Situation économique et financière du Mozambique

Situation économique et budgétaire du Mozambique en début 2022                                                                                                                    

Après trente années de croissance ininterrompue, le Mozambique avait enregistré sa première baisse (-1,5%) en 2020 sous l’effet de la pandémie suivie d'une reprise modeste en 2021 (+2,5%). Pour autant, le PIB/hab. stagne sous l’effet notamment d’une démographie dynamique (+2,9%) maintenant le pays parmi les plus pauvres du monde. Malgré des atouts exceptionnels (situation géographique, mines, gaz, agriculture, littoral de 2.500 km, etc.) le Mozambique se trouve exposé à de fortes contraintes structurelles et conjoncturelles : couloir cyclonique, endettement de 133,6% du PIB, attaques djihadistes au Cabo Delgado.

 

 1. Malgré un long cycle de croissance et des atouts exceptionnels, le Mozambique a stagné au plan du développement.

- Malgré trente années consécutives de croissance - à une moyenne faible - seulement interrompues par la pandémie (-1,3% en 2020) le Mozambique demeure un PMA. Son PIB/tête ne s'est pas éloigné de la barre des 500 USD, notamment en raison d’un effet de dilution par la croissance démographique de +2,9% (32,1 Millions d’habitants). Le Mozambique figure parmi les pays les plus pauvres et les moins développés, au 140ème/189 en matière d’IDH avec une espérance de vie à la naissance de seulement 58 ans.

- Le Mozambique se trouve exposé à de fortes contraintes structurelles : (i) situé sur un couloir cyclonique (Idai, Kenneth en 2019, Eloise en 2021), (ii) le pays doit combattre depuis 2017 une insurrection d’inspiration djihadiste au Cabo Delgado à l’origine de près de 3.000 morts et 750.000 déplacés, ce qui a logiquement conduit à la suspension du projet gazier de TotalEnergies situé à proximité, (iii) enfin, le Mozambique continue de subir les conséquences du scandale des ‘dettes cachées’ révélé en 2016, qui lui ferme l’accès aux prêts souverains et obère considérablement sa marge de manœuvre budgétaire. Le procès de cette affaire s’est ouvert le 23/8/2021 à Maputo ;

- Le pays dispose pourtant de nombreux atouts naturels pour assurer sa croissance à long terme : (i) sa géographie avec un espace de 801.590 km2 et un littoral de 2.500 km sur l’océan Indien offrant trois couloirs logistiques aux pays enclavés voisins (Zimbabwe, Malawi, Zambie, nord de l’Afrique du Sud) ce qui assure une rente au pays, (ii) des ressources primaires minières et agricoles considérables, elles composent 77% des exports (charbon, aluminium,  premier producteur mondiale de rubis, ilménite, graphite, zircon, tabac..). L’agriculture reste le premier secteur (23% du PIB et 80% de la main d’œuvre). S’y ajoute la 12ème réserve mondiale de gaz, etc. (iii) un potentiel hydraulique qui a permis au Mozambique de devenir un fournisseur régional d’électricité, et plusieurs projets d’envergure en cours.

- Le Mozambique a régulièrement figuré parmi les six premiers récipiendaires d’IDE du continent africain en raison des investissements miniers et gaziers. Deux projets gaziers ont démarré, l’un opéré par Eni (10 Mds USD) devrait entrer en production en 2022, l’autre piloté par Total Energies (23,5 Mds USD) est suspendu pour 'force majeure' depuis avril 2021. Un troisième projet, opéré par Exxon Mobil pour 25 Mds USD a été reporté en raison de la crise sécuritaire et du du covid-19.

- Globalement, le cadre des affaires ne s’améliore pas, à la 138ème/190 au classement Doing Business 2020.

 

2. La pandémie a dégradé les comptes publics et aggravé la situation de ‘détresse de dette’.

- En 2021, l'activité générale a connue une reprise modeste de +2,5% grâce à (i) une excellente récolte agricole, (ii) une forte reprise du secteur des services dont notamment la logistique portuaire et ferroviaire, (iii) la construction des plusieurs projets d'électrification et gaziers. Pour 2022, la reprise devrait se poursuivre +2,9% et +5,3% selon les estimations ;

- Les financements externes ont ramené in extremis le déficit à -4,1% en 2020 et à -2,1% en 2021. Les recettes ont chuté (-24,5%), conduisant à un déficit record (-11,6% sans les dons) malgré une réduction de moitié de l’investissement public (-53%). Le Mozambique a reçu 945 MUSD d’aide à répartir sur plusieurs années dont les principales composantes sont : (i) un prêt Fmi de 309 MUSD (FCR) et un allègement de dette de 53 MUSD (CCRT), (ii) un don de 170 MUSD de la BM, (iii) la DSSI du Club de Paris/G20 soit environ 235 MUSD de report, (iv) un don de l’UE de 110 MEUR ;

- Le compte courant apparaît structurellement déficitaire à -24,7% du PIB en 2021 (après -27,6%) principalement en raison des importations massives d’équipements et de services pour construire les grands projets miniers et gaziers. En 2021, le solde s’est contracté sous l’effet de la reprise de la demande internationale en matières premières ;

- Les réserves de la Banque centrale ont grimpé à un niveau confortable de 7 mois d’importations en 2021.  Le gouvernement dispose de son allocation de DTS et d’une réserve placée à la BCM ;

- Classé en ‘détresse de dette’, l’endettement total du Mozambique s’est encore creusé en 2021 pour atteindre 133,6% dont environ 85% de dette externe. La suspension des projets gaziers de TotalEnergies et d'ExxonMobil a éloigné la perspective d'une rétablissement des finances publiques (dont l’équilibre était attendu à compter de 2025 et reposait en grande partie sur les futures recettes gazières). Il reste toutefois les recettes du projet gazier d’Eni dont la production devrait démarrer en fin 2022.

 

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