MOZAMBIQUE
Relations économiques bilatérales
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La densité de la relation économique bilatérale se mesure davantage en termes d’implantations d’entreprises françaises au Mozambique, notamment dans les domaines de l’énergie dans le sillage des grands projets de Total Energies (2019) et d’EDF (2023) que de volumétrie des échanges commerciaux, laquelle est structurellement marginale.
1. La relation économique entre le Mozambique et la France
Le Mozambique est un PMA (21,9 Mds USD de PIB en 2023 ; 33 millions d’habitants) présentant un fort potentiel de développement économique suite à la découverte, en 2010, de la 9ème réserve mondiale de gaz naturel. Cette perspective est tout particulièrement prise en compte par les milieux d’affaires français depuis le rachat, en 2019, par TotalEnergies du mégaprojet gazier Mozambique LNG (23 Mds USD). On recense ainsi de l’ordre de 60 filiales d’entreprises françaises au Mozambique, employant environ 5 000 personnes.
Les échanges commerciaux entre le Mozambique et la France demeurent particulièrement faibles : selon la Banque du Mozambique, les échanges bilatéraux n’ont été que de 106 MUSD en 2022 (dont 78 MUSD d’importations de produits français, soit une part de marché de 0,6 %, et 28 MUSD d’exportations mozambicaines vers la France, soit 0,3 % du total des exportations du Mozambique). Les douanes françaises donnent pour leur part 137 MUSD d’échanges bilatéraux, dont 46 MUSD d’exportations vers le Mozambique et 91 MUSD d’importations en provenance du Mozambique. La France achète essentiellement des pierres précieuses et des métaux ferreux, et exporte des équipements, notamment du matériel électrique.
Les organisations professionnelles françaises et mozambicaines entretiennent des relations suivies, que ce soit via la Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Mozambicaine (CCIFM ; qui réussit la gageure d’être, de loin, la principale chambre bilatérale au Mozambique avec 145 membres, dont un tiers environ de sociétés véritablement liées à la France), MEDEF International, EVOLEN et, côté mozambicain, la CTA (Confederation of Trade Associations ; équivalent local du MEDEF). En 2023, le Forum d’affaires franco-mozambicain organisé en avril 2023 à Maputo a ainsi regroupé une quarantaine d’entreprises françaises (dont une quinzaine des territoires outremarins de La Réunion et de Mayotte), tandis que la CTA, en collaboration avec Evolen, a emmené à Paris en octobre une quarantaine d’entreprises mozambicaines des secteurs de l’énergie.
2. L’implantation des entreprises françaises au Mozambique
Le principal investissement étranger en cours de réalisation au Mozambique est celui de Total Energie qui a repris en juillet 2019 les actifs d’Anadarko au Mozambique et devenait l’opérateur du projet gazier ‘Rovuma LNG/bloc 1’, baptisé depuis Mozambique LGN, avec 26,5 % de participation à l’actionnariat. L’investissement global est estimé à 23,5 Mds USD, ce qui en faisait, à l’époque le plus grand projet d’investissement privé du continent africain. Le gaz sera extrait à environ 50 km des côtes et passera ensuite par deux trains de liquéfaction (12,8 Mt/an) avant d’être livré à des clients principalement asiatiques (Indiens en particulier) dont les quotas sont préréservés. Le consortium a dû suspendre ses travaux à deux reprises, fin 2020, puis en juin 2021 (déclenchement de la clause de force majeure), en raison d’attaques violentes de la part de groupes djihadistes à quelques kilomètres du site gazier. Le préjudice social, économique et réputationnel est considérable tant pour le groupe que pour les contractants et le Mozambique. Le consortium aurait déjà dépensé environ 5,9 Mds USD pour ce projet (3,9 Mds USD pour l’acquisition à Anadarko et 2 Mds USD en travaux). Les derniers audits spécialisés (octobre 2023) ayant conclu que les conditions sécuritaires du projet ont été considérablement améliorées, l’entreprise évalue actuellement la possibilité de la levée de la force majeure et la reprise du projet. Ce projet de Total Energies est de loin le principal investissement français, tant en termes de montant que d’impact sur la relation économique bilatérale, d’autant plus que la présence dans ce pays de nombreuses entreprises françaises (logistique, services pétroliers, catering, sécurité, assistance aux personnes, agences de travail temporaire, etc.) en découle plus ou moins directement. De ce fait, un certain nombre de filiales tournent au ralenti depuis l’interruption du projet pour force majeure.
