Mozambique - Les échanges extérieurs en 2019

 

Résumé : en 2019, les échanges commerciaux du Mozambique (E+I) avec le reste du monde ont légèrement progressé (+1,3%) à 11,5 Mds$. Le dynamisme des importations (+10,2%) s’explique principalement par les grands projets gaziers et miniers en construction. A contrario, les exportations ont chuté (-9,2%) en raison des cyclones Idai et Kenneth ayant détruit une partie de la capacité productive et une partie des récoltes. Le déficit commercial a doublé, pour atteindre 2,08 Mds$ soit 13,1% du PIB. Les exportations restent structurellement concentrées, tant au plan sectoriel que géographique. Six commodités cumulent  77% des exportations, six pays-clients en absorbent presque 60%, et six pays fournissent 65% des importations.

En 2020, dans le contexte de crise du covid-19, les chiffres sur les neuf premiers mois montrent une chute sans précédent (-26%) des exportations à 2,5Mds$ et un léger fléchissement (-1,9%) des importations à 4,41 Mds$ pour un déficit commercial creusé à 1,9 Md$ (1,1 Md$ en 2018).

 

  1- Évolution des échanges extérieurs du Mozambique (en milliers d’USD).

Commerce extérieur

Le déficit commercial se creuse depuis 2017 en lien avec les grands projets gaziers et miniers. 

Depuis 2017, le solde commercial se creuse, il a doublé en 2019 pour atteindre 2,08 Mds$ ce qui est conforme aux prévisions compte tenu de la construction des grands projets gaziers et des travaux réalisés par Vale sur son site géant d’extraction de charbon à Moatize.

 

  2- Deux cyclones dévastateurs ont entraîné une chute (-9,2%) des exportations en 2019

Les deux cyclones Ida et Kenneth sont les principaux responsables de la chute des exportations (-9,2%), elles enregistrent leur première baisse depuis 2016 à 4,7 Mds$ (à comparer à 5,9 Mds$ 2018) ou 29,7% du PIB. Pendant des mois, les cyclones ont inondé les mines de charbon, de graphite, et fortement perturbé la logistique sur le couloir de Beira, premier port de conteneurs du pays. Le secteur agricole a aussi été fortement pénalisé avec une destruction quasi totale des récoltes dans les régions frappées. Enfin, la baisse du cours des matières premières (charbon, aluminium, gaz) a encore compliqué la donne. En 2019, le Mozambique figurait au 112ème rang des pays exportateurs mondiaux ;

Exportations

Les exportations restent structurellement concentrées sur un nombre limité de commodités, ce qui les expose aux cycles conjoncturels. En 2019, six produits de base ont représenté 77% des exportations : le charbon (1,2 Md$), l’aluminium (1,1 Md$), l’électricité (435 M$), les sables lourds (321 M$), le gaz (273 M$) et le tabac (230 M$). Ces flux sont liés aux grands investissements étrangers, dont la fonderie d’aluminium de Mozal, les mines de charbon de Vale, les champs gaziers de Sasol, les mines de sables lourds de Kenmare et de Savannah Resources et les plantations de tabac opérées par British American Tobacco. À l’exception de l’aluminium et de l’électricité, il s’agit de produits non transformés, à faible valeur ajoutée, directement exposés aux cycles des matières premières ;

 

Le Mozambique dispose de ressources primaires exceptionnelles qui devraient continuer à dominer les exportations à long terme : (i) le pays dispose de l’une des plus importantes mine de graphite du monde, à Balama, (ii) la quatrième plus importante mine de charbon au monde se situe à Moatize et est opérée par Vale, (iii) deux grands projet gaziers sont en construction dans le bassin du Rovuma. L’un opéré par Total (23,5 Mds$) est considéré le plus important du continent africain, et un second opéré par Eni (10 Mds$) devraient permettre au Mozambique de figurer parmi les dix premiers exportateurs mondiaux de gaz vers 2030, (iv) la plus grande mine de rubis au monde à Montepuez est opérée par MRM/Gemfields ;

 

Enfin, les neufs premiers mois de 2020 font ressortir une chute sans précédent de -26% des exportations. La crise du covid-19 a entraîné une baisse de la demande mondiale qui a particulièrement affecté le Mozambique.

 

  3- Des importations en croissance de +12,6%/an en moyenne depuis 2017.

