveiller : (i) deux cyclones dévastateurs ont fait perdre deux points au PIB en 2019, rappelant que le Mozambique est l’un des pays les plus vulnérables au monde aux catastrophes naturelles et au changement climatique. De nouveaux épisodes cycloniques ne sont pas à exclure alors que le Mozambique reste peu préparé, faute de moyens pour créer un fonds de prévention et d’aide d’urgence, (ii) la détérioration des conditions sécuritaires au nord du territoire, en lien avec la multiplication des attaques terroristes ;

 

Compte tenu de ces éléments, et sauf rebondissement, la croissance devrait se raffermir à partir de 2020 à une moyenne de +4% jusqu’en 2022, et véritablement accélérer à compter de 2023 pour s’établir à un niveau proche de 9-10% les années suivantes.

  

 

  2. Amélioration progressive des finances publiques et retour à l’équilibre en 2022.

 

- Dans le contexte particulier d’un surendettement, du scandale des dettes cachées, et d’un déficit budgétaire structurel, le Mozambique conserve néanmoins des perspectives positives eu égard à ses immenses réserves de gaz, les 9ème au monde, et aux recettes fiscales attendues. Les mesures engagées pour restaurer les grands équilibres budgétaires devraient payer pour recouvrer un excédent primaire à partir de 2023, et ramener la dette publique mozambicaine sous la barre des 90% du PIB en 2024 ;

 

- Le surendettement devrait perdurer encore plusieurs années, tout en restant soutenable. La dette publique atteint 117% du PIB en 2019, dont 84% de dette externe (soit 97,8% du PIB). Depuis le pic d’endettement en 2016 (l’endettement total était alors de 137% et la dette externe représentait 113% du PIB) la situation s’est améliorée, mais essentiellement par effet de change. Pour les années à venir, une lente décrue de l’endettement est attendue jusqu’en 2023 (dette publique de 102,1% et dette externe à 94,5% du PIB), suivi par une baisse plus significative de l’endettement par la suite, grâce aux recettes gazières, pour atteindre environ 89% de dette publique en 2024, sauf incident d’ici là ;

 

- Le desserrement de la politique monétaire engagé en 2017 s’est révélé efficace, permettant de réduire fortement l’inflation, de stabiliser le change, tout en maintenant les réserves de change à environ 7 mois. Après +19,9% d’inflation en 2016, l’année 2019 termine à +3%. Pour la période 2020-2024, une inflation moyenne de +5% est anticipée. Par ailleurs, le taux directeur de la banque centrale, le Mimo, a été réduit à 12,75% (après 18% en Mars 18) entraînant une légère reprise du crédit à la consommation. Cette reprise du crédit restera néanmoins faible tant que le taux commercial se situera autour de son niveau actuel de 21,27%.

Le maintien d’un régime de change flottant, combiné aux interventions de la Banque centrale sur le forex, se sont révélés payants. Au cours des deux dernières années, la monnaie a affiché une remarquable stabilité face aux devises fortes (entre 58 et 65 MZN pour 1 USD) sans entamer les réserves de change ;

 

- Le secteur bancaire se montre relativement résilient. Les banques commerciales sont globalement profitables et bien capitalisées, la partie stable des fonds propres (Tier1) représente 10,9%. Par contre, les prêts non performants apparaissent plutôt élevés, à 11,3% du total des encours, mais sans menacer la stabilité du système bancaire du fait du taux élevé de provisionnement. La BC inspecte régulièrement les banques commerciales et a rehaussé leur taux de réserve obligatoire. La réserve obligatoire en devise a été augmentée à 36% (Sept. 19) notamment dans le but de dédollariser l’économie. 

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