Les autres implantations notables et ayant pignon sur rue sont celles des logisticiens CMA/CGM et AMT (ex groupe Bolloré, cédé à l’italo-suisse MSC en décembre 2022), de Total Energies sur l’ensemble de la chaîne de distribution d’hydrocarbures (dépôts d’importation des hydrocarbures ; logistique ; réseau de stations-services), ainsi que, dans le secteur financier, de Société Générale et de Mazars. A l’instar de ces principales implantations, le reste de la présence française (CIS ; Newrest ; Neoen ; AMT ; Schneider ; Engie ; Vinci Energie ; etc.) est pour l’essentiel lié aux deux moteurs de l’économie mozambicaine que sont les financements des bailleurs internationaux (Banque Mondiale, FMI, Banque Afrique de Développement,…) et les grands secteurs productifs et solvables de l’économie mozambicaine : les mines ; l’électricité ; les transports (corridors logistiques reliant les ports mozambicains et les pays enclavés d’Afrique Australe et de l’Est) ; et l’exploitation du gaz naturel. A ce dernier sujet, plusieurs grandes entreprises françaises du secteur (Technip Energies, SLB, SPIE, etc.) ont des volants d’affaires importants, que ce soit dans le sillage de l’exploitation du champ gazier de l’Italien ENI (qui exploite en off-shore un site voisin de celui de Total Energies ; entrée en production du premier train de GNL en 2022) ou dans le cadre de la base industrielle (embouteillage de gaz, etc.) et énergétique (centrale thermique) actuellement en développement autour du champ gazier du Sud-Africain Sasol, à Temane, dans la province de Inhambane. Dans le secteur agroalimentaire, on pourra retenir enfin la filiale, dans la province de Zambézie, du groupe réunionnais Océinde, qui exploite, pour l'exportation, la principale ferme de crevettes du Mozambique, via des méthodes d’élevage durable. La présence française dans le secteur de la distribution des biens de consommation, des biens d’équipement des ménages et des produits agroalimentaires est, quant à elle, extrêmement limitée (Renault, Peugeot, Pernot Ricard, CFAO), à l’image de la taille du marché de ce pays, dont le PIB par habitant n’est que de 647 USD/habitant (source Banque Mondiale ; 2023).
Au-delà du gaz, l’autre grand sujet énergétique sur lequel misent les entreprises françaises est l’électricité. Dans ce secteur, on relèvera la signature, fin 2023, d'un accord de parternariat stratégique entre l'Etat mozambicain et un consortium emmené par EDF (en partenariat avec Total Energies et le Japonais Sumitomo) pour construire et exploiter le barrage hydroélectrique de MPhanda Nkuwa (1,5 GW ; 5 Mds EUR), dont les autorités mozambicaines espèrent une entrée en fonctionnement en 2030. Au-delà de ce grand projet ponctuel, l’électricité présente des perspectives considérables qui attirent les leaders français, de plus en plus présents : projet de centrale à gaz de 1GW de Total Energie à Matola ; ingénierie par EDF de la centrale à gaz de Temane en cours de construction (450 MW) sur financement de la Banque Mondiale ; Neoen a inauguré en 2022 une centrale solaire de 41 MW à Metoro (projet situé au Cabo Delgado) ; Total Energies a gagné l’appel d’offres de la centrale solaire de Dondo (40MW) sur financements européens mis en œuvre par l’AFD dans le cadre du programme PROLER (Promoção de Leilões de Energias Renovaveis), qui accompagne la société nationale d’électricité du Mozambique (EDM) dans le développement de la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables ; etc. La signature par l’AFD en novembre 2023 du financement (100 MUSD) de la réhabilitation du barrage hydroélectrique de Cahora Bassa (350 MUSD au total) constitue une autre opération emblématique pour la France dans le secteur électrique.
3. L’aide publique au développement française au Mozambique
En termes d’aide publique au développement, la France est essentiellement active au travers de l’AFD, qui accompagne le pays, en non-souverain, dans sa trajectoire bas carbone et dans le développement des services de base. En plus de l’électricité, les transports, l’eau, l’environnement et les infrastructures de santé sont les autres principaux secteurs d’intervention de l’agence au Mozambique. 3 FEXTE sont par ailleurs en cours, ainsi qu'1 FASEP (projet alimentation durable).