 

Depuis 2016, les importations enregistrent une croissance moyenne de +12,6%/an conséquence directe des développements miniers et gaziers mais aussi de nouveaux projets en agroalimentaires (usine de bière, etc.). En 2019, la progression a été de +10,2% pour atteindre 6,7 Mds$. Les principales importations sont les biens d’équipements, les carburants, l’aluminium brut, les matériaux de construction, les véhicules, les céréales (riz, blé), les médicaments et les matériels médicaux. Les grands projets évoqués représentent 20,6% du total importé en valeur. Comme les années précédentes, les biens d’équipements composent le premier poste d’importation (1,4 Md$) en forte hausse (+26%) ;

Importations

 

Les importations de produits pétroliers/dérivés se sont contracté (-5%) du fait de la baisse des cours mondiaux ;

Les entrées biens de consommation sont dominées par (i) les véhicules (58%) majoritairement d’occasion, (ii) les produits alimentaires peu transformés  (riz, blé, farine, sucre, viande huile..). La quasi inexistence de classe moyenne explique la très faible proportion de biens des consommation élaborés ;

Enfin, sur les neuf premiers mois de 2020, les importations affichent un léger fléchissement (-1,9%) comparativement à la même période de 2019. Le déficit commercial a bondi (-56%) pour atteindre -1,88 Md$ (-1,06 Md$ sur 9 mois 2019).

 

  4- Au plan géographique, les échanges restent historiquement tournés vers l’Afrique du Sud.

Six pays-clients absorbent 60% des exportations mozambicaines parmi lesquels l’Afrique du Sud, l’Inde, la Chine et l’Italie. L’Afrique du Sud a repris la place de 1er pays-client du Mozambique (890 M$ soit 18,9% du total des exportations) principalement grâce au gaz et à l’électricité. Suivie par l’Inde (803 M$, 17%) principal acheteur de charbon, mais aussi de graines sèches (noix de cajou..) et de coton. La Chine figure au 3ème rang (323,8 M$, 6,9%) acheteur de sables lourds, de charbon et d’aluminium. L’Italie est 4ème (302,4 M$, 6,4%) consommateur d’aluminium, de câble d’aluminium, de sables lourds et de sucre. Les Pays-Bas sont passé de la 2ème à la 5ème place en raison de la diversification des ports d’entrée de l’aluminium en Europe (246,7 M$, 5,2%), également importateur de charbon et de tabac. Le Royaume Uni en 6ème place (220,2 M$, 4,7%) importateur d’aluminium et ses dérivés ;

 

Les trois premiers pays fournisseurs du Mozambique (Af. du Sud, Chine, EAU) restent inchangés au fil des dernières années. Et depuis une décennie, six pays se partagent 65% des importations du Mozambique. L’Afrique du Sud reste, de loin, le 1er pays-fournisseur du Mozambique avec 28,5% des parts soit 1,9 Md$, fournisseur d’électricité, de véhicules, de maïs et de médicaments. La Chine est le second pays-fournisseur (783 M$) avec une part de 11,5%, fournisseur de carburants/lubrifiants, d’appareils électriques, de tracteurs. Les Émirats Arabes Unis figurent au 3ème rang (552 M$, 8%) fournisseur de carburant/lubrifiants, de ciment. Singapour est en 4ème place (468 M$, 6,9%) grâce aux spécialités chimiques, coke de pétrole, goudron, carburants/lubrifiants. L’Inde est 5ème avec (421,7 M$, 6,2%) les carburants/lubrifiants, les médicaments, les véhicules. Enfin, le Portugal est 6ème grâce aux produits chimiques, aux médicaments, aux produits électriques, et aux biens de consommation dont les vins.

                                                                                                            

En 2019, la France a importé du Mozambique pour 86 M$ (Douane française) soit le 18ème pays-client et a exporté pour 31 M$ soit le 25ème pays fournisseur.

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Commentaires : à moyen terme, les échanges extérieurs mozambicains devraient nettement progresser en lien avec les grands projets miniers et gaziers en cours de développement, mais aussi grâce aux centrales électriques en construction qui permettront de fournir les pays de la région.

La richesse exceptionnelle du sous-sol devrait continuer à attirer les grands investisseurs internationaux. Le potentiel agricole est également considérable en raison de la qualité des sols et d’un climat favorable, d’autant que ce secteur occupe près de 75% de la main d’œuvre.

Ensuite, les échanges extérieurs du Mozambique devraient être favorisés par la mise en place des accords de partenariat économique avec l’UE (effectifs depuis Fév. 2018) et par l’adhésion imminente du Mozambique à la zone de libre-échange (ZLECA).

Enfin, les premiers chiffres disponibles pour l’année 2020 confirment le choc sans précédent de la crise du covid-19 sur les échanges extérieurs du Mozambique, et plus globalement sur son économie./.  

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